Psaumes 32.1 :
Bienheureux celui dont la transgression est pardonnée.
Le pardon libère tout le monde. Tant qu'on ne pardonne pas, on reste lié, soit à une personne, soit à une situation. Il faut comprendre que pardonner ne nous libère pas uniquement, mais également l'autre, que nous retenons captif. Pardonner est une obligation si on prétend suivre Jésus. Pardonner, ou être pardonné, n'exclut pas la faute, elle reste commise.
1 - Introduction.
2 - La bonne nouvelle.
a) Différence entre purification et sanctification.
b) Nous ne péchons pas.
c) Tout nous éloigne.
3 - D'où vient l'impérieuse nécessité du pardon ?
4 - La mission que nous a confiée Jésus, nous pardonner.
5 - Les deux plus beaux exemples de pardon.
a) Etienne.
b) Jésus.
6 - Le pardon libère la vie de prière.
a) Une directive conditionnelle.
b) Une direction différente.
c) Une condition première.
7 - Le pardon est un état d'esprit.
a) Une simplicité progressive.
b) Le piège du pardon.
c) Délier ce qui est lié.
d) 490 ou 77 ?
- d.1) Impossibilité d'une valeur fixe.
- d.2) Une possibilité émerge.
8 - Notre obligation de pardon mutuel.
9 - Recommandations.
10 - Avertissement.
1 - Introduction.
Notre vie et notre probité sont un excellent témoignage pour amener des âmes à Christ, cependant, certaines âmes ne pourront pas obtenir la paix par ce biais ; il existe d'autres armes pour les rattacher plus fortement au royaume de notre Seigneur Jésus-Christ.
Il est vrai que la prière est l'une de celles-là.
Cependant, ce n'est pas non plus de ce sujet qu'il convient de parler dans l'immédiat.
- Psaumes 32.1 : Bienheureux celui dont la transgression est pardonnée, [et] dont le péché est couvert !
Il est temps de prendre conscience de notre responsabilité personnelle dans la situation des autres personnes. Non pas que nous devions accepter un quelconque esprit de culpabilité, mais plutôt que nous devons accepter de pardonner aux autres et à nous-même avec plus de facilité. D'autant plus que nous ne pourrons nous pardonner à nous-même que lorsque nous aurons pardonné aux autres.
Pardonner en grec se dit APHEIMI et signifie : « faire disparaître, éloigner de ».
- Psaumes 103.12 : Autant l'orient est loin de l'occident, autant il a éloigné de nous nos transgressions.
- Michée 7.19 : Il aura encore une fois compassion de nous, il mettra sous ses pieds nos iniquités; et tu jetteras tous leurs péchés dans les profondeurs de la mer.
- Esaïe 43.25-26 : C'est moi, c'est moi qui efface tes transgressions à cause de moi-même; et je ne me souviendrai pas de tes péchés. Fais-moi souvenir, plaidons ensemble; raconte toi-même, afin que tu sois justifié.
Le pardon est l'expression la plus claire de l'Amour de Dieu, la croix elle-même est un sacrifice rendu nécessaire suite au pardon de nos péchés. Nous les ayant pardonnés, il a du en porter la punition à notre place.
2 - La bonne nouvelle.
- 1 Jean 1.6-9 : Si nous disons que nous avons communion avec lui, et que nous marchions dans les ténèbres, nous mentons, et nous ne pratiquons pas la vérité; mais si nous marchons dans la lumière, nous avons communion les uns avec les autres, et le sang de Jésus-Christ nous purifie de tout péché. Si nous disons que nous n'avons pas de péché, nous nous séduisons nous-mêmes, et la vérité n'est pas en nous. Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute iniquité.
La bonne nouvelle est qu'en Jésus, nous sommes purifiés de tout péché. Etant donné que c'est le péché qui nous sépare, tant de Dieu que des hommes de bien, lorsque nous marchons dans la lumière, nous nous rapprochons naturellement de ceux qui font de même.
a) Différence entre purification et sanctification.
Ce sont deux termes que nous lisons en permanence dans la Parole de Dieu, mais nous parvenons assez difficilement à faire la différence. Non pas qu'elle soit si complexe, mais les informations sont souvent éparses, et faire la synthèse n'est pas toujours évident. Dans l'ancienne alliance, on purifiait la chair par le lavage à l'eau, et on sanctifiait l'âme (par exemple des sacrificateurs). Dans la nouvelle alliance, les deux sont passées dans le spirituel, mais ont cependant conservé exactement la même signification.
La purification enlève les saletés, avant c'était du corps, maintenant, il s'agit des péchés. Comme nous le dit le passage cité plus haut, c'est par le sang de Jésus que nous sommes purifiés.
La sanctification de son côté est la suite de la purification. Il ne peut pas y avoir de sanctification sans une purification préalable. La sanctification c'est le travail fait par le Saint-Esprit en nous dans le but de nous rendre compatibles avec le Père céleste. Pierre nous en donne la raison dans sa première épître :
- 1 Pierre 1.15-16 : Mais, puisque celui qui vous a appelés est saint, vous aussi soyez saints dans toute votre conduite, selon qu'il est écrit: Vous serez saints, car je suis saint.
Le baptême d'eau est le symbole de la purification, il est, dans la nouvelle alliance, le pendant des ablutions des sacrificateurs dans la cuve d'airain. Le baptême du Saint-Esprit est le symbole de la sanctification.
b) Nous ne péchons pas.
Ce passage est malheureusement utilisé pour justifier le péché, ou tout du moins pour l'excuser. Jean nous y dit : Si nous disons que nous n'avons pas de péché, nous nous séduisons nous-mêmes. Il n'en faut pas plus pour que de très nombreux croyants mal instruits y voient le fait que tout le monde pèche, et donc qu'ils ne sont pas si mauvais que ça, ils sont juste 'comme tout le monde'.
Cependant, ça n'est pas du tout ce que Jean dit ici, et on se rend compte que cette compréhension est problématique lorsque quelques chapitres plus loin, dans la même épître, l'évangéliste nous dit ce qui suit :
- 1 Jean 3.4-6 : Quiconque pèche transgresse la loi, et le péché est la transgression de la loi. Or, vous le savez, Jésus a paru pour ôter les péchés, et il n'y a point en lui de péché. Quiconque demeure en lui ne pèche point; quiconque pèche ne l'a pas vu, et ne l'a pas connu.
Pourtant, ces deux passages ne sont aucunement contradictoires, en réalité, ils collent parfaitement ensemble, et sont confirmés par une autre affirmation de Jean qui se trouve cette fois-ci dans l'évangile portant son nom :
- Jean 3.18 : Celui qui croit en lui n'est point jugé; mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu'il n'a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.
Si vous êtes en Christ, vous ne pouvez plus entrer en jugement, parce que nous ne péchez plus.
C'est là la ligne qui nous permet de comprendre comment les deux premières affirmations de Jean peuvent être simultanément cohérentes. Dans la première, il nous dit : Si nous disons que nous n'avons pas de péché, nous nous séduisons nous-mêmes. Il ne dit pas que nous péchons, mais que nous avons des péchés. Alors que dans sa deuxième affirmation, il parle justement de ce que nous ne péchons pas si nous sommes en Christ : Quiconque demeure en lui ne pèche point.
C'est le résultat de la sanctification. Le sang de Jésus nous purifie de nos péchés, et le Saint-Esprit commence alors son travail de sanctification en nous. Dans notre progression, nous réalisons que les fautes pour lesquelles nous avons demandés pardon et avons été pardonnés, étaient bien plus profondes que nous ne l'imaginions. Plus nous nous approcherons de Dieu, à travers la sanctification, plus nous comprendrons la nature du péché, et nous redemanderons pardon pour des choses que nous pensions réglées. Sans le travail du Saint-Esprit, nous ne pourrions pas comprendre la nature du péché.
Jean nous dit donc bien que nous avons des péchés, mais il nous dit également que nous ne péchons plus. Plus nous avançons et plus nous réalisons notre éloignement.
c) Tout nous éloigne.
Arrive un temps où nous comprenons que tout nous éloigne de Dieu, seul Dieu peut nous rapprocher de lui. C'est le sang de son Fils qui nous purifie, c'est son Esprit qui nous sanctifie. De nous-même nous ne pouvons rien, et même nos louanges sont impures. Nos mots ne peuvent pas faire justice à sa grandeur. Si nous n'avions pas en Jésus un intercesseur dont le sang nous couvre, le Père céleste ne tournerait pas ses regards vers nous. Si vous passez trois heures dans la prière n'en soyez pas fier, c'est uniquement parce qu'il l'a voulu. Si vous étudiez la Parole 10 heures par jour, n'en soyez pas fier, c'est uniquement parce qu'il vous en donne la force. En toute chose nous ne sommes que les bénéficiaires de ses largesses. Et quand bien même nous parvenons à comprendre cela, nous ne pourrons que pleurer sur notre propre misère en nous approchant un peu plus encore.
C'est ce qui arrive à Esaïe, prophète d'une grande droiture, et à qui Dieu a confié d'impressionnantes annonces. Pourtant, quelle que soit sa droiture, il dira :
- Esaïe 6.5-7 : Alors je dis: Malheur à moi! je suis perdu, car je suis un homme dont les lèvres sont impures, j'habite au milieu d'un peuple dont les lèvres sont impures, et mes yeux ont vu le Roi, l'Éternel des armées. Mais l'un des séraphins vola vers moi, tenant à la main une pierre ardente, qu'il avait prise sur l'autel avec des pincettes. Il en toucha ma bouche, et dit: Ceci a touché tes lèvres; ton iniquité est enlevée, et ton péché est expié.
Aussi droit qu'il ait pu être, il croyait que sa fin était venue, parce qu'il venait de comprendre Dieu à un nouveau niveau et il réalisait la misère de sa condition.
Job aura la même réaction, lui dont Dieu témoigne de la justice et de la droiture dira après avoir vu son Dieu :
- Job 42.5-6 : Mon oreille avait entendu parler de toi; Mais maintenant mon œil t'a vu. C'est pourquoi je me condamne et je me repens Sur la poussière et sur la cendre.
Si nous ne pouvions pas compter sur le pardon de notre Dieu, obtenu par le sacrifice de Jésus, nous serions sans espoir. Là est toute la puissance du pardon.
3 - D'où vient l'impérieuse nécessité du pardon ?
En fait le problème est simple, que l'on ait fait mal à quelqu'un, ou que l'on ait été heurté par quelqu'un, il se crée un lien entre cette personne et nous. A travers ce lien peut naître beaucoup de choses négatives (irritation, amertume, colère, manque de confiance, honte...).
Il ne sert à rien de combattre l'amertume qui aurait une telle source sans passer tout d'abord par le pardon. L'ennemi est trop friand de nous pour ne pas s'engouffrer dans cette porte ouverte. C'est l'une des raisons pour lesquelles nous nous devons de régler nos problèmes.
Jésus nous dit que ce n'est pas lui qui nous juge, mais sa Parole qui est déjà sur Terre (Jean 12.48), et sa Parole nous dit de nous aimer les uns les autres ; par conséquent, en ne nous aimant pas, nous devenons rebelles à sa volonté et donc pécheurs.
Il est vrai qu'un tel ou une telle pourra prétendre pouvoir décider s'il ou elle veut vivre sous un fardeau inutile. Mais notre pensée, étant de nous aimer les uns les autres comme Christ nous a aimé, devrait être la suivante : ne pas pardonner, ou remettre le pardon à plus tard, place la personne à qui nous devons pardonner, sous un fardeau qu'elle peut très bien ne pas comprendre.
De plus, que se serait-il passé si Jésus avait également agi de la sorte, se disant qu'il pouvait encore attendre 2 ou 3000 ans avant d'expier nos péchés ? Il l'a fait de suite, parce qu'il savait dans quelle misérable condition nous nous trouvions.
Je le répète, nous sommes libres de vouloir vivre sous d'inutiles fardeaux, mais avons-nous réellement le droit d'en imposer aux autres. Ces fardeaux peuvent les empêcher de progresser avec Dieu, voire même les empêcher de le rencontrer.
Je sais que Jésus est mort pour moi, et qu'il est revenu à la vie trois jours plus tard, mais je sais également qu'il est mort pour tous ceux qui m'ont fait du mal. Il est mort pour tous les pécheurs.
De quel droit pourrions nous garder quoi que ce soit contre quelqu'un, alors que Jésus l'a tant aimé qu'il a donné sa vie pour lui. Nous aurons à rendre compte non seulement des paroles dites, mais également de celles que nous avons tues. Et Dieu agréé le pardon ; une parole de pardon est une chose agréable aux oreilles de Dieu, et par ces paroles, nous serons justifiés, tout comme par l'absence de ces paroles, nous serons condamnés.
- Matthieu 12.36-37 : Je vous le dis, au jour du jugement, les hommes rendront compte de toute parole vaine qu'ils auront proféré. Car par tes paroles tu seras justifié, et par tes paroles tu seras condamné.
Nous avons tous été blessés un jour ou l'autre, et je crois qu'il est temps de libérer les captifs, de leur ouvrir la porte du ciel.
Que se passera-t-il, si nous refusons de demander pardon ou de pardonner, lorsque nous nous trouverons devant notre Roi ? Que répondrons-nous lorsqu'Il nous demandera pourquoi nous n'avons pas libéré la puissance du pardon ?
Ferons-nous comme Adam et Eve ? Dirons-nous que la faute vient de l'autre ? Rejetterons-nous la faute sur d'autres ?
4 - La mission que nous a confiée Jésus, nous pardonner.
- Matthieu 28.19-20 : Allez donc, et faites disciples toutes les nations, les baptisant pour le nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, leur enseignant à garder toutes les choses que je vous ai commandées, et voici, moi je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la consommation du siècle.
- Jean 20.21-23 : Jésus donc leur dit encore : Paix vous soit ! Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie. Et ayant dit cela, il souffla en eux, et leur dit : Recevez [l']Esprit Saint. A quiconque vous remettrez les péchés, ils sont remis; [et] à quiconque vous les retiendrez, ils sont retenus.
Pardonner est une mission en soi, cela fait partie des directives que Jésus nous a données en nous envoyant vers les païens. Certains croyants ont une certaine distance avec cela, ils préfèrent penser que leur rôle est d'amener les personnes à Dieu et que c'est le travail de Dieu de leur pardonner, mais Jésus pardonnait les péchés et il nous a demandé de continuer son œuvre. Jean 20.21-23 est clair sur le fait que c'est une directive de Dieu. D'autant que lorsque Jésus souffle sur ses disciples, il a déjà été glorifié, il est redevenu Dieu. Cependant, il est important de ne pas omettre le fait que le verset 23 ne nous dit pas de pardonner à tour de bras, il faut le faire avec la sagesse de Dieu, parce que dans certains cas, les péchés sont retenus. On ne pardonne pas un péché parce qu'on en a envie, comme toute chose qui se fait au nom de Dieu, il faut la faire lorsque c'est en accord avec Dieu, et dans le doute, il vaut mieux s'abstenir (et combattre le doute).
Dans les premiers envois, celui des douze, puis celui des 70, il n'y avait pas la notion de pardonner les péchés. Elle n'apparaît qu'une fois que les disciples ont reçu le Saint-Esprit, parce que, bien que ce soit l'un de nos rôles sur terre, nous ne pouvons le faire que de la manière dont Jésus le faisait. Il est venu nous montrer l'exemple, et on voit bien qu'il ne courait pas le long des chemins d'Israël en pardonnant à tour de bras. Jésus regardait au Père. La seule fois où il a pardonné, c'était lorsque le paralytique avait été passé par le toit, et il ne lui a pas dit qu'il lui pardonnait ses péchés, mais que ses péchés étaient pardonnés. Pourquoi lui et pas quelqu'un d'autre ? Parce que Dieu en a décidé ainsi. Nous ne devons pas faire les choses parce que nous les approuvons, mais parce que Dieu nous les montre. Si vous n'êtes pas capable de l'entendre ou de voir ce que vous devez faire, contentez-vous de faire les premières choses. Commencez à pardonner les fautes qui vous ont été faites, et demandez pardon pour les vôtres. Chaque chose en son temps. Par contre, ne rejetez pas la notion de pardon des péchés sous le prétexte que les églises des hommes la refusent, affirmant que c'est à Dieu de pardonner les péchés. Ils se réfugient derrière une vérité en la transformant en mensonge. Oui, Dieu seul pardonne les péchés, mais dans certains cas, il en transmet l'information à travers nous. C'est ce que Jésus a fait, il n'a pas pardonné, il a transmis une information.
Ce que sous-entend Jean, c'est que nous devons être totalement imprégnés par Dieu. Nous devons voir la vérité et cerner le mensonge. Si un repentir est sincère, alors nous devons être capables de voir le pardon de Dieu et pardonner cette personne.
5 - Les deux plus beaux exemples de pardon.
a) Etienne.
- Actes 7.60 : Et s'étant mis à genoux, il cria à haute voix : Seigneur, ne leur impute point ce péché. Et quand il eut dit cela, il s'endormit; et Saul consentait à sa mort.
Ce verset n'est pas simplement le signe de la grande bonté d'Etienne, qui parviendrait à pardonner à ceux qui le lapident. Cela va bien au-delà. Les paroles de Jésus sont claires : A quiconque vous remettrez les péchés, ils sont remis; [et] à quiconque vous les retiendrez, ils sont retenus (Jean 20.23). Cela signifie qu'Etienne, ayant pardonné la faute, Dieu ne la retient pas. Sur la croix, Jésus disait : Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font (Luc 23.34). Dieu redemande le sang de ses Saints à ceux qui l'ont fait couler, mais Saul, qui est l'instigateur de cette mise à mort, n'en subira pas la peine. Au contraire, pardonné par Etienne, Dieu peut avoir accès à lui et le changer. Il est probable que sans la foi et l'amour d'Etienne pour les perdus, Saul ne se serait jamais convertis, parce que Dieu l'aurait puni pour ce qu'il avait fait.
Là est la puissance du pardon. En reproduisant ce que Jésus a fait, nous en reproduisons les conséquences, et si celui de Jésus permet le salut de l'humanité, le nôtre permet celui de la personne que nous pardonnons. Comprenez que pardonner est un sacrifice en soi. Lorsqu'une faute est commise envers vous, vous avez un droit légitime devant Dieu d'obtenir réparation. Pardonner, c'est abandonner (donc sacrifier) ce droit pour le bien de celui qui vous a fait du mal. Tout comme le meurtre de Jésus, le meurtre d'Etienne a engendré un sacrifice.
b) Jésus.
- Luc 23.34 : Et Jésus dit : Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font.
Ce pardon est si impressionnant qu'il convient de venir dessus.
Jésus est mis sur la croix, en compagnie de deux brigands (Matthieu 27.38 : Avec lui furent crucifiés deux brigands, l'un à sa droite, et l'autre à sa gauche). Les deux brigands vont joindre leurs insultes à celles du peuple :
- Matthieu 27.44 : Les brigands, crucifiés avec lui, l'insultaient de la même manière.
Jésus, dont le sacrifice est un acte de compassion pour l'humanité prononce alors cette fameuse parole :
- Luc 23.34 : Jésus dit: Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font.
A la prononciation de ces mots, la situation change, et un des brigands change d'attitude :
- Luc 23.39-42 : L'un des malfaiteurs crucifiés l'injuriait, disant: N'es-tu pas le Christ? Sauve-toi toi-même, et sauve-nous! Mais l'autre le reprenait, et disait: Ne crains-tu pas Dieu, toi qui subis la même condamnation? Pour nous, c'est justice, car nous recevons ce qu'ont mérité nos crimes; mais celui-ci n'a rien fait de mal. Et il dit à Jésus: Souviens-toi de moi, quand tu viendras dans ton règne.
La Parole de Dieu ne pouvant pas se contredire, la seule explication vient de ce que les deux rédacteurs relatent des moments différents de la crucifixion. Cette différence vient d'un changement d'attitude de l'un des brigands. Jésus a donc fait quelque chose qui a permis à l'un des brigands de se repentir. En outre, sachant que Jésus était crucifié, quoi qu'il ait fait, cela ne peut pas être un acte, mais ne peut être qu'une Parole. Or, connaissant toutes les Paroles de Jésus sur la croix, je n'en vois qu'une seule qui ait pu changer la donne.
Jean nous disait dans sa première épître : Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous les pardonner, et pour nous purifier de toute iniquité (1 Jean 1.9). Nous avons bien ici un brigand qui reconnaît ses fautes et la justesse de sa punition (Luc 23.41a), puis qui reconnaît dans un premier temps l'innocence de Jésus (Luc 23.41b) pour finalement également reconnaître sa divinité (Luc 23.42). Conformément à ce que disait Jésus dans l'évangile de Matthieu, ce brigand a été justifié par ses paroles (Matthieu 12.37), et c'est ce qui amènera Jésus à lui certifier son salut.
La puissance du pardon a brisé ses chaînes spirituelles et lui a permis de reconnaître la divinité de Jésus.
Par contre, on ne parle jamais du deuxième brigand, mais il a également son importance. Lui aussi était inclus dans la première Parole de Jésus concernant le pardon, mais il l'a refusée. Les deux brigands avaient commis des actes équivalents, qui recevaient une sanction équivalente. Ils étaient crucifiés en même temps et ont entendu la même Parole de Jésus, mais l'un des deux n'était pas intéressé par le salut. Même chez les hommes les plus criminels, certains ont un coeur pour Dieu, et d'autres ne l'ont pas.
6 - Le pardon libère la vie de prière.
- Matthieu 6.9-15 : Vous donc, priez ainsi : Notre Père qui es dans les cieux, que ton nom soit sanctifié; que ton règne vienne; que ta volonté soit faite, dans le ciel, aussi sur la terre. Donne-nous aujourd'hui le pain qu'il nous faut; et remets-nous nos dettes, comme nous aussi nous remettons à nos débiteurs; et ne nous induis pas en tentation, mais délivre nous du mal. Car si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera aussi à vous; mais si vous ne pardonnez pas aux hommes leurs fautes, votre Père ne pardonnera pas non plus vos fautes.
- Marc 11.24-26 : Tout ce que vous demanderez en priant croyez que vous le recevez, et il vous sera fait. Et quand vous ferez votre prière, si vous avez quelque chose contre quelqu'un, pardonnez-lui, afin que votre Père aussi, qui est dans les cieux, vous pardonne vos fautes. Mais si vous ne pardonnez pas, votre Père qui est dans les cieux ne pardonnera pas non plus vos fautes.
On notera trois choses dans ces leçons de prières :
a) Une directive conditionnelle.
La seule directive qui soit conditionnelle, c'est le pardon. Si dans les deux cas le pardon prend la moitié du passage, c'est parce que les autres sujets traités sont simples, ils ne souffrent pas de variation. Ce sont des appels à ce que la volonté de Dieu se fasse, à ce que sont règne vienne et ainsi de suite. Par contre, lorsqu'on en vient au pardon, les choses se compliquent et doivent donc bénéficier d'une explication. Cette explication est simple : si vous ne pardonnez pas, vous ne serez pas pardonnés.
b) Une direction différente.
C'est également la seule directive qui ait une mise en pratique horizontale, de nous vers les hommes (si vous pardonnez aux hommes leurs fautes). Toutes les autres directives sont verticales, de Dieu vers nous. Il est cependant important de noter que cette directive horizontale a une conséquence verticale directe, pour nous évidement, mais également pour la personne que nous ne pardonnons pas. Lorsque Jésus nous disait : Tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel (Matthieu 18.18), il parlait (entre autres) du pardon. Nous devons remettre les fautes de nos détracteurs, afin qu'ils puissent avoir la possibilité de trouver Dieu, dans le cas contraire, nous les lions.
En plus de cette application horizontale, la position dans le passage nous montre la troisième et dernière chose :
c) Une condition première.
Jésus commence par nous dire d'appeler la réalisation de la volonté de Dieu, tant, d'une manière générale, sur la terre, que dans notre vie par sa provision. Cependant, après avoir tout listé, il ajoute alors cette fameuse condition de pardon. Il ne fait que nous parler de ce qu'il avait déjà expliqué dans une parabole qui se trouve dans l'évangile de Matthieu. Dans cette dernière, il nous faisait mention d'un serviteur endetté qui, se trouvant devant son maître, le supplie de patienter afin qu'il puisse rembourser son dû. Le maître, plein de miséricorde lui remet sa dette. Alors qu'il s'en va, heureux de ce sort qui est le sien et de l'effacement de sa dette, il croise un de ses propres créanciers. La situation qu'il vient de vivre se répète donc, mais il se trouve cette fois-ci à la place qu'occupait son maître. Bien qu'ayant eu l'exemple de l'effacement de sa propre dette, il décide de ne pas répercuter la compassion dont il a été le sujet sur son débiteur et choisi de l'envoyer en prison. Son propre maître apprenant son comportement décide alors de le livrer au bourreau. Cette parabole se conclut dans les termes suivants :
- Matthieu 18.35 : C'est ainsi que mon Père céleste vous traitera, si chacun de vous ne pardonne à son frère de tout son coeur.
La Parole de Dieu nous dit que Dieu ne se souviendra pas de nos fautes : C'est moi, moi qui efface tes transgressions pour l'amour de moi, Et je ne me souviendrai plus de tes péchés (Esaïe 43.25). Alors comment Dieu peut-il à nouveau s'en souvenir et réclamer un dû alors qu'il avait remis la dette. Cette dette ne devrait-elle pas avoir disparue ? Dieu ne devait-il pas l'oublier ?
Ces questionnements sont légitimes, mais la réponse est simple et se trouve justement dans les passages de Matthieu et de Marc qui expliquent la prière. Le pardon de Dieu n'est pas premier sur le pardon que nous devons à ceux qui nous font du mal. Il ne s'agit pas de Dieu nous pardonnant, et plus tard, ce même Dieu qui viendrait ajouter une close à ce qui nous uni à lui. En réalité, les deux directions du pardon sont totalement imbriquées l'une dans l'autre. Lorsque Dieu nous a pardonné, c'était un contrat qui contenait la nécessité de le faire à notre tour. Ne pas le faire, c'est rompre ce contrat et donc rappeler notre faute à Dieu.
Cela signifie donc que le fait de pardonner est une condition première puisque notre propre pardon par Dieu a été le commencement de notre vie à ses côtés. Sans l'application de cette condition, nous ne sommes donc plus bénéficiaires de ce qui en découle, et notre prière devient vaine.
7 - Le pardon est un état d'esprit.
- Matthieu 18.21-22 : Alors Pierre, s'approchant de lui, dit : Seigneur, combien de fois mon frère péchera-t-il contre moi, et lui pardonnerai-je ? Sera-ce jusqu'à sept fois ? Jésus lui dit : Je ne te dis pas jusqu'à sept fois, mais jusqu'à soixante-dix fois sept fois.
- Matthieu 18.32-35 : Alors son seigneur l'ayant appelé auprès de lui, lui dit : Méchant esclave, je t'ai remis toute cette dette, parce que tu m'en as supplié; n'aurais-tu pas dû aussi avoir pitié de celui qui est esclave avec toi, comme moi aussi j'ai eu pitié de toi ? Et son seigneur, étant en colère, le livra aux bourreaux, jusqu'à ce qu'il eut payé tout ce qui lui était dû. Ainsi aussi mon Père céleste vous fera, si vous ne pardonnez pas de tout votre cœur, chacun son frère.
Comprendre le fond du pardon doit nous amener à une compréhension particulière, mais pour ce faire, il y a un trajet qu'il faut parcourir. Dans l'intervalle, la notion même de pardon va changer. Au commencement, pardonner est le fruit d'une décision. Sa mise en application semblant souvent insurmontable, cela consiste essentiellement à signifier notre volonté de pardonner à Dieu et à le laisser faire. Cette dimension doit cependant rester temporaire, c'est un démarrage, et il consomme donc beaucoup d'énergie.
a) Une simplicité progressive.
Au cours de la croissance spirituelle de chacun, pardonner deviendra de plus en plus simple, jusqu'à appeler la réponse que Jésus donne à la question de Simon : Je ne te dis pas jusqu'à sept fois, mais jusqu'à soixante-dix fois sept fois. Bien qu'on pourrait imaginer que Jésus soit en train de lui dire qu'il faille pardonner 490 fois à son frère, ce verset, non seulement ne signifie pas tout à fait ça, mais en plus porte une autre compréhension. Pour sa signification, il s'agit simplement de comprendre que pardonner ne doit plus demander d'efforts. Lorsque l'on commence à pardonner, on se rend compte que pour le faire, il faut prendre sur soi. Comme je l'expliquais, pardonner est un sacrifice en soi, c'est sacrifier la légitime justice à laquelle nous avons droit, ça n'est qu'avec le temps et la pratique qu'on assimile de plus en plus facilement le changement que cela apporte, tout d'abord dans nos vies, puis enfin dans celles des personnes à qui nous avons pardonné. Toute chose demandée par Dieu porte partiellement sa perfection. C'est en acceptant une perte que nous recevons la compréhension du gain qui la suit. L'obéissance ne doit pas se faire dans l'espoir d'un gain sordide, elle n'est pas une conséquence mais une origine. Nous commençons à pardonner parce que Dieu nous dit de le faire, puis seulement nous réalisons les changements que cela opère, en nous et dans les autres.
Finalement, plus rien ne nous retiendra de pardonner, et là se trouve un piège.
b) Le piège du pardon.
Lorsque nous en arrivons à ne plus avoir de problèmes à pardonner, arrive un problème qu'il était difficile d'anticiper. Vous en arriverez à ne plus réaliser qu'on a essayé de vous faire du mal, ou, plus précisément, à ne plus du tout prêter attention aux tentatives de vous atteindre. Lorsque vous ferez pleinement la différence entre les perdus et les esprits qui les manipulent, vous ne leur en voudrez plus, parce que vous ne les considérez plus comme responsables.
Ce fameux piège vient de l'égocentrisme naturel de l'être humain. Nous avons tendance à ne regarder le pardon que de notre point de vue, et en déduisons donc que si nous ne ressentons plus l'offense, alors nous sommes extraits de la nécessité de pardonner. Seulement, la nécessité de pardonner a un axe double, si elle nous libère, elle libère également l'offenseur.
Ne plus ressentir l'offense ne doit donc pas nous fermer les yeux sur l'offenseur, qui, si nous ne lui pardonnons pas, subira les conséquences de son acte ou de ses paroles. Il convient donc de ne pas fermer les yeux sous prétexte que nous n'aurions pas souffert d'une action dont c'était bel et bien le but.
Ca n'est pas le heurt que nous avons subit qui appelle le pardon, mais l'offense qui a été faite. Notre ressentiment ne vient pas de l'autre, mais de nous-même. Il nous appartient de régler avec Dieu ce qui, en nous, a réagi à l'action d'autrui. Le pardon ne doit pas être influencé par notre sensibilité, mais par une évidence factuelle. En nous faisant ou en essayant de nous faire du mal, une personne s'est mise sous un joug pesant dont seul le pardon pourra la libérer.
c) Délier ce qui est lié.
Je disais que la question de Simon portait une autre compréhension. En effet, comme souvent dans les évangiles, nous faisons l'erreur d'étudier un passage sans prendre attention à la raison de sa présence. Dans ce cas, Simon demande à Jésus : Seigneur, combien de fois mon frère péchera-t-il contre moi, et lui pardonnerai-je ? Cette question ne tombe cependant pas comme un cheveu sur la soupe. Quelque chose l'a motivé de la part de Simon.
Cela vient de la discussion qu'ils viennent d'avoir, lui et les autres disciples, avec Jésus. Discussion dans laquelle Jésus parlait justement de la nécessité de ne pas avoir de troubles entre frères.
- Matthieu 18.15 : Si ton frère a péché, va et reprends-le entre toi et lui seul. S'il t'écoute, tu as gagné ton frère.
Jésus mettait donc en avant la nécessité de régler les situations afin que les frères et sœurs restent unis, comprenant parfaitement de quoi il parlait, Simon lui pose alors la question introductive de ce chapitre, celle concernant le nombre de fois où il est nécessaire de pardonner. La fameuse signification supplémentaire, concerne un verset qui se trouve dans la démonstration de Jésus (Matthieu 18.12-20).
- Matthieu 18.18 : Je vous le dis en vérité, tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel.
La signification de ce verset est totalement faussée. Ca fait des décennies qu'il est utilisé dans le cadre du combat spirituel. L'amalgame était facile, la présence du mot 'lier' a suffi à convaincre que Jésus parlait de la même chose que la femme liée par satan, voir même de satan qui le sera à la fin des temps. Pourtant, il suffit de rester objectif et de lire plus que le verset dans lequel cette affirmation est faite, pour comprendre que Jésus ne parlait pas de la même chose.
L'intégralité du passage parle de pardon, et en son centre, Jésus parle de lier et de délier. Il n'est pas passé du coq à l'âne, mais a continué sur sa lancée, et tout le monde l'a compris à l'époque, alors qu'étrangement, presque personne ne semble le faire de nos jours. L'affirmation de Jésus consistait à dire que si vous ne pardonnez pas quelqu'un, vous le liez sur terre, et Dieu sera empêché d'agir sur cette personne. Par contre, si vous pardonnez cette même personne, vous la déliez sur terre et permettez à Dieu d'agir sur elle. (J'expliquerai cela plus en détail dans les versets mal compris).
d) 490 ou 77 ?
Comme dans de très nombreux cas, ce que nous appelons des 'traductions' de la Parole de Dieu ressemblent plus à des 'interprétations'. Dans le cadre du verset donnant le nombre de fois où nous devons pardonner, c'est le nombre en lui-même qui pose problème.
Si dans bon nombre de versions il est bien fait mention de '70 fois 7 fois', dans trois bibles le chiffre n'est que de 77 :
- Bible de Jérusalem - Jésus lui dit : "Je ne te dis pas jusqu'à sept fois, mais jusqu'à soixante-dix-sept fois".
- Les Évangiles de Claude Tresmontant - "alors il lui a dit ieschoua je ne te dis pas jusqu'à sept [fois] mais jusqu'à soixante-dix [fois] [et] sept [fois]"
- Bible des Peuples - "Et Jésus lui dit: "Je ne dis pas sept fois, mais soixante-dix-sept fois."
d.1) Impossibilité d'une valeur fixe.
Que ce soit 490 ou 77, nous sommes face à la même évidence. Il n'est pas possible que Jésus fasse cas d'un nombre précis. Si c'était le cas, il y aurait de fait une autorisation de ne pas pardonner à partir d'un moment donné. Si dans la vie de tous les jours, peu sont mis en face d'une telle possibilité (dans le nombre), on ne peut pas nier qu'en introduire le potentiel reviendrait à anéantir la justice de Dieu.
C'est donc obligatoirement dans une signification qui dépasse le nombre que se trouve la signification de ce que Jésus vient de dire.
d.2) Une possibilité émerge.
Que ce soit la signification du nombre 70 ou celle du nombre 490, je ne vois pas de liens probant avec le thème du pardon. Par contre, il y en a un évident avec le nombre 77.
- Genèse 4.24 : Caïn sera vengé sept fois, Et Lémec soixante-dix-sept fois.
Dans son éloignement de Dieu, Lémec (de la lignée de Caïn), va en arriver à se méprendre sur la vengeance annoncée par Dieu si quelqu'un venait à faire du mal à Caïn. Il ira au-delà de ce que Dieu était près à accepter et, sacrifiant deux hommes, dont un d'un jeune âge, il provoquera la décision du déluge. Le choix par Jésus du nombre 77 comme nombre de fois où il est nécessaire de pardonner se rattache à cela. Comme je le disais, le nombre 77 n'est pas une valeur numérique, mais un rappel d'une faute particulière, celle de Lémec (de la lignée de Caïn) qui est allé au-delà de l'imaginable.
Jésus annonçait par là à Simon que la nécessité de pardonner ne se calcule pas en nombre de fois, mais en gravité. Quelle que soit la gravité de l'acte, quand bien même il serait de taille à déclencher un jugement mondial, il est de notre devoir de pardonner. Il n'est qu'une faute qui ne puisse être pardonnée, Jésus a payé pour toutes les autres.
8 - Notre obligation de pardon mutuel.
- Luc 6.35-38 : Mais aimez vos ennemis, et faites du bien, et prêtez sans en rien espérer; et votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Très-haut; car il est bon envers les ingrats et les méchants. Soyez donc miséricordieux; comme aussi votre Père est miséricordieux, et ne jugez pas, et vous ne serez point jugés; ne condamnez pas, et vous ne serez point condamnés; acquittez, et vous serez acquittés; donnez, et il vous sera donné : on vous donnera dans le sein une bonne mesure, pressée et secouée, et qui débordera; car de la même mesure dont vous mesurerez, on vous mesurera en retour.
Bien que ce passage parle de différents domaines, le seul qui nous concerne dans l'immédiat c'est l'acquittement, donc le pardon. La même signification ressort pour chaque exemple. Nous sommes des canaux de ce qui vient de Dieu et nous nous devons de reproduire ses bontés envers nous, vers autrui. Il en est comme du centenier dans les évangiles, qui affirmait être sous les ordres de supérieurs tout en ayant des personnes sous son propre commandement. C'est exactement de cela qu'il s'agit. Nous ne sommes qu'une étape dans le trajet que prend le pardon de Dieu. Si au lieu de faire ce qui est nécessaire pour permettre la fluidité de sa volonté, nous mettons un frein, alors Dieu fera passer son pardon par quelqu'un d'autre. Cela ne fera pas de nous le terminus d'une ligne, mais une voie abandonnée par laquelle plus rien ne passera.
Si le centenier n'était pas soumis à ses supérieurs, il ne recevrait plus d'eux la position lui permettant de diriger des moins gradés que lui. Il perdrait son rang et un autre exercerait sa fonction. Pour le croyant, c'est exactement la même chose. Jésus nous a pardonné et à partir de là, nous devons à notre tour pardonner. Si nous ne le faisons pas, nous lui rappelons nos fautes et nous entrerons en jugement pour elles, comme tous les perdus. C'est la parabole du serviteur à qui la dette avait été remise et qui n'a pas reproduit ce geste sur son propre débiteur.
Les prédications traditionnelles ont tendance à affirmer qu'on ne peut pas perdre son salut. Comme souvent avec les enseignements qui s'incrustent dans la pensée commune, il est basé sur une vérité, mais qui est détournée pour en faire un mensonge. C'est vrai que nous ne pouvons pas 'perdre' notre salut, parce que cela impliquerait malheureusement que nous ne serions pas responsables, un peu comme si nous ne nous rappellerions plus où nous l'avons mis. La vérité est que tant que vous recherchez sincèrement Dieu, vous ne pouvez pas perdre votre salut, quelles que soient vos fautes, en cela ces faux enseignements disent vrai. Ils omettent simplement de dire que si vous ne pouvez pas le 'perdre', vous pouvez cependant le rejeter. Refuser de pardonner est un rejet de ce que représente le pardon, et si vous rejetez l'importance du pardon, vous ne pouvez plus en être bénéficiaire.
Cependant, et je pense important d'insister dessus, Dieu n'est pas un Père fouettard, il nous fait progresser et nous apprenons au fur-et-à-mesure, pas tout d'un coup. C'est en choisissant consciemment de rejeter la notion de pardon que nous entrons dans une spirale qui nous fera à terme perdre notre salut (Matthieu 6.15 : mais si vous ne pardonnez pas aux hommes leurs fautes, votre Père ne pardonnera pas non plus vos fautes).
9 - Recommandations.
- Matthieu 5.23-24 : Si donc tu offres ton don à l'autel, et que là il te souvienne que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton don devant l'autel, et va d'abord: réconcilie-toi avec ton frère; et alors viens et offre ton don.
Dans cette triste époque que nous vivons où tant de ministres de l'évangile prêchent l'évangile de prospérité, ces deux versets sont nécessairement mis de côté. Ici, Jésus nous prévient que nos dons ne seront pas agréés si nous ne sommes pas au clair avec nos frères et sœurs en Christ. Dans ces deux versets, ce qui est mis en avant, c'est le fait que si nous ne nous pardonnons pas les uns les autres, nous perdons la relation d'unité qui devrait exister. Dès lors nous ne pouvons plus nous mettre d'accord avec qui que ce soit, et Jésus ne peut plus se tenir au milieu de nous.
Lorsqu'il est fait mention de ce que ton frère a quelque chose contre toi, Jésus ne nous dit pas que nous devrions aller pardonner à notre frère. Il est en réalité en train de nous rappeler que c'est parfois nous qui devons demander pardon, et tant que nous ne le faisons pas, nos dons sont souillés, tout comme s'ils étaient le salaire de la prostituée ou le prix d'un chien (Deutéronome 23.18). Cela ne vient pas de l'argent, mais du coeur de celui qui le donne. C'est pour cela que le don en lui-même n'est pas détruit ou simplement refusé, il n'est simplement pas convenable de le faire tant que la situation entre les frères n'est pas réglée.
Il faut de la sagesse pour savoir quand nous devons demander pardon, mais cela vient assez rapidement. N'oubliez pas que celui qui demande pardon alors qu'il n'a rien fait se charge d'une faute puisqu'il ment. Il ne s'agit pas de demander pardon pour une chose qui a pu blesser notre frère, mais pour une chose que nous n'aurions ni dû dire ou faire et qui l'a heurté. La distinction paraît étrange, mais on la comprend mieux si l'on prend en exemple le discours de Jésus sur le pain de vie. Il a heurté presque tout son auditoire, et même les 12 disciples, pourtant il n'est pas question de demander pardon. La vérité provoquera toujours de vives réactions. On ne demande pardon que pour les choses que nous avons dites ou faites et qui ne venaient pas de Dieu.
10 - Avertissement.
- 1 Pierre 4.17 : Car c'est le moment où le jugement va commencer par la maison de Dieu. Or si c'est par nous qu'il commence, quelle sera la fin de ceux qui n'obéissent pas à l'Évangile de Dieu ? Et si le juste se sauve avec peine que deviendront l'impie et le pécheur ?
Alors, puisqu'il faut bien commencer quelque part, je vous invite à vous juger vous-même, et à agir comme nous nous devons de le faire en tant qu'enfant de Dieu.
Nous devons remettre la dette, comme elle nous a été remise. N'oublions jamais cela, quoi que nous retenions contre autrui, que cela semble justifié ou non, Jésus est mort pour cette personne. En outre, ce que nous retenons contre autrui, nous le retenons contre nous-même.
Ne pas pardonner est grave, c'est le message que Jésus nous transmets dans la Parabole du débiteur qui s'est vu retirer sa dette mais qui en vient à exiger celle d'un autre. Nous ne méritions pas plus d'être pardonné que celui à qui nous retenons la faute. Jésus l'aime et Il souffre de voir que nous ne l'aimons pas comme lui le fait.