1 - Le premier envoi.
a) Ce qu'ils doivent faire.
b) Ce qu'ils doivent emporter ou non.
c) Les réactions auxquelles ils doivent s'attendre.
- c.1) Sodome et Gomorrhe.
- c.2) L'église des hommes.
- c.3) Les encouragements.
- c.4) La récompense c'est l'envoi.
d) Les versions de cet envoi dans Marc et Luc.
e) Les trois façons de voir ce texte.
- e.1) La vision pour le temps de Jésus.
- e.2) La vision pour l'église.
- e.3) La vision prophétique.
2 - La deuxième salve de disciples pour le premier envoi.
a) La soumission des esprits mauvais.
b) La révélation par l'Esprit, et l'aveuglement de la chair.
c) La nécessité d'avoir plus d'ouvriers.
d) Faire naître la soif.
e) Deux à deux.
f) Les deux textes de l'envoi des 70.
3 - Le deuxième envoi.
a) Toute autorité.
b) Une chronologie plus qu'un tout en un.
- b.1) Allez.
- b.2) Le divin passé sous silence.
- b.3) La fabrique de disciples.
- b.4) La formation des disciples.
4 - La vision du livre des Actes des Apôtres.
5 - Conclusion, du deuxième au premier envoi.
On parle souvent de 'la grande commission', c'est-à-dire l'envoi des disciples par Jésus. Une fois que ce terme a été utilisé, on entre dans un flou complet. Certains passages sont contradictoires, et au lieu de chercher à comprendre pourquoi, les croyants préfèrent utiliser ceux qui leur conviennent le mieux en fonction de la situation. La Parole de Dieu devenant dès lors un self-service.
Le problème vient d'un fait extrêmement simple, Jésus a envoyé ses disciples à plusieurs reprises et, le but de l'envoi n'étant pas le même à chaque fois, il en résulte que les directives qu'il leur a données étaient également différentes.
En tout, il y a trois envois distincts. Le deuxième étant une redicte du premier incluant plus de disciples.
1 - Le premier envoi.
Premier envoi, début du ministère : Matthieu 10.1-42.
- Matthieu 10.1 : Puis, ayant appelé ses douze disciples, il leur donna le pouvoir (autorité) de chasser les esprits impurs, et de guérir toute maladie et toute infirmité.
Ce don de Jésus n'est pas un envoi, c'est un équipement qu'il leur donne, l'envoi viendra juste après. Chronologiquement, Jésus leur a d'ores et déjà montré l'essentiel, il y a encore beaucoup de choses à faire, et beaucoup de leçons à donner, mais les disciples ont vu guérisons, délivrances et résurrections. Maintenant, Jésus les équipe avec ce qui est nécessaire pour faire de même, et s'apprête à les envoyer.
Cet envoi se passe très tôt dans le ministère de Jésus. L'important dans ce premier verset est que Jésus donne l'autorité pour guérir les maladies, les infirmités et pour chasser les démons. Personne ne possède l'autorité de Jésus, lorsqu'il dit qu'il la donne, c'est en réalité qu'il donne le droit de l'utiliser. Ce qui est important à prendre en compte, c'est que les disciples n'ont pas le Saint-Esprit (donc la puissance), ils vont devoir apprendre à faire uniquement avec l'autorité, ce qui leur permettra de comprendre qu'elle est suffisante.
Jésus leur dit donc ce qu'ils vont devoir faire, et il poursuit en expliquant quelles sont les règles qu'ils doivent suivre. Le passage est très long et se déploie en trois parties :
a) Ce qu'ils doivent faire.
- Matthieu 10.5-8a : Tels sont les douze que Jésus envoya, après leur avoir donné les instructions suivantes: N'allez pas vers les païens, et n'entrez pas dans les villes des Samaritains; allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d'Israël. Allez, prêchez, et dites: Le royaume des cieux est proche. Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons.
Bien que tout soit important, il y a dans ce passage un élément passé sous silence qui modifie totalement la compréhension de l'entièreté du passage. Personne ne semble jamais soulever ce point, c'est ce qui arrive lorsqu'on passe plus de temps à apprendre par coeur ce que d'autres ont dit plutôt que de lire la Parole de Dieu. Dans ce premier envoi, Jésus est clair, seuls doivent être recherchés, les juifs, pas les païens, les brebis perdues de la maison d'Israël. Bien sûr, il s'agit d'une image de l'église, mais il n'en reste pas moins que la signification de ce passage est que tant que l'église est malade, il n'est pas temps d'aller vers le monde (N'allez pas vers les païens), ou vers les mouvements qui professent une foi en Jésus mais dont le credo atteste qu'ils mentent (ex : les catholiques qui reconnaissent Jésus mais qui considèrent que Marie sauve) (n'entrez pas dans les villes des Samaritains).
Un chrétien ne pouvant être possédé, on peut alors se demander pourquoi Jésus nous envoie chasser les démons chez des croyants. La raison est tellement simple qu'elle en est presque risible. Il suffit de regarder l'église en face pour le comprendre. Rapprocher la notion d'église et celle de croyants et devenu hasardeux. Je crois que ce que Jésus nous appelle à faire, c'est le tri parmi celle qui se prétend être l'épouse de Christ, de la même manière qu'il envoyait les douze disciples parmi les juifs, pour prêcher la bonne nouvelle et qu'un tri se fasse naturellement entre ceux qui l'accepteraient et ceux qui la refuseraient. C'est ce que Jésus faisait constamment, il se rendait au temple et il enseignait la Parole de Dieu, se mettant lui-même en totale opposition avec les doctrines qui y étaient transmises usuellement.
b) Ce qu'ils doivent emporter ou non.
- Matthieu 10.8b-10 : Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement. Ne prenez ni or, ni argent, ni monnaie, dans vos ceintures; ni sac pour le voyage, ni deux tuniques, ni souliers, ni bâton; car l'ouvrier mérite sa nourriture.
- Marc 6.8-9 : Il leur prescrivit de ne rien prendre pour le voyage, si ce n'est un bâton; de n'avoir ni pain, ni sac, ni monnaie dans la ceinture; de chausser des sandales, et de ne pas revêtir deux tuniques.
- Luc 9.3 : Ne prenez rien pour le voyage, leur dit-il, ni bâton, ni sac, ni pain, ni argent, et n'ayez pas deux tuniques.
Avant de parler de l'apparente contradiction se trouvant entre la version de Matthieu et celles de Marc et de Luc, n'oublions surtout pas le commencement de celle de Matthieu :
- Matthieu 10.8b : Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement.
Ces quelques mots sont probablement les plus bafoués de toute la Parole de Dieu, et pour cause, ça parle de gratuité. Un gros mot pour les oreilles de beaucoup. Les pseudos 'groupes de louange' prieront pour que Dieu leur inspire un chant, et une fois qu'ils l'ont, ou qu'ils prétendent l'avoir, ils s'empresseront d'en faire un album et de le vendre, 'pour la gloire de Dieu et pour le porte-monnaie de l'artiste', mais il faut admettre que les maisons dans les quartiers chics coûtent cher, tout comme les cérémonies pour s'auto-glorifier de son résultat annuel (Dove-awards). De la même manière, des centaines d'ouvrages sont rédigés tous les ans sur la Parole de Dieu, pour l'expliquer, transmettre des prophéties, des témoignages de conversion et toute sorte de sujets, mais ils sont toujours payants. Encore plus vils, comme les Etats-Uniens aiment le faire, faîtes un don supérieur à un certain montant et l'ouvrage vous est offert gratuitement (pratique courante). Comportement purement démoniaque qui consiste à détourner volontairement le mercantilisme ambiant pour essayer de le faire coller à la Parole de Dieu. Combien de conventions sont gratuites ? Combien de 'ministères' sont payés pour participer à ces dernières ?
Et la raison invoquée est toujours la même : faire toutes ces choses coûte de l'argent ! Et ils ont raison, mais ils oublient que ce sont des oeuvres. Pour accomplir des oeuvres, ces gens sont capables de devenir des pharaons au lieu de devenir des Moïse. Ils ont besoin que le peuple fasse des briques pour qu'ils puissent se construire des palais sur la terre, ils pensent qu'en agissant de la sorte, ils se construiront un chemin qui mène au ciel, une nouvelle tour de Babel, la tentative charnelle d'atteindre Dieu. Salomon dans toute sa sagesse avait compris que Si l'Éternel ne bâtit la maison, Ceux qui la bâtissent travaillent en vain (Psaume 127.1), mais ces gens, dans toute leur sagesse, ont des experts financiers qui font fructifier leur récompense terrestre.
Bien sûr que presque tout coûte de l'argent de nos jours, mais la Parole nous dit bien que : L'argent est à moi, et l'or est à moi, Dit l'Éternel des armées (Aggée 2.8). Il y a une différence entre le recevoir de Dieu, et le prendre à ses enfants. Si vous croisez dans la rue un père avec son enfant, le père ayant un paquet de bonbons à la main et en donnant un à son enfant. Si vous décidez de prendre celui de l'enfant au lieu d'en demander un au père, que pensez-vous qu'il se passera ?
Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement est un ordre, pas un conseil. Le problème pour presque l'intégralité des croyants, c'est que ces quelques mots ne sont pas dissociables du reste du passage. Si vous prétendez que Dieu vous a envoyé, mais que vous niez la gratuité obligatoire du service, alors vous faites son œuvre avec négligence, et Jérémie avait déjà vu ce cas de figure : Maudit soit celui qui fait avec négligence l'œuvre de l'Éternel, Maudit soit celui qui éloigne son épée du carnage! (Jérémie 48.10). Vouloir s'organiser une provision par ses propres forces, sous prétexte que sans argent on ne fait rien, c'est assassiner Dieu. Il est le Dieu qui pourvoit (YAHVE-JIRE), ne pas le laisser pourvoir, c'est le rejeter.
Si vous marchez déjà dans la désobéissance à ce sujet, comment marcherez-vous dans l'obéissance pour le reste ? C'est un acte de foi en Dieu que de croire en sa provision, si la foi n'est pas là, rien ne suivra. Les guérisons, les délivrances ou les résurrections sont une conséquence de la foi, elles n'en sont pas initiatrices. Lorsque Jésus est retourné dans sa patrie, les textes nous disent qu'il ne fit pas beaucoup de miracles dans ce lieu, à cause de leur incrédulité (Matthieu 13.58). La foi est une locomotive, pas un wagon, c'est elle qui entraîne le mouvement et non l'inverse.
Maintenant que ce petit point financier est clarifié, voyons le reste de ce que nous disent ces trois versions du même discours, qui pour le coup, paraissent contradictoires.
Si on prend ces passages de manière littérale, alors on a une vision plutôt chaotique du ministère. Matthieu nous dit de n'avoir ni souliers (*), ni bâton, alors que Marc nous dit de chausser des sandales (*) et de ne rien prendre pour le voyage, si ce n'est un bâton. Luc de son côté semble pencher du côté de Matthieu en disant de ne pas prendre de bâton. Pour le reste, les trois hommes sont d'accord.
(*) souliers et sandales sont la même chose, basiquement, une semelle liée.
Pour comprendre l'intégralité du passage, il faut impérativement garder à l'esprit que cet envoi ne se fait pas vers le monde, mais vers l'église. Sans garder cela à la pensée, il est impossible de comprendre correctement de quoi Jésus parle. Il nous enjoint dans le cadre de cet envoi, à ne pas prendre d'argent avec nous, lorsqu'il nous dit Ne prenez ni or, ni argent, ni monnaie, dans vos ceintures, on peut même y voir une manière de nous dire que nous ne devons en prendre sous aucune forme, que ce soit carte bancaire, chéquier ou liquidité. Lorsque Matthieu nous précise que nous ne devons prendre ni sac pour le voyage, ni deux tuniques, ni souliers, ni bâton, c'est juste la phrase qui est trompeuse, en fait il ne fait que continuer ce qu'il disait sur l'argent et ce qu'il disait sur le ministère (Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement). A cette époque, le troc était particulièrement fréquent. C'est notre culture qui a fait de l'argent la base de tout. Comme plus personne ne produit quoi que ce soit, nous avons besoin d'argent pour tout obtenir. Ca n'était pas le cas à l'époque. Chacun produisait quelque chose et tout le monde vendait d'une manière ou d'une autre ses productions. Les produits transformés étant forcément plus prisés puisqu'ils étaient déjà porteurs du savoir faire de leurs artisans. De nos jours, lorsque l'on regarde un vêtement, on le considère comme la fin d'une chaîne qui a commencé avec un travail, un salaire, et finalement un achat. Il y a 2000 ans, ça n'était pas la même chaîne, ce même vêtement était le travail qui apportait un salaire, ou de l'argent, et qui allait permettre un achat. C'est de cela que Jésus parle à travers la plume de Matthieu. Il commence par lister les choses de valeurs que les disciples pouvaient mettre dans leur ceinture (or, argent, monnaie) et enchaîne par les choses de valeurs que l'on peut emporter dans un sac (tuniques, souliers, bâton). La conclusion de cette liste étant la même pour tous les six exemples qu'il a donnés : l'ouvrier mérite sa nourriture.
Dans tous les cas, le but est d'obtenir de quoi manger.
C'est là que se situe la différence apparente entre les trois versions. Les propos de Jésus concernent la provision et non le fait d'avoir une valise pleine de vêtements parce qu'on aime se changer de temps à autre. Quand soudainement Marc nous dit que nous pouvons avoir des sandales et un bâton, c'est parce que dans sa formulation il ne parle pas d'objets de trocs, mais d'objets utilitaires. Matthieu ne nous disait pas que nous devions marcher pieds-nus, mais que nous ne devions pas avoir de paires supplémentaires pour les troquer/vendre afin d'obtenir une provision qui doit venir de Dieu. C'est pour cela que je disais que la formulation était perturbante, aussi fou que cela puisse paraître, bien que les trois rédacteurs parlent de la même chose, ils parlent d'un angle différent, et si on ne comprend pas l'angle de chacun, alors on perçoit une différence qui dans la réalité n'existe pas.
Les trois versions sont importantes, la plus complète est évidemment celle de Matthieu, qui nous précise également que le service ne doit pas être fait pour un gain sordide, cependant, sans l'équilibrage qu'apporte celle de Marc, elle pourrait amener à des extrêmes dont Dieu ne veut pas.
c) Les réactions auxquelles ils doivent s'attendre.
c.1) Sodome et Gomorrhe.
- Matthieu 10.11-15 : Dans quelque ville ou village que vous entriez, informez-vous s'il s'y trouve quelque homme digne de vous recevoir; et demeurez chez lui jusqu'à ce que vous partiez. En entrant dans la maison, saluez-la; et, si la maison en est digne, que votre paix vienne sur elle; mais si elle n'en est pas digne, que votre paix retourne à vous. Lorsqu'on ne vous recevra pas et qu'on n'écoutera pas vos paroles, sortez de cette maison ou de cette ville et secouez la poussière de vos pieds.10.15Je vous le dis en vérité: au jour du jugement, le pays de Sodome et de Gomorrhe sera traité moins rigoureusement que cette ville-là.
On voit souvent la comparaison avec Sodome et Gomorrhe comme une façon radicale de présenter les choses, mais en réalité, ceux qui pensent ça ne comprennent pas que ces deux villes n'ont pas été traitées de manières spéciales. Elles ont reçu un traitement qui ne leur est pas exclusif, toutes les villes qui se comportent de la même manière sont traitées de la même manière. Ces deux villes étaient juste les premières prises en exemple. La situation présentée dans ces versets de l'évangile de Matthieu l'est également dans les évangiles de Marc et de Luc (Je les citerai à la fin de ce point*). Matthieu a cet avantage de mettre les choses dans leur contexte. Si personne dans un endroit ne reçoit le serviteur de Dieu, alors cela signifie que cet endroit est pire que Sodome et Gomorrhe, parce que les envoyés de Dieu ont été reçus à Sodome, dans la maison de Lot. C'est pour cela que si personne ne reçoit le serviteur et n'accepte la Parole de Dieu qui passe par lui, alors il n'y a pas un seul juste dans ce lieu, et la destruction est donc arrêtée de la part de l'Eternel. Essuyer la poussière de ses pieds est un signe, fait par le serviteur de Dieu, pour désigner par interdit l'endroit sur lequel il fait cela. Cela ne se fait donc pas parce qu'on se sent vexé ou rejeté, mais par obéissance envers la Parole de Dieu, dans un cadre précis.
Ce premier envoi étant un envoi vers l'église et non vers le monde, ce que le prochain point confirmera, il faut donc comprendre que le serviteur doit être accueilli chez ses frères et sœurs, il n'est pas censé aller à l'hôtel ou dormir sur un banc. Si nous n'avons pas les règles les plus basiques de l'hospitalité envers nos frères et sœurs, comment prétendrions nous avoir quelque amour que ce soit, et celui qui n'aime pas n'a pas connu Dieu, car Dieu est amour (1 Jean 4.8).
(*) Les versions de Marc et de Luc :
- Marc 6.11 : Et, s'il y a quelque part des gens qui ne vous reçoivent ni ne vous écoutent, retirez-vous de là, et secouez la poussière de vos pieds, afin que cela leur serve de témoignage.
- Luc 9.5 : Et, si les gens ne vous reçoivent pas, sortez de cette ville, et secouez la poussière de vos pieds, en témoignage contre eux.
c.2) L'église des hommes.
- Matthieu 10.16-20 : Voici, je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. Soyez donc prudents comme les serpents, et simples comme les colombes. Mettez-vous en garde contre les hommes; car ils vous livreront aux tribunaux, et ils vous battront de verges dans leurs synagogues; vous serez menés, à cause de moi, devant des gouverneurs et devant des rois, pour servir de témoignage à eux et aux païens. Mais, quand on vous livrera, ne vous inquiétez ni de la manière dont vous parlerez ni de ce que vous direz: ce que vous aurez à dire vous sera donné à l'heure même; car ce n'est pas vous qui parlerez, c'est l'Esprit de votre Père qui parlera en vous.
Ce point atteste de ce que l'envoi se fait vers l'église, et non vers le monde. Lorsque le Seigneur dit qu'il nous envoie comme des brebis au milieu des loups, on pourrait en effet croire que nous sommes le troupeau de l'Eternel et qu'il nous envoie dans le monde, qui serait de facto représenté par les loups dans ce verset. Cette impression peut se trouver renforcée par le fait d'être livré aux tribunaux et au fait d'être appelé à témoigner devant des gouverneurs et devant des rois. Pourtant, si l'on regarde chaque détail de ce qui est dit, ça n'est pas du tout ce tableau qui est brossé.
Le premier élément est qu'ils nous battront de verges dans leurs synagogues, ce qui ne se réfère pas à ceux que l'on nomme 'les païens'. Ces mêmes 'ils', sont appelés 'les hommes' juste avant. Le verset 17, qui nous dit : Mettez-vous en garde contre les hommes; car ils vous livreront aux tribunaux, et ils vous battront de verges dans leurs synagogues; parle donc, non pas des païens, mais de ceux qui se disent croyants. Ce sont les croyants d'apparats qui s'élèveront contre la prédication de la vérité, et c'est eux qui nous livreront aux tribunaux. De la même manière, Matthieu termine le verset 18 en nous disant que nous serons livrés : pour servir de témoignage à eux et aux païens. 'Eux' ne peut pas désigner 'les païens' et désigne donc les croyants (ceux qui en revêtent l'habit, évidemment).
La chose ne devrait pas être étonnante, si on prend en compte que c'est exactement ce qui est arrivé à Jésus.
c.3) Les encouragements.
Bien des choses ne sont pas comprises correctement ici parce que la lecture est double, voire triple. Ce passage parle de l'époque où se passent les choses, mais il parle également prophétiquement de la période de la fin des temps, et de ce qui aurait dû être fait dans toutes les assemblées de la terre, à toutes les époques.
On voit de manière négative des passages comme : Le frère livrera son frère à la mort (Matthieu 10.21a), et Matthieu 10.21-42 est plein de notions de ce type. Mais le but de la Parole de Dieu n'a jamais été de faire peur aux enfants de Dieu. C'est pour cela que Jésus est en train de faire autre chose ici. Il nous avertit afin que nous soyons préparés. Tout le passage doit être lu dans cette optique, et certains points doivent être soulevés :
- Matthieu 10.21-42 : (10.21-23) Le frère livrera son frère à la mort, et le père son enfant; les enfants se soulèveront contre leurs parents, et les feront mourir. Vous serez haïs de tous, à cause de mon nom; mais celui qui persévérera jusqu'à la fin sera sauvé. Quand on vous persécutera dans une ville, fuyez dans une autre. Je vous le dis en vérité, vous n'aurez pas achevé de parcourir les villes d'Israël que le Fils de l'homme sera venu. (10.24-26) Le disciple n'est pas plus que le maître, ni le serviteur plus que son seigneur. Il suffit au disciple d'être traité comme son maître, et au serviteur comme son seigneur. S'ils ont appelé le maître de la maison Béelzébul, à combien plus forte raison appelleront-ils ainsi les gens de sa maison! Ne les craignez donc point; car il n'y a rien de caché qui ne doive être découvert, ni de secret qui ne doive être connu. (10.27-28) Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le en plein jour; et ce qui vous est dit à l'oreille, prêchez-le sur les toits. Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent tuer l'âme; craignez plutôt celui qui peut faire périr l'âme et le corps dans la géhenne. (10.29-33) Ne vend-on pas deux passereaux pour un sou? Cependant, il n'en tombe pas un à terre sans la volonté de votre Père. Et même les cheveux de votre tête sont tous comptés. Ne craignez donc point: vous valez plus que beaucoup de passereaux. C'est pourquoi, quiconque me confessera devant les hommes, je le confesserai aussi devant mon Père qui est dans les cieux; mais quiconque me reniera devant les hommes, je le renierai aussi devant mon Père qui est dans les cieux. (10.34-38) Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre; je ne suis pas venu apporter la paix, mais l'épée. Car je suis venu mettre la division entre l'homme et son père, entre la fille et sa mère, entre la belle-fille et sa belle-mère; et l'homme aura pour ennemis les gens de sa maison. Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n'est pas digne de moi, et celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n'est pas digne de moi; celui qui ne prend pas sa croix, et ne me suit pas, n'est pas digne de moi. (10.39) Celui qui conservera sa vie la perdra, et celui qui perdra sa vie à cause de moi la retrouvera. (10.40-42) Celui qui vous reçoit me reçoit, et celui qui me reçoit, reçoit celui qui m'a envoyé. Celui qui reçoit un prophète en qualité de prophète recevra une récompense de prophète, et celui qui reçoit un juste en qualité de juste recevra une récompense de juste. Et quiconque donnera seulement un verre d'eau froide à l'un de ces petits parce qu'il est mon disciple, je vous le dis en vérité, il ne perdra point sa récompense.
Le maître mot dans ce passage, et : Ne craignez donc point. Jésus connaissait chaque piège qui était tendu devant lui avant qu'il ne l'affronte. Il savait ce que préparaient les pharisiens, que ce soit avec l'hydropique, ou l'homme à la main sèche. Sa force était sa dépendance au Père. Pour celui qui appartient à Dieu, chaque épreuve a un but, c'est pourquoi il n'est pas nécessaire de craindre. Si vous êtes droits devant Dieu, alors chacune de ces épreuves est une malédiction sans cause, et elle ne peut pas vous atteindre (Proverbe 26.2), au lieu de voir son propre malheur, il faut y chercher la gloire de Dieu, parce qu'étant droit devant Dieu, aucun mal ne peut vous toucher. Ce sont les yeux de la chair qui décident que ce qui arrive est une mauvaise chose, les yeux de l'esprit nous aideront à voir la main de Dieu agir avec puissance, et la bouche de l'Eternel avec autorité. Le diable veut que vous ayez peur, parce que ce que vous craignez vous arrivera (Job 3.25), alors ne craigniez rien.
Les différentes notions qui sont mises en avant sont les suivantes :
- Haine et rejet (Matthieu 10.21-23) : comme toutes les choses contre lesquelles Jésus nous met en garde, ça n'est pas une possibilité, c'est une certitude. Si vous pensez passer entre les goutes, vous allez être déçus. Placez votre confiance en l'Eternel, lui seul est certain. Tout le monde est sujet à l'erreur, sauf les trois personnes de Dieu. De la même manière, prenez en compte qu'être rejeté étant une certitude pour tous ceux qui suivront réellement Jésus, cela ne nous concerne pas uniquement, mais également les autres. Ceux qui suivent Jésus se reconnaîtront, mais tous les autres les haïront et les rejetteront. Le corollaire étant donc que lorsque vous voyez des ministères adulés par les foules, et parfois même invités avec déférences dans de grandes messes télévisées, il est de bon ton de se méfier, et de scruter leur message avec attention, parce que les apparences sont clairement opposées à ce que Jésus annonce. Se réfugier derrière le prétexte qu'ils seraient sujets à cette notoriété parce que Dieu serait avec eux est un leurre, Jésus a prévenu que nous serions rejetés.
La fin de ce passage peut être comprise de multiples façons, je ne vais parler ici que de celle qui concerne Jésus et ses disciples, je reviendrai sur sa signification prophétique plus tard. Ici donc, Jésus s'apprête à envoyer ses disciples opérer sans lui. Dans le chapitre 11, il part seul, sans eux, ils ont leur tâche à remplir. L'intégralité du chapitre 11 ne concerne que Jésus. Ca n'est qu'au début du chapitre 12 qu'ils sont à nouveau réunis. Ce faisant, les disciples n'ont pas eu le temps de parcourir les villes d'Israël avant de retrouver Jésus.
- Inversion des valeurs (Matthieu 10.24-26) : le disciple et le serviteur ne sont pas plus que leur maître et seigneur pour espérer bénéficier d'un meilleur traitement. Peu importe qui nous sommes, nous serons traités comme Jésus l'a été. Lorsque les faux croyants nous regardent, ça n'est pas nous qu'ils voient, mais celui qui est en nous, aussi, ça n'est pas contre nous qu'ils agiront, mais contre Dieu en nous. Ce que nous avons à dire les terrifie parce qu'ils savent que c'est la vérité. Ils sont comme des enfants qui pensent qu'on ne les voit pas s'ils mettent les mains devant les yeux. Dans le cas présent, ils se mettent les doigts dans les oreilles pour ne pas entendre, quand Jésus le faisait pour rendre l'audition (Marc 7.31-37). S'identifiant (à tort) comme enfants de Dieu, ils essayeront de se convaincre en nous accusant de ne pas en être, et si nous ne sommes pas comme eux, ils nous accuseront d'être du diable. Ces inquisiteurs en herbe utiliseront le monde comme une arme pour nous faire peur, parce que celui qui parle à travers eux sait que la peur paralyse. En nous accusant, ils essayeront de nous faire courber l'échine, mais la vérité ne peut pas être stoppée. C'est en la proclamant que ces personnes seront vaincues.
- La crainte de Dieu (Matthieu 10.28) : il y a deux choses à comprendre dans ce verset, la première est évidente et fait appel à la logique, ce qui est une méthode rare chez Jésus. Usuellement, il annonce une vérité et nous laisse devant notre réflexion. Ici ça n'est pas réellement le cas. Le postulat de Jésus est que les hommes peuvent faire mourir le corps, et Dieu, non seulement le peut également, mais il peut en outre faire périr l'âme. La logique veut donc que Dieu soit préférable aux hommes. L'argument est effectivement logique, même si dans la bouche de Jésus c'est une méthode peu commune. S'ensuit la deuxième chose à comprendre : le monde ne peut rien contre notre âme, ce qui met en avant que chacun d'entre nous est le seul ennemi de sa propre âme. En conséquence, si vous avez un problème qui concerne votre âme, repentez-vous, parce que le monde n'y est pour rien. Vous avez cru aux mensonges de l'ennemi et vous l'avez laissé entrer. Ca n'est pas une condamnation, mais une aide pour aller plus rapidement là où de toute façon vous devrez vous rendre, aux pieds de Jésus pour lui demander pardon de ne pas lui avoir fait suffisamment confiance.
- La valeur des croyants (Matthieu 10.29-33) : Jésus nous explique que, bien que les passereaux puissent être échangés contre un sou, ce qui sous-entend que les hommes ont des raisons de les tuer massivement, aucun ne meurt sans que ce soit la volonté de Dieu. Il enchaîne sur le fait que nous valons bien plus qu'un grand nombre de passereaux. Ce qui peut autant être compris du point de vue des hommes qui ont d'autant plus de raisons de nous vouloir du mal, que du côté divin, signifiant que si Dieu s'inquiète du sort d'un petit passereau, si commun, il porte une attention tout aussi accrue à notre encontre. A tel point qu'il connaît même le nombre de nos cheveux, qui pourtant change en permanence, montrant qu'il est attentif en continu, et ne relâche jamais son attention.
C'est parce que notre valeur est si grande à ses yeux qu'il nous confessera devant son Père si nous faisons de même avec le sien sur terre. Si nous proclamons son nom, il proclamera le nôtre. Ca semble démesuré que le Fils de Dieu nous rende la pareil, comme si nous méritions quoi que ce soit, mais nous ne devons pas le voir comme une récompense, sinon notre proclamation deviendra une œuvre et non le fruit de l'amour et de la confiance que nous avons en lui. Loin d'une récompense, c'est une promesse, le concept n'est pas le même.
Le dernier verset doit cependant être pris avec un recul que l'on doit également appliquer à l'avant-dernier. Confesser un jour ne signifie pas confesser toujours. De la même manière, renier un jour ne signifie pas renier toujours. Jésus connaît nos faiblesses, Simon l'a renié trois fois, mais il est revenu à lui et a fini par le proclamer. Sa grâce nous permet autant de le quitter que de revenir.
- La division (Matthieu 10.34-38) : l'église du monde prêche constamment la paix, en se basant sur le fait que Jésus nous donne sa paix. Mais s'il nous l'a donné, c'est pour que nous ne nous laissions pas troubler par la guerre qui nous entoure. La notion la plus fondamentale de tout ce que Dieu a fait depuis le commencement est la séparation. Il n'est pas possible que sa Parole n'ait pas le même effet lorsqu'elle est proclamée, parce que Jésus est la Parole faite chair. Plus vous vous approcherez de lui, plus vous vous éloignerez de tout ceux qui ne suivent pas le même trajet. Il est impossible qu'il n'en soit pas ainsi. Cela ne signifie pas que vous ayez à faire quoi que ce soit, vous pourrez être aussi gentils que vous le pouvez, ceux qui ne suivent pas le même trajet vous feront la guerre, que ce soit vos parents, vos frères et sœurs, ou même vos enfants. Ils ne se rendront pas forcément compte de ce qu'ils font, iront jusqu'à penser qu'ils agissent pour votre bien. N'attendez aucune compréhension, vous n'en aurez pas, ne vous justifiez pas, Dieu seul le peut. Ne les détestez pas, priez pour qu'un jour ils comprennent. Et surtout, ne faites pas de compromis pour conserver l'amour des hommes. Ne croyez pas que vos compromis sont faits par amour, 'pour leur donner le temps de comprendre'. Dieu est amour. Si vous assouplissez la vérité par crainte de perdre vos parents ou vos enfants, alors vous les aimez plus que la vérité, et Jésus est la vérité. Chacun doit porter sa croix, ce qui signifie que chacun doit refuser le compromis. Si Jésus ne l'avait pas fait en premier, nous n'en parlerions pas maintenant.
- Perte et conservation (Matthieu 10.39) : dans ce verset, ce que Jésus annonce est similaire au passage dans lequel il disait que celui qui aura abandonné famille, maison... les retrouvera dans ce siècle-ci et dans l'éternité. Jésus nous parle non pas de rejeter une chose, mais de la lui confier. Dans ce verset, cela signifie que si vous donnez votre vie à Jésus, alors vous la conserverez, mais si vous voulez la garder pour vous, alors vous la perdrez. C'est dans la même optique qu'il faut comprendre ses propos sur les autres domaines (maison, famille...).
La mondialisation actuelle essaye d'en arriver à accomplir cette parole de Jésus. Les 'démondialistes' veulent que vous ne possédiez plus rien et que vous soyez heureux, parce qu'ils savent que c'est le but de l'Eternel. Ils ont compris que la volonté de Jésus est d'unifier le royaume sous sa protection, alors ils essayent de faire de même, selon la volonté de l'esprit de l'antéchrist, qui veut se présenter comme le sauveur du monde en imitant ce qu'il comprend du plan de Dieu. Mais la différence est que Jésus ne veut pas vous priver charnellement de toutes ces choses, il veut vous libérer du lien spirituel qu'elles représentent, alors que l'esprit de l'antéchrist veut vous les enlever charnellement pour vous opprimer et forcer votre soumission spirituelle.
- Il te sera fait selon ce que tu auras fait (Matthieu 10.40-42) : rappelons-nous que tous ces conseils que Jésus donne, il les donne dans le cadre d'un envoi de ses disciples parmi les juifs, pas parmi les païens. Toutes ces choses qui doivent avoir notre attention, tous ces dangers que nous devons connaître, sont autant de pièges que ceux qui se présentent comme nos frères et sœurs nous tendront. Aussi, après nous avoir averti non pas de ce qui pourrait nous arriver, mais de ce qui nous arrivera, Jésus finit en expliquant non pas la récompense qu'il prononce sur nous, mais sur les frères et sœurs qui n'auront pas participé à la curée contre nous.
c.4) La récompense c'est l'envoi.
Jésus n'essaye jamais de convaincre en jouant sur les émotions. L'intégralité de ce passage en est un signe supplémentaire. Si l'on veut le résumer, il équipe les disciples, leur dit ce qu'ils vont devoir faire, leur explique ce qu'ils vont souffrir, et finit par expliquer la récompense destinée à ceux qui ne les auront pas persécutés. Il ne leur dit pas 'si vous le faites je vous couvrirai de richesses', il ne cherche aucun argument pour les convaincre, la raison en est que la récompense du serviteur c'est justement la confiance de son maître. Si vous attendez la promesse d'une récompense pour agir, Dieu ne vous demandera rien, parce que vous n'êtes pas prêt.
d) Les versions de cet envoi dans Marc et Luc.
- Marc 6.7-13 : Alors il appela les douze, et il commença à les envoyer deux à deux, en leur donnant pouvoir (autorité) sur les esprits impurs. Il leur prescrivit de ne rien prendre pour le voyage, si ce n'est un bâton; de n'avoir ni pain, ni sac, ni monnaie dans la ceinture; de chausser des sandales, et de ne pas revêtir deux tuniques. Puis il leur dit: Dans quelque maison que vous entriez, restez-y jusqu'à ce que vous partiez de ce lieu. Et, s'il y a quelque part des gens qui ne vous reçoivent ni ne vous écoutent, retirez-vous de là, et secouez la poussière de vos pieds, afin que cela leur serve de témoignage. Ils partirent, et ils prêchèrent la repentance. Ils chassaient beaucoup de démons, et ils oignaient d'huile beaucoup de malades et les guérissaient.
- Luc 9.1-6 : Jésus, ayant assemblé les douze, leur donna force et pouvoir (autorité) sur tous les démons, avec la puissance de guérir les maladies. Il les envoya prêcher le royaume de Dieu, et guérir les malades. Ne prenez rien pour le voyage, leur dit-il, ni bâton, ni sac, ni pain, ni argent, et n'ayez pas deux tuniques. Dans quelque maison que vous entriez, restez-y; et c'est de là que vous partirez. Et, si les gens ne vous reçoivent pas, sortez de cette ville, et secouez la poussière de vos pieds, en témoignage contre eux. Ils partirent, et ils allèrent de village en village, annonçant la bonne nouvelle et opérant partout des guérisons.
e) Les trois façons de voir ce texte.
e.1) La vision pour le temps de Jésus.
Lorsque Jésus parle à ses disciples, il leur dit ce qu'ils vont devoir affronter lorsqu'il va les laisser seul. Ils parcourront les villes de la Galilée seuls pendant quelques temps et retrouveront Jésus peu après, accomplissant donc le fait qu'ils n'aient pas pu faire toutes les villes avant le retour du Seigneur.
e.2) La vision pour l'église.
Dans la première façon de regarder ce texte, les choses restent terres à terre. Dans cette façon de voir, les choses deviennent plus prégnantes, et témoignent malheureusement de nos mauvaises pratiques. Les disciples auxquels Jésus s'adresse ne sont pas encore prêts à aller de part le monde annoncer la Parole aux païens. L'Eglise doit être un lieu spirituel fermement établi (nous sommes l'Eglise). Jésus les envoie donc se former au milieu de leur peuple. Dans nos assemblées cela signifie que les convertis devraient pouvoir exercer l'appel que Dieu a mis dans leur vie, y être encouragé, sachant que leur ministère contribuera à nettoyer en permanence le corps de Christ en lui rappelant sans cesse la nécessité de rester vigilant.
Ainsi, les jeunes convertis auraient pu croître dans le service en sachant qu'ils ont le droit de se tromper, et les anciens convertis auraient eu l'obligation de continuer de croître dans le discernement pour aider les jeunes, et dans l'humilité, en laissant l'Esprit de Dieu les atteindre à travers de plus jeunes qu'eux dans la foi. Cette boucle perpétuelle aurait donc été encore active au retour de Jésus, accomplissant à nouveau cette Parole de Jésus.
Il en aurait résulté que l'envoi dans le monde aurait pu se faire en partant d'une Eglise propre et non souillée. Parce que si l'Eglise est souillée, alors elle ne peut amener au monde que sa souillure.
e.3) La vision prophétique.
Ce premier envoi est également l'annonce de ce qui va se passer dans la période de la fin des temps.
Dans ce réveil qui s'apprête à commencer, il n'y aura pas d'évangélisation. Le but d'un réveil n'a jamais été celui-là. Dans ces moments bénis, le but n'est pas l'homme mais Dieu. Il octroie aux hommes une grâce plus grande afin qu'ils puissent l'adorer avec moins de limites qu'usuellement. Devant ce déversement de la gloire de Dieu, même les païens sont interpellés, et c'est là que les conversions ont lieu, pas dans le travail des hommes qui tenteraient de les atteindre. Si nous regardons ce qui s'est passé à la pentecôte, qui est une image du réveil, l'Esprit de Dieu est descendu avec force sur ceux qui obéissaient en se tenant dans la prière, selon ce que Jésus avait ordonné. Les 120 se mettent alors non pas à évangéliser, mais à louer Dieu. Devant le bruit, les foules se précipitent pour voir ce qui se passe et entendent ces hommes louer Dieu, chacun dans sa langue. Il n'y a eu aucune évangélisation, aucun message, de quelques sortes que ce soit, uniquement des enfants de Dieu qui louaient leur Maître, alors seulement Pierre se met à expliquer ce à quoi ils assistent et 3000 âmes se sont converties.
Dans ces temps qui s'approchent à grands pas, il en sera de même. Dieu ne va pas toucher les églises des hommes, il va toucher son Eglise, qui pourra le louer à travers un réveil qui secouera la planète entière. Alors les païens viendront, ils viendront vers nous ; nous n'irons pas vers eux. Nous avons été d'entre eux, mais nous n'aurons plus à retourner parmi eux, ce sont eux qui viendront, comme l'Eternel nous la signifié par la plume de Jérémie :
- Jérémie 15.19 : C'est pourquoi ainsi parle l'Éternel: Si tu te rattaches à moi, je te répondrai, et tu te tiendras devant moi; Si tu sépares ce qui est précieux de ce qui est vil, tu seras comme ma bouche. C'est à eux de revenir à toi, Mais ce n'est pas à toi de retourner vers eux.
Alors pour la troisième fois, la Parole de Jésus s'accomplira, il reviendra alors que le réveil se terminera, et nous serons enlevés.
2 - La deuxième salve de disciples pour le premier envoi.
Cet envoi est en réalité le même que le premier. C'est simplement une deuxième salve de disciples qui sont envoyés accomplir exactement les mêmes choses que les 12 premiers, et sous les mêmes conditions. Les points supplémentaires que nous apprenons sont peu nombreux, mais il y en a.
a) La soumission des esprits mauvais.
Cela rejoint le fait que le service est une récompense en soi et ne doit pas être vu comme un moyen d'en obtenir une. Les disciples se réjouissent de voir que les démons leur sont soumis dans le nom de Jésus, mais ce dernier les reprend, leur signifiant que la seule raison de se réjouir se trouve dans leur salut. Dans le fait de se réjouir de la soumission des démons, les disciples ne réalisent pas qu'ils prennent une partie de la gloire de Dieu, parce que les démons ne sont pas soumis aux disciples, mais à l'autorité de Jésus qu'ils véhiculent. De plus, la seule raison valable de se réjouir n'est pas dans les actions faites, mais dans le salut accordé par Dieu seul.
b) La révélation par l'Esprit, et l'aveuglement de la chair.
- Luc 10.21 : En ce moment même, Jésus tressaillit de joie par le Saint Esprit, et il dit: Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et de ce que tu les as révélées aux enfants. Oui, Père, je te loue de ce que tu l'as voulu ainsi.
Ca n'est pas seulement que l'Esprit est la source de la compréhension, les choses vont bien plus loin. Dieu a voilé la compréhension de ceux qui ne sont pas ses enfants. La sagesse et l'intelligence dont il est fait mention ici sont celles de la chair, et Jésus nous précise clairement que Dieu a spécifiquement voilé cette méthode de compréhension. Cela induit que même les choses qui paraissent les plus basiques dans la Parole de Dieu ne peuvent pas réellement être comprises par les païens, et appuis encore plus, s'il était nécessaire, le fait que nous n'ayons pas à expliquer la Parole à des personnes qui ne sont pas de notre famille spirituelle. En tentant de leur expliquer, il apparaît même, en nous basant sur ce verset de Luc 10.21, que nous nous opposons à Dieu qui n'a pas voulu qu'ils puissent comprendre.
Le seul message pour les païens est celui de la repentance.
c) La nécessité d'avoir plus d'ouvriers.
- Luc 10.2 : Il leur dit: La moisson est grande, mais il y a peu d'ouvriers. Priez donc le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers dans sa moisson.
Il faut garder à l'esprit que les pensées de Dieu ne sont pas nos pensées, et que nos façons de faire ne sont pas les siennes. Dans ce verset, il demande instamment à ses disciples de prier pour qu'il y ait plus d'ouvriers dans la moisson. C'est intéressant si on prend en compte que la population d'Israël n'était pas énorme, d'autant que Jésus avait clairement fait une séparation, en leur recommandant de ne pas aller en Samarie. Il demande donc de prier pour un accroissement du nombre des ouvriers alors que les chiffres, comparés à ceux d'aujourd'hui, paraissent énormes. 12 disciples envoyés une première fois, puis 70 autres. Cela fait déjà 82 disciples d'envoyés, et Jésus dit que c'est peu. De nos jours, lorsqu'une assemblée envoie 1 ou 2 missionnaires, elle est toute fière. Nous nous contentons de peu, et réagissons comme si nous faisions beaucoup.
d) Faire naître la soif.
- Luc 10.1 : Après cela, le Seigneur désigna encore soixante-dix autres disciples, et il les envoya deux à deux devant lui dans toutes les villes et dans tous les lieux où lui-même devait aller.
Jésus répondait à la soif. Les malades voulaient guérir, de nos jours, il y en a même qui ne veulent pas de peur de ne plus toucher d'allocations. Les démoniaques voulaient être délivrés, de nos jours ils recherchent la possession. Les gens n'ont plus soif, parce qu'ils ne savent plus qu'il existe une source à laquelle ils pourront réellement se désaltérer. Si vous ne comprenez pas la faim, alors tout ce que vous saurez, c'est que vous avez mal au ventre, et vous ne comprendrez pas ce que cela signifie. Les perdus ne recherchent plus Dieu parce qu'ils ne comprennent plus que leurs aspirations au surnaturel est en réalité un cri de leur âme pour le trouver. Ils doivent voir de leurs yeux une différence, on ne peut pas leur demander de voir autrement, ils n'ont pas l'Esprit de Dieu, et comme on ne leur montre rien ...
Jésus envoyait ses disciples préparer le terrain, ils guérissaient les malades et délivraient les démoniaques dans les lieux qu'il prévoyait de visiter, de telle sorte à ce que la soif de voir celui dans le nom duquel ces choses avaient été faites soit immense. De nos jours, les assemblées avancent que sous le prétexte qu'elles ont jeûné et prié, alors le ciel s'ouvre et l'évangélisation va marcher. La méthode de Jésus était plus simple et plus efficace, malheureusement, personne ne semble choqué que notre méthode soit différente, et inefficace.
Dans la compréhension de l'envoi rapporté à la fin des temps, c'est justement ce qui va se passer. Une nouvelle pentecôte, où l'Esprit se saisira de ceux qui sont aux pieds de Jésus, non pas pour atteindre les hommes, mais pour glorifier Dieu, sera un témoignage visuel qui fera naître la soif chez les païens, et ce que des centaines de campagnes d'évangélisation n'ont jamais réussi à faire, l'Esprit de Dieu l'accomplira en un instant.
e) Deux à deux.
Jésus les a envoyés deux par deux. On peut supposer que lorsqu'il a envoyé les 12 premiers disciples il a fait de même. Je mets cependant un bémol à la transposition directe de cette façon de faire. Evidemment, il n'échappera à personne que tout doit être attesté par le témoignage de deux personnes et que ces binômes sont très certainement la conséquence de cette pratique. Cependant il faut garder à l'esprit ce que Jésus disait de lui-même concernant le témoignage. Il nous disait que le Père témoignait pour lui et qu'il témoignait pour lui-même, en concluant qu'il y avait bien deux témoignages de la véracité de ses propos.
Jusque-là, on est tous d'accord. Cependant, il y a une différence majeure entre Jésus et les disciples, et c'est le Saint-Esprit. Ils ne l'ont pas encore, aussi, ils ne peuvent pas bénéficier du même témoignage que celui dont bénéficie Jésus et c'est la raison pour laquelle ils doivent être physiquement deux. Je rappelle que lorsque Jésus a envoyé les 12 premiers disciples, il est resté seul quelque temps (tout Matthieu 11), donc le témoignage pendant cette période venait du Père.
C'est là que je mets en doute la validité de la transposition de la nécessité d'être deux pour témoigner dans notre époque, parce que nous avons désormais le Saint-Esprit, et donc le Père pour attester, tout comme il le faisait pour Jésus. Les miracles qui accompagnent la foi sont justement là pour témoigner.
f) Les deux textes de l'envoi des 70.
- Luc 10.18-22 : Jésus leur dit: Je voyais Satan tomber du ciel comme un éclair.10.19Voici, je vous ai donné le pouvoir de marcher sur les serpents et les scorpions, et sur toute la puissance de l'ennemi; et rien ne pourra vous nuire.10.20Cependant, ne vous réjouissez pas de ce que les esprits vous sont soumis; mais réjouissez-vous de ce que vos noms sont écrits dans les cieux.10.21En ce moment même, Jésus tressaillit de joie par le Saint Esprit, et il dit: Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et de ce que tu les as révélées aux enfants. Oui, Père, je te loue de ce que tu l'as voulu ainsi.10.22Toutes choses m'ont été données par mon Père, et personne ne connaît qui est le Fils, si ce n'est le Père, ni qui est le Père, si ce n'est le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler.
- Luc 10.1-24 : Après cela, le Seigneur désigna encore soixante-dix autres disciples, et il les envoya deux à deux devant lui dans toutes les villes et dans tous les lieux où lui-même devait aller.10.2Il leur dit: La moisson est grande, mais il y a peu d'ouvriers. Priez donc le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers dans sa moisson.10.3Partez; voici, je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups.10.4Ne portez ni bourse, ni sac, ni souliers, et ne saluez personne en chemin.10.5Dans quelque maison que vous entriez, dites d'abord: Que la paix soit sur cette maison!10.6Et s'il se trouve là un enfant de paix, votre paix reposera sur lui; sinon, elle reviendra à vous.10.7Demeurez dans cette maison-là, mangeant et buvant ce qu'on vous donnera; car l'ouvrier mérite son salaire. N'allez pas de maison en maison.10.8Dans quelque ville que vous entriez, et où l'on vous recevra, mangez ce qui vous sera présenté,10.9guérissez les malades qui s'y trouveront, et dites-leur: Le royaume de Dieu s'est approché de vous.10.10Mais dans quelque ville que vous entriez, et où l'on ne vous recevra pas, allez dans ses rues, et dites:10.11Nous secouons contre vous la poussière même de votre ville qui s'est attachée à nos pieds; sachez cependant que le royaume de Dieu s'est approché.10.12Je vous dis qu'en ce jour Sodome sera traitée moins rigoureusement que cette ville-là.10.13Malheur à toi, Chorazin! malheur à toi, Bethsaïda! car, si les miracles qui ont été faits au milieu de vous avaient été faits dans Tyr et dans Sidon, il y a longtemps qu'elles se seraient repenties, en prenant le sac et la cendre.10.14C'est pourquoi, au jour du jugement, Tyr et Sidon seront traitées moins rigoureusement que vous.10.15Et toi, Capernaüm, qui as été élevée jusqu'au ciel, tu seras abaissée jusqu'au séjour des morts.10.16Celui qui vous écoute m'écoute, et celui qui vous rejette me rejette; et celui qui me rejette rejette celui qui m'a envoyé.10.17Les soixante-dix revinrent avec joie, disant: Seigneur, les démons mêmes nous sont soumis en ton nom.10.18Jésus leur dit: Je voyais Satan tomber du ciel comme un éclair.10.19Voici, je vous ai donné le pouvoir de marcher sur les serpents et les scorpions, et sur toute la puissance de l'ennemi; et rien ne pourra vous nuire.10.20Cependant, ne vous réjouissez pas de ce que les esprits vous sont soumis; mais réjouissez-vous de ce que vos noms sont écrits dans les cieux.10.21En ce moment même, Jésus tressaillit de joie par le Saint Esprit, et il dit: Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et de ce que tu les as révélées aux enfants. Oui, Père, je te loue de ce que tu l'as voulu ainsi.10.22Toutes choses m'ont été données par mon Père, et personne ne connaît qui est le Fils, si ce n'est le Père, ni qui est le Père, si ce n'est le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler.10.23Et, se tournant vers les disciples, il leur dit en particulier: Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez!10.24Car je vous dis que beaucoup de prophètes et de rois ont désiré voir ce que vous voyez, et ne l'ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l'ont pas entendu.
3 - Le deuxième envoi.
- Matthieu 28.18-20 : Jésus, s'étant approché, leur parla ainsi: Tout pouvoir (autorité) m'a été donné dans le ciel et sur la terre. Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde.
- Marc 16.15-18 : Puis il leur dit: Allez par tout le monde, et prêchez la bonne nouvelle à toute la création. Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné. Voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru: en mon nom, ils chasseront les démons; ils parleront de nouvelles langues; ils saisiront des serpents; s'ils boivent quelque breuvage mortel, ils ne leur feront point de mal; ils imposeront les mains aux malades, et les malades, seront guéris.
Finalement, le dernier envoi se situe après la résurrection de Jésus, c'est donc de celui-là dont on parle généralement, en le mélangeant avec des bribes du premier. Le problème étant qu'ils sont différents, et que celui-ci ne se fait pas à la place du premier, mais à sa suite.
Bien qu'il ne comporte pas énormément d'informations, il n'en est pas dénué.
a) Toute autorité.
- Matthieu 28.18 : Tout pouvoir (autorité) m'a été donné dans le ciel et sur la terre.
La première d'entre elles est particulière. Elle est en totale opposition avec le dogme évangélique prétendant que, durant son ministère terrestre, Jésus était à la fois homme et Dieu. Revenu des morts, Jésus est remonté au ciel, puis est redescendu pour passer quarante jours avec ses disciples. Durant cette période, il va les baptiser de l'Esprit-Saint et finira par leur donner les directives dont je parle actuellement. C'est donc à ce moment-là qu'il va affirmer avoir reçu toute autorité dans le ciel et sur la terre. L'implication est simple, il ne les avait pas auparavant, durant son ministère terrestre. Il n'était donc pas homme et Dieu, mais uniquement homme, avec une conscience du divin qui n'était pas pervertie par les péchés successifs auxquels nous nous sommes adonnés. C'est également de cela dont Jean 14.10 nous parle en affirmant que toutes les paroles de Jésus et toutes ses oeuvres étaient en réalité dites et faites par le Père et non par lui.
Bien que de très nombreux commentateurs bibliques et enseignants improvisés voient une hérésie dans le fait d'affirmer que Jésus n'était pas Dieu pendant son ministère terrestre, la réalité des écritures fait que c'en est probablement une de prétendre l'inverse.
Pour comprendre pleinement cette affirmation, il faut également prendre en compte que Jésus pouvait guérir, délivrer et ressusciter. En outre, il pouvait même le faire à distance puisque certains exemples présentent des guérisons ou des délivrances qui se déroulent à plusieurs kilomètres de lui. Pourtant, il n'avait pas toute autorité. Cela se réfère à un élément du récit de la création. Lorsque l'Eternel descendait sur terre pour parler à Adam, il se limitait au Jardin d'Eden lorsqu'Adam s'y trouvait encore, puis à l'Eden, une fois la chute arrivée. Ce qui fait que l'Eternel (le Fils de Dieu) ne se déplaçait qu'en Eden. C'est probablement pour cette raison qu'on a commencé à l'invoquer qu'après la naissance du fils de Seth, parce que la descendance d'Adam par Seth, est elle aussi sortie d'Eden, en se multipliant, et l'Eternel n'en sortait pas (Genèse 4.26b : C'est alors que l'on commença à invoquer le nom de l'Éternel). Satan de son côté se promenait sur toute la terre, ce qu'il rappelle avec une certaine arrogance à l'Eternel lors de leur discussion concernant Job (Job 1.7 : L'Éternel dit à Satan: D'où viens-tu? Et Satan répondit à l'Éternel: De parcourir la terre et de m'y promener). Il y a une opposition forte, entre Dieu qui vient en Eden et dans son Jardin dans le but de rencontrer l'homme (Genèse 3.8-9), et satan qui parcourt la terre et ne prend pas l'homme en considération, allant jusqu'à pousser au culte des choses de la nature pour avilir l'homme et le rabaisser en dessous de la nature (le bois et la pierre des faux dieux, le soleil, la lune, les étoiles, les arbres ...).
Jésus, par sa victoire sur la mort, reçoit toute autorité, c'est pourquoi le ministère des disciples peut désormais s'étendre au-delà des frontières d'Israël. Lorsque Jésus parle d'avoir toute autorité, il ne parle pas d'une éventuelle autorité plus 'puissante' que celle qu'il avait avant, mais d'une autorité géographiquement illimitée.
La compréhension de cette affirmation ne s'arrête pas là. Oui, elle implique que Jésus n'avait pas toute autorité avant d'être glorifié, mais elle met en avant autre chose. Jésus nous dit : maintenant j'ai toute autorité ! Et il poursuit en nous disant ce que nous devons faire. Le parallèle est amusant. Maintenant qu'il a toute autorité, c'est notre tour d'agir. Ce que nous devons comprendre c'est que maintenant qu'il peut tout faire, nous sommes appelés à devenir ses témoins, tout comme dans le premier envoi, et alors il viendra rencontrer ceux à qui nous avons témoigné de sa grâce.
Dis plus simplement, avant sa victoire, Jésus n'avait pas autorité en dehors de ce qui était anciennement l'Eden (donc Israël). Il n'y envoyait donc pas ses disciples, parce que, comme nous le montre l'envoi des 70, le but est de faire naître la soif pour qu'il puisse être accepté. Par la croix et sa résurrection, il a terrassé l'ennemi et, ce faisant, a reçu autorité sur le territoire de l'ennemi, donc sur le monde. Dès lors, porteur d'une pleine autorité, il envoie ses disciples parce qu'il peut désormais attester et se présenter à ceux dont la soif sera suffisante.
b) Une chronologie plus qu'un tout en un.
- Matthieu 28.19-20 : Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde.
Ces deux versets sont souvent considérés comme une chose, mais je les considère comme une succession de plusieurs. La différence étant qu'en les considérant comme ne parlant que d'une chose, rien n'est dissociable du reste, alors qu'il me paraît évident que nous sommes en présence de phases qui se succèdent, et même, qui ont une fin pour certaines.
b.1) Allez.
C'est la première partie, et également celle qui me semble 'temporaire'. Pour comprendre cela, le premier envoi est permanent, il doit être un fonctionnement de groupe, et comme il devrait y avoir de perpétuelles conversions, les nouveaux devraient toujours y entrer à leur tour, dans une boucle qui ne se terminera que dans l'enlèvement. Une fois mature ils doivent entrer dans le dernier appel et répondre au 'allez'. Cependant, cette directive possède un accomplissement. Il y a bien un moment où la Parole a été annoncée partout, ce qui met une fin à cette directive.
L'orgueil de l'église des hommes les pousse à envoyer des missionnaires dans des pays qui, le plus souvent, sont spirituellement bien plus avancés que les leurs. Cela permet de se donner bonne conscience, de prétendre faire la volonté de Dieu pendant que nos propres vies ne sont pas un témoignage pour notre entourage.
b.2) Le divin passé sous silence.
Dans ces deux passages, les choses demandées et annoncées sont les suivantes :
- 1 - allez (Matthieu 28.19).
- 2 - prêchez la bonne nouvelle à toute la création (Marc 16.15).
- 3 - faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit (Matthieu 28.19).
- 4 - enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit (Matthieu 28.20).
Il manque une étape entre la deuxième et la troisième étape. La raison en est que les quatre phases données sont celles qui doivent être faites par l'homme, et celle qui manque est l'étape qui doit être faite par Dieu. C'est le signe que ce sont bel et bien des étapes successives et non une directive 'tout-en-un'.
Cette fameuse étape manquante, c'est la conversion elle-même. On passe du fait 'd'aller' et de 'prêcher' au fait de 'baptiser', mais Jésus ne nous parle pas de la conversion des personnes qui vont passer par les eaux. Cette absence de précision a un sens et est volontaire. Malheureusement, lorsque le passage est analysé sans l'Esprit, on en arrive non seulement à ne pas réaliser que cette étape 'silencieuse' n'est que dépendante de Dieu, mais en plus, à considérer que la mention de 'faire des disciples' inclut la conversion. Dès lors, on en arrive à croire que c'est de notre responsabilité de convertir les gens et donc à vouloir pousser la conversion par des méthodes purement humaines. C'est là que naît la multitude des nouveaux rituels, absents de la Parole de Dieu, et qui sont établis par les hommes comme des façons de faire incontournables qu'il est interdit de remettre en question.
Pourtant le passage que nous regardons est clair. Le rôle des enfants de Dieu est d'aller, ensuite, Jésus fait son œuvre. Marc 16.17-18 se déroule entre ces deux étapes.
- Marc 16.17-18 : Voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru: en mon nom, ils chasseront les démons; ils parleront de nouvelles langues;16.18ils saisiront des serpents; s'ils boivent quelque breuvage mortel, ils ne leur feront point de mal; ils imposeront les mains aux malades, et les malades, seront guéris.
La suite logique est donc :
- 1 - allez (Matthieu 28.19).
- 2 - prêchez la bonne nouvelle à toute la création (Marc 16.15).
- 3 - Voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru: en mon nom (Marc 16.17-18).
- 4 - Jésus se présente aux païens dont certains l'acceptent et passent à l'étape 5
- 5 - faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit (Matthieu 28.19).
- 6 - enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit (Matthieu 28.20).
Les étapes 3 et 4 ne dépendent pas de l'homme, mais de Dieu seul.
b.3) La fabrique de disciples.
La notion de discipolat est totalement bafouée. C'est généralement vu comme étant la conséquence de l'enseignement, de la formation et de nombreux autres efforts. Cela crée différentes catégories de croyants, les 'simples chrétiens' d'une part et les disciples d'autre part. Ce que ce passage nous dit est à l'opposé de cette façon de voir. Ce qui fait de nous des disciples, c'est le baptême. Il se trouve simplement que le baptême est tellement sous-évalué que les églises des hommes ne comprennent même plus ce que cela représente. Cet acte est la marque d'une décision et fait de celui qui passe par les eaux, un disciple.
La séparation ne se fait pas parmi les baptisés, mais entre ceux qui sont baptisés et ceux qui ne le sont pas. Ensuite, dans le corps de Christ, tous les membres sont des disciples, certains avancent, d'autres non.
Ce que Matthieu nous transmet est, dans la syntaxe, assez clair : faites de toutes les nations des disciples, les baptisant ... (Matthieu 28.19). 'Baptiser' est donc le moyen par lequel une personne devient disciple de Jésus.
b.4) La formation des disciples.
Une fois baptisé, commence la formation en tant que telle. Le participe présent du verbe 'baptiser' montrait que c'était cela qui faisait le disciple. La suite nous dit, dans le verset 20 : et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Donc ils deviennent des disciples en étant baptisé, ET seulement ensuite, ils reçoivent les enseignements qui permettront de les faire grandir.
4 - La vision du livre des Actes des Apôtres.
- Actes 1.6-8 : Alors les apôtres réunis lui demandèrent: Seigneur, est-ce en ce temps que tu rétabliras le royaume d'Israël? Il leur répondit: Ce n'est pas à vous de connaître les temps ou les moments que le Père a fixés de sa propre autorité. Mais vous recevrez une puissance, le Saint Esprit survenant sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre.
Il fallait souligner la version du deuxième envoi selon le livre des Actes des Apôtres. Pour la comprendre plus parfaitement il serait bon de prendre en compte le 'décorticage' des déplacements de Jésus, fait dans le lien suivant : lien. L'essentiel du ministère de Jésus s'est fait dans la Galilée, lieu où il était considéré et suivi par les foules. Dans la version de l'envoi transmise dans le livre des actes, Jésus désigne Jérusalem, la Judée, la Samarie et les confins de la terre. Sur toute la terre, le seul endroit qui ne soit pas nommé, c'est la Galilée.
5 - Conclusion, du deuxième au premier envoi.
Le fameux envoi des disciples est utilisé depuis fort longtemps pour poser un poids sur les épaules des croyants. L'envoi tel qu'il est prôné par l'église des hommes incite à faire, alors que Jésus ne faisait que nous montrer comment nous devrions être. Avec le temps, ces mouvements en sont venus à glorifier les œuvres des hommes, mettant sur un piédestal ceux qui se soumettent aux règles de leur propre vision.
Ce que nous transmet Marc dans sa version des propos de Jésus détruit la vision du 'faire' pour souligner l'importance d'être'. Lorsque Jésus dit à ses disciples d'aller, et donc qu'il formule l'envoi, c'est présenté de nos jours comme une chose à 'faire'. Cependant lorsqu'il en présente les conséquences dans ces mots : Voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru (Marc 16.17), on constate que la conséquence ne suit pas l'obéissance, mais la foi. Ca n'est pas parce que Jésus a dit allez, et que vous êtes 'allé', que vous faites ce qu'il a demandé. Les miracles ne suivent pas ceux qui sont allés, mais ceux qui ont cru. Il ne pouvait pas en être autrement parce que la directive consistant à aller a une péremption.
Lorsque Jésus dit à ses disciples : Allez, faites de toutes les nations des disciples. Il ne leur donne pas un ordre, mais leur signifie un feu vert. C'est un top départ et non une réorientation de leur but. Déjà lors de la rencontre avec le Gadarénien, les disciples avaient ramé à travers la tempête pour arriver sur le rivage et finalement ne pas descendre de la barque. La volonté était déjà là, mais pas le moment. Celui qui appartient à Jésus a en lui l'envie de voir l'accroissement du royaume, et 'faire' sera pour lui la conséquence 'd'être'.
Le premier envoi se passe au milieu du corps de Christ, le deuxième permet à ceux qui sont passés par le premier, d'aller au delà, donc d'être des témoignages au-delà des frontières du corps de Christ. Ce faisant, il va s'ensuivre de nouvelles conversions, et donc l'activation du premier envoi pour tous ces nouveau-nés.
Cependant, la notion de mouvement induite par le verbe aller est à relativiser. Dès lors que tous les pays ont entendu le message de la Parole de Dieu, alors le deuxième envoi ne peut plus être compris de la même manière. La notion de missionnaire est purement humaine. Dieu étant Dieu, il fait ce qu'il veut, peut-être choisira-t'il d'envoyer un de ses enfants dans une région lointaine pour le servir. On peut y voir du missionnariat, mais la réalité est que ça ne peut être que des cas particuliers. Qu'un serviteur soit envoyé pour transmettre un message est une chose, mais ça n'est pas la même. De nos jours, qui sont par ailleurs spécifiquement les temps de la fin, le but n'est plus d'aller dans les nations pour porter le message. Même en Chine il y a plus de 100 millions de chrétiens. Désormais il appartient à chacun de vivre une vie qui soit un témoignage dans le pays où il se trouve.
Si on constate que dans le deuxième envoi il n'y a presque plus de directives, c'est parce que cet envoi n'en a pas besoin. Celui qui y participe est un croyant construit, un adulte dans la foi. Il n'a pas besoin que Jésus lui explique ce qu'il doit faire comme on le ferait avec un enfant, parce que son cheminement l'a déjà amené à être solidement ancré sur le rocher des siècles (Esaïe 26.4). Cela ne signifie pas qu'il n'y ait pas de règles, mais les nommer serait permettre à la multitude de les singer. Celui qui en est réellement là, entend l'Eternel.
Le premier envoi nous apprend à être, c'est une phase où nous nous remplissons constamment plus de Dieu.
Le deuxième envoi commence lorsque nous 'sommes', c'est une phase où l'Esprit de Dieu déborde de plus en plus. Dans cette phase, 'être' nous pousse naturellement à 'faire'.
Etant dans le deuxième envoi, alors nous amènerons des perdus à entrer dans le premier. Ces derniers, apprenant à leur tour les bases, seront les signaux qui nous permettent de réaliser si nous nous éloignons ou pas. Un constant rappel de la base de toute chose. Il est dans la nature humaine de simplifier, de modifier, d'adapter selon notre convenance. Même en faisant attention, nous finissons immanquablement par devenir oublieux. Etre en permanence confrontés à de nouveaux croyants qui apprennent les bases et les mettent en pratique, permet aux plus anciens, déjà dans le deuxième envoi, de pouvoir cerner les domaines où le temps aurait eu raison de l'exactitude de leurs connaissances de la Parole de Dieu.
Une assemblée qui fonctionne correctement devrait constamment vivre cela et non pas vivre l'envoi comme un pèlerinage qu'on devrait accomplir au moins une fois dans sa vie.