1 - Introduction.

2 - De l'ascension à la Pentecôte.

3 - Après la Pentecôte.

4 - L'Eglise actuelle.

a) L'évangélisation.

b) Ce que faisait l'Eglise des Apôtres.

c) La louange.

5 - Comparez-vous à eux.

6 - Ce qui est à venir.

1 - Introduction.


Dans la tradition moderne de l'Eglise, ressembler à l'Eglise des Actes des Apôtres est devenu un but. Les prières et les enseignements allant dans ce sens se multiplient. Ce qu'ils ont en communs, c'est que dans l'ensemble, cette Eglise est idéalisée et chacun y voit ce qu'il aimerait y voir, et bien entendu, n'y voit pas ce qu'il n'a pas envie d'y voir. Elle est devenue, pour la plupart de ceux qui s'y réfèrent, un lapin blanc, alors qu'elle était loin d'être parfaite.

Fort heureusement pour nous, le texte n'est pas suffisamment ardu pour ne pas y cerner des points qui méritent d'être soulevés et, qui, dans l'ensemble, ne le sont jamais.

2 - De l'ascension à la Pentecôte.


La toute première chose à prendre en compte concernant l'Eglise des Actes, c'est que ça n'est qu'une question de date. Quelques jours auparavant, ça n'était que les disciples de Jésus et soudainement, ils gagnent une appellation qu'ils n'ont pas demandée, celle d'Eglise. A partir de là nous avons commencé à les imaginer dans une structure dont l'apparence devait forcément être en rapport avec celle que nous donnons à nos assemblées. La remise en question de soi n'étant pas un automatisme de nos jours dans les milieux croyants, il est donc évident que, si nous sommes 'sans puissance', c'est uniquement parce que nous ne sommes pas assez fervent ou parce que ça n'est pas encore le temps, pas parce que nous faisons ce que nous ne devrions pas.

D'autant plus que, si l'on excepte ceux qui ont trop peur de perdre leur place réservée près de la sortie de leurs églises, et que l'on ne prend en compte que ceux qui disent chercher, on se retrouve plus devant une volonté de mimétisme aveugle que d'une volonté de compréhension des écritures. La Parole est un ensemble d'histoires qui, si elles sont vraies, ne doivent cependant pas nécessairement être reproduites. Nous ne sommes pas appelés à être des Judas ou des Achab. La présence d'une vérité dans la Parole a toujours pour but que nous comprenions quelque chose, pas que nous la reproduisions aveuglément.

Les premiers chapitres des Actes des Apôtres répondent parfaitement à cela. L'Eglise qui nous y est présentée est vue comme le Saint Graal, mais elle ne l'est pas, elle est simplement ce qui existait à l'époque.

Après la résurrection de Jésus, il a passé quarante jours avec eux puis les a quittés en étant enlevé devant leurs yeux (Actes 1.9). Durant cette période, Jésus les informe de ce qu'ils vont devoir faire lorsqu'il s'en ira au ciel en ces termes :

  • Actes des Apôtres 1.4-5 : Comme il se trouvait avec eux, il leur recommanda de ne pas s'éloigner de Jérusalem, mais d'attendre ce que le Père avait promis, ce que je vous ai annoncé, leur dit-il; car Jean a baptisé d'eau, mais vous, dans peu de jours, vous serez baptisés du Saint Esprit.

Le peu de jours en question est une période de 10, signifiant une fois de plus qu'il n'était pas nécessaire d'avoir une attente plus longue. A ce point, ceux qui avaient attendu auraient continué d'attendre, et ceux qui devaient s'impatienter et partir, l'avaient déjà fait. C'est dans cette période de dix jours que Pierre va recevoir une révélation. Je rappelle que les onze disciples avaient déjà le Saint-Esprit (*), le jour de la Pentecôte il a été déversé sur tous les croyants.

(*) Jean 20.22 : Après ces paroles, il souffla sur eux, et leur dit: Recevez le Saint Esprit.

Cette première révélation consiste dans le rétablissement de ce que les disciples représentaient. Ils devaient être douze, comme les fils de Jacob, et ils n'étaient plus que onze. Le douzième sera tiré au sort et ce sera Matthias (Actes des Apôtres 1.26). Cela signifie qu'en attendant la fin des 10 jours, Matthias est le seul Apôtre qui n'ait pas le Saint-Esprit. Bien qu'anecdotique, cela permet de réaliser que les dix jours en question ne sont pas dix jours de prières. Ce sont dix jours pendants lesquels les disciples ont vécu une vie de disciples, qui incluait de prier dans la chambre haute.

A la fin de ces dix jours arrive la fête juive de Chavouot, que les chrétiens appellent la Pentecôte et le déversement de l'Esprit sur toutes les personnes présentes.

A partir de là, la directive de Jésus avait été donnée à la fin de l'évangile de Matthieu : Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde (Matthieu 28.19-20).

La volonté de Jésus était que les disciples attendent le Saint-Esprit à Jérusalem, puis qu'ils partent parmi les nations afin de porter le message qu'il leur avait confié. Les juifs de Jérusalem avaient déjà refusé Jésus. Les personnes qui se convertiront ce jour-là ne sont pas de Jérusalem, ce sont des juifs pratiquants qui venaient des pays avoisinant spécialement pour la fête. Cela signifie qu'ils suivaient les préceptes de Moïse.

3 - Après la Pentecôte.


  • Actes 2.44-47 : Tous ceux qui croyaient étaient dans le même lieu, et ils avaient tout en commun.2.45Ils vendaient leurs propriétés et leurs biens, et ils en partageaient le produit entre tous, selon les besoins de chacun.2.46Ils étaient chaque jour tous ensemble assidus au temple, ils rompaient le pain dans les maisons, et prenaient leur nourriture avec joie et simplicité de coeur,2.47louant Dieu, et trouvant grâce auprès de tout le peuple. Et le Seigneur ajoutait chaque jour à l'Église ceux qui étaient sauvés.

Il y a dans ce passage une incohérence qui, non seulement n'est jamais relevée, mais qui, en outre, est devenue le socle d'une église sourde aux appels de Dieu. La notion de temple a toujours été rejetée par l'église. Je dis 'rejetée' au lieu 'd'incomprise', parce que la plupart des croyants à qui vous demandez s'ils savent que l'Eglise n'est pas un bâtiment mais un ensemble de personnes, vous répondent qu'ils le savent. La réalité et qu'ils s'en moquent, même s'ils ne l'admettront pas aussi ouvertement et se contenteront de le faire dans les faits.

Le problème est que cette compréhension et cette acceptation sont primordiales.

Cela tient à la nature même du temple. Jésus se rendait tous les samedi dans le temple afin d'enseigner les juifs et, ce faisant, exposait leurs mauvaises interprétations des textes. Cela ne signifiait cependant pas que se rendre dans le temple physique le septième jour était une bonne chose en soi. En le faisant, Jésus ne faisait qu'annoncer ce qui était à venir. C'est bien lui qui, tout en se rendant avec régularité au temple, annonçait : Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai (Jean 2.19), prophétisant par la même au sujet de sa propre mort, de sa résurrection, et de l'une des conséquences que cela aurait, le relèvement du temple, non plus comme fait de mains d'hommes, mais par l'Esprit de Dieu qui habiterait en nous.

Le temple d'alors était le lieu de rassemblement des juifs. Malheureusement, de nos jours nous avons beaucoup de termes pour désigner les juifs, et ce faisant, nous les compartimentons et nous finissons par ne plus nous comprendre nous-même lorsque nous parlons d'eux. Dans la Parole de Dieu, les juifs désignent son peuple, cela n'a pas de rapport avec la dévotion. Ne sont pas juifs ceux qui vont au temple et ceux qui ne s'y rendraient pas, de vils apostats. Nous avons laissé le monde nous dicter la manière dont nous devons regarder les choses, et la religion est devenue un filtre incontournable. Ainsi nous mélangeons absolument tout. Dans la Parole de Dieu, ce même Dieu parle à son peuple, pas à une religion. C'est le peuple qui se retrouvait devant Dieu le septième jour dans le temple. Cette relation était un résidu de l'image que Dieu avait donnée à Moïse et qui a perduré à travers les siècles, passant par les grands sacrificateurs de l'ancienne alliance. Il ne faut donc pas oublier que cette relation s'est également accomplie en Jésus, et ce qu'il nous a annoncé en parlant du temple de son corps (Jean 2.21) n'était autre que l'annonce de ce que nous négligeons avec tant d'aplomb.

Ce passage du livre des actes ne nous dit pas ce que nous devrions faire, mais ce que les premiers croyants faisaient. Ils étaient encore liés par les traditions juives, et, l'une d'entre elles était justement de se rendre au temple au septième jour (ils y allaient tous les jours). Il ne faut pas oublier les directives de Jésus, qui disait : Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde (Matthieu 28.19-20).

Les disciples avaient eu la directive de partir dans les nations, mais ils ne le faisaient pas. Ils restaient à proximité du temple et s'y rendaient constamment, mimant par là ce que Jésus faisait dans les faits, mais n'en mimant pas le but. Le temple, qui était un signe de leur identité dans la chair, est devenu le signe d'une entrave dans leur identité spirituelle. Eux qui avaient reçu la directive de partir parmi les nations se retrouvaient prisonniers dans les alentours du temple. Ils s'y rendaient tous les jours parce qu'ils continuaient d'y voir ce que Salomon y avait mis, mais ce temple était le temple d'Hérode, bâtit sur les ruines de l'ancien temple, il était fait à la gloire de celui qui avait voulu empêcher la naissance du Messie. Ca n'est pas pour rien qu'il ne contenait pas l'Arche de l'Alliance. Ca n'était qu'un bâtiment construit par quelqu'un qui était une image de l'antéchrist.

C'est parce que les disciples ne se séparaient pas de ce qui était pour eux comme une chaîne, que Dieu enverra l'armée romaine en l'an 70 afin de définitivement détruire ce temple. Il s'ensuivra que les disciples devront fuir et finalement faire ce que Jésus leur avait dit de faire en premier lieu.


4 - L'Eglise actuelle.


L'église actuelle se revendique héritière de celle du livre des Actes des Apôtres. Pourtant, l'emphase est constamment mise sur deux axes, l'évangélisation et la louange. Il se trouve que c'est justement deux domaines qui ne se trouvaient pas dans l'Eglise d'alors (sous la forme que nous lui prêtons).


a) L'évangélisation.

Les Apôtres ne suivaient pas la définition de ce que nous appelons 'évangélisation'. Ils ne faisaient pas des campagnes pour prêcher aux perdus et se contentaient de vivre leur vie. Le problème, c'est que de nos jours, 'vivre sa vie' se comprend comme 'vivre loin de Dieu', alors qu'à l'époque, il n'y avait pas de vie en dehors de Jésus. Ca fait qu'ils passaient leur temps ensemble, à prendre la Sainte Scène dans les maisons, à prier et à se soutenir les uns les autres, spirituellement et financièrement. Leurs existences entières étaient tournées vers Jésus et, en conséquence, étaient un témoignage. De nos jours, nous essayons de compenser le fait que nos vies ne donnent pas une image différente de celles des personnes que nous considérons comme perdues par un prosélytisme contraire au message de la Parole de Dieu. L'église accentue à l'excès le témoignage de la langue, parce que c'est tout ce qu'elle a.

Si l'on regarde toutes les fois où des conversions ont lieu, on constate que les disciples étaient toujours dans leur vie de tous les jours. Ils ne faisaient que ce qu'ils avaient l'habitude de faire, et c'est les païens qui venaient vers eux.

  • Actes des Apôtres 2.5-7 : Or, il y avait en séjour à Jérusalem des Juifs, hommes pieux, de toutes les nations qui sont sous le ciel. Au bruit qui eut lieu, la multitude accourut, et elle fut confondue parce que chacun les entendait parler dans sa propre langue. Ils étaient tous dans l'étonnement et la surprise, et ils se disaient les uns aux autres: Voici, ces gens qui parlent ne sont-ils pas tous Galiléens?
  • Actes des Apôtres 2.13-15 : Mais d'autres se moquaient, et disaient: Ils sont pleins de vin doux. Alors Pierre, se présentant avec les onze, éleva la voix, et leur parla en ces termes: Hommes Juifs, et vous tous qui séjournez à Jérusalem, sachez ceci, et prêtez l'oreille à mes paroles! Ces gens ne sont pas ivres, comme vous le supposez, car c'est la troisième heure du jour.
  • Actes des Apôtres 3.3-6 : Cet homme, voyant Pierre et Jean qui allaient y entrer, leur demanda l'aumône. Pierre, de même que Jean, fixa les yeux sur lui, et dit: Regarde-nous. Et il les regardait attentivement, s'attendant à recevoir d'eux quelque chose. Alors Pierre lui dit: Je n'ai ni argent, ni or; mais ce que j'ai, je te le donne: au nom de Jésus Christ de Nazareth, lève-toi et marche.
  • Actes des Apôtres 3.11-12 : Comme il ne quittait pas Pierre et Jean, tout le peuple étonné accourut vers eux, au portique dit de Salomon. Pierre, voyant cela, dit au peuple: Hommes Israélites, pourquoi vous étonnez-vous de cela? Pourquoi avez-vous les regards fixés sur nous, comme si c'était par notre propre puissance ou par notre piété que nous eussions fait marcher cet homme?
  • Actes des Apôtres 4.8-9 : Alors Pierre, rempli du Saint Esprit, leur dit: Chefs du peuple, et anciens d'Israël, puisque nous sommes interrogés aujourd'hui sur un bienfait accordé à un homme malade, afin que nous disions comment il a été guéri,

On pourrait détailler chacun des cinq passages que je viens de citer, mais ce serait du temps perdu. Les choses se passent toujours de la même manière. Le peuple va vers les disciples et alors seulement les disciples parlent de Dieu. Ca n'est jamais l'inverse. Si l'on regarde le monde qui nous entoure, on se dit que jamais les gens ne viendront vers nous, et force est de constater que c'est une évidence. Mais la raison en est que nos vies ne sont pas à la gloire de Dieu, et au lieu de faire les efforts nécessaires pour les rendre conformes, nous avons opté pour une solution moins efficace, mais bien plus facile à mettre en œuvre, prétendre que c'est eux qui doivent changer. Il en résulte que la seule réelle différence entre l'immense majorité de ceux qui évangélisent de nos jours et ceux vers qui ils vont, c'est la prétention du salut qu'ils veulent partager.


b) Ce que faisait l'Eglise des Apôtres.

Le problème de l'absence de remise en question des églises actuelles est qu'elles sont persuadées de faire ce qu'elles doivent faire. Elles parviennent même à voir des résultats quand la réalité montre une pauvreté spirituelle qui défie la raison. Les campagnes d'évangélisation successives se terminent toujours avec des conversions massives, décomptées avec ce manque de sagesse qui avait caractérisé le recensement fait par le roi David. Pourtant les choses vont de mal en pis et ces fameuses conversions restent lettre morte, elles ne servent qu'à bercer l'imaginaire de ceux qui se noient dans ces fausses pratiques.

  • Actes des Apôtres 2.42 : Ils persévéraient dans l'enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain, et dans les prières.
  • Actes des Apôtres 2.46-47 : Ils étaient chaque jour tous ensemble assidus au temple, ils rompaient le pain dans les maisons, et prenaient leur nourriture avec joie et simplicité de coeur, louant Dieu, et trouvant grâce auprès de tout le peuple. Et le Seigneur ajoutait chaque jour à l'Église ceux qui étaient sauvés.

Ce que nous montrent ces trois versets c'est que les priorités de nos frères de cette époque semblent bien loin de celles d'aujourd'hui :

  • Enseignement des Apôtres : Les apôtres désignent spécifiquement les douze disciples de Jésus, avec une particularité sur la déchéance de Juda et son remplacement par Matthias, qui cependant, conformément à ce qu'il représente, était présent aux côtés de Jésus depuis le commencement de son ministère, à son baptême. Ces douze transmettent les enseignements que Jésus leur avait confiés durant ses trois années de présence charnelle. De nos jours, les prophètes enseignent, les évangélistes enseignent, les pasteurs enseignent, d'un point de vue plus global, les femmes enseignent. Par contre, les seuls qui sont vus avec beaucoup de méfiance lorsqu'on en vient à l'enseignement, ce sont les enseignants eux-mêmes, qui sont généralement assez frontalement rejetés. J'ai même entendu qu'en réalité ce ministère n'existait plus, ce qui montre à quel point les 'croyants' ont peur de la vérité. Malheureusement, si quelqu'un qui enseigne n'a pas été appelé à cela, il ne peut pas porter du fruit chez celui qui écoute.
  • Communion fraternelle : Elle n'existe presque plus. La communion fraternelle ne consiste pas à se faire la bise le dimanche matin, mais à se visiter les uns les autres et à passer du temps ensemble. Jésus nous disait que c'est à l'amour que nous aurions les uns pour les autres que les perdus comprendront. Il nous prévenait également dans l'évangile de Matthieu que l'amour du plus grand nombre se refroidirait (Matthieu 24.12), et nous sommes bien dans cette époque qu'il annonçait.
  • Fraction du pain : La Sainte-Cène, les disciples du livre des Actes la faisaient quotidiennement, pendant le repas. De nos jours c'est le dimanche, en dehors des repas, dans un rituel liturgique qui confine au catholicisme.
  • Les prières : Chacun s'examinera sur la notion de persévérance dans la prière. En outre, l'ignorance des écritures pousse notre génération à massivement accomplir la remarque de Jacques : Vous demandez, et vous ne recevez pas, parce que vous demandez mal, dans le but de satisfaire vos passions (Jacques 4.3). Je ne vais pas enseigner ici sur ce qu'est une bonne prière, je vais juste vous donner une piste qui peut faire office de résumé : si vous êtes le centre de vos prières, il y a un problème.
  • La reconnaissance envers Dieu (louange) : Les apôtres avaient une vie de reconnaissance envers Dieu. Ce type de vie est nécessairement appairé avec une vie dans l'humilité, parce qu'elle nécessite d'être toujours focalisée sur lui et de voir en permanence sa présence en toute chose.

Avec tout cela, à vous de voir si nous sommes vraiment les héritiers de l'Eglise des Apôtres ou simplement un ersatz à peine différenciable du monde que nous condamnons avec tant de facilité.


c) La louange.

Il y a quelque chose de particulier avec l'église des apôtres. Il n'est fait mention nulle part de louange au sens chanté du terme, c'est-à-dire dans sa restrictive acception actuelle. Preuve en est que je suis obligé de préciser 'louange chantée' tant dans la tête de quasiment tout le monde, le fait de parler de louange sera immédiatement rattaché à la notion de musique. L'attitude de reconnaissance était permanente à cette époque, parce que les disciples avaient conscience que Dieu œuvrait en chaque chose. De nos jours, la louange se cantonne aux premières minutes du 'culte' le dimanche. Une fois que c'est fini, tout le monde est content, ils ont loué, ils peuvent passer à la suite. Cette compartimentation des choses montre à quel point le service rendu à Dieu est devenu un travail plus qu'une manière de vivre. On en est presque à avoir une liste que nous cochons au fur-et-à-mesure en considérant que ce qui est coché n'est plus à faire.

La seule fois où la notion de louange chantée est présente se trouve bien plus tard dans le livre des Actes des Apôtres, lorsque Paul et Silas priaient et chantaient les louanges de Dieu (Actes des Apôtres 16.25), en dehors de cela, toutes les louanges dont il est fait mention sont parlées.

De nos jours, on ne jure que par la louange. En fait, l'église actuelle se caractérise par une franche volonté d'évangéliser et de louer (en chantant uniquement). Il est probable que ce soient effectivement deux des axes importants dans l'époque où nous nous trouvons. Malheureusement, l'évangélisation n'est pas comprise, et la louange pas plus.

Le problème est que ceux qui ressentent qu'il y a quelque chose à faire dans ces deux domaines, considèrent leur sagesse supérieure à celle de Dieu et se précipitent pour faire les choses à leur manière plutôt que de les faire selon la volonté de Dieu. Ils font exactement ce que le roi David a fait lorsqu'il a voulu faire monter l'Arche de l'Alliance à Jérusalem, il a fait comme il le sentait, et ça a été la catastrophe. Ca n'est qu'après avoir cherché dans le livre de la loi qu'il a compris comment il fallait faire pour que Dieu approuve sa louange.

Cela passait par l'enseignement. Louer signifie remercier Dieu pour ce qu'il a fait, qu'il fait ou ce qu'il a dit qu'il allait faire, et cela se faisait en suivant certaines règles obligatoires. De nos jours, la 'louange' consiste essentiellement à parler de nous, dans la majorité des cas, elle n'a pas Dieu comme destination, mais uniquement comme prétexte. Malheureusement, cela risque fort de ne pas changer tant que les enseignants seront vus comme des parias.

Les temps de la fin, dans lesquels nous sommes, sont bien ceux pendant lesquels Dieu rétablira le tabernacle de David (Amos 9.11 trad. Darby), ce qui avalise la résurgence de la louange chantée. Par contre cela ne justifie en rien des textes qui, non content de ne pas être conformes à la Parole, ne sont même pas intrinsèquement des louanges, pas plus que cela ne justifie l'inspiration du monde plutôt que l'inspiration divine quant à la forme que prend cette louange.

5 - Comparez-vous à eux.


Je ne ferai pas le tableau ici, je vais vous laisser l'imaginer. Mettez dans la première colonne les règles qui régissent les cultes actuels, et dans la deuxième les choses qui nous sont dites dans le livre des Actes des Apôtres. Ce que vous allez constater, c'est qu'il n'y a aucune ressemblance entre les deux. On ne peut même pas parler d'une version moderne de ce qui se faisait à l'époque, ce sont juste deux choses différentes.

La seule chose que nous faisons comme eux, c'est la seule qu'ils faisaient mal. Si Dieu a détruit le temple, c'était pour libérer les croyants, mais nous les avons reconstruits, et même nous jetons l'opprobre sur tous ceux qui ne se réfèrent pas directement à l'un de ces lieux en en affirmant leur appartenance.

Le paradoxe en est presque marrant. De nos jours, c'est en affirmant son appartenance à telle ou telle église, qu'on pense montrer son appartenance à Dieu, alors que la réalité est que c'est en affirmant son appartenance à Dieu qu'on montre qu'on est l'Eglise.

La réforme n'a pas créé un mouvement en accord avec Dieu, mais une version light du catholicisme, qui, bien qu'en en ayant balayé certaines incohérences évidentes, s'est plu à continuer de reproduire toutes celles que l'homme n'avait pas encore repérées. Le protestantisme suit lui aussi des règles qui ne sont pas dans la Parole de Dieu, et qui pour la plupart sont héritées de sa grande sœur, la catholique église romaine. A l'instant où les réformateurs ont compris que le socle sur lequel ils avaient bâti était branlant, ils auraient dû laisser s'effondrer l'édifice et fonder leur foi sur ce que la Parole dit, pas sur les restes moribonds d'un culte idolâtre.

Regardez l'organisation des cultes, sur toute la planète, quel que soit le pays. Tout se fait dans le même ordre, pourtant cet ordre ne répond à aucune directive scripturaire. Ouvrez la Parole de Dieu et vous ne trouverez rien qui justifie ce qu'on vous présente comme une norme indépassable. En réalité, chacun copie sur l'autre, sans se demander sur qui il avait copié lors de sa propre création. Au final, la religion a remplacé la foi en Dieu.

Si le problème vient du cœur de l'homme, un mot en particulier le facilite énormément. Bien évidemment, c'est le mot 'église'. Rien qu'en réalisant que lorsque l'on parle de l'Eglise des Actes, on parle simplement des croyants de cette époque, et de rien d'autre, on aura fait une bonne partie du chemin. Ces personnes se réunissaient quotidiennement dans les maisons, comme des frères et sœurs dignes de ce nom, ils vivaient leur relation fraternelle à chaque instant. L'Eglise, c'était eux, chaque minute et chaque seconde. Ils n'avaient pas de bâtiments géants avec de belles et grandes croix sur la façade, parce que cela n'avait pas de sens, chacun portait sa croix et tous les perdus le voyaient. Nos bâtiments ne servent pas à montrer notre appartenance à Dieu, mais à nous dissimuler et à camoufler le fait qu'en nous voyant, ils ne comprendraient pas d'office qui nous sommes. Les immenses bâtisses ne sont pas le signe d'une église forte, mais l'aveu de sa faiblesse.

6 - Ce qui est à venir.


Le rejet de l'enseignement a poussé les croyants à ne se baser que sur ce qu'ils ressentent. Cela ne signifie pas que ce qu'ils ressentent est nécessairement mauvais, par contre, le seul moyen de savoir si ce qu'ils ressentent est de Dieu ou non, c'est justement la Parole. La suite logique est que si la volonté de base est bonne, la mise en pratique est catastrophique, et, malheureusement, disqualifiante.

Sans les enseignements appropriés, l'évangélisation ne dépasse pas le stade du recrutement, et la louange celui de simple concert dont les chants contiennent de vagues rappels de la Parole, souvent inexacts. L'un et l'autre sont désapprouvés par Dieu sous leur forme actuelle.

Les croyants qu'on nous présente dans le livre des Actes des Apôtres avaient pour eux de faire les choses dans l'ordre. Ils avaient accepté leur propre transformation et, conséquemment, le monde qui les entourait se transformait également. Nous prétendons changer le monde, mais pour la plupart, nous sommes à son image, alors comment le transformer quand nous ne sommes que son reflet ?

Oui, l'évangélisation est importante, mais elle n'est pas ce que les croyants actuels prétendent, et oui, la louange est importante, mais ce qu'on appelle actuellement de la louange n'en est quasiment jamais. Alors nous allons en ligne droite vers l'accomplissement de ce que Malachie disait :

  • Malachie 3.18 : Et vous verrez de nouveau la différence Entre le juste et le méchant, Entre celui qui sert Dieu Et celui qui ne le sert pas.

On ne stagne jamais avec Dieu, ceux qui refusent de s'aligner sur sa volonté continueront de s'en éloigner. Dieu n'a pas préparé le retour de Jésus pour chercher ceux qui prétendent le servir, mais pour ceux qui le servent, et son retour est particulièrement proche. Continuer de mentir sur son investissement personnel uniquement parce que personne ne s'en rend compte ne légitime pas le comportement. Si nous ne nous regardons pas en face maintenant, sous peu, il sera trop tard.

Le problème pour ceux qui comprennent que les choses ne vont pas, c'est qu'ils ne comprennent pas la source du problème. Ils sont enfermés dans leurs églises à chercher ce qu'ils devraient changer et ne réalisent pas que c'est justement leur compréhension de ce qu'est l'Eglise. S'attacher à la forme, c'est s'attacher à la chair, alors que s'attacher au fond, c'est s'attacher à l'Esprit. Les croyants de l'époque des actes brillaient d'une lumière intérieure, c'est ce qu'ils étaient qui jaillissait et leurs actes n'en étaient qu'une conséquence. Une fois de plus, le livre de la Parole de Dieu a reçu un nom trompeur. En l'appelant 'Les actes des apôtres', cela a poussé les croyants à se focaliser sur les actes en oubliant qu'ils ne sont que les signes de la foi, et donc que le plus important dans ce livre, ce ne sont pas les actes, mais les apôtres. Il eut été plus avisé d'appeler ce livre 'La foi des apôtres' que 'Les actes des apôtres', parce que c'est la foi qui définie les actes, selon ce que nous précise assez clairement Jacques :

  • Jacques 2.17-18 : Il en est ainsi de la foi: si elle n'a pas les oeuvres, elle est morte en elle-même. Mais quelqu'un dira: Toi, tu as la foi; et moi, j'ai les oeuvres. Montre-moi ta foi sans les oeuvres, et moi, je te montrerai la foi par mes oeuvres.

Ainsi, nous ne devrions pas nous attacher aux apparences, mais uniquement à connaître Dieu, parce que ne pas le connaître équivaut à ne pas être connu de lui (*). Le travail à faire ne devrait pas être dirigé vers les autres, mais uniquement vers nous-même. Prétendre que les autres ont besoin de connaître Dieu est un leurre pieu. C'est-à-dire un leurre basé sur une réalité. Il consiste à placer l'importance d'apporter Dieu aux autres au-dessus du fait d'apprendre à le connaître personnellement. Seulement voilà, le message de Dieu pour le monde passe par notre bouche, et il convient de la purifier en premier si nous ne voulons pas souiller le message qu'elle transmettra. Nous disons ce que nous savons, et nous rendons témoignage de ce que nous avons vu (Jean 3.11), les apôtres suivaient ce principe, pas de fioritures, pas de faux-semblants, ils transmettaient ce qu'ils avaient reçu, parce que ce qu'ils avaient reçu les avait transformés. Chacun d'entre eux avait arrêté de se comporter comme Adam et Eve, en pointant le serpent comme le responsable de leur propre désobéissance. Nous sommes responsables du monde qui nous entoure, ce ne sont pas des plaintes que Dieu devrait entendre, mais des sanglots issus d'une repentance sincère. Le monde est ce que nous en avons fait, ou ce que nous l'avons laissé devenir. Le seul moyen de le comprendre en profondeur est de s'approcher plus de celui qui a créé toute chose.

C'est donc ce que l'Eglise de Jésus devrait faire dans l'époque qui est la nôtre, chercher à le connaître mieux, constamment, sans arrêt, sachant qu'aucune vérité n'est un aboutissement, mais uniquement une étape. C'est à ce prix-là seulement que nous aussi nous pourrons dire ce que nous savons et que nous pourrons rendre témoignage de ce que nous avons vu.



(*) Matthieu 7.21-23 : Ceux qui me disent: Seigneur, Seigneur! n'entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux. Plusieurs me diront en ce jour-là: Seigneur, Seigneur, n'avons-nous pas prophétisé par ton nom? n'avons-nous pas chassé des démons par ton nom? et n'avons-nous pas fait beaucoup de miracles par ton nom ? Alors je leur dirai ouvertement: Je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi, vous qui commettez l'iniquité.