1 - Qui est Job ?

2 - Le comportement de Job.

3 - L'accusation.

4 - Job, l'intercesseur.

1 - Qui est Job ?


Cette question peut paraître anodine, mais elle est importante. Comprendre ce que Job a vécu, ne prendra sa dimension que lorsque nous saurons qui il était.

C'était un personnage exceptionnel, et ce, en partie parce qu'il n'était pas descendant des Hébreux. On ne sait pas exactement de quand date le livre de Job, et on ne sait pas plus quand vivait le personnage. Les explications diverses peuvent étaler son existence sur environ un demi-millénaire. Les juifs pensent qu'il vivait au temps de Moïse et que le livre parlant de lui aurait été écrit par le patriarche, d'autres le placent 500 ans plus tard, au temps des rois David ou Salomon. Difficile de faire la part des choses dans une fourchette aussi importante. Cependant, ce que nous apprend son identité ne change pas trop en fonction de la place qu'il prendrait temporellement dans cet intervalle.

Nous savons qu'il habitait le pays d'Uts (Job 1.1), qui est en Arabie (Jérémie 25.20). En dehors d'être cité dans le livre de Job, le pays d'Uts n'est cité que deux fois, la première dans le livre de Jérémie, et la deuxième dans les lamentations de ce même Jérémie (Lamentations 4.21). Dans les deux cas c'est pour annoncer un jugement.

Nous savons également qu'il était le plus considérable de tous les fils de l'Orient (Job 1.3). Donc Job n'était pas un Hébreu vivant parmi les Arabes; c'était un Arabe vivant parmi les Arabes. On ne peut donc pas penser que son comportement et sa droiture en face des lois de Dieu soient possibles grâce à son environnement, ou la volonté de rester fidèle à la loi de ses pères. En outre, bien qu'il soit descendant d'Abraham, il ne l'est pas d'Isaac et de Jacob. Les promesses de Dieu ne sont pas pour lui. Il apparaît donc que Job a toutes les raisons du monde de ne pas être ce qu'il est.

Pourtant il l'est.

En dehors du livre de Job, la Parole de Dieu parle 5 fois de lui. Par 4 fois Dieu rendra personnellement témoignage de lui en louant sa justice, tout en l'associant en cela avec Daniel et Noé (Ezéchiel 14.12-20), et la cinquième fois, c'est Jacques dans sa lettre qui nous dira Voici, nous disons bienheureux ceux qui ont souffert patiemment. Vous avez entendu parler de la patience de Job (Jacques 5.11). Ce qui place Job parmi les bienheureux dont Jésus nous parle dans les évangiles : Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des cieux est à eux ! Heureux serez-vous, lorsqu'on vous outragera, qu'on vous persécutera et qu'on dira faussement de vous toute sorte de mal, à cause de moi (Matthieu 5.10-11).

2 - Le comportement de Job.


Quand on regarde de près le comportement de Job, on réalise quelque chose de particulier, qui aide à comprendre le message qui se cache dans ce livre. Le texte exact nous dit ceci :

  • Job 1.1-5Il y avait dans le pays d'Uts un homme qui s'appelait Job. Et cet homme était intègre et droit; il craignait Dieu, et se détournait du mal. Il lui naquit sept fils et trois filles. Il possédait sept mille brebis, trois mille chameaux, cinq cents paires de bœufs, cinq cents ânesses, et un très grand nombre de serviteurs. Et cet homme était le plus considérable de tous les fils de l'Orient. Ses fils allaient les uns chez les autres et donnaient tour à tour un festin, et ils invitaient leurs trois sœurs à manger et à boire avec eux. Et quand les jours de festin étaient passés, Job appelait et sanctifiait ses fils, puis il se levait de bon matin et offrait pour chacun d'eux un holocauste; car Job disait: Peut-être mes fils ont-ils péché et ont-ils offensé Dieu dans leur cœur. C'est ainsi que Job avait coutume d'agir.

Tout d'abord, notons l'unité familiale. Si la Parole de Dieu est une immense histoire de famille, c'est également une histoire où les choses ont tendance à se passer plutôt mal. Ici nous avons l'image de la famille parfaite. Même lorsque les fils décident de faire la fête, ils invitent leurs sœurs. La chose la plus marquante reste cependant, comme d'habitude, celle que l'on remarque le moins.

Après chaque festin, Job appelait et sanctifiait ses fils, au cas où ils en auraient besoin. En d'autres termes, "juste pour être sur". Déjà cet argument est fort, mais il y en a un qui l'est encore plus. Il le faisait au cas ou ses fils auraient offensé Dieu dans leur cœur. C'est cette partie qui est la plus importante.

Le livre du Deutéronome nous dit Tu aimeras l'Éternel, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. Et ces commandements, que je te donne aujourd'hui, seront dans ton cœur (Deutéronome 6.5-6). Cependant, si vous relisez les 10 commandements, ce sont les actions qui sont punies, pas les pensées. Ca n'est qu'à partir de la révélation de la grâce que les pensées peuvent devenir coupables puisqu'elles établissent l'intention avec fermeté.

Le meilleur exemple pour comprendre cela est la convoitise. Le livre de l'Exode nous donne les dix commandements, qui sont tous des actions. Quand il est fait mention de la convoitise le texte nous dit ceci : Tu ne convoiteras point la maison de ton prochain; tu ne convoiteras point la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, ni aucune chose qui appartienne à ton prochain (Exode 20.17). Dans ce passage, il n'est pas question d'avoir simplement une jalousie passive, mais active. Ce qui est condamné ce n'est pas la pensée, mais une action. Pour imager, si vous voyez de l'argent ne vous appartenant pas sur une table, avoir la pensée que vous le voudriez n'est pas condamnable, quand bien même vous prendriez la décision de le prendre dès que le propriétaire aura le dos tourné, vous ne commettrez de faute qu'à l'instant où vous le prendrez. C'est là que la différence se fait avec la grâce. Jésus éclaircira cela en nous faisant comprendre que dès que vous avez eu l'intention de vous en emparer au moment opportun, vous avez déjà commis la faute. Cela nous est représenté avec la convoitise de la femme dans le verset suivant : Vous avez appris qu'il a été dit: Tu ne commettras point d'adultère. Mais moi, je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis un adultère avec elle dans son cœur (Matthieu 5.27-28).

Cette distinction est importante, parce que si l'on ne connaissait pas, même approximativement, la date du livre de Job, on pourrait croire que Job a déjà une certaine conscience de la grâce. A l'époque où il vit, ses fils ne commettraient pas de fautes s'ils avaient de la convoitise dans le cœur. Les tables de la loi ne condamnent pas les pensées. Pourtant Job craint que cela puisse être le cas et offre des holocaustes tôt le matin pour ses fils.

C'est cela qui pose le comportement de Job comme hors norme. Il est bien au-delà de ce que la loi d'alors exige.

3 - L'accusation.


Il y a un point particulier que je veux soulever ici, et il consiste en la "perfection" de Job. Bien sûr, je connais les arguments qui disent que la loi ne peut pas amener à la perfection, mais c'est un argument qui est totalement incompris par ceux qui l'utilisent.

La notion de perfection dans l'ancienne alliance et dans la nouvelle n'est pas la même. Dans la nouvelle alliance, la perfection ne peut s'obtenir que par la grâce, ce qui rend impossible la perfection de qui que ce soit dans l'ancienne alliance qui n'est pas supposé être sous la grâce. C'est pour cela que l'épître aux Hébreux nous dit que la loi n'a rien amené à la perfection, -et introduction d'une meilleure espérance, par laquelle nous nous approchons de Dieu (Hébreux 7.19). Cette affirmation se pose déjà dans l'observation de l'évolution qu'il y a eu de la loi à la grâce. D'autant que l'écrivain de l'épître nous précise que si dans l'ancienne alliance ils n'ont pas réussi, c'est parce qu'ils n'ont pas persévéré (Hébreux 8.9), ce qui soudain signifie que cela était possible, il suffisait de persévérer. Deux chapitres plus loin, il nous précise : En effet, la loi, qui possède une ombre des biens à venir, et non l'exacte représentation des choses (Hébreux 10.1), ce qui montre que son affirmation prend en compte l'évolution de la révélation et pose comme impossibilité, non pas la perfection au temps de la loi, mais la perfection de la loi lorsqu'on la compare à la grâce. Ce qui n'est pas du tout la même chose.

Continuons un peu sur ce thème avant de retourner parler de l'accusateur et de ce que signifie sa requête à Dieu.

Pour comprendre le problème de la perfection au regard de la loi et de la grâce. Il faut comprendre que la loi a été donnée pour mettre le peuple de Dieu dans les conditions de la perfection. N'oublions pas que les pensées n'étaient pas un péché, seuls les actes comptaient. Dès lors, il était possible d'être parfait à cette époque, mais le problème venait de l'éloignement de la Parole de Dieu. Les sacrificateurs en faisaient la lecture aux Sabbats et aux fêtes, mais en dehors de ces moments, le peuple était loin des textes. Pendant l'errance dans le désert, le peuple, bien que nombreux, avait un accès relativement fréquent avec la Parole de Dieu, mais aussi fréquent que cela puisse être, ça n'était pas permanent. Après l'errance et la conquête de Canaan, les tribus se sont retrouvées séparées les unes des autres, les villages sont devenus de plus en plus éloignés les uns des autres et fort logiquement, l'accès à la Parole s'est amenuisé. C'est cela qui causait cette supposée "impossibilité de perfection" cette époque. Dans la réalité, il était possible d'être parfait selon leurs critères, mais pas pour la masse, uniquement individuellement, pour celui qui persévérait (Job en est la preuve). C'est en constatant cela que Dieu a fini par inscrire les lois dans le cœur des hommes, afin que chacun, devenant sacrificateur, ait accès à la Parole en permanence. Le Saint-Esprit nous venant en aide et nous l'expliquant, et Dieu, par sa grâce, nous pardonnant lorsque nous le demandons sincèrement puisque la pensée étant devenue péché, la chute est bien plus facile. C'est dans cette optique qu'il n'est plus possible de nos jours de parvenir à la perfection en nous contentant de suivre la loi Mosaïque, et c'est de cela dont nous parle l'épître aux Hébreux. De nos jours, les lois de Dieu sont à la fois dans nos cœurs et dans nos esprits.

  • Hébreux 8.10 : Mais voici l'alliance que je ferai avec la maison d'Israël, Après ces jours-là, dit le Seigneur: Je mettrai mes lois dans leur esprit, Je les écrirai dans leur cœur; Et je serai leur Dieu, Et ils seront mon peuple.

  • Hébreux 10.16 : Voici l'alliance que je ferai avec eux, Après ces jours-là, dit le Seigneur: Je mettrai mes lois dans leurs cœurs, Et je les écrirai dans leur esprit,

Par contre, il en découle qu'à l'époque de Job, les critères n'étaient pas les mêmes, et il n'est pas possible de le comprendre si on se base sur notre compréhension actuelle de la perfection.

Revenons-en à Job.

Satan revient de sa promenade sur toute la terre (contrairement à Dieu qui ne se promenait qu'en Eden), il se présente devant Dieu et la conversation tourne vite vers un sujet dont Job aurait probablement préféré qu'il ne tombe pas sur la table. Dieu atteste non seulement de l'intégrité et de la droiture de Job, de sa crainte de l'Eternel et de ce qu'il se détourne du mal, mais affirme en sus qu'Il n'y a personne comme lui sur la terre (Job 1.8). Rappelons pour aider à la compréhension que le judaïsme pense que Job a vécu au temps de Moïse dans le désert, et que les "spécialistes" pensent qu'il a vécu pendant le règne de David ou de Salomon. Quelle que soit la vérité, Job les surpassait tous. En outre, si l'on considère le texte comme étant inspiré de Dieu, sa vérité est hors du temps et donc n'est pas limitée à l'époque où a vécu le personnage.

S'ensuivra les premières catastrophes dans la vie de Job (dans ses possessions). Suite à cela, il reste intègre et donc Satan retourne auprès de Dieu afin de demander l'autorisation d'aller plus loin. Cette fois-ci, Dieu précise qu'il n'y a aucun motif qui justifie la perte de Job (Job 2.3). Cette fois-ci, Satan demande à avoir droit de toucher sa vie, Dieu l'y autorise, tout en lui interdisant de la prendre (Job 2.6).

S'ensuivra les discours de trois de ses amis, puis d'une quatrième personne. Etudier ces discours n'aurait pas d'intérêt ici, alors je n'allongerai pas inutilement cet enseignement. A la suite de tous les arguments qui seront donnés par les uns et les autres, la conclusion sera donnée par Dieu lui-même.

  • Job 42.7 : Après que l'Éternel eut adressé ces paroles à Job, il dit à Éliphaz de Théman: Ma colère est enflammée contre toi et contre tes deux amis, parce que vous n'avez pas parlé de moi avec droiture comme l'a fait mon serviteur Job.

Il est intéressant de constater que la position de Dieu concernant Job n'a pas changé.

J'ai souvent entendu que si Satan a pu attaquer Job, c'était qu'il y avait une porte ouverte chez lui. C'est totalement faux. Penser une chose pareille c'est prétendre qu'Elisée avait des portes ouvertes puisqu'il est mort de maladie (2 Rois 13.14), ou que Jésus racontait des bêtises dans l'évangile de Jean au sujet de l'aveugle de naissance (Jean 9.2), c'est également prétendre que tous ceux qui ont souffert en raison de leur foi avait des portes ouvertes. Etienne était en pleine extase lorsqu'on le lapidait, et Jésus, dans ce cas-là, pour quelle porte ouverte a-t-il été crucifié ?

Dans le livre de Job, on constate que Satan est obligé de demander la permission à Dieu, sinon, il ne peut pas s'en prendre à Job. C'est là la preuve parfaite de ce que Job n'a pas de porte ouverte. Rien dans sa vie n'invite Satan, et Satan le sait. S'il y avait quoi que ce soit, il n'aurait pas besoin de demander la permission, il l'aurait tacitement par l'invitation qui lui serait faite par le péché.

Parfois on ne souffre pas en raison de ce que l'on a fait, mais pour des raisons qui sont plus grandes que nous.

4 - Job, l'intercesseur.


Comme je viens juste de la dire, parfois on ne souffre pas en raison de ce que l'on a fait, mais pour des raisons qui sont plus grandes que nous. Parfois on endosse une faute que l'on n'a pas commise à la place de celui qui l'a commise. Pas parce qu'on le veut, mais parce que c'est le rôle que Dieu nous a donné. Porter pour celui qui ne peut pas porter. Parfois nous devons aller au combat à la place de celui qui restera aux bagages parce qu'il est trop fatigué de la route (1 Samuel 30.24).

Le royaume de Dieu est comme cela, personne n'est délaissé, et chacun est le gardien de son frère (Genèse 4.9).

Au fin fond de l'Arabie, Job ne faisait pas exception. Satan n'avait aucune raison valable de l'attaquer. Ce serait cependant une terrible erreur de croire que Dieu s'est laissé berner par Satan en lui "offrant" un droit sur Job. Dans toute la Parole de Dieu, de la genèse à l'Apocalypse, Satan croit toujours être à l'initiative, mais il n'est jamais qu'un des nombreux instruments dans la main de Dieu.

Dieu est en contrôle. Quand Il demande à Satan : As-tu remarqué mon serviteur Job ? (Job 1.8), il le fait pour faire réagir Satan, parce qu'il le connaît, il l'a créé, et quand bien même il a trahi Dieu, il n'en reste pas moins sa création.

C'est pour cela que je pense que Job, que Dieu place aux côtés de Noé et Daniel, a en réalité vécu une intercession. Il a porté une souffrance qui n'était pas la sienne. Il a eu sur les épaules un poids bien au-delà de ce qui était humainement acceptable, mais il n'a pas cédé. Dieu l'a béni au double de ce qu'il avait, ainsi, lui qui était parfait au regard de la loi (selon Dieu) est devenu l'image de la rédemption tout en n'ayant pas péché. En sus, il devient également une image de la résurrection à travers ses enfants, recevant 7 fils et 3 filles pour les 7 fils et les 3 filles qu'il avait perdus.

Il est intéressant de noter que Dieu place Job, Noé et Daniel au même niveau. Noé a été l'annonce de la grâce, Daniel a reçu la révélation du jugement de la fin, et je crois que Job a intercédé pour que les païens accèdent également au salut.