1 - L'origine de la notion.

a) L'enlèvement d'Elie.

b) L'annonce de son retour.

c) La naissance de Jean.

d) Qui a raison ? Malachie ou l'ange Gabriel ?

2 - Jean Baptiste.

a) L'expectative.

  • a.1) Interpellation de Jean.
  • a.2) L'Elie et non Elie.

b) La transfiguration.

3 - Pourquoi donc les scribes disent-ils.

4 - Comprendre le centre en comprenant les extrémités.

a) Verset 10.

b) Verset 13.

c) Les extrémités.

5 - La réponse de Jésus.

a) Verset 11.

b) Verset 12.

6 - Résumé du passage.

7- je vous enverrai Élie, le prophète.

1 - L'origine de la notion.


La notion du retour d'Elie est mise plusieurs fois en avant. Cependant, des points particuliers de chacune des fois où il en est fait mention semblent différer. Ca n'est pas pour rien. En effet, ça n'est pas tant un message global, qu'une suite de mentions qui chacune entraîne la suivante. Un peu comme une discussion à tiroir dans laquelle on se servirait de la notion première pour en éclairer d'autres.


a) L'enlèvement d'Elie.

On ne passera pas de temps sur l'origine, je l'ai déjà fait dans d'autres enseignements. Tout commence cependant avec l'enlèvement d'Elie dans un tourbillon.

  • 2 Rois 2.11 : Comme ils continuaient à marcher en parlant, voici, un char de feu et des chevaux de feu les séparèrent l'un de l'autre, et Élie monta au ciel dans un tourbillon.

A partir de là commencent les attentes des hommes. Si Elie est monté, il va redescendre. C'est résumé un peu sommairement, mais c'est exactement de cela qu'il s'agit. Ensuite, selon qu'on s'attache à Dieu ou qu'on s'en éloigne, les compréhensions varient. L'essentiel restant qu'il est monté, et qu'Israël attendait qu'il redescende.


b) L'annonce de son retour.

C'est donc Malachie qui va remettre cette attente sur le devant de la scène lorsqu'il va prophétiser le retour du prophète :

  • Malachie 4.5-6 : Voici, je vous enverrai Élie, le prophète, avant que le jour de l'Éternel arrive, ce jour grand et redoutable. 6 Il ramènera le cœur des pères à leurs enfants, et le cœur des enfants à leurs pères, de peur que je ne vienne frapper le pays d'interdit.

C'est la base de ce qui sera mis en avant plus tard. Il faut cependant noter ce que nous dit exactement Malachie. Dans un premier temps, il précise qu'il parle spécifiquement d'Elie le prophète. Il n'est pas vague dans sa nomination et parle donc bien de la personne, pas de son esprit. Ensuite, il faut également prendre en compte qu'il précise bien ce qui précédera sa venue. En l'occurrence ce sera : avant que le jour de l'Éternel arrive, ce jour grand et redoutable.

Or, ce jour grand et redoutable, dont nous parle également le prophète Joël (Joël 2.11 : ... Car le jour de l'Éternel est grand, il est terrible : Qui pourra le soutenir ?), c'est le jour du retour de Jésus, pas celui de sa première venue, charnelle.


c) La naissance de Jean.

Quelques siècles après l'annonce de Malachie, survient la naissance d'un enfant particulier. Qui se trouve être le centre des discussions autour du retour d'Elie. L'ange Gabriel vient parler à Zacharie, le sacrificateur, alors qu'il présente les parfums dans le temple, et il lui annonce la naissance de son fils dans des termes qui nous renvoient forcément à ce que disait Malachie :

  • Luc 1.16-17 : il ramènera plusieurs des fils d'Israël au Seigneur, leur Dieu ; 17 il marchera devant Dieu avec l'esprit et la puissance d'Élie, pour ramener les cœurs des pères vers les enfants, et les rebelles à la sagesse des justes, afin de préparer au Seigneur un peuple bien disposé.

Cette prophétie n'est cependant qu'un accomplissement partiel de celle de Malachie. Malachie précisait bien qu'il parlait du prophète Elie, pas de son esprit et de sa puissance. Par contre le reste de la prophétie est conforme.


d) Qui a raison ? Malachie ou l'ange Gabriel ?

Ca n'est pas que Malachie s'est trompé ou que Dieu a changé d'avis. Il se trouve que Jésus vient deux fois et donc que Elie également. Donc la première fois nous avons Jésus charnel qui est précédé de Jean, qui a l'esprit et la puissance d'Elie. La deuxième fois c'est la fin des temps, avec le retour triomphant de Jésus précédé par la venue de ses témoins, donc Elie est l'un des deux.

Il y a une autre différence entre les deux annonces, et elle concerne la réconciliation annoncée. Bien qu'elles parlent toutes les deux de la même chose, elles en parlent dans des termes qui, s'ils sont proches, nous révèlent des étapes différentes. 

Malachie nous annonçait : Malachie 4.6 Il ramènera le cœur des pères à leurs enfants, et le cœur des enfants à leurs pères, de peur que je ne vienne frapper le pays d'interdit. Alors que l'ange Gabriel annonçait dans un premier temps : il ramènera plusieurs des fils d'Israël au Seigneur, leur Dieu (Luc 1.16), et ensuite seulement précisen nous apprenant que : il marchera devant Dieu avec l'esprit et la puissance d'Élie, pour ramener les cœurs des pères vers les enfants, et les rebelles à la sagesse des justes, afin de préparer au Seigneur un peuple bien disposé (Luc 1.17).

Malachie ne parle donc que de réconciliation familiale, alors que Gabriel commence par parler de réconciliation spirituelle pour finalement enchaîner sur une réconciliation familiale ayant pour but une réconciliation spirituelle. Malachie donne donc moins de détails, il dit simplement que le but sera de réconcilier les pères avec les enfants. On pense souvent qu'il parle en réalité de réconciliation avec Dieu le Père, mais ça n'est pas le cas. Il parle bien d'enfants et de pères. Par ailleurs, il ne parle pas de parents.

Malachie se contente de dire ce qui sera, et explique les conséquences si ça n'était pas. Gabriel de son côté explique pourquoi il doit en être ainsi. C'est ce qui place une apparente différence dans les deux façons de parler. La version de Gabriel n'invalide donc pas celle de Malachie, elle la complète et permet en réalité de la comprendre correctement. Lorsqu'il dit en premier lieu que la réconciliation se fera entre les fils d'Israël et le Seigneur, il parle de la finalité. La suite de son discours représente l'étape nécessaire pour en arriver là.

Cette étape nécessaire est la réconciliation entre les pères et les enfants. Donc les "pères" = uniquement les mâles, et les enfants = garçons et filles. Ce que Gabriel met donc en avant c'est la rébellion intra-familiale et le rejet de l'autorité, qui a toujours été particulièrement grave dans la Parole de Dieu. Que ce soit son rejet dans l'insoumission ou le rejet dans son exercice. Il appelle donc à ce que les enfants se comportent dignement envers leurs pères et reconnaissent leur autorité et il appelle simultanément les pères à respecter leur position de pères et à ne surtout pas en donner une mauvaise image en se comportant indignement. C'est parce que c'est cette notion d'autorité et de chaîne d'autorité qui doit être restaurée qu'il poursuit en parlant de ramener : les rebelles à la sagesse des justes.

La conséquence de tout cela éclairant cette compréhension. Le but de cette restauration est : de préparer au Seigneur un peuple bien disposé (Luc 1.17). Parce que celui qui a une mauvaise image de ce qu'un père est aura une mauvaise image de Dieu. Cette réconciliation était donc annoncée comme un préalable, un facilitateur, de la réconciliation avec le Père céleste.

2 - Jean Baptiste.


a) L'expectative.

On voit que c'est une préoccupation de l'esprit très fréquente à cette époque. Tout le monde attend la venue d'Elie et dans les temps les plus sombres, on attend avec encore plus de ferveurs les choses dont on est certain de la venue sans en connaître la date. Cette attente propulsait donc logiquement toute personne qui se démarquait de la masse dans le viseur des tenants du système en place.

A partir de là, étant omniprésent dans la pensée des juifs, le sujet revient plusieurs fois sur le devant de la scène. Par contre les différentes fois où il en sera fait mention ne sont pas à comprendre de la même manière.

a.1) Interpellation de Jean.

Jean attirait toute la région dans laquelle il baptisait. Les pharisiens eux-mêmes allant jusqu'à lui juste au cas où. Sa notoriété était telle que les interrogations allaient bon train. Personne ne pouvait avoir son aura sans qu'il n'y ait une raison à cela. N'oublions pas que trente ans plus tôt, des mages étaient venus affirmer que le roi des juifs allait naître. Depuis, la méfiance était de mise, et il est peu probable que les sacrificateurs et les lévites ne se soient pas posés la question de savoir s'il pouvait y avoir un rapport entre ce jeune homme trentenaire et les affirmations des mages venus d'orient.

C'est ce qui va conduire des pharisiens, sacrificateurs et Lévites de leur état, à venir l'interroger sur ce sujet, et ne pouvant se satisfaire d'une réponse par la négative, puisque leur but était de savoir qui était Jean, ils vont enchaîner les identités potentielles.

  • Jean 1.19-21 : Voici le témoignage de Jean, lorsque les Juifs envoyèrent de Jérusalem des sacrificateurs et des Lévites, pour lui demander : Toi, qui es-tu ? 20 Il déclara, et ne le nia point, il déclara qu'il n'était pas le Christ. 21 Et ils lui demandèrent: Quoi donc ? Es-tu Élie ? Et il dit: Je ne le suis point. Es-tu le prophète ? Et il répondit : Non.

La première interrogation concerne donc le fait d'être l'Oint que tout le monde attend. Recevant une réponse négative qui ne prête aucunement à confusion, les pharisiens ne s'arrêtent pas là. Ca ne répond pas à leur attente. Ils lui demandent alors s'il est Elie, puis finalement s'il est le prophète. Les deux questions recevant également une réponse négative.

On notera que ce qu'imaginent les juifs concernant Jean-Baptiste, ils l'imagineront également concernant Jésus : Jésus s'en alla, avec ses disciples, dans les villages de Césarée de Philippe, et il leur posa en chemin cette question: Qui dit-on que je suis ? 28 Ils répondirent: Jean-Baptiste; les autres, Élie, les autres, l'un des prophètes (Marc 8.27-28). On notera également que cela ne leur venait pas à l'esprit que l'un et l'autre auraient pu simplement être de nouveaux prophètes. Ils étaient tellement installés dans la pensée que rien de neuf ne pouvait arriver que lorsqu'il se passait quelque chose, cela devait être quelque chose d'ancien ; et pour Jésus, on notera qu'ils ne prenaient pas en compte l'éventualité qu'il puisse être le Messie, alors que la possibilité était sur la table concernant Jean. La négation de qui est Jésus a toujours été présente, même avant sa résurrection, et le problème n'était (et n'est) pas de refuser l'idée que le Messie puisse être là, mais uniquement celle que ce puisse être Jésus. Seule la vérité dérange.

Quoi qu'il en soit, devant cette volée de questions sans réponse positive, ils vont enfin finir par simplement lui demander qui il est, mais sa réponse n'est pas le sujet de cet enseignement. Ce qui l'est par contre, c'est que Jean affirme ne pas être Elie, alors que Jésus semble plus tard faire une affirmation contraire.

a.2) L'Elie et non Elie.

Dans l'évangile selon Matthieu, Jésus va faire une déclaration où il semble dire que Jean serait Elie, mais la réalité est tout autre.

  • Matthieu 11.12-15 : Depuis le temps de Jean-Baptiste jusqu'à présent, le royaume des cieux est forcé, et ce sont les violents qui s'en emparent. 13 Car tous les prophètes et la loi ont prophétisé jusqu'à Jean ; 14 et, si vous voulez le comprendre, c'est lui qui est l'Élie qui devait venir. 15 Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.

Ce que nous dit Jésus dans ce passage ne concerne pas Elie, mais son esprit. Il est fait mention de l'Elie et non d'Elie, or l'esprit d'Elie n'est pas remonté au ciel avec lui. Il va de soi que le mot esprit ici ne désigne pas Elie lui-même, mais son ministère. Lorsque l'on regarde le passage dans lequel on nous décrit la montée d'Elie au ciel, on note clairement qu'il est fait mention de ce que son esprit reste sur Elisée :

  • 2 Rois 2.9-15 : Lorsqu'ils eurent passé, Élie dit à Élisée: Demande ce que tu veux que je fasse pour toi, avant que je sois enlevé d'avec toi. Élisée répondit : Qu'il y ait sur moi, je te prie, une double portion de ton esprit ! 10 Élie dit: Tu demandes une chose difficile. Mais si tu me vois pendant que je serai enlevé d'avec toi, cela t'arrivera ainsi ; sinon, cela n'arrivera pas. 11 Comme ils continuaient à marcher en parlant, voici, un char de feu et des chevaux de feu les séparèrent l'un de l'autre, et Élie monta au ciel dans un tourbillon. 12 Élisée regardait et criait: Mon père! mon père! Char d'Israël et sa cavalerie! Et il ne le vit plus. Saisissant alors ses vêtements, il les déchira en deux morceaux, 13 et il releva le manteau qu'Élie avait laissé tomber. Puis il retourna, et s'arrêta au bord du Jourdain ; 14 il prit le manteau qu'Élie avait laissé tomber, et il en frappa les eaux, et dit : Où est l'Éternel, le Dieu d'Élie ? Lui aussi, il frappa les eaux, qui se partagèrent çà et là, et Élisée passa. 15 Les fils des prophètes qui étaient à Jéricho, vis-à-vis, l'ayant vu, dirent : L'esprit d'Élie repose sur Élisée ! Et ils allèrent à sa rencontre, et se prosternèrent contre terre devant lui.

La réalité de ce ministère spécifique est qu'on n'en connaît pas grand-chose. On sait qu'il a reposé sur Elie, puis sur Elisée et finalement sur Jean. Mais on ne sait pas s'il a reposé sur qui que ce soit d'autre, ni même si Elie était le premier à l'avoir où si Jean a été le dernier.

Pour en revenir à la déclaration de Jésus, il va plusieurs fois utiliser cette attente que les juifs ont pour mettre en avant des notions qui ne seront pas réellement comprises, principe sur lequel je reviendrai courtement dans la suite. Donc la réalité de ce passage de l'évangile selon Matthieu est que Jésus ne dit pas que Jean est Elie, mais uniquement qu'il porte son ministère.


b) La transfiguration.

C'est donc dans cette ambiance générale où chaque personne faisant des choses hors norme devient potentiellement le Messie, Elie ou un des prophètes, qu'Elie apparait réellement devant Jacques, Jean et Pierre (Matthieu 17.3 : Et voici, Moïse et Élie leur apparurent, s'entretenant avec lui), ajoutant encore des niveaux de compréhension aux interrogations ambiantes des uns et des autres. Les trois disciples qui comme n'importe qui en Israël s'étaient déjà posés la question, se retrouvent devant le vrai Elie, et alors qu'ils doivent avoir des milliers de questions dans la tête, Jésus leur dit, sur le chemin du retour de ne pas en parler avant qu'il ne ressuscite des morts.

  • Matthieu 17.9 : Comme ils descendaient de la montagne, Jésus leur donna cet ordre: Ne parlez à personne de cette vision, jusqu'à ce que le Fils de l'homme soit ressuscité des morts.

Le bas de la montagne n'est pas loin, les disciples viennent de voir quelque chose de choquant, et Jésus leur fait une annonce qui ne les atteint pas vraiment. Il vient de leur dire qu'il va mourir et ressusciter, et personne ne relève l'information. Au contraire, ils restent focalisés sur ce qu'ils viennent de voir. Venant de recevoir de Jésus la directive de n'en parler à personne, ils profitent du court moment qu'ils ont avant d'arriver au bas de la montagne pour rapidement demander ce qui leur passe par la tête, forcément centré sur Elie. La question sera : Pourquoi donc les scribes disent-ils qu'Élie doit venir premièrement ? (Matthieu 17.10). Bien que charnelle, la question peut se comprendre. Ils savent que Jésus est le Messie, et ils viennent de voir Elie, pourtant leur incompréhension fait remonter un problème, et bien que n'en parlant pas ouvertement, la réponse de Jésus le mettra en avant.

3 - Pourquoi donc les scribes disent-ils ?


Les 4 hommes sont donc dans la descente de la montagne, juste après la transfiguration, et les disciples décident d'interroger Jésus. Ce passage pose souvent question et sa compréhension n'est pas évidente, d'autant que la réponse de Jésus n'utilise pas le même référent que la question des disciples.

Le passage concerné nous est présenté dans l'évangile selon Marc et dans celui selon Matthieu. J'utiliserai la version selon Matthieu, mais en voici les deux versions :

  • Marc 9.11-13 : Les disciples lui firent cette question: Pourquoi les scribes disent-ils qu'il faut qu'Élie vienne premièrement ? 12 Il leur répondit: Élie viendra premièrement, et rétablira toutes choses. Et pourquoi est-il écrit du Fils de l'homme qu'il doit souffrir beaucoup et être méprisé ? 13 Mais je vous dis qu'Élie est venu, et qu'ils l'ont traité comme ils ont voulu, selon qu'il est écrit de lui.
  • Matthieu 17.10-13 : Les disciples lui firent cette question: Pourquoi donc les scribes disent-ils qu'Élie doit venir premièrement ? 11 Il répondit: Il est vrai qu'Élie doit venir, et rétablir toutes choses. 12 Mais je vous dis qu'Élie est déjà venu, qu'ils ne l'ont pas reconnu, et qu'ils l'ont traité comme ils ont voulu. De même le Fils de l'homme souffrira de leur part. 13 Les disciples comprirent alors qu'il leur parlait de Jean-Baptiste.

Le passage de l'évangile selon Matthieu nous présente donc une question des disciples au sujet d'une affirmation des scribes concernant la venue d'Élie. Ce passage est particulier est ne dit pas ce qu'il semble en première lecture. On limite généralement le texte aux versets 12 et 13, pourtant, il est important de prendre en compte l'importance du verset qui précède et de celui qui suit. Les versets 10 et 13 sont fondamentaux.

La première chose qu'il faut comprendre avant quoi que ce soit d'autre, c'est la raison de la question des disciples. Pour eux, Jésus est celui qui avait été annoncé, et ils sont dans l'expectative concernant le fait que les scribes en annoncent un autre. En outre, ils viennent de voir apparaître le prophète Elie, et ce alors qu'ils sont déjà avec le Messie. Le cadre global est donc celui de l'incompréhension de l'annonce des scribes et non une demande de confirmation de leurs propos.

On prendra note également de ce que l'apparition de Moïse ne semble pas plus les interroger que cela, ce qui montre que leur réaction n'est pas tant liée à l'apparition qu'ils viennent d'avoir qu'aux implications qu'ils lui prêtent. C'est une situation particulièrement présente de nos jours. La Parole de Dieu nous dit quelque chose, on voit quelque chose de contraire dans le monde, et donc on s'interroge sur la Parole de Dieu. Laissant par ce comportement le monde devenir juge de la Parole, lorsque la Parole juge du monde.

Jésus utilise une façon de parler qui passe souvent inaperçue. Parce qu'il y a plus d'importance à dire la vérité qu'à ce qu'elle soit comprise. Dire la vérité dépend de nous, qu'elle soit comprise dépend de Dieu. Il y a donc de nombreux passages dans lesquels Jésus annonce une chose qui n'est pas comprise, simplement parce que ça n'est pas le temps de la compréhension. De la même manière qu'il nous est dit : Ses disciples ne comprirent pas d'abord ces choses; mais, lorsque Jésus eut été glorifié, ils se souvinrent qu'elles étaient écrites de lui, et qu'elles avaient été accomplies à son égard (Jean 12.16).

4 - Comprendre le centre en comprenant les extrémités.


Dans ce passage de l'évangile selon Matthieu, l'introduction et la conclusion sont des parties très importantes. On a tendance à comprendre ce que ces deux versets entourent en réponse à ce qu'on a compris de ces deux-là. Pourtant leur sens est totalement différent de ce que l'on croit.


a) Verset 10.

  • Matthieu 17.10 : Les disciples lui firent cette question : Pourquoi donc les scribes disent-ils qu'Élie doit venir premièrement ?

Pour la plupart des lecteurs, ce verset pointe la « vérité » de la venue d'Élie. Dans la réalité, le verset 10 ne dit pas que c'est ce qui doit être mais que c'est ce que disent les scribes. Ce qui ne signifie pas que cela ne doive pas être, mais que le sujet de la discussion est uniquement ce que disent les scribes. Rappelons que ces personnes sont pointées du doigt par Jésus qui les qualifie comme suit :

➡️ ​Justice insuffisante pour être sauvé (Matthieu 5.20).

➡️ ​sont sans autorité spirituelle (Matthieu 7.29).

➡️​ Matthieu 23.3-4Ils disent, et ne font pas. Ils lient des fardeaux pesants, et les mettent sur les épaules des hommes, mais ils ne veulent pas les remuer du doigt.

➡️​ Hypocrites, iniques, insensés, aveugles, pleins de rapine et d'intempérance, sont des serpents et des races de vipère (Matthieu 23.13-36).

Comprendre le verset 10 ne peut passer que par le fait de comprendre ce que je viens de résumer de la pensée de Jésus concernant les scribes. Les disciples viennent donc vers Jésus afin de lui demander un commentaire sur la pensée de ces personnes. C'est pour cela qu'il y a deux questions ici, celle que les disciples posent, et celle à laquelle Jésus répond, et aussi étrange que cela puisse paraître, ce ne sont pas les mêmes. Jésus répond souvent au cœur, il comprend les vraies questions, même lorsqu'elles sont mal exprimées.

Ici les disciples ne demandent pas si Élie doit revenir, pas plus qu'ils ne demandent pourquoi il le devrait/doit. Ils ne font que demander à Jésus pourquoi les scribes le disent. Ça signifie que la vraie question ne concerne pas Élie, mais les scribes. Or Jésus est clair sur ce que sont les scribes, donc sa réponse ne portera pas sur les scribes, mais sur leur déviance. Il va mettre en lumière leur erreur en rétablissant les choses telles qu'elles doivent être comprises.

Pour mieux comprendre ce que Jésus entend lorsque ses disciples lui demandent : Pourquoi donc les scribes disent-ils qu'Élie doit venir premièrement ?, il faut imaginer que la question est en réalité :

  • Pourquoi donc des personnes dont la justice est insuffisante pour être sauvées (Matthieu 5.20), qui sont sans autorité spirituelle (Matthieu 7.29), menteuses (Matthieu 23.3-4), qui sont hypocrites, iniques, insensées, aveugles, voleuses, intempérantes, des serpents et des races de vipères (Matthieu 23.13-36), disent-elles qu'Elie doit venir premièrement ?

On va rapidement y revenir. Mais avant regardons très courtement comment comprendre le verset 13, donc le verset de clôture.


b) Verset 13.

  • Matthieu 17.13 : Les disciples comprirent alors qu'il leur parlait de Jean-Baptiste.

On entend souvent que ce verset signifie que c'est ce que Jésus a dit, mais ça n'est pas du tout le cas. Ça ne fait que nous dire ce que les disciples en ont déduit. Il y a d'autres situations dans l'évangile où on retrouve cela. La plus connue se trouve à la fin de l'évangile selon Jean lorsque Pierre pose une question à Jésus concernant Jean :

  • Jean 21.22-23 : Jésus lui dit: Si je veux qu'il demeure jusqu'à ce que je vienne, que t'importe ? Toi, suis-moi. 23 Là-dessus, le bruit courut parmi les frères que ce disciple ne mourrait point. Cependant Jésus n'avait pas dit à Pierre qu'il ne mourrait point ; mais : Si je veux qu'il demeure jusqu'à ce que je vienne, que t'importe ?

Jésus aurait pu couper court à cette fausse compréhension, mais il ne l'a pas fait. Il ne va pas à l'encontre de notre cœur. Si notre cœur ne nous permet pas de comprendre ce qu'il dit, ça n'est pas ce qu'il dit qui doit être changé, mais notre cœur. Et lorsque notre cœur sera changé, alors nous accéderons à la compréhension de ce qu'il a dit. Une fois ressuscité, le Seigneur est allé vers ses disciples à plusieurs reprises. Une précision nous est faite à sa deuxième visite alors qu'il mange devant eux, et elle va directement dans le sens de ce que je disais : Puis il leur dit: C'est là ce que je vous disais lorsque j'étais encore avec vous, qu'il fallait que s'accomplît tout ce qui est écrit de moi dans la loi de Moïse, dans les prophètes, et dans les psaumes. Alors il leur ouvrit l'esprit, afin qu'ils comprissent les Écritures (Luc 24.44-45). Il y a un temps pour entendre, un temps pour retenir, et un temps pour comprendre.

Dans leur discussion concernant Elie, les disciples n'étaient pas encore en mesure de comprendre ce que Jésus venait de dire, et c'est ce que Matthieu retranscrit ici en nous disant ce qu'ils ont compris.


c) Les extrémités.

Elles nous disent donc que les disciples posent une question sur les scribes et ne comprennent pas la réponse. Ils ne la comprennent pas parce qu'ils restent ancrés sur leur question plus que sur la réponse de Jésus. Si Jésus nous disait que le disciple n'est pas plus que le maître, ici, les disciples ont rabaissé le maître à leur niveau. Ils ont posé une question charnelle et ont obtenu une réponse spirituelle mais ne l'ont pas regardé comme il le fallait, alors ils ne l'ont pas comprise et en sont arrivés à ce que Matthieu exprime dans le verset 13, c'est-à-dire une compréhension charnelle.

5 - La réponse de Jésus.


Maintenant, les deux versets intermédiaires portent une particularité, celle de la façon de parler que je mentionnais. On peut la retrouver également lorsque Jésus dit :

  • Jean 8.58 : Jésus leur dit : En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu'Abraham fût, je suis.

ou, également lorsqu'il dit :

  • Jean 10.30 : Moi et le Père nous sommes un.

Dans les deux cas, il parle en réalité de bien plus, il dit qu'il est de nature divine. Quand il dit : je suis, il fait allusion à la présentation de Yahvé à Moïse, et lorsqu'il dit que le Père et lui sont un, il fait allusion à une déclaration faite dans le Deutéronome (6.4) et qui dit que l'Eternel est un.

De nos jours, on ne le voit pas clairement parce que nous ne sommes pas baignés dans la même culture, mais il n'en était pas de même à l'époque, et dans les deux situations, les juifs ont tenté de le lapider pour ces paroles parce qu'ils comprenaient parfaitement qu'il pointait son origine divine par ces termes.


a) Verset 11.

  • Matthieu 17.11 : Il répondit : Il est vrai qu'Élie doit venir, et rétablir toutes choses.

Bien qu'au premier abord, on pourrait croire qu'il parle effectivement de la venue d'Élie, en réalité il est impossible que ce soit le cas. Aussi court que soit ce verset, il contient tout de même deux choses qui invalident cette compréhension. De manière assez amusante, lorsqu'on en comprend une, on devine assez facilement la seconde.

Tout d'abord il est écrit dans ce verset qu'Élie doit venir. Autant, Élie est bien l'un des deux témoins du livre de l'Apocalypse, autant ce verset ne peut pas parler de ça en raison du verbe « venir ». Élie ne peut pas « venir », tout au plus peut-il « REvenir ». Cela peut paraître anodin, mais c'est la base même de la signification de ce verbe. Élie est déjà venu au temps d'Achab, il ne peut donc plus venir mais uniquement revenir.

Jésus précise ensuite que la raison de sa venue est qu'il doit rétablir toutes choses. Nous avons donc exactement le même principe que dans la première partie du verset. Pour « rétablir toutes choses », il faut qu'il les ait établis en premier lieu. Ce qui n'est pas le cas d'Élie puisque toutes choses ont été établies par la Parole de Dieu. Et si quelqu'un qui n'est pas Dieu peut les remettre dans leur état premier, ce qui est le sens de 'rétablir', alors ce 'quelqu'un' est à minima égal à Dieu. En outre, ce verset ne parle pas de simplement rétablir, mais de rétablir toutes choses, ce qui inclut le ciel et la terre, et nous savons que ça n'est pas un homme qui fera ça. Le livre des Actes des Apôtres nous pointe directement celui qui doit accomplir une telle chose, et il n'y en a qu'un, pas plusieurs.

  • Actes 3.19-21 : Repentez-vous donc et convertissez-vous, pour que vos péchés soient effacés, 20 afin que des temps de rafraîchissement viennent de la part du Seigneur, et qu'il envoie celui qui vous a été destiné, Jésus-Christ, 21 que le ciel doit recevoir jusqu'aux temps du rétablissement de toutes choses, dont Dieu a parlé anciennement par la bouche de ses saints prophètes.

Ce temps, selon Pierre, se situe après que Jésus soit retourné au ciel.

Pour en revenir à ce qu'il est en train de dire à ses disciples, il faut donc réaliser qu'il ne parle pas d'Élie pour comprendre ce qu'il dit, mais qu'il parle de lui-même. Tout ce qu'il dit pointe vers lui. Mais pour le comprendre, il faut encore regarder ce qu'il entend par « Élie ».

Élie est un nom, et comme tel, il porte une signification. Dans notre langue, lorsque nous appelons quelqu'un nous ne faisons que prononcer un mot qui l'identifie mais dont nous ne comprenons pas nécessairement le sens. Lorsque nous disons « David », nous ne faisons que prononcer un nom, mais en hébreu, vous dites quelque chose, en l'occurrence « bien-aimé », et c'est le contexte qui va définir si vous prononcez un prénom ou pas. Dans le cantique des cantiques lorsque la Sulamithe dit : Mon bien-aimé est pour moi une grappe de troène (Cantique des cantiques 1.14), elle dit également « mon david est pour moi une grappe de troène ». C'est le contexte qui va définir la manière dont on va traduire ses paroles.

Dans l'évangile selon Matthieu, Jésus joue justement avec ce principe. Comme je le disais, les disciples ont posé une question charnelle et reçoivent une réponse spirituelle. Ne comprenant pas le contexte réel de la réponse, ils n'identifient pas correctement ce que Jésus est en train de dire. On aura le même principe (avec un autre sens) lorsque, sur la croix, Jésus dira "Eli Eli", qui sera identifié par les témoins comme un appel du personnage*, et non l'accomplissement du premier verset du psaume 22 (mon Dieu mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné).

Dans le cas présent, 'Élie' signifie : 'mon Dieu est l'Éternel'. Donc Jésus n'annonce pas le fait qu'Élie doive venir et rétablir toute chose. Mais que l'Eternel doive le faire.

(Matthieu 27.47 : Quelques-uns de ceux qui étaient là, l'ayant entendu, dirent: Il appelle Élie)

* (Matthieu 27.49 : Mais les autres disaient: Laisse, voyons si Élie viendra le sauver).


b) Verset 12.

  • Matthieu 17.12 : Mais je vous dis qu'Élie est déjà venu, qu'ils ne l'ont pas reconnu, et qu'ils l'ont traité comme ils ont voulu. De même le Fils de l'homme souffrira de leur part.

Ayant compris que Jésus parle de lui-même et non d'Élie, le verset 12 s'explique presque tout seul. Lorsque Jésus affirme qu'Élie est déjà venu, il dit que l'Eternel est venu en chair, ce qui est bien une première venue ; et il complète son affirmation en précisant qu'ils ne l'ont pas reconnu. « ils » étant ici les scribes, mais rejoignant l'affirmation faite par Jean dans l'introduction de sa version de l'évangile :

  • Jean 1.9-11 : Cette lumière était la véritable lumière, qui, en venant dans le monde, éclaire tout homme. 10 Elle était dans le monde, et le monde a été fait par elle, et le monde ne l'a point connue. 11 Elle est venue chez les siens, et les siens ne l'ont point reçue.

On peut même ajouter qu'il précise que les scribes ne l'ont pas "REconnu", ce qui signifie qu'ils auraient dû pouvoir. Mais il n'y a aucune raison pour qu'ils reconnaissent le vrai Elie, personne ne sait à quoi il ressemblait. Tout au plus connaît-on sa tenue vestimentaire. S'ils n'ont pas reconnu celui qui était annoncé, c'est parce qu'ils ont cessé depuis longtemps de croire en Moïse (Car si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi, parce qu'il a écrit de moi : Jean 5.46). C'est parce qu'ils n'ont pas cru en Moïse qu'ils n'ont pas été capables de reconnaître celui qui était annoncé, et qu'ils se sont cherchés quelqu'un pouvant remplir certaines de leurs attentes. Lorsque l'on regarde ceux dont le cœur n'était pas perverti, on constate qu'ils ont reconnu celui qui était annoncé : Philippe rencontra Nathanaël, et lui dit: Nous avons trouvé celui de qui Moïse a écrit dans la loi et dont les prophètes ont parlé, Jésus de Nazareth, fils de Joseph (Jean 1.45).

Vient alors la distinction entre "traité comme ils ont voulu" et "souffrira de leur part", qui sont la détermination du passé et du futur de ce qui concerne Jésus à l'instant où il parle. "traité" fait état du rejet dont il est le sujet, alors que "souffrira" annonce le sacrifice à venir.

6 - Résumé du passage.


  • Matthieu 17.10-13 : Les disciples lui firent cette question: Pourquoi donc les scribes disent-ils qu'Élie doit venir premièrement ? 11 Il répondit: Il est vrai qu'Élie doit venir, et rétablir toutes choses. 12 Mais je vous dis qu'Élie est déjà venu, qu'ils ne l'ont pas reconnu, et qu'ils l'ont traité comme ils ont voulu. De même le Fils de l'homme souffrira de leur part. 13 Les disciples comprirent alors qu'il leur parlait de Jean-Baptiste.

La signification de ce passage est donc toute simple.

L'incompréhension des disciples concernant la raison pour laquelle les scribes font l'affirmation de la venue première d'Elie, alors qu'il leur semble que c'est Jésus qui était annoncé, amène Jésus à expliquer la réalité de ce que les scribes annoncent. Il leur montre que celui que la Parole annonce c'est lui, et il le fait avec le parallèle de la signification du nom d'Elie, qui pointe vers lui. Il leur montre que les scribes ont regardé charnellement les annonces faites par la Parole de Dieu et qu'ils en ont tiré une compréhension charnelle.

Les disciples, dont le regard n'était pas plus spirituel que celui des scribes, au moins sur ce point particulier, sont confortés dans leur pensée que cela ne remet pas en cause Jésus. Par contre, ne parvenant pas à comprendre le sens réel de ce qu'il leur annonçait, ils font exactement ce que les scribes ont fait, il recherche quelqu'un qui pourrait correspondre à ce que disent les scribes, et ils trouvent Jean Baptiste.

7je vous enverrai Élie, le prophète.


Ce qui concerne Elie s'étend sur des millénaires. Entre l'existence du prophète, sa montée au ciel dans un tourbillon, et le fait qu'il revienne dans le livre de l'Apocalypse, ce personnage a bercé l'imaginaire de tous ceux qui s'intéressent à la Parole de Dieu. La période de la présence humaine de Jésus sur terre ne fait pas exception. Etant une période de très fort éloignement, elle est également une période où le peuple se rend compte que les choses ne sont pas comme elles devraient être et recherche à droite et à gauche quelque chose à quoi se raccrocher. Lorsqu'ils vont vers Jean, ils ne savent pas qui il est, ça n'est donc pas issu d'une certitude, mais d'un espoir. De même avec Jésus, il n'y a pas de consensus sur son identité. Le peuple voit quelque chose de différent et sa soif l'attire, mais il n'a pas vraiment les yeux ouverts. Il est juste conscient qu'il fait face à ce qui pourrait représenter un changement. La quasi-totalité du peuple est né sous l'occupation romaine et les prophéties résonnent comme des espoirs dans la tête de chacun d'eux.

Personne n'a demandé à Jean s'il avait l'esprit d'Elie, ils lui ont juste demandé s'il était Elie, et sa négation faisait donc sens. Quant aux déclarations de Jésus, je les ai expliquées. Dans l'ensemble ce personnage était autant dans les conversations parce que c'était le temps où son esprit se manifestait à nouveau et où le Messie faisait sa première venue, sur un âne pour annoncer la paix. De nos jours le livre de l'Apocalypse reprend le devant de la scène, uniquement parce que nous sommes entrés de plein fouet dedans, et Elie va de nouveau se manifester, cette fois-ci ce sera le vrai, tout comme ce sera le Messie glorifié, venant sur un cheval.

Ce qui complique la compréhension des différents passages faisant mention du prophète Elie ou de son esprit, c'est le fait que les discussions autour de ce thème étaient fréquentes. Par contre, la raison de ces discussions varie, et  la conclusion de ces mêmes discussions également. Comprendre de quoi il en retourne demande de comprendre le contexte de chaque interaction. Notre problème vient généralement de ce qu'on considère que chaque passage doit obligatoirement porter le même sens que les autres. Comme ça n'est pas le cas, on se retrouve devant un mur.

Jésus comprend parfaitement ce qui concerne Elie ou son esprit, mais son but envers les disciples était plus de les faire grandir que de tout leur mâcher. Ils avaient beau avoir reconnu Jésus comme étant le Messie, ils n'avaient toujours pas tiré un trait sur le monde des scribes, et tant qu'ils ne le faisaient pas, il y a des choses qu'ils ne pouvaient pas comprendre. L'antagonisme entre les autorités en place et Jésus était évidente, et les disciples le savaient. Ils continuaient de prêter aux scribes une certaine crédibilité alors qu'ils savaient que Jésus avait dit : Celui qui n'est pas avec moi est contre moi, et celui qui n'assemble pas avec moi disperse (Matthieu 12.30), ils avaient goûté à la différence entre les enseignements de Jésus et ceux des scribes  (Matthieu 7.29 : car il enseignait comme ayant autorité, et non pas comme leurs scribes). Rester attachés à ce que disaient les scribes les retenaient sur des rivages où Jésus n'évoluait pas et ne pouvait en aucune manière changer Jésus, c'est lui qui nous change (par son esprit). Evidemment Jésus ne les condamne pas pour autant, il ne les invective pas parce qu'ils s'intéressent à ce que disent des personnes dont l'avis n'a pas d'importance. Par contre, il répond à la véritable question qui est dans le cœur des disciples, et s'ils ne sont pas en mesure de le comprendre de suite, ça n'a pas d'importance. Ils le comprendront lorsqu'ils seront prêts.

La pensée de Jésus reste alors cohérente tout du long, elle ne suit simplement pas celle de ses disciples (Esaïe 55.8 : Car mes pensées ne sont pas vos pensées), et c'est parce que nous pensons que toutes les questions sont les mêmes que nous imaginons que toutes les réponses devraient également l'être. Lorsque Jésus parle d'Elie dans le passage du dix-septième chapitre de l'évangile selon Matthieu, il parle de lui-même, "mon Dieu est l'Eternel".