Les 10 commandements.
1 - Les deux bases de la compréhension des commandements.
a) Tu essayeras.
b) L'ordre des commandements.
- b.1) De Dieu vers l'homme.
- b.2) De l'homme vers Dieu.
c) Le sabbat de Dieu.
d) Honore ton père et ta mère.
2 - La 'transfiguration' des commandements charnels.
a) Tuer.
b) L'adultère.
c) La convoitise.
d) Le vol : intention.
e) Le faux témoignage.
3 - Les dix commandements.
Dans l'ensemble, je ne vais pas expliquer dans cet enseignement la signification de chaque commandement. Ils sont censés être une base sur laquelle construire et, ce faisant, sont assez clairs dans leur formulation basique. 'Tu ne tueras point' ne nécessite pas quinze pages d'explications.
Pourtant il y a des choses à dire, dont certaines sont importantes. Deux d'entre elles me semblent primordiales.
1 - Les deux bases de la compréhension des commandements.
a) Tu essayeras.
Bien des choses nous ont été transmises par l'intermédiaire de l'église catholique romaine. Il aura fallu quelques siècles pour comprendre qu'ils avaient tenté d'ajouter des textes permettant de ne plus rien y comprendre (ce qui est un but) et pour retourner à une version de la Parole plus en adéquation avec la réalité divine (pas tout à fait cependant). Le problème est surtout d'avoir accepté de recevoir leur vision de la manière de comprendre les écrits alors qu'ils avaient déjà clairement montré dans les faits leur volonté de dénaturer la Parole de Dieu.
Un mouvement autoritaire qui se dissimule dans un gant de tolérance (la tolérance n'est pas de Dieu) ne peut pas comprendre la Parole de Dieu avec l'Esprit de Dieu. Dieu a utilisé ce qu'il a jugé nécessaire pour que sa volonté s'accomplisse, cela n'avalise pas l'outil, mais uniquement la volonté de Dieu. Par ailleurs, il est fréquent de constater que Dieu utilise ses ennemis pour réaliser ses plans.
Le plus important à comprendre dans les 10 commandements, c'est qu'ils expriment le cœur de Dieu. Les accepter comme des ordres stricts et autoritaires n'est donc pas cohérent avec tout ce que Dieu nous révèle de lui-même.
Les dix commandements sont obligatoirement en adéquation avec la personne même de Dieu. Si la première partie de l'alliance (ancien testament) nous en donne un aperçu assez clair, la seconde partie de cette même alliance (nouveau testament) permet une compréhension plus en profondeur. Ca n'ajoute pas quelque chose, ça permet de comprendre ce qui y était déjà et que nous ne percevions pas encore.
C'est pour cela qu'avec Dieu, il est impératif de comprendre que nous n'avons pas d'obligation de réussir, mais une obligation de vouloir essayer de réussir. Parce que personne n'a la possibilité d'accomplir les dix commandements sans faillir un jour ou l'autre. La chair est faible, et, devant le péché, la vie est longue. On en arrive donc à la raison pour laquelle la loi de Moïse ne peut sauver personne, parce que, par défaut, on appelle la loi de Moïse ce qui en réalité est la loi dénuée de l'Esprit, donc tant qu'elle n'est pas éclairée par la grâce. La loi de Moïse est donc la version charnelle de ce que Jésus va apporter. Ca ne signifie pas qu'elle soit mauvaise et que désormais elle doive être rejetée, au contraire. Ca signifie que la grâce était trop incompréhensible sans des étapes préalables, la loi de Moïse en étant une. Les étapes ne devenant pas obsolètes avec leur accomplissement, mais s'additionnant pour arriver à l'accomplissement annoncé à la mort de Jésus.
Nous, qui avons désormais une position qui permet de recevoir la grâce avant de recevoir la loi, nous devons comprendre le merveilleux avantage qui est le nôtre. Nous ne pouvons pas nous passer de la loi, mais nous pouvons la regarder avec le regard de la grâce pour comprendre ce qu'elle nous révèle sur la grâce. C'est une boucle sans fin. La grâce nous permet de comprendre le sens profond de la loi.
C'est pour cela que nous devons comprendre les dix commandements avec le regard de la grâce. C'est-à-dire à travers ce que je disais au début, l'obligation de vouloir réussir, mais pas de réussir. Concrètement, pour prendre un exemple, le 6° commandement : Tu ne tueras point (Exode 20.13), ne doit pas se comprendre selon cette traduction qui dénature sévèrement son sens, mais dans le sens : tu essayeras de ne pas tuer. Ca n'enlève rien à la gravité d'un meurtre, cependant Dieu ne nous demande pas de changer instantanément, mais de progresser dans ce but précis. Dans l'exemple utilisé, à l'époque de la loi, la transgression avait pour sanction la mort du meurtrier, de nos jours, avec la grâce, bien que la sanction soit toujours la même, Jésus l'a portée pour le meurtrier. Cela signifie que pour comprendre la grandeur du sacrifice de Jésus, il faut comprendre ce que Jésus a porté à notre place. Il est donc important de comprendre la loi.
Cette loi doit cependant désormais être comprise, comme je le disais également auparavant, à travers la grâce. Nous avons donc l'obligation d'essayer de ne pas pécher, mais celui qui appartient à Dieu n'a pas d'obligation d'y parvenir.
Le sens réel des 10 commandements n'est pas une obligation stricte de réussite, mais une direction stricte. L'échec n'est donc pas disqualifiant, il est une étape vers la réussite. Cette vérité a toujours été présente dans : Tu ne tueras point (Exode 20.13), qui, avec l'Esprit est un objectif, et sans lui, est un point de départ impossible à atteindre. La pensée sectaire de certains milieux a préféré voir cela comme un ordre impératif, et blâmer et rejeter celui qui échoue au lieu de l'aider dans sa progression.
Les dix commandements doivent donc être regardés comme des buts à atteindre.
b) L'ordre des commandements.
La deuxième chose à comprendre ne concerne pas la signification de chaque commandement, mais plutôt leur position numéraire (1er, 2° ...). La position dans les différentes énumérations qui se trouvent dans la Parole de Dieu est toujours importante. On cite (généralement) les choses dans leur ordre d'importance. C'est pour cela que lorsque l'on cite les trois fils de Noé , il est constamment écrit : Sem, Cham et Japhet (Genèse 5.32) et non pas 'Japhet, Sem et Cham', qui est l'ordre des naissances. Avec les dix commandements, il est important de comprendre cette notion et de la voir plus globalement. Ainsi, lorsque Daniel décrit la statue de la vision de Nebucadnetsar, il en liste les matériaux du ciel à la terre, de l'or à l'argile, mais lorsqu'elle est détruite, il les liste de la terre au ciel (Daniel 2.32-35).
Les 10 commandements sont également régis par ce principe. La position de chacun d'entre eux dans la liste des 10 n'est pas anodine et contient un message en particulier.
b.1) Les dix commandements, de Dieu vers l'homme.
Première table de la loi :
- Exode 20.3 : 1er cdt : un Dieu unique.
- Exode 20.4-6 : 2° cdt : pas de représentation de Dieu.
- Exode 20.7 : 3° cdt : pas d'utilisation vaine du nom de Dieu.
- Exode 20.8-11 : 4° cdt : respecter le sabbat.
- Exode 20.12 : 5° cdt : Honore ton père et ta mère.
Deuxième table de la loi :
- Exode 20.13 : 6° cdt : Tu ne tueras point.
- Exode 20.14 : 7° cdt : Tu ne commettras point d'adultère.
- Exode 20.15 : 8° cdt : Tu ne déroberas point.
- Exode 20.16 : 9° cdt : Tu ne porteras point de faux témoignage contre ton prochain.
- Exode 20.17 : 10° cdt : Tu ne convoiteras point.
b.2) Les dix commandements, de l'homme vers Dieu.
Deuxième table de la loi :
- (1) Exode 20.17 : 10° cdt : Tu ne convoiteras point.
- (2) Exode 20.16 : 9° cdt : Tu ne porteras point de faux témoignage contre ton prochain.
- (3) Exode 20.15 : 8° cdt : Tu ne déroberas point.
- (4) Exode 20.14 : 7° cdt : Tu ne commettras point d'adultère.
- (5) Exode 20.13 : 6° cdt : Tu ne tueras point.
Première table de la loi :
- (6) Exode 20.12 : 5° cdt : Honore ton père et ta mère.
- (7) Exode 20.8-11 : 4° cdt : respecter le sabbat.
- (8) Exode 20.7 : 3° cdt : pas d'utilisation vaine du nom de Dieu.
- (9) Exode 20.4-6 : 2° cdt : pas de représentation de Dieu.
- (10) Exode 20.3 : 1er cdt : un Dieu unique.
On perçoit rarement dans la Parole que l'ordre des choses est un message en soi. Les 10 commandements portent le même message que celui du tabernacle de Moïse. Lorsque Dieu le donne à Moïse, il le décrit en partant de l'arche de l'alliance, et donc du saint des saints et passe par toutes les étapes qui vont géographiquement de l'arche à l'entrée du parvis. Par contre, lorsque l'homme veut aller vers Dieu, il doit suivre ces mêmes étapes dans l'ordre inverse. Dans le cas du tabernacle de Moïse il est bien plus facile de le comprendre, en raison de son existence physique. Pourtant, la règle est la même avec les 10 commandements. Lorsque Dieu les donne, il les donne de lui vers l'homme, mais lorsque l'homme les regarde, il doit le faire de l'homme à Dieu.
c) Le sabbat de Dieu.
Lorsqu'on comprend que les commandements se regardent en partant du dernier au premier, alors on constate ce qui suit :
- (1) Exode 20.17 : 10° cdt : Tu ne convoiteras point.
- (2) Exode 20.16 : 9° cdt : Tu ne porteras point de faux témoignage contre ton prochain.
- (3) Exode 20.15 : 8° cdt : Tu ne déroberas point.
- (4) Exode 20.14 : 7° cdt : Tu ne commettras point d'adultère.
- (5) Exode 20.13 : 6° cdt : Tu ne tueras point.
- (6) Exode 20.12 : 5° cdt : Honore ton père et ta mère.
Les 6 premiers commandements parlent des hommes et sont un parallèle avec la durée de la création, ils conduisent au septième qui est celui faisant cas du sabbat.
- (7) Exode 20.8-11 : 4° cdt : respecter le sabbat.
Ce septième commandement est la porte d'entrée vers les trois derniers qui représentent toutes les personnes de Dieu.
- (8) Exode 20.7 : 3° cdt : pas d'utilisation vaine du nom de Dieu. Allusion au blasphème et donc au Saint-Esprit.
- (9) Exode 20.4-6 : 2° cdt : pas de représentation de Dieu. Allusion au Fils de Dieu, qui est représenté partout, et qui était au ciel, sur la terre et dans les abîmes plus bas que la terre.
- (10) Exode 20.3 : 1er cdt : un Dieu unique. 'Elohim' dans le texte, donc le Père. Le passage parle de l'Eternel (Yahvé) ton Dieu (Elohim), donc de la restauration de l 'union entre le Fils et le Père.
d) Honore ton père et ta mère.
Ce commandement se comprend de deux manières différentes, selon qu'on le regarde en partant de Dieu ou en partant de l'homme.
Lorsqu'on le regarde en partant de l'homme, il se comprend charnellement, dans le sens d'honorer ses parents.
Par contre, lorsqu'on le regarde dans l'ordre donné par Dieu, il doit se comprendre spirituellement et explique pourquoi les tables sont au nombre de deux. Dans cette configuration, les cinq premiers commandements nous parlent de Dieu, de son sabbat et d'honorer la représentation charnelle du Père et de l'Esprit.
Cette séparation en deux tables distinctes ne se comprend que spirituellement et est mise en avant de manière claire par Jésus :
- Matthieu 22.36-40 : Maître, quel est le plus grand commandement de la loi? Jésus lui répondit: Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme, et de toute ta pensée. C'est le premier et le plus grand commandement. Et voici le second, qui lui est semblable: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépendent toute la loi et les prophètes.
- Marc 12.28-31 : Un des scribes, qui les avait entendus discuter, sachant que Jésus avait bien répondu aux sadducéens, s'approcha, et lui demanda: Quel est le premier de tous les commandements? Jésus répondit: Voici le premier: Écoute, Israël, le Seigneur, notre Dieu, est l'unique Seigneur; et: Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme, de toute ta pensée, et de toute ta force. Voici le second: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n'y a pas d'autre commandement plus grand que ceux-là.
- Luc 10.25-28 : Un docteur de la loi se leva, et dit à Jésus, pour l'éprouver: Maître, que dois-je faire pour hériter la vie éternelle? Jésus lui dit: Qu'est-il écrit dans la loi? Qu'y lis-tu? Il répondit: Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme, de toute ta force, et de toute ta pensée; et ton prochain comme toi-même. Tu as bien répondu, lui dit Jésus; fais cela, et tu vivras.
Dans les trois premiers évangiles sont retranscrits les propos de Jésus sur le résumé des 10 commandements. Dans son intervention, il avalise le fait qu'il y ait une séparation entre la première table de la loi et la deuxième. Cette séparation ne se trouve pas dans le sens profond du commandement qui les résume, mais dans le destinataire de l'amour dont ils font l'objet.
Ainsi, Jésus ne nous cite plus que deux commandements :
- 1er cdt : Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme, et de toute ta pensée.
- 2° cdt : Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
Nous précisant bien qu'ils sont deux, mais que ce sont les mêmes. Son premier commandement est le résumé de la première table de la loi, qui concerne Dieu, et sont deuxième commandement est le résumé de la deuxième table de la loi, qui concerne l'homme. Il n'est donc pas possible d'aimer Dieu et de détester son prochain, ou d'aimer son prochain et de détester Dieu. Jean nous exprimera cette évidence en ces termes :
- 1 Jean 4.7-8 : Bien-aimés, aimons nous les uns les autres; car l'amour est de Dieu, et quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu. Celui qui n'aime pas n'a pas connu Dieu, car Dieu est amour.
L'amour étant de Dieu, il n'est pas possible d'accomplir le premier des commandements cité par Jésus sans accomplir le deuxième, et inversement. Ils sont différents parce que leurs destinations sont différentes, mais ils sont identiques parce que leur origine est la même. C'est pourquoi, lorsque nos comportements révèlent l'un des deux commandements, il montre également une adéquation avec l'autre. Et là, pour le coup, c'est Jacques qui nous l'exprime le mieux en nous rappelant que quiconque observe toute la loi, mais pèche contre un seul commandement, devient coupable de tous (Jacques 2.10). Celui donc qui n'accomplit pas un des deux commandements de Jésus, n'en accomplit aucun.
2 - La 'transfiguration' des commandements charnels.
Il existe un passage contenant différentes informations qui sont sans arrêt interprétées de manières erronées. Il se trouve justement que le sens réel de ce long passage concerne les dix commandements. Le passage se trouve de Matthieu 5.21 jusqu'à Matthieu 5.37. Il a pour introduction le passage suivant :
- Matthieu 5.17-20 : Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes; je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir. Car, je vous le dis en vérité, tant que le ciel et la terre ne passeront point, il ne disparaîtra pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre, jusqu'à ce que tout soit arrivé. Celui donc qui supprimera l'un de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire de même, sera appelé le plus petit dans le royaume des cieux; mais celui qui les observera, et qui enseignera à les observer, celui-là sera appelé grand dans le royaume des cieux. Car, je vous le dis, si votre justice ne surpasse celle des scribes et des pharisiens, vous n'entrerez point dans le royaume des cieux.
Dans ce passage, Jésus nous explique de quoi il va parler juste après. Il va nous faire le détail de ce que signifie accomplir versus abolir. Ce passage se trouve inséré dans le sermon sur la montagne qu'il commencera en expliquant qui recevra quelle bénédiction (les béatitudes), il poursuit ensuite en nous expliquant les commandements selon la grâce.
Ce qu'il nous annonce donc, dans cette courte introduction, c'est l'importance de comprendre la loi à un nouveau niveau. Pour ce faire, il va simplement prendre chacun des commandements de la deuxième table de la loi pour lui donner sa nouvelle dimension.
a) Tuer.
- Exode 20.13 : 6° commandement : Tu ne tueras point.
- Matthieu 5.21-26 : Vous avez entendu qu'il a été dit aux anciens: Tu ne tueras point; celui qui tuera mérite d'être puni par les juges. Mais moi, je vous dis que quiconque se met en colère contre son frère mérite d'être puni par les juges; que celui qui dira à son frère: Raca! mérite d'être puni par le sanhédrin; et que celui qui lui dira: Insensé! mérite d'être puni par le feu de la géhenne. Si donc tu présentes ton offrande à l'autel, et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande devant l'autel, et va d'abord te réconcilier avec ton frère; puis, viens présenter ton offrande. Accorde-toi promptement avec ton adversaire, pendant que tu es en chemin avec lui, de peur qu'il ne te livre au juge, que le juge ne te livre à l'officier de justice, et que tu ne sois mis en prison. Je te le dis en vérité, tu ne sortiras pas de là que tu n'aies payé le dernier quadrant.
Dans le cas de ce commandement, Jésus explique qu'avec la compréhension plus profonde permise par le Saint-Esprit, le simple fait de se mettre en colère contre son frère équivaut à un meurtre aux yeux de Dieu. Ces deux faits étant présentés par lui comme méritant la même sanction, celle d'être puni par les juges. Le problème étant que désormais la faute n'est plus dans l'acte, mais dans la pensée. La colère mène au meurtre, c'est donc un sentiment/émotion qui attire la sanction, et non l'acte du meurtre. Le meurtre n'en est pas moins grave et les hommes lui appliqueront la sanction adéquate, mais aux yeux de Dieu, le meurtre n'est qu'une conséquence, et il juge la cause.
Ce principe va se retrouver dans toutes les nouvelles façons de comprendre les commandements.
b) L'adultère.
- Exode 20.14 : 7° commandement : Tu ne commettras point d'adultère.
- Matthieu 5.27-28 : Vous avez appris qu'il a été dit: Tu ne commettras point d'adultère. Mais moi, je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis un adultère avec elle dans son coeur.
Respectant cette nouvelle façon de voir les commandements, Jésus annonce également que l'adultère ne se trouve plus dans l'acte, mais dans son acceptation. Dès lors que la décision est entrée dans le coeur, la personne est adultère.
c) La convoitise.
- Exode 20.17 : 10° commandement : Tu ne convoiteras point.
- Matthieu 5.29 : Si ton œil droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le et jette-le loin de toi; car il est avantageux pour toi qu'un seul de tes membres périsse, et que ton corps entier ne soit pas jeté dans la géhenne.
Ce verset est l'un de ceux qui sont mal compris. Il est généralement greffé aux deux versets précédents, sous entendant que l'œil serait celui par lequel l'adultère est entré. Bien que cela ne soit pas entièrement faux, c'est une erreur de le limiter à cela. Jésus parle ici d'un troisième des cinq commandements, celui de la convoitise. Il est fréquent d'avoir des notions qui se chevauchent. En effet, l'adultère est le fruit de la convoitise, et prendre la femme de son prochain c'est aussi du vol, c'est également haïr celui qui est son homme, et donc l'équivalent d'un meurtre aux yeux de Dieu. De la même manière, Yahvé porte autant le nom de l'Eternel qui te guérit que l'Eternel qui pourvoit, or, lorsque l'Eternel pourvoit à la guérison, ce sont bien les deux noms qui sont présents. L'erreur serait de croire qu'un nom exclut l'autre.
Il en va de même avec ce commandement, oui, il peut être à l'origine de l'adultère précité, mais il est présent pour désigner une faute individuelle.
d) Le vol.
- Exode 20.15 : 8° commandement : Tu ne déroberas point.
- Matthieu 5.30 : Et si ta main droite est pour toi une occasion de chute, coupe-la et jette-la loin de toi; car il est avantageux pour toi qu'un seul de tes membres périsse, et que ton corps entier n'aille pas dans la géhenne.
Dans ce verset se trouve la deuxième mauvaise interprétation. Elle est erronée pour la même raison que le verset parlant de la convoitise. En la greffant aux deux passages cités plus haut, on perd de vue sa signification réelle. En voulant à tout prix lui accoler une signification en rapport avec l'adultère, on finit par oublier de regarder la Parole de Dieu pour apprendre d'elle et on la regarde pour justifier notre volonté.
Il est vrai que ce verset peut avoir une autre signification, mais dans le cas présent, une fois qu'on a compris que Jésus prononce un discours sur un sujet précis, on comprend qu'il parlait simplement du vol. Conformément aux trois premières nouvelles compréhensions, ce n'est pas le vol qui est mis en avant, mais son intention.
e) Le faux-témoignage.
- Exode 20.16 : 9° commandement : Tu ne porteras point de faux témoignage contre ton prochain.
- Matthieu 5.33-37 : Vous avez encore appris qu'il a été dit aux anciens: Tu ne te parjureras point, mais tu t'acquitteras envers le Seigneur de ce que tu as déclaré par serment. Mais moi, je vous dis de ne jurer aucunement, ni par le ciel, parce que c'est le trône de Dieu; ni par la terre, parce que c'est son marchepied; ni par Jérusalem, parce que c'est la ville du grand roi. Ne jure pas non plus par ta tête, car tu ne peux rendre blanc ou noir un seul cheveu. Que votre parole soit oui, oui, non, non; ce qu'on y ajoute vient du malin.
Pour finir son discours, il ne manquait plus qu'un seul des cinq commandements de la deuxième table de la loi. Nous en avons ici la nouvelle version. La vérité doit toujours être présente dans notre bouche, en toute circonstance. Il n'est plus question de jurer parce que cela établirait une primo-véracité sur certaines paroles qui se ferait donc logiquement au détriment des autres. Jurer, c'est dire que quand on ne le fait pas, on ment.
Dans son discours sur la montagne, Jésus vient donc de redéfinir les cinq commandements qui concernent la chair.
3 - Les dix commandements.
Il n'est pas réellement nécessaire d'aller d'insistance en insistance, l'importance des dix commandements dans la nouvelle alliance est clairement posée par Jésus. Ceux qui le nient ne font que nier Jésus, ils portent leur condamnation. Pour les autres, les 10 commandements n'ont pas fini de faire parler d'eux. Leur lecture a été prévue de toute éternité comme pouvant se faire sur tellement de plans différents que ce serait une folie que de prétendre avoir tout compris les concernant. Cela pose encore plus fortement la folie de ceux qui prétendent qu'ils n'ont plus d'importance.
Le salut lui-même est rendu impossible sans une loi qui pourtant ne sauve pas. Cette contradiction apparente est due au fait que celui qui ne comprend pas la faute, ne comprend pas la puissance du pardon de cette même faute et n'en ressent pas la reconnaissance qui devrait en découler. C'est le pardon de cette faute qui permet le salut, mais celui qui ne la comprend pas, méprise ce même pardon.
Il convient cependant de réaliser que la barre a été placée à un autre niveau. Les œuvres ne définissant pas notre salut, ça ne peut pas non plus être une œuvre qui définit notre condamnation. L'œuvre est un fruit, elle définit l'arbre mais ne le remplace pas. L'étape qui définit la faute ne se trouve plus dans la chair, mais dans l'esprit. Les disciples, qui n'avaient pas encore le Saint-Esprit réagiront à cette compréhension en demandant qui peut être sauvé. Ils ne pouvaient pas encore comprendre que si pour eux, l'étape paraissait infranchissable de part l'absence du Saint-Esprit en eux, il n'en serait pas de même une fois qu'ils l'auraient.
Cette nouvelle étape parait infranchissable pour celui qui n'a pas le Saint-Esprit, mais pour celui qui l'a, il comprend que ça n'est pas une difficulté supérieure qui est devant nous, mais une difficulté différente. Justement parce qu'ils devaient obéir à la loi sans avoir l'Esprit Saint qui les aide, mais nous l'avons reçu et cela fait que nous avons en nous absolument tout ce qui est nécessaire à notre salut. La difficulté a donc changé, elle est passée de l'obligation de forcer la soumission de la chair par la chair à l'obligation de forcer la soumission de l'esprit par le Saint-Esprit qui fait ce travail en nous. La véritable épreuve, sachant que seul le Saint-Esprit peut nous transformer, n'est donc plus de nous forcer par les armes de la chair, mais de nous soumettre pour que le Saint-Esprit le fasse.
Il est cependant vrai que dans le monde où nous vivons, qui prône l'homme comme centre de toute chose, accepter de plier devant Dieu et de lui laisser le contrôle est une chose difficile à faire. C'est pour cela que tous les commandements s'accomplissent dans l'amour, parce que seul l'amour peut nous agenouiller devant Dieu, soit parce qu'il nous l'a déjà révélé, soit parce qu'on le recherche.
Celui qui n'aime pas n'a pas connu Dieu (1 Jean 4.8), et Jésus pose l'amour comme étant le coeur de la loi, ce qui la résume.
Ces quelques points sont primordiaux pour une lecture plus sereine des 10 commandements. Celui qui connaît Dieu sait que tout doit être regardé à la lumière de notre connaissance de sa triple personne, ce passage d'Exode 20 ne faisant pas exception.