1 - Introduction.

2 - L'endurcissement.

3 - 5 pains, 2 poissons, 12 paniers , 5000 hommes.

a) Les choses à connaître.

  • a.1) La grâce qui était sur Moïse et Josué.
  • a.2) La dimension du tabernacle de Moïse.

b) Les passages des évangiles concernés.

c) L'explication des éléments.

  • c.1) Les 5 pains.
  • c.2) Les 2 poissons.
  • c.3) Les 5 pains et les 2 poissons.
  • c.4) Les 5000 hommes.
  • c.5) Les 12 corbeilles.

d) L'explication de la parabole.

4 - 7 pains, qq petits poissons, 7 corbeilles, 4000 hommes.

a) Les passages des évangiles concernés.

b) L'explication des éléments.

  • b.1) 7 pains.
  • b.2) Quelques petits poissons.
  • b.3) 7 corbeilles.
  • b.4) 4000 hommes.

c) L'explication de la parabole.

5 - Le rapport entre l'une et l'autre.

6 - Une signification incomprise pour l'instant.

7 - La "troisième' multiplication des pains, une conclusion.

1 - Introduction.


Passages incompris s'il en est, les multiplications des pains des évangiles portent une signification qui va bien au-delà du simple fait de nourrir ceux qui ont faim.  Matthieu termine l'explication de la première fois où c'est arrivé en nous disant qu'ils n'avaient pas compris le miracle des pains, parce que leur coeur était endurci (Matthieu 6.52). Propos doublement étonnant. Tout d'abord, ils attestent que la compréhension du miracle des pains ne se limite pas a une provision alimentaire, mais bien au-delà, nous apprenons que l'incapacité de ses disciples à comprendre ce à quoi ils venaient pourtant de participer, montrait l'endurcissement de leur coeur. Aussi triste que cela soit, cette vérité n'a pas changé, et notre propre incompréhension révèle la même chose.

Comprenant que ma propre incompréhension révélait mon endurcissement, il n'en fallait pas plus pour que le besoin de comprendre apparaisse. Non pas seulement le besoin de comprendre le passage, puisque cela n'effacerait pas mon endurcissement, mais de comprendre, au-delà du passage, en quoi j'étais endurci, clé de la compréhension de la Parole de Dieu dans son ensemble.

2 - L'endurcissement.


Lorsque l'on cherche la signification du verbe "endurcir", on fait face à deux définitions, une concernant le corps, une concernant l'âme. Pour le corps, il s'agit de devenir plus résistant, c'est donc une chose positive. Par contre, pour l'âme, il s'agit de devenir moins sensible, ce qui a tendance, à plutôt être négatif. En réalité, dans les deux cas, le sens est exactement le même, la différence ne se trouve que dans notre perception. S'endurcir revient à diminuer ses réactions à ce qui entre en contact avec nous. Spirituellement, cela revient à s'attacher aux apparences. Dans la Parole, il va de soi que Dieu ne parle pas d'endurcissement du corps, mais uniquement d'endurcissement du coeur, donc de l'âme, ou, plus généralement, des pensées.

  • Hébreux 3.8-9 : N'endurcissez pas vos cœurs, comme lors de la révolte, Le jour de la tentation dans le désert, Où vos pères me tentèrent, Pour m'éprouver, et ils virent mes oeuvres Pendant quarante ans.

De la même manière, lorsque Dieu endurcit le coeur de Pharaon, c'est pour qu'il ne soit plus en mesure de s'attacher à ce qui paraît le plus censé, mais qu'il se renferme sur ses croyances. Dieu ne voulait pas que Pharaon se convertisse, et il savait qu'en faisant éclater ses signes au milieu de l'Egypte, cela pouvait arriver, alors il a endurci son coeur, afin de le rendre aveugle :

  • Exode 10.1 : L'Éternel dit à Moïse: Va vers Pharaon, car j'ai endurci son coeur et le coeur de ses serviteurs, pour faire éclater mes signes au milieu d'eux.

Dans les évangiles, Jésus était coutumier des paraboles, mais il ne se contentait pas seulement de les dires. Tout comme la fonction de certains prophètes s'exprime par le langage, donc la transmission de ce que Dieu dit, et que d'autres sont prophètes non pas dans ce sens, mais dans leur existence même, comme l'était Abraham, les paraboles de Jésus sont également mises en avant de différentes manières.

Il se trouve justement que les deux multiplications des pains sont des paraboles, qui, comme toutes les paraboles, avaient plongé les disciples dans l'incompréhension.

Pour en revenir cependant à la notion même d'endurcissement, il faut comprendre qu'elle exprime une incapacité de comprendre issue d'une incapacité, non pas d'entendre, mais d'écouter. Ainsi, nous entendons parfaitement ce que Dieu dit, mais nous ne faisons qu'attendre qu'il se taise afin de donner notre avis. C'est dit rapidement et de manière abrupte, mais c'est de cela qu'il s'agit. Nous sommes continuellement dans la certitude de comprendre quelque chose, et chaque chose que nous croyons avoir cerné devient un endurcissement en soi.

Il faut toutefois garder à l'esprit que je ne parle pas de condamnation, mais de compréhension. Le meilleur exemple étant celui de Marthe et Marie lorsque Jésus vient auprès de Lazare, qui est mort quelques jours auparavant. L'incompréhension des disciples est le signe d'un endurcissement :

  • Jean 11.11-13 : Après ces paroles, il leur dit: Lazare, notre ami, dort; mais je vais le réveiller. Les disciples lui dirent: Seigneur, s'il dort, il sera guéri. Jésus avait parlé de sa mort, mais ils crurent qu'il parlait de l'assoupissement du sommeil.

Les disciples ont entendu Jésus, mais ils ne l'ont pas écouté. Cependant, ce sont ses disciples, alors Jésus leur expliquera dans le verset suivant :  Alors Jésus leur dit ouvertement: Lazare est mort (Jean 11.14). Par contre, devant exactement la même situation, quelques versets plus tard, alors que Marthe parle de la mort de son frère Lazare, Jésus reste silencieux quant à l'éventuelle explication de ce qu'il vient de lui dire :

  • Jean 11.23-26 : Jésus lui dit: Ton frère ressuscitera. Je sais, lui répondit Marthe, qu'il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour. Jésus lui dit: Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra, quand même il serait mort; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela?

Dans le cas de Marthe ou des disciples, l'endurcissement en question vient de la situation. La peine d'un "décès" bloque leur capacité d'écoute, et ils se retrouvent tous à se baser non sur ce qu'ils entendent, mais sur les croyances personnelles qu'ils ont déjà. C'est en cela qu'ils entendent Jésus, mais qu'ils ne l'écoutent pas vraiment, et c'est pour cela que je disais qu'on a tendance à attendre qu'il se taise pour mettre en avant nos propres référents.


L'endurcissement dont Jésus parle concernant l'incapacité de comprendre le miracle des pains ne représente donc pas un endurcissement global de la personne devant comprendre, dans le cas présent, les disciples. Il représente un endurcissement particulier. Nous pouvons être à l'écoute dans un domaine et ne pas l'être dans un autre, justement parce que nous nous reposons sur des acquis et non sur Dieu, qui, justement n'est pas un acquis. Or, dans les deux exemples de multiplication des pains qui nous sont donnés, c'est le premier qui apporte cette remarque de Jésus, et il y a une différence importante sur laquelle il faudra revenir plus tard. Le premier miracle de la multiplication des pains est à l'initiative des disciples, alors que le deuxième est à l'initiative de Jésus. Les disciples ont posé la base de ce qui se passe la première fois, et ils n'entrent pas dans ce que Jésus dit parce qu'ils restent purement charnels. Ils oublient à cet instant que le sacrifice d'Isaac avait beau être un geste charnel, il portait une signification spirituelle. Ils ne voient donc dans ce qui vient de se passer que la provision divine attachée à un besoin du corps et ne perçoivent pas le message spirituel qu'elle porte. Cette limitation qu'ils posent est l'endurcissement dont Jésus parle.

Esaïe parlait déjà de cela dans le sixième chapitre de son livre, nous affirmant que ce que l'on comprend vient de ce que l'on entend et de ce que l'on voit.

  • Esaïe 6.9-10 : Il dit alors: Va, et dis à ce peuple: Vous entendrez, et vous ne comprendrez point; Vous verrez, et vous ne saisirez point. Rends insensible le coeur de ce peuple, Endurcis ses oreilles, et bouche-lui les yeux, Pour qu'il ne voie point de ses yeux, n'entende point de ses oreilles, Ne comprenne point de son coeur, Ne se convertisse point et ne soit point guéri.

Il faut donc voir l'endurcissement non pas comme une punition, mais comme une conséquence. Dans l'ancienne alliance, la loi ne permettait pas la nuance, alors que la grâce le fait. Elle n'autorise pas plus le péché, elle le couvre pendant la marche de celui qui veut changer. Cependant, elle ne nous exclut pas des conséquences. Lorsque la Parole de Dieu nous dit que : la malédiction sans cause n'a point d'effet (Proverbe 26.2), il faut bien comprendre, que croyant ou non, appartenant à Jésus ou non, si une cause existe, la malédiction a un droit. L'endurcissement marche de la même manière. Chaque partie de nous que nous n'avons pas encore mise en règle diminue la quantité de lumière que nous pouvons porter, et certaines compréhensions deviennent impossibles parce qu'elles nécessitent des parties de nous qui sont encore dans l'obscurité.

C'est difficile d'abandonner ses certitudes autres que celles basées sur la Parole de Dieu, et je ne parle pas de domaines existentiels, je parle de toute certitude. Dans le cas des disciples, ils ont de facto considéré que ce que Jésus venait de faire devait se trouver sur le même plan que la demande qu'ils avaient faite concernant la nourriture des 5000, et il en a résulté qu'ils n'ont pas compris ce qu'il a fait. Quelque chose d'aussi "insignifiant" que de croire que Jésus pourrait simplement donner à manger à quelqu'un qui a faim leur a fait oublier à qui ils avaient demandé de trouver une solution. Ils attendaient une réponse à leur dimension et n'ont pas été capable de voir que la réponse de Jésus était à la dimension de Dieu.

Ce faisant, ils ont accompli la parole de Dieu dans Esaïe :

  • Esaïe 55.8 : Car mes pensées ne sont pas vos pensées, Et vos voies ne sont pas mes voies, Dit l'Éternel.

3 - 5 pains, 2 poissons, 12 paniers , 5000 hommes.


a) Les choses à connaître.

a.1) La grâce qui était sur Moïse et Josué.

Moïse est passé par l'eau et par le feu en traversant la nuée. Il en va de même pour Josué. L'un des signes de ce qui s'est passé se trouve dans l'imposition des mains de Moïse à Josué. La forme qu'elle prend est unique dans l'ancienne alliance en ce qu'elle est le calque de l'imposition des mains de la nouvelle alliance. Ces deux personnages connaissaient parfaitement la symbolique de cette pratique et ne pouvait donc pas en venir à faire n'importe quoi. Moïse savait que l'imposition des mains consistait à prendre la faute du pécheur afin de la poser sur le sacrifice, de telle sorte à ce que Dieu puisse regarder ce pécheur, dépouillé de sa faute. Moïse a conscience de cela, pourtant il impose les mains à Josué sans aucun animal sacrificiel dans les environs. Parce qu'en entrant dans la nuée, il est entré dans l'éternité, lieu où le sacrifice de Jésus a déjà eu lieu. Toute la scène de l'imposition des mains de Moïse à Josué est anachronique, si on enlevait le nom des personnages, nous croirions tous qu'elle se situe dans le livre des actes des apôtres. En outre, dans ce même passage, nous voyons que : Josué, fils de Nun, était rempli de l'esprit de sagesse, car Moïse avait posé ses mains sur lui (Deutéronome 34.9), ce qui signifie qu'il n'avait pas l'esprit sur lui, mais en lui. Cependant, contrairement à ce qui est majoritairement cru de nos jours, Moïse n'a rien transmis à Josué. On comprend cela beaucoup mieux grâce à Medad et Eldad. Le passage est le suivant :

  • Nombres 11.25-27 : L'Éternel descendit dans la nuée, et parla à Moïse; il prit de l'esprit qui était sur lui, et le mit sur les soixante-dix anciens. Et dès que l'esprit reposa sur eux, ils prophétisèrent; mais ils ne continuèrent pas. Il y eut deux hommes, l'un appelé Eldad, et l'autre Médad, qui étaient restés dans le camp, et sur lesquels l'esprit reposa; car ils étaient parmi les inscrits, quoiqu'ils ne fussent point allés à la tente; et ils prophétisèrent dans le camp. Un jeune garçon courut l'annoncer à Moïse, et dit: Eldad et Médad prophétisent dans le camp.

L'esprit qui venait de Moïse était pour Moïse, et personne ne pouvait l'avoir. Lorsqu'il a reposé sur les 68, il n'a pu être que passager. Par contre, l'esprit qui vient de Dieu est permanent, et c'est de cet esprit que Medad et Eldad sont recouverts. Ca nous montre que Moïse ne pouvait pas transmettre de son esprit sur Josué, il n'a fait que permettre à Dieu de transmettre le sien.

a.2) La dimension du tabernacle de Moïse.

Jésus fait asseoir les 5000 hommes par rangées de 50, soit 100 rangées de 50 hommes, ce qui correspond aux dimensions du parvis du tabernacle qui était de 50 coudées sur 100. Chaque homme assis a la taille de l'autel duquel émane les parfums, qui sont une image de la prière des saints.

Par ailleurs, dans ce tabernacle, tout tourne autour de Jésus, de l'autel des sacrifices, au lavoir qui représente le baptême d'eau, la table des pains, et le chandelier placé devant spécifiquement pour que la lumière pointe sur elle. Tout le trajet qui mène au Père, dans le saint des saints, passe par le Fils.

Comprendre cela est nécessaire pour comprendre la multiplication des pains.


b) Les passages des évangiles concernés.

Contrairement à la deuxième multiplication des pains, la première est présente dans les quatre évangiles.

  • Matthieu 14.15-21 : Le soir étant venu, les disciples s'approchèrent de lui, et dirent: Ce lieu est désert, et l'heure est déjà avancée; renvoie la foule, afin qu'elle aille dans les villages, pour s'acheter des vivres. Jésus leur répondit: Ils n'ont pas besoin de s'en aller; donnez-leur vous-mêmes à manger. Mais ils lui dirent: Nous n'avons ici que cinq pains et deux poissons. Et il dit: Apportez-les-moi. Il fit asseoir la foule sur l'herbe, prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux vers le ciel, il rendit grâces. Puis, il rompit les pains et les donna aux disciples, qui les distribuèrent à la foule. Tous mangèrent et furent rassasiés, et l'on emporta douze paniers pleins des morceaux qui restaient. Ceux qui avaient mangé étaient environ cinq mille hommes, sans les femmes et les enfants.
  • Marc 6.35-52 : Comme l'heure était déjà avancée, ses disciples s'approchèrent de lui, et dirent: Ce lieu est désert, et l'heure est déjà avancée; renvoie-les, afin qu'ils aillent dans les campagnes et dans les villages des environs, pour s'acheter de quoi manger. Jésus leur répondit: Donnez-leur vous-mêmes à manger. Mais ils lui dirent: Irions-nous acheter des pains pour deux cents deniers, et leur donnerions-nous à manger? Et il leur dit: Combien avez-vous de pains? Allez voir. Ils s'en assurèrent, et répondirent: Cinq, et deux poissons. Alors il leur commanda de les faire tous asseoir par groupes sur l'herbe verte, et ils s'assirent par rangées de cent et de cinquante. Il prit les cinq pains et les deux poissons et, levant les yeux vers le ciel, il rendit grâces. Puis, il rompit les pains, et les donna aux disciples, afin qu'ils les distribuassent à la foule. Il partagea aussi les deux poissons entre tous. Tous mangèrent et furent rassasiés, et l'on emporta douze paniers pleins de morceaux de pain et de ce qui restait des poissons. Ceux qui avaient mangé les pains étaient cinq mille hommes. Aussitôt après, il obligea ses disciples à monter dans la barque et à passer avant lui de l'autre côté, vers Bethsaïda, pendant que lui-même renverrait la foule. Quand il l'eut renvoyée, il s'en alla sur la montagne, pour prier. Le soir étant venu, la barque était au milieu de la mer, et Jésus était seul à terre. Il vit qu'ils avaient beaucoup de peine à ramer; car le vent leur était contraire. A la quatrième veille de la nuit environ, il alla vers eux, marchant sur la mer, et il voulait les dépasser. Quand ils le virent marcher sur la mer, ils crurent que c'étaient un fantôme, et ils poussèrent des cris; car ils le voyaient tous, et ils étaient troublés. Aussitôt Jésus leur parla, et leur dit: Rassurez-vous, c'est moi, n'ayez pas peur! Puis il monta vers eux dans la barque, et le vent cessa. Ils furent en eux-mêmes tout stupéfaits et remplis d'étonnement; car ils n'avaient pas compris le miracle des pains, parce que leur coeur était endurci.
  • Luc 9.12-17 : Comme le jour commençait à baisser, les douze s'approchèrent, et lui dirent: Renvoie la foule, afin qu'elle aille dans les villages et dans les campagnes des environs, pour se loger et pour trouver des vivres; car nous sommes ici dans un lieu désert. Jésus leur dit: Donnez-leur vous-mêmes à manger. Mais ils répondirent: Nous n'avons que cinq pains et deux poissons, à moins que nous n'allions nous-mêmes acheter des vivres pour tout ce peuple. Or, il y avait environ cinq mille hommes. Jésus dit à ses disciples: Faites-les asseoir par rangées de cinquante. Ils firent ainsi, ils les firent tous asseoir. Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux vers le ciel, il les bénit. Puis, il les rompit, et les donna aux disciples, afin qu'ils les distribuassent à la foule. Tous mangèrent et furent rassasiés, et l'on emporta douze paniers pleins des morceaux qui restaient.
  • Jean 6.5-13 : Ayant levé les yeux, et voyant qu'une grande foule venait à lui, Jésus dit à Philippe: Où achèterons-nous des pains, pour que ces gens aient à manger? Il disait cela pour l'éprouver, car il savait ce qu'il allait faire. Philippe lui répondit: Les pains qu'on aurait pour deux cents deniers ne suffiraient pas pour que chacun en reçût un peu. Un de ses disciples, André, frère de Simon Pierre, lui dit: Il y a ici un jeune garçon qui a cinq pains d'orge et deux poissons; mais qu'est-ce que cela pour tant de gens? Jésus dit: Faites-les asseoir. Il y avait dans ce lieu beaucoup d'herbe. Ils s'assirent donc, au nombre d'environ cinq mille hommes. Jésus prit les pains, rendit grâces, et les distribua à ceux qui étaient assis; il leur donna de même des poissons, autant qu'ils en voulurent. Lorsqu'ils furent rassasiés, il dit à ses disciples: Ramassez les morceaux qui restent, afin que rien ne se perde. Ils les ramassèrent donc, et ils remplirent douze paniers avec les morceaux qui restèrent des cinq pains d'orge, après que tous eurent mangé.


c) L'explication des éléments.

Dans cette première multiplication, Jésus résume l'un des aspects de l'ancienne alliance le concernant.

Il nous pose 8 choses, quatre sont les différents éléments : pains, poissons, corbeilles et hommes ; les quatre autres étant les quantités.

Les pains et les poissons représentent chacun différentes choses, commençons par les 5 pains.

c.1) Les 5 pains.

Ce sont 5 personnes : Aaron et ses 4 fils.

Ils sont les garants de la loi, qui est contenue dans les 5 livres du pentateuque.

Le pain c'est Jésus.

Dans cette "parabole", Jésus, parlant des 5 pains fait donc allusion à la révélation qui a été donnée sur lui durant la loi par le truchement d'Aaron et de ses fils, qui représentent la sacrificature, et donc les serviteurs du temple de l'époque. 

c.2) Les 2 poissons.

Ce sont deux personnes : Moïse et Josué.

Comme je l'expliquais auparavant, Aaron et ses 4 fils représentent la sacrificature de la loi. Par contre, Moïse et Josué représentent la sacrificature de l'Esprit.

Les poissons, comme toujours, représentent la conversion par la grâce et pas par la loi. D'un point de vue plus général, c'est la conséquence, de nos jours ,de l'évangélisation.

Dans cette "parabole", Jésus, parlant des 2 poissons fait donc allusion à la révélation qui a été donnée sur lui par la grâce, et que Moïse et Josué ont reçu en traversant la nuée.

c.3) Les 5 pains et les 2 poissons.

L'addition des deux paraît donc logique. C'est la totalité de la révélation qui a été donnée à l'époque de Moïse, mais qui ne pouvait alors être reçue que partiellement par le peuple, parce que le peuple y accédait non pas par Moïse et Josué, mais par le filtre d'Aaron et de ses fils. Non pas parce que Dieu ne voulait pas, mais parce que le peuple avait refusé d'entendre Dieu.

  • Exode 20.19 : Ils dirent à Moïse: Parle-nous toi-même, et nous écouterons; mais que Dieu ne nous parle point, de peur que nous ne mourions.

c.4) Les 5000 hommes.

Ils définissent les destinataires en reproduisant les dimensions du tabernacle de Moïse, qui est un tabernacle fait pour les hommes. Parce que si les hommes l'ont construit pour que Dieu puisse habiter au milieu d'eux, il faut se rappeler que ça ne s'est pas fait à l'initiative des hommes, mais à l'initiative de Dieu, qui voulait habiter au milieu de son peuple. La construction du tabernacle de Moïse est donc ordonnée par Dieu pour qu'il puisse garder le contact avec les hommes, et non pas pour que les hommes puissent garder un contact avec Dieu.

Les 5000 hommes de la parabole sont donc un rappel de la dimension charnelle du tabernacle de Moïse en remettant en avant ses proportions de 50 coudées sur 100.

c.5) Les 12 corbeilles.

Les 12 corbeilles sont les restes de ce que Jésus a partagé. Elles sont l'image de la corbeille dans laquelle les sacrificateurs plaçaient le pain de la table et qu'ils devaient manger par la suite. Dans la parabole, ils représentent, la dispersion de la révélation dans les 12 tribus, une corbeille par tribu.


d) L'explication de la parabole.

Jésus dans la première multiplication des pains, résume le principe de la loi. Il nous parle de ce que  la compréhension de sa personne a été donnée à Aaron et ses fils, donc aux 5 pains, les responsables de la propagation auprès du peuple; Et des deux poissons, Moïse et Josué, qui ont reçu ce que le peuple aurait dû avoir mais a refusé. Ces 5 pains et deux poissons sont donc donnés au peuple qui est au nombre de 5000 hommes, que Jésus fait asseoir en 100 rangées de 50, reproduisant les dimensions du parvis du tabernacle de Moïse, lieu à partir duquel la compréhension de qui est Jésus a commencé.

Dans ce lieu, les 12 pains finissaient dans une corbeille afin d'être mangés par les sacrificateurs, donc Aaron et ses fils. Ces mêmes sacrificateurs avaient alors la charge de transmettre au peuple la connaissance de la loi, et donc les prémices de la compréhension de qui est Jésus. C'est ce que représentent les 12 corbeilles. La compréhension de la loi était donnée aux douze tribus.

La première multiplication des pains est donc une parabole nous parlant de ce que Dieu a fait avec le tabernacle de Moïse.

4 - 7 pains, quelques petits poissons, 7 corbeilles, 4000 hommes.


Après la première multiplication des pains, il est étrange de voir que Jésus en reproduit une deuxième. Cela confirme que le sens n'est pas simplement la provision alimentaire puisqu'il l'a déjà établie la première fois. La compréhension de cette deuxième multiplication ne se fait qu'à travers la première. Bien qu'elles aient le même sujet, elles ne parlent pas de la même chose. Celle-ci représentant quelque chose qui se passe plus tard.


a) Les passages des évangiles concernés.

Cette fois-ci, la multiplication n'est présente que dans deux évangiles, ceux de Matthieu et de Marc.

  • Matthieu 15.29-39 : Jésus quitta ces lieux, et vint près de la mer de Galilée. Étant monté sur la montagne, il s'y assit. Alors s'approcha de lui une grande foule, ayant avec elle des boiteux, des aveugles, des muets, des estropiés, et beaucoup d'autres malades. On les mit à ses pieds, et il les guérit; en sorte que la foule était dans l'admiration de voir que les muets parlaient, que les estropiés étaient guéris, que les boiteux marchaient, que les aveugles voyaient; et elle glorifiait le Dieu d'Israël. Jésus, ayant appelé ses disciples, dit: Je suis ému de compassion pour cette foule; car voilà trois jours qu'ils sont près de moi, et ils n'ont rien à manger. Je ne veux pas les renvoyer à jeun, de peur que les forces ne leur manquent en chemin. Les disciples lui dirent: Comment nous procurer dans ce lieu désert assez de pains pour rassasier une si grande foule? Jésus leur demanda: Combien avez-vous de pains? Sept, répondirent-ils, et quelques petits poissons. Alors il fit asseoir la foule par terre, prit les sept pains et les poissons, et, après avoir rendu grâces, il les rompit et les donna à ses disciples, qui les distribuèrent à la foule. Tous mangèrent et furent rassasiés, et l'on emporta sept corbeilles pleines des morceaux qui restaient. Ceux qui avaient mangé étaient quatre mille hommes, sans les femmes et les enfants. Ensuite, il renvoya la foule, monta dans la barque, et se rendit dans la contrée de Magadan.
  • Marc 8.1-19 : En ces jours-là, une foule nombreuse s'étant de nouveau réunie et n'ayant pas de quoi manger, Jésus appela les disciples, et leur dit: Je suis ému de compassion pour cette foule; car voilà trois jours qu'ils sont près de moi, et ils n'ont rien à manger. Si je les renvoie chez eux à jeun, les forces leur manqueront en chemin; car quelques-uns d'entre eux sont venus de loin. Ses disciples lui répondirent: Comment pourrait-on les rassasier de pains, ici, dans un lieu désert? Jésus leur demanda: Combien avez-vous de pains? Sept, répondirent-ils. Alors il fit asseoir la foule par terre, prit les sept pains, et, après avoir rendu grâces, il les rompit, et les donna à ses disciples pour les distribuer; et ils les distribuèrent à la foule. Ils avaient encore quelques petits poissons, et Jésus, ayant rendu grâces, les fit aussi distribuer. Ils mangèrent et furent rassasiés, et l'on emporta sept corbeilles pleines des morceaux qui restaient.8.9Ils étaient environ quatre mille. Ensuite Jésus les renvoya. Aussitôt il monta dans la barque avec ses disciples, et se rendit dans la contrée de Dalmanutha.8.11Les pharisiens survinrent, se mirent à discuter avec Jésus, et, pour l'éprouver, lui demandèrent un signe venant du ciel. Jésus, soupirant profondément en son esprit, dit: Pourquoi cette génération demande-t-elle un signe? Je vous le dis en vérité, il ne sera point donné de signe à cette génération. Puis il les quitta, et remonta dans la barque, pour passer sur l'autre bord. Les disciples avaient oublié de prendre des pains; ils n'en avaient qu'un seul avec eux dans la barque. Jésus leur fit cette recommandation: Gardez-vous avec soin du levain des pharisiens et du levain d'Hérode. Les disciples raisonnaient entre eux, et disaient: C'est parce que nous n'avons pas de pains. Jésus, l'ayant connu, leur dit: Pourquoi raisonnez-vous sur ce que vous n'avez pas de pains? Etes-vous encore sans intelligence, et ne comprenez-vous pas? Avez-vous le coeur endurci? Ayant des yeux, ne voyez-vous pas? Ayant des oreilles, n'entendez-vous pas? Et n'avez-vous point de mémoire? Quand j'ai rompu les cinq pains pour les cinq mille hommes, combien de paniers pleins de morceaux avez-vous emportés? Douze, lui répondirent-ils. Et quand j'ai rompu les sept pains pour les quatre mille hommes, combien de corbeilles pleines de morceaux avez-vous emportées? Sept, répondirent-ils. Et il leur dit: Ne comprenez-vous pas encore?


b) L'explication des éléments.

Dans cette deuxième multiplication, Jésus résume l'un des aspects de la nouvelle alliance le concernant.

Il nous pose 8 choses, quatre sont les différents éléments : pains, poissons, corbeilles et hommes ; les quatre autres étant les quantités.

Bien que dans le principe, les éléments représentent les mêmes choses, concrètement elles se comprennent différemment, et les quantités ajoutent une surcouche dans la compréhension.

b.1) 7 pains.

Les pains restent la révélation de Jésus, par contre, elle est "pondérée" par sa quantité. 7 étant le chiffre de Dieu. Dans le cas présent, ce dont Jésus nous parle, c'est de la révélation du Fils faite par Dieu lui-même. Il parle donc de l'accomplissement de la première multiplication.

b.2) Quelques petits poissons.

Dans sa Parole, Dieu n'est pas avare de quantités chiffrées, pourtant, ici, il ne parle que de quelques petits poissons. Fait d'autant plus étrange que les deux évangiles nous en transmettent la quantité dans les mêmes termes. On aurait pu penser qu'un des évangélistes aurait donné le nombre précis. Après tout, "quelques" ne doit pas être un nombre suffisamment important pour qu'on ne puisse pas l'évaluer sans effort. Pourtant, comme je le disais, les deux évangiles ne font que nous relater le fait qu'il y en avait "quelques". On peut le comprendre de deux manières, soit cela n'a pas d'importance, soit justement cela porte une importance si particulière que la définir par une quantité fixe serait préjudiciable à la compréhension du message.

Il va de soi que c'est la deuxième solution qui est la bonne, ne serait-ce que parce que rien dans la Parole de Dieu n'est sans importance.

Or, ici, "quelques" désigne une quantité qui, justement n'est pas fixe et ne peut donc être définie que par un ordre de grandeur. Il s'agit des serviteurs de Dieu. Les serviteurs dans la première multiplication, étaient les pains, ils étaient attachés au corps et donc au charnel. La dispensation de la grâce fait que, désormais, les serviteurs ne peuvent l'être qu'en esprit, le "sacerdoce royal" dont nous parle Pierre dans sa première épître (1 Pierre 2.9). Dès lors, ils sont représentés non pas par le pain, mais par les poissons. A partir de là, il est plus facile de comprendre le pourquoi de "quelques" au lieu d'un nombre défini. C'est donc à rapprocher de : la moisson est grande mais il y a peu d'ouvriers (Matthieu 9.37).

Les quelques petits poissons représentent donc la faible quantité de serviteurs de Dieu.

b.3) 7 corbeilles.

Une fois de plus, la présence du chiffre 7 va représenter la perfection de Dieu, et les corbeilles sont, comme dans la première multiplication, le symbole de la dispersion de la révélation de Jésus. Cette fois-ci, la dispensation se faisant par le Saint-Esprit, sa propagation dans le peuple se fera en l'état et donc sans perte. On a tendance à commencer d'oublier ce qu'on entend dès l'instant où on l'a entendu pour n'en garder qu'une version plus ou moins proche de l'original. Comme le Saint-Esprit est en nous, nous avons quelqu'un qui nous rappelle en permanence les détails que nous avons tendance à oublier. C'est pour cela qu'il y a 7 corbeilles. Cette fois-ci, la révélation se propagera de manière parfaite dans le corps de Jésus.

b.4) 4000 hommes.

Le nombre d'homme représente une durée. Ce sont les 4000 années qui séparent l'Eden de Jésus, cette compréhension est appuyée par le fait que les 4000 hommes doivent attendre 3 jours avant que Jésus ne les nourrissent.


c) L'explication de la parabole.

Dans la première multiplication, le nombre de poissons représentait Moïse et Josué, qui étaient les seuls à être passés par l'eau et le feu de la nuée pour aller jusqu'à Dieu. Ici également, les poissons représentent la conversion par la grâce. Jésus ayant parlé du tabernacle de Moïse et de la révélation de sa personne dans la première multiplication, parle ici du tabernacle céleste et de la révélation de sa personne.

Ce dont il nous parle, ce sont les 4000 années qui ont mené du Jardin d'Eden jusqu'à lui, 1 homme par année. Ces hommes devant attendre 3 jours qui sont les jours de la résurrection durant lesquels Jésus n'était plus parmi eux, absence représentée par le fait qu'ils n'aient rien à manger (voilà trois jours qu'ils sont près de moi, et ils n'ont rien à manger).

Suite à ces trois jours, Jésus annonce que le Saint-Esprit leur révélera Jésus. Ce sont les 7 pains (divinité + révélation de Jésus), et que cette révélation sera parfaite, ce qui est représenté par les 7 corbeilles pleines (divinité + propagation).

  • Jean 16.7Cependant je vous dis la vérité: il vous est avantageux que je m'en aille, car si je ne m'en vais pas, le consolateur ne viendra pas vers vous; mais, si je m'en vais, je vous l'enverrai.
  • Jean 16.13.14Quand le consolateur sera venu, l'Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité; car il ne parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu'il aura entendu, et il vous annoncera les choses à venir. Il me glorifiera, parce qu'il prendra de ce qui est à moi, et vous l'annoncera.

5 - Le rapport entre l'une et l'autre.


La première multiplication représente donc la révélation de Jésus à travers la loi. Elle a pour origine l'homme parce que ce sont les disciples qui prennent l'initiative de demander de la nourriture pour le peuple (les disciples s'approchèrent de lui, et dirent), or la loi a été rendue nécessaire par le peuple et pas par Dieu. C'est le refus du peuple de rencontrer Dieu qui a causé le don de la loi. Par contre, la deuxième multiplication représente la révélation de la grâce, c'est pour cela qu'elle ne se fait pas à l'initiative des hommes, mais de Jésus (Jésus, ayant appelé ses disciples, dit: Je suis ému de compassion pour cette foule). 

La première multiplication est donc, d'une étrange manière, inclue dans le nombre d'hommes de la deuxième. Les 4000 représentant la partie de l'histoire de l'humanité qui précède Jésus, partie dont fait cas la totalité de la première multiplication.

La première se passe le jour même / La deuxième se passe après trois jours.

Dans les deux cas, Jésus ne donne pas le pain à la foule, il le rompt et le donne aux disciples qui le donnent à la foule. Ce qui représente évidemment le choix de Dieu d'œuvrer à travers des hommes. Que ce soient Moïse et Aaron en leur temps, ou tous les ministères qu'il choisit de nos jours.

6 - Une signification incomprise pour l'instant.


Dans la première, les hommes s'assoient sur de l'herbe / Dans la deuxième les hommes s'assoient sur de la terre.

Le fait de vouloir impérativement qu'ils s'assoient.

7 - La "troisième' multiplication des pains, une conclusion.


Fait qu'il me semble important de préciser dans le cadre d'une explication sur les multiplications des pains dans les évangiles. Dans chacune des deux premières multiplications, il ne s'agissait pas de faire en sorte que les personnes recevant le pain aient, à chaque fois que Jésus rompait le pain, un morceau rapetissant au fur et à mesure des divisions. Chacun avait systématiquement la quantité nécessaire pour se nourrir et au-delà.

C'est dans cette optique qu'il faut comprendre la troisième multiplication, qui se trouve être la fraction du pain lors du dernier repas. Jésus rompant le pain et précisant que c'est son corps, ne le brise pas, parce que son corps n'a pas été brisé. Jésus ne se donne pas partiellement à ceux qui lui appartiennent. Il se révèle différemment, comme nous le montre ses 7 descriptions aux églises du livre de l'apocalypse, mais ensuite il complète toujours petit à petit cette révélation pour que chacun en ait la totalité, dans la mesure du possible (le temps étant un facteur humain important). Jésus veut que nous lui appartenions intégralement, alors il se livre de la même manière.

C'est pour cela que la fraction du pain de la sainte-Cène ne doit pas être vue comme une division, mais comme une multiplication. Bien que le pain d'un point de vue charnel diminue en quantité, le pain d'un point de vue spirituel se répand dans son intégralité, et sans limite. Ainsi, lorsque Jésus rompt le pain une première fois, chaque morceau représente désormais l'intégralité de qui est Jésus, et à chaque division charnelle, le sens spirituel reste entier.

Jésus annonçait donc dans la première multiplication le don qui était fait aux hommes durant la première partie de l'alliance. Dans la deuxième multiplication, il annonçait le don qui était fait durant la deuxième partie de l'alliance. Finalement, à quelques heures de sceller cette alliance annoncée depuis si longtemps, il fait même passer l'image charnelle de la multiplication dans le spirituelle, divisant le pain, mais en multipliant la signification.