Judas.
1 - La présence de Judas dans les évangiles.
2 - Le 'démon'.
3 - La première mention de Judas.
4 - Le vase de parfum.
5 - Le dernier repas.
a) Pendant le repas.
b) Après le repas.
6 - La trahison.
7 - La réaction de Judas suite à la condamnation.
8 - Le salut de Judas.
a) Les 12 trônes.
b) Dan.
c) Ceux que tu m'as donné.
9 - La vision présentée dans les actes.
10 - Conclusion.
On nous dit très peu de choses sur Judas, et personne ne cherche réellement à comprendre de quoi il retourne le concernant. On se contente d'admettre que c'est un traître qui a fini par se suicider, en pensant secrètement que c'est très bien comme ça. L'affaire 'Judas' se termine avec sa vie, et plus personne n'y réfléchit. Pourtant, bien que les textes ne soient pas nombreux, le sort qu'on considère être le sien pourrait bien ne pas être celui que la Parole semble sous-entendre.
1 - La présence de Judas dans les évangiles.
On a l'impression qu'il est omniprésent, pourtant, la réalité est toute autre. On n'en parle presque pas. Par contre, lorsque l'on dit quelque chose le concernant, c'est répété dans chacun des évangiles, créant cette impression de foisonnement d'informations alors qu'on ne sait presque rien. L'autre chose qui perturbe la compréhension, c'est qu'on a presque tous un à priori sur lui. Il est celui qui a trahi Jésus et on l'a tellement entendu, de toutes parts, qu'on n'a même pas réellement essayé de comprendre de quoi il en retournait. Pourtant, lorsque même les païens partagent massivement une idée avec les croyants, ce devrait être une base pour faire quelques vérifications.
2 - Le 'démon'.
- Jean 6.70-71 : Jésus leur répondit: N'est-ce pas moi qui vous ai choisis, vous les douze ? Et l'un de vous est un démon (diabolos) ! Il parlait de Judas Iscariot, fils de Simon; car c'était lui qui devait le livrer, lui, l'un des douze.
Ce passage n'aide pas non plus à se faire une idée claire. Jésus semble dire de Judas qu'il est un démon. Chose qui est prise littéralement par beaucoup mais qui n'a pas réellement de sens. On est une fois de plus en présence d'une traduction catastrophique. Pourtant, si, dans de nombreux cas, on ne réalise la lourdeur de traduction que par hasard, nous sommes en présence d'un cas qui devrait éveiller les soupçons. Jésus ne nous dit pas que Judas 'a' un démon, mais qu'il en est un. Ce qui n'est pas possible dans la compréhension standard de ce terme. Lorsque satan parle par la bouche de Simon, Jésus ne dit pas de lui qu'il est un démon, et il se contente de renvoyer satan.
Le terme 'démon' a donc une autre signification. C'est pourquoi je dis que nous sommes à nouveau en face d'une traduction catastrophique, suffisamment pour penser qu'elle soit totalement volontaire. Le terme original, en grec, est 'diabolos', et il désigne un calomniateur, quelqu'un qui porte un faux témoignage. Cette 'erreur' de traduction est tellement incohérente qu'elle n'a aucun moyen d'être le choix d'un traducteur sincère. Le terme 'diabolos' est utilisé 31 fois dans le nouveau testament, dans les 30 autres cas, il est traduit par 'diable', c'est la seule fois où il est traduit par 'démon'. Quant au mot 'démon', le terme grecque normal est 'Daimon', qui est présent 5 fois dans le nouveau testament, et qui est toujours traduit par 'démon', ou le mot 'Daimonion', qui est utilisé 55 fois, traduit 54 fois par 'démon', et une fois par 'divinités' (Il semble qu'il annonce des divinités étrangères : Actes 17.18), donc en conservant le sens du mot. Cela signifie donc que sur les 91 fois où les mots 'démon' et 'diable' sont utilisés dans le nouveau testament, ce verset dans lequel Judas est qualifié de 'démon' est le seul où il y ait un problème. En outre, il n'y a aucune subtilité particulière qui pourrait permettre, dans ce cas spécifique, de justifier la transformation d'un mot en un autre dans le processus de 'traduction'.
Il y a donc bel et bien une volonté de dénigrer Judas et de faire en sorte que l'on comprenne mal un passage des écritures. La véritable traduction n'est donc pas : l'un de vous est un démon, qui n'a de toute manière pas de sens, mais : 'l'un de vous est un calomniateur'.
3 - La première mention de Judas.
- Matthieu 10.2-4 : Voici les noms des douze apôtres. Le premier, Simon appelé Pierre, et André, son frère; Jacques, fils de Zébédée, et Jean, son frère; Philippe, et Barthélemy; Thomas, et Matthieu, le publicain; Jacques, fils d'Alphée, et Thaddée; Simon le Cananite, et Judas l'Iscariot, celui qui livra Jésus.
- Marc 3.16-19 : Voici les douze qu'il établit: Simon, qu'il nomma Pierre; Jacques, fils de Zébédée, et Jean, frère de Jacques, auxquels il donna le nom de Boanergès, qui signifie fils du tonnerre; André; Philippe; Barthélemy; Matthieu; Thomas; Jacques, fils d'Alphée; Thaddée; Simon le Cananite; et Judas Iscariot, celui qui livra Jésus.
- Luc 6.12-16 : En ce temps-là, Jésus se rendit sur la montagne pour prier, et il passa toute la nuit à prier Dieu. Quand le jour parut, il appela ses disciples, et il en choisit douze, auxquels il donna le nom d'apôtres: Simon, qu'il nomma Pierre; André, son frère; Jacques; Jean; Philippe; Barthélemy; Matthieu; Thomas; Jacques, fils d'Alphée; Simon, appelé le zélote; Jude, fils de Jacques; et Judas Iscariot, qui devint traître.
(Le verset de l'évangile de Jean que j'ai cité dans le point précédent est le pendant de ces trois)
C'est donc lors du listage des disciples que Judas est introduit dans les évangiles.
Dans la Parole de Dieu, lorsqu'il y a des listes de noms, ils ne sont pas classés temporellement, représentant l'ordre dans lequel ils apparaissent, où même l'ordre dans lequel ils viennent au monde. Ils sont classés par ordre d'importance, c'est pour quoi les fils de Noé sont toujours présentés dans le même ordre, Sem, Cham et Japhet. Pourtant, c'est Japhet le premier né, mais c'est Sem qui porte l'héritage spirituel de la lignée, alors il est cité en premier.
C'est pour la même raison que Simon est à chaque fois cité en premier, et que Judas est toujours cité en dernier. Bien qu'il ait un rôle important à jouer, ça n'est pas en tant que disciple.
Il ne faut pas occulter que Simon aussi a trahi Jésus, et que suite à sa mort, tous sont retournés à leurs occupations charnelles, ce qui en soit est également une trahison. En outre, Jésus n'a pas pris 12 disciples au hasard en espérant que ce seraient les bons. Il s'est isolé sur la montagne et a passé la nuit à prier. La présence de Judas n'est pas une erreur, elle fait partie du plan de Dieu.
4 - Le vase de parfum.
- Matthieu 26.14-16 : Alors l'un des douze, appelé Judas Iscariot, alla vers les principaux sacrificateurs, et dit: Que voulez-vous me donner, et je vous le livrerai? Et ils lui payèrent trente pièces d'argent. Depuis ce moment, il cherchait une occasion favorable pour livrer Jésus.
- Marc 14.9-11 : Je vous le dis en vérité, partout où la bonne nouvelle sera prêchée, dans le monde entier, on racontera aussi en mémoire de cette femme ce qu'elle a fait. Judas Iscariot, l'un des douze, alla vers les principaux sacrificateurs, afin de leur livrer Jésus. Après l'avoir entendu, ils furent dans la joie, et promirent de lui donner de l'argent. Et Judas cherchait une occasion favorable pour le livrer.
- Luc 22.1-6 : La fête des pains sans levain, appelée la Pâque, approchait. Les principaux sacrificateurs et les scribes cherchaient les moyens de faire mourir Jésus; car ils craignaient le peuple. Or, Satan entra dans Judas, surnommé Iscariot, qui était du nombre des douze. Et Judas alla s'entendre avec les principaux sacrificateurs et les chefs des gardes, sur la manière de le leur livrer. Ils furent dans la joie, et ils convinrent de lui donner de l'argent. Après s'être engagé, il cherchait une occasion favorable pour leur livrer Jésus à l'insu de la foule.
- Jean 12.4-8 : Un de ses disciples, Judas Iscariot, fils de Simon, celui qui devait le livrer, dit: Pourquoi n'a-t-on pas vendu ce parfum trois cent deniers, pour les donner aux pauvres? Il disait cela, non qu'il se mît en peine des pauvres, mais parce qu'il était voleur, et que, tenant la bourse, il prenait ce qu'on y mettait. Mais Jésus dit: Laisse-la garder ce parfum pour le jour de ma sépulture. Vous avez toujours les pauvres avec vous, mais vous ne m'avez pas toujours.
Dans l'immédiat, on a présenté Judas et on ne s'est plus occupé de lui. Arrive donc la deuxième mention de son existence dans les évangiles, qui apparaît quatre fois. Marie de Béthanie vient de verser un vase de parfum précieux sur la tête et les pieds de Jésus et Judas réagit à cette perte financière. Le but n'étant pas de décortiquer le passage mais uniquement de comprendre le personnage de Judas, je passerai sur la signification de cette scène.
Ce qui en ressort cependant, c'est que Judas piochait allègrement dans la bourse (tenant la bourse, il prenait ce qu'on y mettait : Jean 12.6b). Maintenant, regardons objectivement la situation de Judas. Jésus l'a choisi en sachant qu'il était voleur, il lui a donné la responsabilité financière du groupe. Ce qui fait qu'il doit tenir la bourse de quelqu'un qui n'attache aucune importance à l'argent. Ajoutons à cela qu'il a beau être un disciple de Jésus, il n'a pas le Saint-Esprit pour l'aider à résister à ses tentations.
De toute évidence, selon ce que nous dit Jean, Judas avait l'habitude de piocher dans le pot commun, maintenant, en étant objectif, peut-on réellement dire que ce soit pire que de renier trois fois Jésus ? Ou de frapper un homme avec l'épée comme l'a fait Simon? Est-ce pire que de tuer un homme comme l'a fait Moïse ? Pourtant ça nous suffit pour le juger, alors qu'on met Simon et Moïse sur des piédestaux. Une fois de plus, on le juge sur ce qu'il fera, et non sur ce qu'il est, dans la situation qui est la sienne.
Ca n'est qu'après cette perte financière de taille, que Judas, fragilisé, laisse satan entrer en lui et décide de livrer Jésus, ce qui, je le rappelle, doit amener à la raison même de la venue de Jésus en chair. Dès lors, la tâche de Judas sera de trouver un moment où Jésus ne sera pas entouré de la foule afin de pouvoir procéder à son arrestation sans risquer un soulèvement.
La dernière chose à dire sur ce quadruple passage, concerne sa temporalité. La première fois que l'on parlait de Judas, c'était pour introduire les 12 disciples, la deuxième c'est celle que je viens de mettre en avant. Or, pour la resituer plus précisément dans le ministère de Jésus, elle se trouve plus proche de la fin que la première ne l'était du début. Juste avant que Jésus ne soit oint par le parfum de Marie de Bethanie, il faisait cette déclaration :
- Matthieu 26.2 : Vous savez que la Pâque a lieu dans deux jours, et que le Fils de l'homme sera livré pour être crucifié.
Durant les trois années du ministère de Jésus, on ne parle donc de Judas qu'au tout début pour dire qu'il existe, et à la toute fin, soit à partir des deux jours précédant la crucifixion.
5 - Le dernier repas.
a) Pendant le repas.
- Matthieu 26.21-25 : Pendant qu'ils mangeaient, il dit: Je vous le dis en vérité, l'un de vous me livrera. Ils furent profondément attristés, et chacun se mit à lui dire: Est-ce moi, Seigneur? Il répondit: Celui qui a mis avec moi la main dans le plat, c'est celui qui me livrera. Le Fils de l'homme s'en va, selon ce qui est écrit de lui. Mais malheur à l'homme par qui le Fils de l'homme est livré! Mieux vaudrait pour cet homme qu'il ne fût pas né. Judas, qui le livrait, prit la parole et dit: Est-ce moi, Rabbi? Jésus lui répondit: Tu l'as dit..
- Marc 14.17-21 : Le soir étant venu, il arriva avec les douze. Pendant qu'ils étaient à table et qu'ils mangeaient, Jésus dit: Je vous le dis en vérité, l'un de vous, qui mange avec moi, me livrera. Ils commencèrent à s'attrister, et à lui dire, l'un après l'autre: Est-ce moi? Il leur répondit: C'est l'un des douze, qui met avec moi la main dans le plat. Le Fils de l'homme s'en va selon ce qui est écrit de lui. Mais malheur à l'homme par qui le Fils de l'homme est livré! Mieux vaudrait pour cet homme qu'il ne fût pas né.
- Luc 22.21-23 : Cependant voici, la main de celui qui me livre est avec moi à cette table. Le Fils de l'homme s'en va selon ce qui est déterminé. Mais malheur à l'homme par qui il est livré! Et ils commencèrent à se demander les uns aux autres qui était celui d'entre eux qui ferait cela.
- Jean 13.2-11 : Pendant le souper, lorsque le diable avait déjà inspiré au coeur de Judas Iscariot, fils de Simon, le dessein de le livrer, Jésus, qui savait que le Père avait remis toutes choses entre ses mains, qu'il était venu de Dieu, et qu'il s'en allait à Dieu, se leva de table, ôta ses vêtements, et prit un linge, dont il se ceignit. Ensuite il versa de l'eau dans un bassin, et il se mit à laver les pieds des disciples, et à les essuyer avec le linge dont il était ceint. Il vint donc à Simon Pierre; et Pierre lui dit: Toi, Seigneur, tu me laves les pieds! Jésus lui répondit: Ce que je fais, tu ne le comprends pas maintenant, mais tu le comprendras bientôt. Pierre lui dit: Non, jamais tu ne me laveras les pieds. Jésus lui répondit: Si je ne te lave, tu n'auras point de part avec moi. Simon Pierre lui dit: Seigneur, non seulement les pieds, mais encore les mains et la tête. Jésus lui dit: Celui qui est lavé n'a besoin que de se laver les pieds pour être entièrement pur; et vous êtes purs, mais non pas tous. Car il connaissait celui qui le livrait; c'est pourquoi il dit: Vous n'êtes pas tous purs.
Le moment du dernier repas, décrit quatre fois, met en avant quelque chose d'impressionnant. Il est impératif de garder en tête que, nous qui le lisons, avons le Saint-Esprit, mais que ceux qui l'ont vécu ne l'avaient pas encore. Lorsque Jésus annonce que l'un des douze le livrera, les évangiles de Matthieu et de Marc nous précisent que chacun demanda à Jésus s'il était celui qui le livrerait. Cela signifie qu'aucun d'entre eux n'avait la certitude de rester fidèle. L'histoire nous montrera que si un le livrera, tous le quitteront.
Judas, comme les onze autres, demande s'il est celui qui livrera Jésus, mais sa question est cependant différente de celle que posent ses coreligionnaires. Quand les autres demandent s'ils le feront, lui, demande en réalité s'il finira par le faire, parce qu'il y pensait déjà. Jésus lui donnera la réponse qu'il n'a donné que deux fois dans les évangiles : tu l'as dit. L'autre fois où il donnera cette réponse n'est autre que la dernière réponse aux questions du souverain sacrificateur avant sa condamnation (Matthieu 26.64).
b) Après le repas.
- Jean 13.21-29 : Ayant ainsi parlé, Jésus fut troublé en son esprit, et il dit expressément: En vérité, en vérité, je vous le dis, l'un de vous me livrera. Les disciples se regardaient les uns les autres, ne sachant de qui il parlait. Un des disciples, celui que Jésus aimait, était couché sur le sein de Jésus. Simon Pierre lui fit signe de demander qui était celui dont parlait Jésus. Et ce disciple, s'étant penché sur la poitrine de Jésus, lui dit: Seigneur, qui est-ce? Jésus répondit: C'est celui à qui je donnerai le morceau trempé. Et, ayant trempé le morceau, il le donna à Judas, fils de Simon, l'Iscariot. Dès que le morceau fut donné, Satan entra dans Judas. Jésus lui dit: Ce que tu fais, fais-le promptement. Mais aucun de ceux qui étaient à table ne comprit pourquoi il lui disait cela; car quelques-uns pensaient que, comme Judas avait la bourse, Jésus voulait lui dire: Achète ce dont nous avons besoin pour la fête, ou qu'il lui commandait de donner quelque chose aux pauvres.
De toute évidence, les treize sont toujours dans la chambre haute. Le repas est terminé, mais ils n'ont pas encore terminé leur agape. Le repas s'est passé autour d'une table (Marc 14.17 : Pendant qu'ils étaient à table et qu'ils mangeaient) mais, de toute évidence, ils sont à même le sol lorsque le passage de Jean 13.21-29 se déroule. Ils ont donc quitté la table pour s'installer plus confortablement. Le heures passant, Jésus indique à Judas qu'il est temps pour lui de faire son œuvre. Ca n'est qu'à ce moment que satan entre en lui, pas avant, ce qui nous montre une énième fois que Jésus contrôlait absolument tout.
Les onze autres, fidèles à eux-mêmes, ne comprennent pas ce qui, avec du recul, paraît être une évidence.
6 - La trahison.
- Matthieu 26.46-50 : Levez-vous, allons; voici, celui qui me livre s'approche. Comme il parlait encore, voici, Judas, l'un des douze, arriva, et avec lui une foule nombreuse armée d'épées et de bâtons, envoyée par les principaux sacrificateurs et par les anciens du peuple. Celui qui le livrait leur avait donné ce signe: Celui que je baiserai, c'est lui; saisissez-le. Aussitôt, s'approchant de Jésus, il dit: Salut, Rabbi! Et il le baisa. Jésus lui dit: Mon ami, ce que tu es venu faire, fais-le. Alors ces gens s'avancèrent, mirent la main sur Jésus, et le saisirent.
- Marc 14.42-46 : Levez-vous, allons; voici, celui qui me livre s'approche. Et aussitôt, comme il parlait encore, arriva Judas l'un des douze, et avec lui une foule armée d'épées et de bâtons, envoyée par les principaux sacrificateurs, par les scribes et par les anciens. Celui qui le livrait leur avait donné ce signe: Celui que je baiserai, c'est lui; saisissez-le, et emmenez-le sûrement. Dès qu'il fut arrivé, il s'approcha de Jésus, disant: Rabbi! Et il le baisa. Alors ces gens mirent la main sur Jésus, et le saisirent.
- Luc 22.47-48 : Comme il parlait encore, voici, une foule arriva; et celui qui s'appelait Judas, l'un des douze, marchait devant elle. Il s'approcha de Jésus, pour le baiser. Et Jésus lui dit: Judas, c'est par un baiser que tu livres le Fils de l'homme!
- Jean 18.1-9 : Lorsqu'il eut dit ces choses, Jésus alla avec ses disciples de l'autre côté du torrent du Cédron, où se trouvait un jardin, dans lequel il entra, lui et ses disciples. Judas, qui le livrait, connaissait ce lieu, parce que Jésus et ses disciples s'y étaient souvent réunis. Judas donc, ayant pris la cohorte, et des huissiers qu'envoyèrent les principaux sacrificateurs et les pharisiens, vint là avec des lanternes, des flambeaux et des armes. Jésus, sachant tout ce qui devait lui arriver, s'avança, et leur dit: Qui cherchez-vous? Ils lui répondirent: Jésus de Nazareth. Jésus leur dit: C'est moi. Et Judas, qui le livrait, était avec eux. Lorsque Jésus leur eut dit: C'est moi, ils reculèrent et tombèrent par terre. Il leur demanda de nouveau: Qui cherchez-vous? Et ils dirent: Jésus de Nazareth. Jésus répondit: Je vous ai dit que c'est moi. Si donc c'est moi que vous cherchez, laissez aller ceux-ci. Il dit cela, afin que s'accomplît la parole qu'il avait dite: Je n'ai perdu aucun de ceux que tu m'as donnés.
Ca n'est que la quatrième fois que l'on va parler de Judas, et les trois dernières sont espacées de quelques heures.
Il y a deux angles le concernant. Matthieu le considère toujours comme faisant partie de leur groupe, il nous précise bien : Judas, l'un des douze, arriva. Par contre, pour Jean la chose est moins claire, lorsque Jésus entre dans le jardin, Judas n'est pas avec eux, il se trouve avec la foule qui ne va pas tarder à l'arrêter. Pourtant Jean est particulièrement insistant sur les formulations concernant leur groupe : Jésus alla avec ses disciples ... il entra, lui et ses disciples ... parce que Jésus et ses disciples ..., et cela rien que dans les deux premiers versets. Cela donne l'impression qu'il voudrait mettre en avant que Judas ne fait plus partie du groupe, alors qu'il est juste absent, et qu'en plus, il l'est parce que Jésus l'a envoyé faire quelque chose alors qu'ils étaient encore tous dans la chambre haute.
Comme pour l'ensemble des autres passages cités précédemment, le but n'est pas de les expliquer, mais de parler de Judas. Ici il y a quelque chose de particulier dans les Paroles de Jésus. Sachant qu'il pèse chacun des mots qu'il prononce, il convient de regarder de plus près cette déclaration :
- Matthieu 26.50a : Jésus lui dit: Mon ami, ce que tu es venu faire, fais-le.
On peut essayer de justifier ce début de verset en y voyant de l'ironie, mais ça n'est pas dans les façons de faire de Jésus. Même lorsqu'il est caustique, il dit toujours des vérités. Or, il y a très peu de passages où Jésus parle de ses amis. En fait, dans les évangiles il n'y en a qu'un, et plus tard, dans l'épître de Jacques il y a une précision à ajouter :
- Jean 15.13-15 : Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous commande. Je ne vous appelle plus serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître; mais je vous ai appelés amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j'ai appris de mon Père.
- Jacques 2.23 : Ainsi s'accomplit ce que dit l'Écriture: Abraham crut à Dieu, et cela lui fut imputé à justice; et il fut appelé ami de Dieu.
Evidemment, je ne compare pas Judas à Abraham, cependant, c'est bien Jésus qui l'appelle 'ami', et autant Jésus peut être direct, voir très critique, j'en veux pour signes les multiples fois où il appelle les pharisiens des hypocrites, autant la différence avec l'ironie, c'est que l'ironie est un mensonge. Il n'est donc pas possible de comparer Jésus qualifiant les pharisiens d'hypocrites, les vendeurs de race de voleur, et Jésus appelant Judas son 'ami' à ce moment précis. Parce que si ça n'est pas vrai, l'éventuelle ironie n'en resterait pas moins un mensonge, ce qui anéantirait la valeur du sacrifice, puisque Jésus n'étant dès lors plus parfait, ce dernier serait sans puissance, Jésus méritant dès lors son sort.
Bien que cela ne soit pas suffisant pour se prononcer catégoriquement sur Judas, ça l'est cependant pour comprendre que ce que l'on pense de lui est faussé par des siècles de consensus fondés sur le néant. En outre, il n'est pas discutable que ce soit Jésus qui l'appelle ami, et qui affirme que ses amis sont ceux qui font sa volonté. Il n'est pas plus discutable que Jésus l'ait choisi en connaissance de cause, et qu'à chaque étape, il lui ait dit de faire ce qu'il avait à faire. Pendant le repas il l'incitera une première fois : Jésus lui dit: Ce que tu fais, fais-le promptement (Jean 13.27b), puis dans le jardin il réitérera cette direction : Jésus lui dit: Mon ami, ce que tu es venu faire, fais-le (Matthieu 26.50). Il y a même, dans cette façon de l'appeler 'mon ami', nom qu'il ne donnera à personne d'autre dans les évangiles, une façon de le rassurer. C'est comme s'il lui disait : 'ne t'inquiète pas, ce que tu es venu faire, fais-le, il faut qu'il en soit ainsi'. Les deux questions qu'il posera à Simon quelques instants après allant également dans ce sens :
- Matthieu 26.53-54 : Penses-tu que je ne puisse pas invoquer mon Père, qui me donnerait à l'instant plus de douze légions d'anges? Comment donc s'accompliraient les Écritures, d'après lesquelles il doit en être ainsi ?
En regardant sa trahison sous cet angle, le tableau semble différent de celui qu'on nous raconte en boucle.
7 - La réaction de Judas suite à la condamnation.
- Matthieu 27.1-10 : Dès que le matin fut venu, tous les principaux sacrificateurs et les anciens du peuple tinrent conseil contre Jésus, pour le faire mourir. Après l'avoir lié, ils l'emmenèrent, et le livrèrent à Ponce Pilate, le gouverneur. Alors Judas, qui l'avait livré, voyant qu'il était condamné, se repentit, et rapporta les trente pièces d'argent aux principaux sacrificateurs et aux anciens, en disant: J'ai péché, en livrant le sang innocent. Ils répondirent: Que nous importe? Cela te regarde. Judas jeta les pièces d'argent dans le temple, se retira, et alla se pendre. Les principaux sacrificateurs les ramassèrent, et dirent: Il n'est pas permis de les mettre dans le trésor sacré, puisque c'est le prix du sang. Et, après en avoir délibéré, ils achetèrent avec cet argent le champ du potier, pour la sépulture des étrangers. C'est pourquoi ce champ a été appelé champ du sang, jusqu'à ce jour. Alors s'accomplit ce qui avait été annoncé par Jérémie, le prophète: Ils ont pris les trente pièces d'argent, la valeur de celui qui a été estimé, qu'on a estimé de la part des enfants d'Israël; et ils les ont données pour le champ du potier, comme le Seigneur me l'avait ordonné.
Nous en sommes à la partie qui est le centre d'un questionnement assez fréquent. Judas est-il sauvé ?
Les arguments du 'non' sont à peu près toujours les mêmes.
1 - Il s'est suicidé, ce qui est vu par les catholico-évangéliques comme un péché capital, et qui justifie à leurs yeux qu'il ne puisse pas l'être.
2 - Il ne s'est pas réellement repenti, mais a seulement regretté, sinon il ne se serait pas suicidé. Le repentir étant censé provoquer un changement positif.
Ce sont les deux arguments généralement mis en avant pour essayer de justifier de sa perdition. Ce sont les arguments qu'on m'a présenté au début de ma conversion, et je ne les ai pas discutés, jusqu'à ce que mes lectures commencent à me faire voir les choses plus selon Dieu et moins selon ceux qui parlent à sa place. Il se trouve que les deux arguments sont hautement critiquables. Bien que je pourrai disserter sur le fait que Jésus savait ce qu'allait faire Judas et qu'il n'a rien fait pour l'en empêcher, rien ne dit dans la Parole de Dieu qu'une personne suicidée ne puisse pas être sauvée. C'est une déduction née de la sagesse humaine, tout comme le fait de manger de l'arbre de la connaissance du bien et du mal.
Cependant, ce qui sauve, c'est d'accepter Jésus, et ce qui condamne, c'est de le refuser. C'est pourquoi les deux points utilisés pour justifier de la condamnation de Judas sont totalement erronés. Que l'on penche pour le premier ou pour le deuxième, voir pour les deux en même temps, l'élément qui n'est jamais pris en compte est temporel.
Prétendre qu'il ne s'est pas repenti mais a seulement regretté est une faute doctrinale plutôt lourde. Le repentir est produit par le travail du Saint-Esprit en nous, or, à la mort de Judas, le Saint-Esprit n'est pas encore répandu sur les hommes, et aucun disciple ne l'a. En conséquence, la question concernant le regret ou la repentance de Judas n'a pas de sens. Il est évident qu'il a regretté, mais il est également évident qu'il ne pouvait rien faire d'autre. Tout comme il est également évident qu'étant mort avant le sacrifice de Jésus, il fait partie de ceux qui ont reçu son témoignage entre sa mort et sa résurrection.
Si l'on regarde concrètement le texte parlant de sa compréhension de ce qu'il venait de faire, il suffit d'être objectif et sans parti pris pour réaliser ce qui se passe :
- Matthieu 27.3-4 : Alors Judas, qui l'avait livré, voyant qu'il était condamné, se repentit, et rapporta les trente pièces d'argent aux principaux sacrificateurs et aux anciens, en disant: J'ai péché, en livrant le sang innocent.
Il avait trouvé une bonne occasion de se faire de l'argent, mais il ne se doutait pas que Jésus serait condamné. Dans sa tête, il savait que Jésus était innocent, il pensait qu'il serait relâché et que dans l'affaire, il gagnerait trente pièces d'argents. Satan ne présente jamais le tableau dans son entièreté. Lorsqu'il se rend compte de ce qui est en train de se passer, que Jésus est condamné, il essaye de réparer, rapporte l'argent et confesse l'innocence de Jésus. Rappelons que c'est à peu près le moment où Simon, de son côté, renie trois fois Jésus. C'est dans ce cadre qu'il faut comprendre les avertissements de Jésus lorsqu'il précisait : malheur à l'homme par qui le Fils de l'homme est livré! Judas a compris et admis son erreur, ainsi que tenté de la réparer, mais il ne peut pas se libérer de la culpabilité, les autres disciples ne sont pas là, et Jésus n'est temporairement plus disponible. Il est donc seul avec ce qu'il a fait, sans le Saint-Esprit pour lui dire que tout ira bien.
Alors sa souffrance le pousse au suicide.
8 - Le salut de Judas.
Bien qu'il soit de notoriété commune que Judas est 'perdu', il me semble, en étudiant les textes, que les choses sont loin d'être aussi claires. Pour ne pas dire que la réalité est toute autre. En fait, trois éléments me font penser qu'il est sauvé, et je vais les exposer ici.
a) Les 12 trônes.
- Matthieu 19.27-28 : Pierre, prenant alors la parole, lui dit: Voici, nous avons tout quitté, et nous t'avons suivi; qu'en sera-t-il pour nous? Jésus leur répondit: Je vous le dis en vérité, quand le Fils de l'homme, au renouvellement de toutes choses, sera assis sur le trône de sa gloire, vous qui m'avez suivi, vous serez de même assis sur douze trônes, et vous jugerez les douze tribus d'Israël.
Dans sa déclaration aux disciples, Jésus parle bien aux douze, donc également à Judas. Si l'on ne prend que la version de Luc du même passage, la mention des 12 trônes n'est pas présente, l'évangéliste ne nous disant que ce qui suit : Luc 22.28-30 : Vous, vous êtes ceux qui avez persévéré avec moi dans mes épreuves; c'est pourquoi je dispose du royaume en votre faveur, comme mon Père en a disposé en ma faveur, afin que vous mangiez et buviez à ma table dans mon royaume, et que vous soyez assis sur des trônes, pour juger les douze tribus d'Israël. Cela fait que dans la version de Luc on pourrait avancer que Jésus, ne dénombrant pas les trônes, n'incluait pas Judas dans sa déclaration. Cependant, la version de Matthieu est précise. Il dit bien que le jour de son avènement, lorsqu'il sera assis sur son trône, les personnes à qui il parle, qui sont ses disciples, seront assis sur douze trônes. Cela fait que selon la déclaration même de Jésus, Judas sera sur un des trônes. Cela peut sembler choquant, pourtant c'est ce qui est marqué.
b) Dan.
Le deuxième élément tient à la place de Dan.
Suite à l'établissement des 12 tribus en Canaan, la tribu de Dan a quitté l'Eternel. Cette tribu restera éloignée pendant près de 500 ans. C'est l'une des raisons qui font que parmi les 12 tribus qui composent les 144 000 dont nous parle le livre de l'Apocalypse, la tribu de Dan ne soit pas présente.
Parmi les douze fils de Jacob, Dan est le parallèle de Judas, celui qui s'est éloigné de l'Eternel.
Seulement voilà, bien qu'absente, à juste titre, des 144 000, la tribu de Dan est toujours présente dans les derniers chapitres d'Ezéchiel, lorsque le prophète nomme les portes de la Jérusalem céleste, et lorsqu'il définit les frontières des territoires qui seront donnés aux tribus en récompense.
c) Ceux que tu m'as donné.
- Jean 18.7-9 : Il leur demanda de nouveau: Qui cherchez-vous? Et ils dirent: Jésus de Nazareth. Jésus répondit: Je vous ai dit que c'est moi. Si donc c'est moi que vous cherchez, laissez aller ceux-ci. Il dit cela, afin que s'accomplît la parole qu'il avait dite: Je n'ai perdu aucun de ceux que tu m'as donnés.
Lorsque Jésus dit laissez aller ceux-ci, il parle des onze (les douze moins Judas). Par contre, lorsqu'il dit : Je n'ai perdu aucun de ceux que tu m'as donnés, il parle des douze. Il sait que Judas ne risque rien de la garde qui vient le chercher puisqu'il est avec eux. C'est pourquoi il intercède pour les onze afin que les douze soient saufs. Rappelons-nous que Jésus est monté sur la montagne afin de chercher la direction du Père dans l'identité des douze disciples. Lorsqu'il est redescendu, il les a choisis tous les douze, et il ne fait jamais d'erreur. Donc Judas n'était pas un choix malencontreux, mais un choix voulu par le Père (Jésus ne fait que ce qu'il voit au Père).
Il en résulte que, selon ses propres Paroles, Jésus n'a perdu aucun des douze que le Père lui a confié, ce qui semble être assez clair quant au salut de Judas.
Les 24 vieillards qui sont dans la salle du trône dans le livre de l'Apocalypse sont les douze fils de Jacob et les 12 disciples de Jésus. Dan est dans le premier groupe exactement de la même manière que Judas est dans le deuxième.
9 - La vision présentée dans les actes.
Après la résurrection et la glorification de Jésus, les disciples se trouvent dans la chambre haute en attendant que le Saint Esprit soit également donné aux autres disciples. Pierre se lève alors et fait une déclaration qui contient des éléments contradictoires. Il commence ainsi :
- Actes 1.15-17 : En ces jours-là, Pierre se leva au milieu des frères, le nombre des personnes réunies étant d'environ cent vingt. Et il dit: Hommes frères, il fallait que s'accomplît ce que le Saint Esprit, dans l'Écriture, a annoncé d'avance, par la bouche de David, au sujet de Judas, qui a été le guide de ceux qui ont saisi Jésus. Il était compté parmi nous, et il avait part au même ministère.
Jusque-là, pas de problèmes, cependant, le verset suivant en contient plusieurs :
- Actes 1.18-19 : Cet homme, ayant acquis un champ avec le salaire du crime, est tombé, s'est rompu par le milieu du corps, et toutes ses entrailles se sont répandues. La chose a été si connue de tous les habitants de Jérusalem que ce champ a été appelé dans leur langue Hakeldama, c'est-à-dire, champ du sang.
La version de l'évangile de Matthieu semble totalement différente :
- Matthieu 27.3-10 : Alors Judas, qui l'avait livré, voyant qu'il était condamné, se repentit, et rapporta les trente pièces d'argent aux principaux sacrificateurs et aux anciens, en disant: J'ai péché, en livrant le sang innocent. Ils répondirent: Que nous importe? Cela te regarde. Judas jeta les pièces d'argent dans le temple, se retira, et alla se pendre. Les principaux sacrificateurs les ramassèrent, et dirent: Il n'est pas permis de les mettre dans le trésor sacré, puisque c'est le prix du sang. Et, après en avoir délibéré, ils achetèrent avec cet argent le champ du potier, pour la sépulture des étrangers. C'est pourquoi ce champ a été appelé champ du sang, jusqu'à ce jour. Alors s'accomplit ce qui avait été annoncé par Jérémie, le prophète: Ils ont pris les trente pièces d'argent, la valeur de celui qui a été estimé, qu'on a estimé de la part des enfants d'Israël; et il les ont données pour le champ du potier, comme le Seigneur me l'avait ordonné.
La première grosse différence entre les deux passages est conciliable. C'est celle sur la mort de Judas. Selon Matthieu, Judas s'est suicidé, selon Pierre, Judas est tombé, s'est rompu par le milieu du corps, et toutes ses entrailles se sont répandues. Je pense qu'ils parlent de la même chose. J'ai du mal à croire que quelqu'un tombe et, juste en tombant, se rompt par le milieu du corps, répandant ses entrailles. De nos jours on pourrait penser qu'il serait tombé sur une scie circulaire, mais à l'époque, rien ne permet de croire dans une mort dont ce texte serait l'explication complète. C'est pourquoi je pense que les deux disciples parlent de la même chose. Je pense que Judas s'est pendu, mais pas au milieu de la ville, le temps qu'on le trouve, son corps avait commencé à pourrir, il a fini par tomber et il s'en est suivi ce dont nous parle Pierre. En voyant les choses de la sorte, nous pouvons réconcilier les deux manières de présenter les choses.
La deuxième différence concerne le champ en lui-même. Pour Matthieu, ce sont les sacrificateurs qui l'ont acheté, pour Pierre, c'est Judas. Bien que je voie une manière de concilier les deux déclarations, cela resterait bancal. Je préfère donc simplement considérer que je ne comprends pas cette différence apparente.
Quoi qu'il en soit, la version des actes des apôtres se poursuit dans les termes suivants :
- Actes des apôtres 1.24-25 : Puis ils firent cette prière: Seigneur, toi qui connais les cœurs de tous, désigne lequel de ces deux tu as choisi, afin qu'il ait part à ce ministère et à cet apostolat, que Judas a abandonné pour aller en son lieu.
Encore un verset utilisé de manière détournée. Le fait que Judas ait abandonné son apostolat, signifie uniquement qu'il est mort, et la précision de ce qu'il est allé en son lieu, ne signifie aucunement une quelconque condamnation, mais exactement l'inverse. Lorsque Pierre utilise cette expression, c'est justement pour ne pas dire où il se trouve. Bien que cela ne signifie pas qu'il soit sauvé, ça montre que Pierre ne peut pas se prononcer.
10 - Conclusion.
Judas est décrié parce qu'il a livré Jésus. C'est oublier cependant qu'il fallait qu'il en soit ainsi. C'est comme si dans la tête des croyants, si Judas n'avait pas livré Jésus, Jésus serait encore en vie (charnellement). Mais c'était la volonté de Jésus, c'est lui qui a constamment donné ses directives à Judas, c'est lui qui l'a choisi suite à une très longue discussion avec le Père. Cela ne désigne pas Judas comme le disciple parfait qui a accompli la chose la plus difficile de tous les disciples, en acceptant de prendre la place de la brebis galeuse. Par contre, cela brosse un tableau qui nous dépeint Judas comme un mal nécessaire.
Combien de personnes, dans les évangiles, ont été guéries, délivrées, pardonnées ? Jésus a ressuscité un jeune garçon sans que personne ne lui demande rien, il a guéri des personnes sans qu'on n'en fasse la requête, lorsque satan parlait à travers Simon, Jésus a chassé satan, pas Simon. Par contre, Judas avait un rôle à jouer, et il fallait qu'il en soit ainsi.
Lorsque le Père et Jésus ont discuté sur la montagne pendant la nuit qui a précédé la nomination des douze, le rôle de chacun était déjà déterminé, celui de Judas était de trahir. Jésus aurait pu le changer, le transformer durant les trois années qu'ils ont passé ensemble, mais il ne l'a pas fait. Pourtant, on voit bien que Judas, malgré ses penchants au vol, n'avait pas mauvais fond. Lorsque Simon nie connaître Jésus, lui le confesse devant le souverain sacrificateur. Son incapacité à se repentir n'a rien d'étonnant de part le fait que personne ne pouvait le faire.
Jésus a choisi Judas parce qu'il le connaissait. Judas n'est pas un échec de Jésus, celui des douze que Jésus n'aurait pas réussi à transformer. Son penchant pour le vol allait être utilisé, mais cela ne le condamne pas, pas plus que nos propres penchants, qui sont tout autant les raisons pour lesquelles Jésus a été crucifié.
Les évangiles nous montrent les tentatives de Judas de réparer ses fautes, mais en l'absence du Saint-Esprit, il ne pouvait pas faire plus.
Après sa mort, Jésus est allé prêcher à tous ceux qui sont morts avant la dispensation de la grâce, ce qui inclus Judas. Si on ajoute à cette évidence, qui est purement biblique, le fait que Jésus ait affirmé n'avoir perdu aucun de ceux que le Père lui a confié, il semblerait bien que Judas soit sauvé.