Débora

Une vérité à deux tranchants

1 - Introduction.

2 - Femme et prophétesse.

a) Une femme.

b) Une prophétesse.

  • b.1) Marie.
  • b.2) Débora.
  • b.3) Hulda.
  • b.4) La femme d'Esaïe.
  • b.5) Anne.
  • b.6) Les filles de Philippe.

3 - Juge.

a) Les juges en Israël.

b) Les juges sont des libérateurs.

4 - Débora.

a) Les exceptions.

b) L'abeille et le premier choix de l'Eternel.

c) Le peu que l'on sache.

5 - La rencontre entre Débora et Barak .

6 - Les belligérants.

7 - Finalement ...

1 - Introduction.


Débora est, à n'en pas douter, un personnage intrigant dans la Parole de Dieu. C'est également un personnage qui porte un message très particulier qui est totalement négligé de nos jours et ce pour une raison particulièrement simple. C'est une femme. Il est triste de constater que cette simple évidence met des œillères au peuple de Dieu, chacun décidant dès lors de ne plus la regarder qu'au travers de ce prisme et considérant qu'elle devrait non plus être le message que Dieu voulait mettre en avant mais plutôt l'image de la vision païenne de la femme que le monde partage et répand avec tellement de ferveur de nos jours.

Donc le premier point à prendre en compte, c'est qu'il n'y a dans la Parole de Dieu pas un seul verset négatif la concernant, et l'observation des textes faisant mention d'elle tend même à nous montrer que c'était une femme d'exception.

Nous allons donc regarder en quoi elle est une exception, et faire ressortir le message que Dieu donnait à son peuple.

2 - Femme et prophétesse.


a) Une femme.

Il n'aura évidemment échappé à personne que Débora était une femme. C'est une particularité parce que la femme n'est pas censée prendre autorité sur l'homme. Pourtant le texte est clair :

  • Juges 4.4 : Dans ce temps-là, Débora, prophétesse, femme de Lappidoth, était juge en Israël.

Ce verset ne marque généralement pas plus que cela. Pourtant on notera l'insistance. Débora n'est pas un nom d'homme, donc on sait qu'on parle d'une femme, pourtant le texte ajoute : 'prophétesse', mais les juges sont prophètes, donc ça n'aurait pas dû être nécessaire de le préciser. Puis finalement 'femme de Lappidoth', ce qui met une fois de plus en avant l'évidence de son statut de femme. Ca n'est qu'après nous avoir par trois fois dit que c'était une femme que le texte finit par nous dire qu'elle est également juge en Israël.

Cela appuie que le fait qu'elle soit une femme n'est pas anodin.

D'autant que dans les trois précisions qui nous sont faites, une la positionne comme la femme d'un homme dont on ne sait absolument rien et qui ne sera plus jamais cité dans la Parole de Dieu.


b) Une prophétesse.

Bien qu'il y ait peu de prophétesses dans la Parole de Dieu, il y en a tout de même 9 et il y a une particularité les concernant toutes les 9.

b.1) Marie.

  • Exode 15.20 : Marie, la prophétesse, soeur d'Aaron, prit à la main un tambourin, et toutes les femmes vinrent après elle, avec des tambourins et en dansant

b.2) Débora.

  • Juges 4.4 : Dans ce temps-là, Débora, prophétesse, femme de Lappidoth, était juge en Israël.

b.3) Hulda.

  • 2 Chroniques 34.22 : Hilkija et ceux qu'avait désignés le roi allèrent auprès de la prophétesse Hulda, femme de Schallum, fils de Thokehath, fils de Hasra, gardien des vêtements. Elle habitait à Jérusalem, dans l'autre quartier de la ville. Après qu'ils eurent exprimé ce qu'ils avaient à lui dire,

b.4) La femme d'Esaïe.

  • Esaïe 8.3 : Je m'étais approché de la prophétesse; elle conçut, et elle enfanta un fils. L'Éternel me dit : Donne-lui pour nom Maher Schalal Chasch Baz.

b.5) Anne.

  • Luc 2.36 : Il y avait aussi une prophétesse, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d'Aser. Elle était fort avancée en âge, et elle avait vécu sept ans avec son mari depuis sa virginité.

b.6) Les filles de Philippe.

  • Actes 21.8-9 : Nous partîmes le lendemain, et nous arrivâmes à Césarée. Étant entrés dans la maison de Philippe l'évangéliste, qui était l'un des sept, nous logeâmes chez lui. 9 Il avait quatre filles vierges qui prophétisaient.

Lorsqu'on lit ces passages lors d'une lecture quotidienne on ne note pas ce détail, ce qui est naturel de part leur espacement les uns des autres. Pourtant en y faisant plus attention, on réalise qu'aucune des prophétesses n'est identifiée indépendamment d'un homme. Que ce soit un père, un frère, ou un mari. Ca n'arrive que dans le cas de la fausse prophétesse d'Apocalypse 2.20.

3 - Juge.


a) Les juges en Israël.

(040) 1 - OTHNIEL (juge pendant 40 ans) (Juda) Juges 3.9-11. (Neveu de Caleb et époux d'Acsa, fille de Caleb).

(058) 18 années d'écart : Juges 3.14 : Et les enfants d'Israël furent asservis dix-huit ans à Églon, roi de Moab.

(138) 2 - EHUD (juge pendant 80 ans) (Benjamin) Juges 3.26-30.

(138) 3 - SCHAMGAR (juge) Juges 3.31. (Juge en même temps que Ehud, Débora devient juge après la mort d'Ehud).

(158) 20 ans d'écart : Juges 4.3 : Les enfants d'Israël crièrent à l'Éternel, car Jabin avait neuf cents chars de fer, et il opprimait avec violence les enfants d'Israël depuis vingt ans.

(198) 4 - DEBORA (juge pendant 40 ans) (Ephraïm) Juges 4.3-4 + Juges 5.31.

(205) 7 années d'écart : Juges 6.1 : Les enfants d'Israël firent ce qui déplaît à l'Éternel; et l'Éternel les livra entre les mains de Madian, pendant sept ans.

(245) 5 - GEDEON (juge pendant 40 ans) (Manassé) Juges 8.28.

(248) 3 années d'écart : Juges 9.22Abimélec avait dominé trois ans sur Israël.

(271) 6 - THOLA (juge pendant 23 ans) (Issacar) Juges 10.1-2.

(293) 7 - JAÏR (juge pendant 22 ans) (Galaad) Juges 10.3.

(318) 18 années d'écart : Juges 10.8 : Ils opprimèrent et écrasèrent les enfants d'Israël cette année-là, et pendant dix-huit ans tous les enfants d'Israël qui étaient de l'autre côté du Jourdain dans le pays des Amoréens en Galaad.

(324) 8 - JEPHTE (juge pendant 6 ans) (Galaad) Juges 12.7.

(331) 9 - IBTSAN (juge pendant 7 ans) (Juda) Juges 12.8-10.

(341) 10 - ELON (juge pendant 10 ans) (Zabulon) Juges 12.11-12.

(349) 11 - ABDON (juge pendant 8 ans) (Ephraïm) Juges 12.13-15.

(389) 40 années d'écart : Juges 13.1Les enfants d'Israël firent encore ce qui déplaît à l'Éternel; et l'Éternel les livra entre les mains des Philistins, pendant quarante ans.

(409) 12 - SAMSON (juge pendant 20 ans) (Dan) Juges 16.30-31.


La période des juges est assez floue. La Parole détaille quelques-uns d'entre eux, mais passe les autres presque sous silence. Les dates ne sont pas réellement données et il est impossible en se basant sur le livre des Juges de détacher une datation certaine. Ainsi, certains semblent avoir été juges en même temps, d'autres sont espacés mais on ne sait pas de combien d'années. Des passages nous disent que Dieu a livré Israël à ses ennemis à cause de ses péchés, mais on ne sait pas combien de temps a durée l'éloignement avant que Dieu ne les sanctionne, on ne connaît que la durée de la sanction. La seule certitude nous vient du livre des Actes des Apôtres dans lequel la durée totale approximative de la période des juges nous est donnée : Après cela, durant quatre cent cinquante ans environ, il leur donna des juges, jusqu'au prophète Samuel (Actes 13.20). Mais il faut garder à l'esprit que ça n'est qu'une approximation et qu'elle représente une durée, et non une date.


b) Les juges sont des libérateurs.

1 - OTHNIEL (3.10 : L'Esprit de l'Éternel fut sur lui. Il devint juge en Israël, et il partit pour la guerre).

2 - EHUD (3.28 : Il leur dit: Suivez-moi, car l'Éternel a livré entre vos mains les Moabites, ...).

3 - SCHAMGAR (3.31 : ... Et lui aussi fut un libérateur d'Israël).

5 - GEDEON (7.9 : ... Lève-toi, descends au camp, car je l'ai livré entre tes mains).

6 - THOLA (10.1 : Après Abimélec, Thola, ... , se leva pour délivrer Israël ; ... ).

7 - JAÏR (juge pendant 22 ans) (Galaad) Juges 10.3.

8 - JEPHTE (11.8 : Les anciens de Galaad dirent à Jephthé: Nous revenons à toi maintenant, afin que tu marches avec nous, que tu combattes les fils d'Ammon, et que tu sois notre chef, celui de tous les habitants de Galaad).

9 - IBTSAN (juge pendant 7 ans) (Juda) Juges 12.8-10.

10 - ELON (juge pendant 10 ans) (Zabulon) Juges 12.11-12.

11 - ABDON (juge pendant 8 ans) (Ephraïm) Juges 12.13-15.

12 - SAMSON (juge pendant 20 ans) (Dan) Juges 16.30-31.


Mais pas Débora ... Bien qu'elle reçoive la position de juge, c'est Barak qui doit aller à la guerre. On ne nous donne pas de détails sur une partie des juges, mais sur tous ceux qui ont été détaillés, à l'exception de Débora, il est toujours précisé qu'ils étaient militairement des libérateurs. On pourrait évidemment penser qu'elle n'est pas censée être la libératrice parce que c'est une femme et qu'elles ne sont pas censées aller à la guerre, cependant, elles ne sont pas non plus censées avoir de position d'autorité ... Ca montre qu'il y a bien quelque chose d'autre qui est en train de se dérouler dans sa nomination.

4 - Débora.


a) Les exceptions.

Il ressort de tout ce que j'ai dis plus haut que Débora s'inscrit dans une continuité où elle ne semble pas avoir sa place. Pourtant elle est bien choisie par Dieu, alors que la Parole même de Dieu présente cette éventualité comme 'impossible'. Mais la Parole est particulière, et l'homme considère certaines choses impossibles parce qu'il les regarde avec les yeux de la chair. La Parole de Dieu donne le fonctionnement des choses, et elle indique dans le même temps qu'il existe des exceptions. Le problème étant que dès qu'on met en avant le fait que la Parole de Dieu fasse des exceptions, on voit se profiler une armada de croyants prétendant être une de ces exceptions dans le but de justifier leurs désobéissances. Cependant, les exceptions de la Parole n'ont jamais pour but de satisfaire à la convoitise humaine, elles n'avalisent jamais la laideur de notre coeur. Lorsque l'Eternel dit à Osée d'épouser une prostituée, il ne le fait pas comme une faveur envers un perverti. Au contraire, il le fait parce qu'il a un message à faire passer, et il sait que Osée n'aurait jamais fait cela de lui-même. Il choisit quelqu'un de droit qui portera ce statut d'exception non pas la lubricité aux lèvres, mais en sachant que le message que cela porte a plus d'importance que ses propres éventuels souhaits d'une épouse sainte. Dieu peut faire certaines exceptions uniquement lorsque la personne qui va devoir la vivre sera un témoignage pour les autres justement parce qu'ils le connaissent et savent que sans directives directes et claires de Dieu, il n'aurait pas fait une telle chose. Donc lorsqu'Osée est allé vers cette prostituée, tout le monde savait qu'il ne l'aurait pas fait de lui-même, sinon le message de Dieu n'aurait eu aucune portée.

Débora est de ce niveau. Elle sait qu'elle n'est pas destinée à prendre autorité sur un homme. Elle sait qu'elle est sous l'autorité de son mari Lappidoth, en a parfaitement conscience, justement parce que c'est une femme droite. Et c'est parce qu'elle est de ce niveau de droiture, que Dieu peut l'utiliser pour faire passer un message. Elle ne détournera pas le choix de Dieu pour le transformer en une perversion de sa Parole.

Dans le livre du prophète Esaïe, l'Eternel fait une déclaration qui n'est pas revêtue de mystère, il dit à Esaïe : Mon peuple a pour oppresseurs des enfants, et des femmes dominent sur lui ; Mon peuple, ceux qui te conduisent t'égarent, et ils corrompent la voie dans laquelle tu marches (Esaïe 3.12). L'Eternel présente la situation de manière claire, l'éloignement de son peuple est tellement grand qu'il en est venu à être dirigé par des femmes. Aussi, le choix de Débora est un choix important de la part de l'Eternel, mais c'est un choix qu'il ne faut pas isoler de la Parole de Dieu pour le comprendre correctement.


b) L'abeille et le premier choix de l'Eternel.

La signification de Débora est : 'l'abeille'. Ce nom ayant une importance dans la raison pour laquelle l'Eternel l'a choisie. 

L'Eternel avait choisi un homme pour être le libérateur d'Israël, mais cet homme a refusé. Ezéchiel nous transmettra également quelque chose mettant cela en avant : Je cherche parmi eux un homme qui élève un mur, qui se tienne à la brèche devant moi en faveur du pays, afin que je ne le détruise pas; mais je n'en trouve point (Ezéchiel 22.30). Le choix de l'Eternel refusera son appel, ce qui permet de rappeler que ça n'est pas parce que Dieu appelle que celui qui est appelé répond, sinon il n'y aurait pas une telle pénurie de serviteurs.

Barak était le premier choix de l'Eternel, mais il n'a pas obéi. On voit ça dans :

  • Juges 4.6 : ... N'est-ce pas l'ordre qu'a donné l'Éternel, le Dieu d'Israël ?

Ce qui signifie que Dieu avait déjà donné cet ordre à Barak et que Barak le savait. Comme il ne l'a pas fait, et qu'Israël était au fond du gouffre, Dieu a pris une femme, pour montrer son mécontentement envers Barak et plus généralement envers les hommes d'Israël. On y voit assez nettement l'image de cette frange de l'église qui appelle Dieu au secours mais qui refuse de se lever et attend que d'autres le fassent. L'Eternel aurait pu prendre son époux Lappidoth, mais il voulait montrer à Barak qu'il peut faire ce qu'il veut et utiliser qui il veut. Parce que l'Eternel voulait délivrer son peuple, et le refus de Barak ne pouvait pas pénaliser le peuple en empêchant cette délivrance.

Le nom d'abeille que porte Débora représente la piqûre dans le vif que Dieu donne à Israël. Une piqûre de rappel que lorsqu'il désigne quelqu'un, c'est lui qui fera à travers cette personne et qu'à ce titre, il peut utiliser absolument qui il veut.

C'est pour cela qu'en choisissant Débora, l'Eternel remet Israël à sa place. Mais l'humiliation du peuple, qui ne peut cependant pas empêcher la libération que Dieu a décidée, ne s'arrêtera pas là. Débora, qui je le rappelle est prophétesse, prophétisera également que l'ennemi d'Israël (Sisera), lui aussi, tombera par les mains d'une femme.

Pendant les quarante années où elle sera la juge d'Israël, elle sera le rappel permanent de l'éloignement du peuple avant que Dieu ne la désigne à ce poste.


c) Le peu que l'on sache.

En dehors du fait qu'elle soit mariée à un homme nommé Lappidoth, nous ne savons d'elle que l'endroit où elle siégeait.

  • Juges 4.5 : Elle siégeait sous le palmier de Débora, entre Rama et Béthel, dans la montagne d'Éphraïm; et les enfants d'Israël montaient vers elle pour être jugés



5 - La rencontre entre Débora et Barak .


Bien que l'histoire de Débora se déroule sur deux chapitres entier du livre des juges, les éléments ne sont pas aussi nombreux qu'il y parait. Le chapitre 5 étant, dans les grandes lignes, un cantique relatant les évènements du chapitre 4.

La rencontre entre Débora et Barak se passe alors qu'elle est déjà juge et résulte d'une convocation de la première sur le second.

  • Juges 4.6 : Elle envoya appeler Barak, fils d'Abinoam, de Kédesch Nephthali ...

Lorsqu'elle s'adressera à lui, elle commence, comme je l'avais déjà souligné, par lui rappeler que Dieu lui avait déjà parlé : N'est-ce pas l'ordre qu'a donné l'Éternel, le Dieu d'Israël ? (Juges 4.6). La phrase qui suit, bien que prononcée par Débora, est la Parole directe de Dieu à Barak. C'est l'annonce par Dieu, de ce qu'il fera et de ce qu'il commande à Barak de faire.

  • Juges 4.6-7 : ... Va, dirige-toi sur le mont Thabor, et prends avec toi dix mille hommes des enfants de Nephthali et des enfants de Zabulon ; 7 j'attirerai vers toi, au torrent de Kison, Sisera, chef de l'armée de Jabin, avec ses chars et ses troupes, et je le livrerai entre tes mains.

Avec une carte, il est plus facile de se représenter la particularité de cette rencontre :


Dieu appelle donc Barak, en Nephtali, qui choisit soit de ne pas répondre, soit de refuser son appel. L'affirmation de Débora atteste cependant  qu'il a bien reçu le message.

L'Eternel cherche alors une autre personne qui sera le témoin de son mécontentement. Si l'Eternel est intervenu, c'est parce qu'il a entendu la voix du peuple qui criait à lui (Juges 4.3 : Les enfants d'Israël crièrent à l'Éternel, car Jabin avait neuf cents chars de fer, et il opprimait avec violence les enfants d'Israël depuis vingt ans), il n'est donc pas question de changer d'avis et de ne pas aider le peuple. Par contre, tout en l'aidant, il va lui signifier sa désapprobation de telle sorte à ce qu'il comprenne clairement la situation.

La personne qu'il choisit est donc Débora, une femme, dont tout le monde sait qu'elle n'est pas censée avoir d'autorité sur un homme. Le peuple est responsable de la situation, ce sont eux qui se sont éloignés de l'Eternel (Juges 4.1 : Les enfants d'Israël firent encore ce qui déplaît à l'Éternel, après qu'Éhud fut mort), et lorsque l'Eternel penche en leur faveur, son choix (Barak) refuse de se lever. Désormais le peuple devra, et ce pendant 40 ans, s'en remettre à une femme comme intermédiaire, qui de par sa condition, leur rappellera le niveau de l'éloignement qu'ils avaient atteint.

Finalement, Barak qui ne voulait pas faire ce que l'Eternel lui demandait, va se retrouver à obéir à une femme. La particularité se trouve être qu'il obéit à une convocation de Débora qui le fait passer à travers le territoire de Sisera pour aller écouter ce qu'elle a à lui dire en Ephraïm, et qui devra encore le traverser pour revenir en Nephtali.

On ne parle jamais de ça, mais le fait que Dieu choisisse Débora comme Juge nous dit bien plus que ce simple fait. N'oublions pas que si personne ne la reconnaît en tant que telle, alors elle n'est rien d'autre que Débora. Pour que le peuple la reconnaisse en tant que telle alors qu'elle est l'exacte définition d'une catégorie de personne ne pouvant pas exercer cette fonction, il faut que Dieu ait parlé très fort. Rien ne nous est précisé sur la manière dont Dieu l'a choisi, sur ce qu'il a fait pour que tous reconnaissent sa position, mais ça ne pouvait qu'être quelque chose de retentissant. Le seul élément que nous connaissons se trouve justement dans le verset qui nous dit qu'elle était juge.

  • Juges 4.4 : Dans ce temps-là, Débora, prophétesse, femme de Lappidoth, était juge en Israël.

Ce verset ne nous dit pas que la juge Débora était prophétesse, il nous dit l'inverse. Ce qui établit qu'elle était déjà reconnue comme prophétesse. Dieu n'a pas eu à établir sa probité après l'avoir nommé juge, il a désigné une femme que tous savaient être droite.

Barak a beau avoir refusé d'écouter Dieu, il y a des choses qu'il craint tout de même. Ne pas répondre à la convocation d'une prophétesse en Israël n'est pas envisageable. Certains appels ont des auras qui font souvent bien plus peur à ceux qui sont loin de Dieu qu'à ceux qui sont près. Pourtant, lorsqu'elle le confronte à ce que l'Eternel lui avait déjà dit et lui transmet la Parole de Dieu, il la rejette de nouveau.

  • Juges 4.8 : Barak lui dit: Si tu viens avec moi, j'irai; mais si tu ne viens pas avec moi, je n'irai pas.

On voit que Barak a confiance en Débora, il sait que l'Eternel est avec elle, mais il n'a pas confiance en l'Eternel qui pourtant lui a clairement dit qu'il lui livrera Sisera (Juges 4.7 : j'attirerai vers toi ...  je le livrerai entre tes mains). C'est pour cela qu'il n'ira que si Débora l'accompagne.

Evidemment, on peut critiquer Barak, mais la réalité est que nous sommes presque tous pareils. Nous courons vers un serviteur pour qu'il prie pour nous alors que nous avons le même Esprit. Nous pensons que Dieu écoutera plus l'autre qu'il ne nous écoutera nous.

Devant ce refus supplémentaire de faire ce que l'Eternel lui dit de faire, la sanction tombe en une prophétie :

  • Juges 4.9 : Elle répondit: J'irai bien avec toi; mais tu n'auras point de gloire sur la voie où tu marches, car l'Éternel livrera Sisera entre les mains d'une femme.

Nul doute que Barak pensait que ce serait Débora qui recevrait la gloire d'avoir abattu Sisera, mais son abaissement sera bien pire. Lui qui imaginait qu'une femme de la stature de Débora venant à bout de Sisera ne serait aucunement une manière de le rabaisser, parce qu'elle était reconnue et respectée en Israël, ne s'imaginait pas, par contre, que ce serait une femme du peuple qui le ferait. Finalement, près de 3500 ans plus tard, on se rappelle de ce que Jaël, la femme de Héber a fait.

Après cette réponse, Débora se lève et accompagne Barak à Kédesch Nephtali. Ce qui force donc une fois de plus Barak à traverser le territoire de Sisera.

6 - Les belligérants.


Barak a reçu l'ordre de réunir 10 000 hommes de Nephtali et de Zabulon. Ca ne signifie pas que les autres tribus n'étaient pas censées participer au combat, mais que cette partie du plan de l'Eternel devait être effectuée spécifiquement par eux.

Le chapitre 4 du livre des Juges ne nous donne pas beaucoup de détails. Par contre, le cantique de Débora est plus généreux.

Il nous donne les détails suivants :


En jaune sont représentés ceux qui sont allés au combat, et en rouge, ceux qui ne l'ont pas fait  :

Juges 5.14-18 : D'Éphraïm arrivèrent les habitants d'Amalek. A ta suite marcha Benjamin parmi ta troupe. De Makir vinrent des chefs, et de Zabulon des commandants. 15 Les princes d'Issacar furent avec Débora, Et Issacar suivit Barak, Il fut envoyé sur ses pas dans la vallée.  Près des ruisseaux de Ruben, Grandes furent les résolutions du coeur ! 16 Pourquoi es-tu resté au milieu des étables A écouter le bêlement des troupeaux? Aux ruisseaux de Ruben, Grandes furent les délibérations du coeur ! 17 Galaad au-delà du Jourdain n'a pas quitté sa demeure. Pourquoi Dan s'est-il tenu sur les navires ? Aser s'est assis sur le rivage de la mer, Et s'est reposé dans ses ports. 18 Zabulon est un peuple qui affronta la mort, et Nephthali de même, sur les hauteurs des champs.

Le point qui peut égarer concerne Galaad. Comme on l'entend souvent, on peut en arriver à le confondre avec une tribu, mais cela représente une région. C'est plus précisément la région incluant la demie tribu de Manassé à l'Est du Jourdain et la tribu de Gad. D'où l'inclusion de cette demi-tribu et de celle de Gad alors qu'on ne semblait pas en parler.

Le combat se passera sur le territoire de la demie tribu de Manassé à l'ouest du Jourdain (la zone de Sisera). C'est à l'intérieur de cette zone que les deux dernières informations nous sont données :

Ces deux informations sont une malédiction et une bénédiction faisant échos à la non-participation de l'un et la participation de l'autre.

  • Juges 5.23 : Maudissez Méroz, dit l'ange de l'Éternel, Maudissez, maudissez ses habitants, Car ils ne vinrent pas au secours de l'Éternel, Au secours de l'Éternel, parmi les hommes vaillants.

On ne sait pas quelle ville était Méroz. Les Paroles de l'ange de l'Eternel à son encontre peuvent expliquer pourquoi on n'a aucune information à son sujet.

La dernière mention concerne Jaël, la femme qui a tué Sisera.

  • Juges 5.24 : Bénie soit entre les femmes Jaël, Femme de Héber, le Kénien! Bénie soit-elle entre les femmes qui habitent sous les tentes !

(NOTA : Que ce soit dans le chapitre 4 ou dans le chapitre 5, à aucun moment on ne parle de Juda ni de Siméon).

6 - Finalement ...


Barak ne suit pas Dieu, il suit Débora, et si Issacar suivra Barak, ça n'est que sous la direction de Débora (Juges 5.15 : Les princes d'Issacar furent avec Débora, et Issacar suivit Barak). Pourtant Dieu avait été clair, il avait choisi de délivrer Israël en utilisant Barak. Bien que ce dernier n'ait pas voulu obéir, au bout du compte, c'est tout de même ce qu'il a fait, mais il n'en tirera aucune gloire.

Cette campagne se terminera par la mort de Sisera et donc l'accomplissement de la prophétie de Débora, et suite à cela, Débora sera juge pendant les 40 années qui suivront.

Ce que cette histoire nous laisse deviner, c'est l'intention première de l'Eternel. Il avait choisi Barak, et si ce dernier avait obéi, il aurait également fini par être le juge de son époque. Mais tout du long il a refusé de se soumettre à Dieu, ce qui est évidemment totalement disqualifiant. Alors que le peuple criait à l'Eternel, lorsqu'il tourne ses regards vers eux, il est rejeté. Si le courage de Zabulon et de Nephthali dans la bataille est admirable, tout comme celui de Benjamin, d'Ephraïm et d'Issacar, il ne faut pas oublier que 5 tribus ont refusée jusqu'au bout de se battre, tout comme Barak a refusé jusqu'au bout d'obéir à l'Eternel. On pourrait presque voir dans ce récit un pendant de la parabole des 10 vierges. Toutes se revendiquent du peuple de Dieu, mais lorsque le Seigneur parle, cinq sont prêtes et cinq ne le sont pas.

Enfin, avant de finir, rappelons que si Débora fut juge en Israël et que Barak mena les combats, dans l'épître aux hébreux, c'est Barak qui est nommé en compagnie de Gédéon, Samson et Jephté (Hébreux 11.32 : Et que dirai-je encore? Car le temps me manquerait pour parler de Gédéon, de Barak, de Samson, de Jephthé, de David, de Samuel, et des prophètes).


Finalement, Dieu montrera à Israël que c'est lui qui décide et qu'il donne la victoire à qui il veut. Que ce soit avec Déborah ou avec Jaël, il aurait pu choisir leurs maris respectifs, mais il voulait bien faire comprendre à son peuple qu'il fait ce qu'il veut, et que quand il donne la victoire à son peuple, ça n'est pas par sa force qu'il gagnera, mais par son obéissance.

Le choix de Déborah implique que c'est une femme qui, dans sa position de femme et d'épouse, est un exemple de droiture. Dans la Parole de Dieu elle est un sérieux rappel à l'ordre pour le peuple de Dieu.

➡️ Premièrement : des hommes qui refusent de faire ce que Dieu demande, parce que ça leur dit que ce qui doit être fait ne souffrira pas de délai et qu'on ne peut pas constamment dire : 'demain', lorsque Dieu dit 'aujourd'hui'. Si nous refusons, il le fera quand même, mais utilisera quelqu'un d'autre et nous serons les serviteurs de ceux qui feront ce qu'on était appelé à faire.

➡️ Deuxièmement : des femmes parce que Débora ne peut pas être un exemple pour des femmes qui ne sont pas pleinement droites devant Dieu, autant dans leurs positions de femmes que d'épouses et de mères, sinon, tout ce qu'elles recherchent n'est pas ce que Débora était fondamentalement, mais la position qu'elle occupait.

Et toutes ces femmes dont la légèreté des comportements est le reflet de celle de leur âme, qui se proclament être des Débora des temps modernes uniquement pour justifier qu'elles fassent ce qui ne leur est pas permis de faire, peuvent se réjouir. Elles sont effectivement le reflet d'un personnage de la Parole de Dieu. Malheureusement pour elle, ça n'est pas Débora, mais Jézabel.