La sainte cène.
Hébreux 8.12 : Je mettrai mes lois dans leur esprit, Je les écrirai dans leur cœur.
La sainte Cène remplace la Pâque et consiste dans le partage du pain, et du vin, pour communier avec le corps de Christ, qui est son église. Le pain doit nous rappeler qui est Jésus, alors que le vin doit nous rappeler ce qu'il a fait pour nous. Techniquement, les croyants ne communient pas entre eux, mais chacun avec Dieu, en qui ils se rejoignent et font donc un.
Un croyant isolé peut prendre la Cène seul.
1 - Introduction.
2 - Origine de la sainte Cène.
3 - La pâque juive.
4 - La sainte cène a été célébrée de la sorte.
5 - Ce qui en ressort.
6 - Qu'est ce qui nous en est dit ... ?
a) ... dans le NT ?
b) ... dans l'AT ?
7 - Explication de Jésus sur le pain et le vin.
8 - Dans les faits.
9 - Avec qui peut-on prendre la cène ?
10 - Un petit avertissement.
1 - Introduction.
Petite parenthèse orthographique : Pâque (sans 's') est l'orthographe de la Pâque Juive, alors que Pâques (avec 's') est l'orthographe de la fête chrétienne.
La sainte Cène fait partie de ces passages qu'on prend comme acquis et qui pourtant sont fondamentaux. On 'sait' que la Parole de Dieu y fait mention et on se contente de se dire qu'il s'agit de boire du vin et de manger du pain. Schématisation qui, si elle n'est pas fausse, fait l'impasse sur quelques détails d'importances.
Nous allons essayer ici de faire un tour d'horizon rapide, histoire de se mettre à jour.
2 - Origine de la sainte Cène.
Tout d'abord, pour situer le moment où là sainte cène a été faite pour la première fois, il faut se rappeler qu'elle se passe le jour de la Pâque Juive. Jésus sait qu'il va mourir et transmet à ses disciples une nouvelle alliance (Luc 22.20). Il faut donc considérer que le choix de la Pâque pour ce faire, vient de ce que la Sainte Cène va désormais remplacer la Pâque.
Rappelons que la Pâque est censée commémorer la sortie du peuple de Dieu de son esclavage égyptien. La Sainte Cène va devenir le pendant spirituel de cela, elle va, à son tour, accomplir la loi, et symboliser la sortie de l'esclavage spirituel.
Il faut donc voir, si l'une devient l'autre, qu'il y a un rapport qui doit être évident entre les deux. En conséquence de quoi nous allons rapidement regarder différents points caractérisant l'une et l'autre, en dressant le parallèle entre la Pâque Juive traditionnelle et les passages de la Sainte Cène dans les évangiles.
3 - La pâque juive.
1 - Il fallait préparer une pièce, elle était habituellement située dans la partie la plus élevée d'une maison et on y accédait par un escalier extérieur. On l'appelait « chambre haute ». Elle devait être meublée.
2 - La présence de dix hommes au minimum était nécessaire pour que Dieu soit présent. Jésus a ramené ce nombre à DEUX OU TROIS : « Là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d'eux » (Matthieu 18.20).
3 - Chaque chef de famille devait se procurer un agneau d'un an, sans défaut (Exode 12.5)
4 - Avant d'immoler l'agneau, il fallait rassembler la famille, les amis, les convives. (Exode 12.4)
5 - L'agneau était transporté au temple par le père et égorgé dans la cour intérieure, vers 15 heures. Le sang recueilli était versé au pied de l'autel. L'agneau était tout entier rôti au feu en évitant de briser les os.
6 - Dans la maison, il ne devait plus y avoir de trace de levain ou de pâte fermentée. (Exode 12.15-19). On ne devait manger que du pain azyme en souvenir du « pain d'affliction », préparé à la hâte le jour de la sortie d'Egypte. (Deutéronome 16.1-8).
7 - La célébration se faisait à la tombée de la nuit.
4 - La sainte cène a été célébrée de la sorte.
1 - Dans une chambre haute, meublée, toute prête. (Marc 14.15).
2 - Avec la présence de 12 apôtres, respectant ainsi le chiffre minimum de 10. (Marc 14.17).
3 - Qu'il (Jésus) a été lui-même immolé en tant qu'AGNEAU DE DIEU, SANS DEFAUT. (Apocalypse 5.6-9).
4 - Qu'aucun de ses os n'a été brisé. (Jean 19.33-36).
5 - Qu'à Golgotha, hors des murs de Jérusalem, SA MORT coïncidait à l'immolation des agneaux au temple, vers trois heures de l'après-midi. (Matthieu 27.46).
5 - Ce qui en ressort.
Jésus n'essaye pas de rompre avec la tradition de la Pâque Juive, au contraire. Il essaye de la faire comprendre à un nouveau niveau. Ce qui signifie bien entendu que l'ancien ne sera plus nécessaire. De la même manière qu'ayant, d'un point de vue plus général, accompli la loi, il n'est plus permis de lapider qui que ce soit, même si nous ne pouvons toujours pas agréer la faute commise.
Expliquons ce qui me fait dire que la Pâque ne doit plus être pratiquée.
Si on excepte tout le décorum, la fête de la Pâque consiste fondamentalement à commémorer une libération en mangeant un sacrifice. Dans le cas présent, c'est celui de l'agneau dont le sang a été répandu sur le bois du linteau des portes des hébreux en Egypte. Le parallèle est donc assez facile à faire.
Jésus étant ce sacrifice, le fait de rompre le pain et de boire le vin représente l'accomplissement de la sortie d'Egypte. La Pâque est représentée par le sacrifice de Jésus lui-même. Il choisit de donner cette nouvelle alliance au moment de la Pâque justement pour qu'il n'y ait pas de cessation d'alliance. La nouvelle prend la suite directe de l'ancienne. Elles n'existent pas simultanément. La Cène, ou Sainte-Cène, est donc la nouvelle forme que prend la Pâque.
Tout ce que je viens de dire se trouve résumé dans un passage de l'épître aux Hébreux.
- Hébreux 8.10-12 : Car c'est avec l'expression d'un blâme que le Seigneur dit à Israël: Voici, les jours viennent, dit le Seigneur, où je ferai avec la maison d'Israël et la maison de Juda une alliance nouvelle, Non comme l'alliance que je traitais avec leurs pères, le jour où je les saisis par la main pour les faire sortir du pays d'Égypte; car ils n'ont pas persévéré dans mon alliance, et moi non plus je ne me suis pas soucié d'eux, dit le Seigneur. Mais voici l'alliance que je ferai avec la maison d'Israël, après ces jours-là, dit le Seigneur: Je mettrai mes lois dans leur esprit, Je les écrirai dans leur cœur; et Je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple.
Ce passage, qui parle clairement de la Cène, nous dit aussi que le but est de mettre les lois de Dieu dans notre esprit et dans notre cœur. Une forme de désacralisation des rites physiques dans le but d'atteindre une plus grande sanctification dans le message qu'ils véhiculaient.
6 - Qu'est ce qui nous en est dit ... ?
a) ... dans le NT ?
Jean ne nous parle pas de la Cène, par contre, les trois autres évangiles y font mention.
- Matthieu 26.26-27 : Pendant qu'ils mangeaient, Jésus prit du pain; et, après avoir rendu grâces, il le rompit, et le donna aux disciples, en disant : Prenez, mangez, ceci est mon corps. Il prit ensuite une coupe; et, après avoir rendu grâces, il la leur donna, en disant: buvez-en tous;
- Marc 14.22-24 : Pendant qu'ils mangeaient, Jésus prit du pain; et, après avoir rendu grâces, il le rompit, et le leur donna, en disant: Prenez, ceci est mon corps. Il prit ensuite une coupe; et, après avoir rendu grâces, il la leur donna, et ils en burent tous. Et il leur dit: Ceci est mon sang, le sang de l'alliance, qui est répandu pour beaucoup.
- Luc 22.19-20 : Ensuite il prit du pain; et, après avoir rendu grâces, il le rompit, et le leur donna, en disant: Ceci est mon corps, qui est donné pour vous; faites ceci en mémoire de moi. Il prit de même la coupe, après le souper, et la leur donna, en disant: Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang, qui est répandu pour vous.
Dans les trois cas, on note que Jésus rend grâce avant de rompre le pain ET avant de leur donner la coupe. Dans l'évangile de Luc, la mention : 'il prit de même la coupe' indique qu'il fit de la même manière qu'avec le pain, et donc qu'il rendit également grâce.
b) ... dans l'AT ?
Jérémie nous montre en un verset que rompre le pain et partager la coupe est quelque chose d'important.
- Jérémie 16.7 : On ne rompra pas le pain dans le deuil pour consoler quelqu'un au sujet d'un mort, et l'on n'offrira pas la coupe de consolation pour un père ou pour une mère.
Bien sûr, il ne parle pas ici de le faire, mais justement de ne pas le faire. Cependant, le fait qu'il l'appelle la coupe de consolation est intéressant. Elle est censée permettre de partager symboliquement le sang de Jésus, ce qui la qualifie parfaitement pour porter ce nom.
Esaïe de son côté est beaucoup plus précis.
- Esaïe 53.5 : Mais il était blessé pour nos péchés, brisé pour nos iniquités; le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui, et c'est par ses meurtrissures que nous sommes guéris.
Ce passage et sans cesse utilisé comme annonce prophétique du sacrifice de Jésus, et ce, bien qu'il soit fait mention de ce qu'Il est brisé, alors que nous savons qu'aucun des os de Jésus ne l'a été sur la croix. Il faut déjà y voir le symbole de la fraction du pain.
7 - Explication de Jésus sur le pain et le vin.
- Jean 6.32 ... 63 : 32-33 Jésus leur dit: En vérité, en vérité, je vous le dis, Moïse ne vous a pas donné le pain du ciel, mais mon père vous donne le vrai pain du ciel; car le pain de Dieu, c'est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. 35 Jésus leur dit: Je suis le pain de vie. Celui qui vient à moi n'aura jamais faim, et celui qui croit en moi n'aura jamais soif. 48-51 Je suis le pain de vie. Vos pères ont mangé la manne dans le désert, et ils sont morts. C'est ici le pain qui descend du ciel, afin que celui qui en mange ne meure point. Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel. Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement; et le pain que je donnerai, c'est ma chair, que je donnerai pour la vie du monde. 53-58 Jésus leur dit: En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez la chair du Fils de l'homme, et si vous ne buvez son sang, vous n'avez point la vie en vous-même. Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang à la vie éternelle; et je le ressusciterai au dernier jour. Car ma chair est vraiment une nourriture, et mon sang est vraiment un breuvage. Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang demeure en moi, et je demeure en lui. Comme le père qui est vivant m'a envoyé, et que je vis par le père, ainsi celui qui me mange vivra par moi. C'est ici le pain qui est descendu du ciel. Il n'en est pas comme de vos pères qui ont mangé la manne et qui sont morts: celui qui mange ce pain vivra éternellement. 63 C'est l'Esprit qui vivifie; la chair ne sert à rien. Les paroles que je vous ai dites sont Esprit et vie.
C'est étrange de voir à quel point Jésus insiste. Il donne réellement l'impression de vouloir choquer ses auditeurs. Il est d'ailleurs probable qu'il le faisait volontairement. Il parle à des juifs et commence son explication en expliquant des choses qui ne peuvent que révulser les Juifs concernant Moïse. Il est en train, sans que son auditoire ne s'en rende compte, de faire le tri. La manière dont il se présente, en tant que pain de vie qui serait la version parfaite de la manne céleste, qui en conséquence ne l'était pas, et en demandant à ce qu'on Le mange et qu'on boive Son sang, alors que le sang est sacré et que le boire ne peut être toléré dans la religion qui lui fait face.
Il commence et termine son discours sur la comparaison avec la manne. Il faut comprendre que de nos jours, rares sont ceux qui laissent un discours se terminer. Les gens se coupent la parole en boucle, sans avoir le moindre respect les uns pour les autres. A l'époque il n'en allait pas de même. Jésus sait que même si ses interlocuteurs ne sont pas d'accord, ils le laisseront terminer, ce qui lui permet de construire un discours avec une introduction, un développement et une fin. Dans le pire des cas il peut toujours se faire lapider après, mais ils le laisseront terminer. On constate également cette façon de se comporter avec le témoignage d'Étienne, juste avant qu'il ne se fasse lapider.
Donc, dans tout son discours, il insiste, en étant presque lourd, sur une forme de cannibalisme religieux qui consisterait à le dévorer et le boire, et il introduit et 'pré'cloture son discours sur un léger tacle à Moïse. Après avoir discouru de la sorte, la dernière chose qu'il dit est folle : C'est l'Esprit qui vivifie; la chair ne sert à rien. Les paroles que je vous ai dites sont Esprit et vie. En une phrase il modifie la compréhension de tout ce qu'il vient de dire. Il vient de dire que toutes ses paroles représentent quelque chose de spirituel et non quelque chose de charnel. Ainsi, lorsqu'il affirmait, par exemple, être le pain de vie et qu'il fallait le manger, il ne parlait pas de quelque chose de physique puisqu'il termine son discours en affirmant non seulement que c'est l'Esprit qui vivifie, mais également que la chair ne sert à rien.
La clef de la compréhension se trouve dans le fait que le corps de christ représente sa personne, soit, qui il est, alors que le sang représente ce qu'il fait.
Il est bon de relire le passage en gardant à l'esprit cet élément de compréhension.
Luc nous apporte également un élément de compréhension qui va dans le même sens.
- Luc 22.19-20 : Ensuite il prit du pain; et, après avoir rendu grâces, il le rompit, et le leur donna, en disant: Ceci est mon corps, qui est donné pour vous; faites ceci en mémoire de moi. Il prit de même la coupe, après le souper, et la leur donna, en disant: Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang, qui est répandu pour vous.
faites ceci en mémoire de moi, concernant le corps, signifie également que c'est en souvenir de qui il est, alors que la coupe représente le sang, qui est répandu pour nous, donc également ce que Jésus à fait pour nous.
8 - Dans les faits.
- Actes 2.46-47 : Ils étaient chaque jour tous ensemble assidus au temple, ils rompaient le pain dans les maisons, et prenaient leur nourriture avec joie et simplicité de cœur, louant Dieu, et trouvant grâce auprès de tout le peuple. Et le Seigneur ajoutait chaque jour à l'église ceux qui étaient sauvés.
La première chose à voir dans ce passage est que les disciples ne prenaient pas la sainte Cène au temple. Ils rompaient le pain dans les maisons pendant les repas, et se réunissaient ensuite.
La deuxième chose concerne le fait que le Seigneur ajoutait chaque jour à l'église ceux qui étaient sauvés. J'ai souvent entendu faire le lien entre cette partie et le fait de prendre la sainte Cène. Ce qui a constamment le tord de placer la sainte Cène comme un évènement intrinsèquement puissant. Alors qu'il n'en est rien. Prendre un petit-déjeuner arrosé ne change rien, c'est le faire pour les bonnes raisons et en comprenant ce qu'on fait qui peut changer la donne.
Dans ce passage, Luc nous explique simplement que l'Église restait en contact permanent avec Jésus et était toujours le témoignage vivant de ce qu'il faisait. C'est pour cela qu'ils trouvaient grâce auprès de tout le peuple. Si les sauvés augmentaient en nombre c'était à cause du témoignage de la vie que menaient les disciples d'alors. Une gorgée et deux coups de mastications en se donnant un air spirituel ne changera jamais rien.
La Cène est importante, elle est à la fois un symbole et un rappel de ce que nous devons être, c'est à dire l'image de Christ. C'est le renvoi à ce dont elle est la marque qui a de la puissance.
9 - Avec qui peut-on prendre la cène ?
Fondamentalement, avec n'importe quels frères ou sœurs en Christ. Je me suis souvent demandé s'il était bon de la prendre avec des frères dont on doute de la sincérité. Jésus nous en donne la réponse assez simplement dans l'évangile de Luc : Cependant voici, la main de celui qui me livre est avec moi à cette table (Luc 22.21). Jésus avait beau savoir que Judas le trahirait dans les minutes qui suivraient, cela ne l'a pas empêché de prendre la Cène en sa compagnie, et ce pour une raison simple. Vous ne communiez pas avec la personne qui est à vos côtés quand vous le faites, mais avec le corps de Christ. La différence étant que si cette personne ne fait pas réellement partie du corps de Christ, vous n'avez tout simplement pas communié avec elle.
Un autre cas particulier est intéressant. La Sainte Cène est faite pour être prise avec les frères et sœurs. La question se pose donc concernant un frère ou une sœur qui serait isolé et n'aurait pas la possibilité de communier. Je ne crois pas que cette personne doive être privée de la communion, qui est spirituelle, sous prétexte qu'elle est déjà privée de la proximité charnelle de sa famille en Christ. Je pense qu'il en est comme du Sabbat, où il est permis de faire du bien et de venir en aide, alors que la loi interdisait de faire quoi que ce soit. L'amour est une loi supérieure, autant nous ne pouvons laisser celui qui est dans le besoin parce que c'est Sabbat, autant priver quelqu'un de la Sainte Cène parce que cette personne est seule n'est pas emprunt d'amour. Je pense que cette personne peut communier en Esprit avec le corps de Christ, tout comme ceux qui ont le bonheur de pouvoir communier à plusieurs peuvent le faire.
10 - Un petit avertissement.
Personnellement j'associe un verset qui peut ne pas être compris de la sorte. Cependant, il me semble que cela fait sens.
- Matthieu 5.23-24 : Si donc tu présentes ton offrande à l'autel, et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande devant l'autel, et va d'abord te réconcilier avec ton frère; puis, viens présenter ton offrande.
Pas besoin d'explications, la chose est claire.
LES DEUX BUTS DE LA SAINTE CENE SONT DE
se rappeler de ce qu'il a fait pour nous,
ET DE
se rappeler de qui il est.