1 - Introduction.
2 - Rien de neuf sous le soleil.
3 - Les apôtres dans les évangiles.
4 - Le livre des Actes.
a) Barnabas, Paul, Jude et Silas.
b) Celui qui envoie.
5 - Nature et qualité des apôtres.
a) Les apôtres du Seigneur.
- a.1) Les 12.
- a.2) Le remplaçant.
b) Les autres apôtres.
6 - Apocalypse.
7 - Conclusion.
1 - Introduction.
S'il y a bien un ministère que personne ne semble comprendre, c'est celui d'Apôtre. De nos jours, vous en trouverez partout, certains le sont, d'autres en ont la prétention, très peu d'entre eux le sont réellement. En réalité, le sens réel de l'apostolat est tellement ignoré que beaucoup le sont sans même le savoir, et pour la même raison, une bonne partie de ceux qui prétendent l'être ne le sont pas.
D'ailleurs, si vous demandez ce qu'est un apôtre à un apôtre, la plupart du temps vous aurez des réponses différentes et relativement brouillonnes, ce qui est pour le moins étrange étant donné qu'ils se présentent presque toujours comme étant des enseignants, ce que, bien évidemment ils peuvent être, mais ne sont pas forcément.
Cette croyance de l'apôtre étant enseignant est basée sur un verset du livre des Actes.
- Actes 2.42 : Ils persévéraient dans l'enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain, et dans les prières.
Il n'en a pas fallu plus pour les identifier comme étant des enseignants alors que ce verset ne faisait que nous dire que les Apôtres en question enseignaient. Cette croyance pose un double problème, le premier est de penser que les apôtres sont enseignants, et le deuxième est, aussi étrange que cela puisse paraître, le même, penser que les apôtres sont enseignants. La différence étant dans ce que cela implique. Dans un cas, on désigne ce qu'ils sont, et dans l'autre, ce qu'ils ne sont pas. Lorsque vous désignez une couleur du doigt, si vous dîtes que c'est du bleu, vous ne dîtes pas seulement ce que c'est, mais également ce que ça n'est pas. Dans l'exemple, en disant que c'est du bleu, ce que vous dites également c'est que ça n'est pas du rouge.
Pour les apôtres, c'est la même chose. En disant que ce sont des enseignants, ce qui peut être vrai mais ne l'est pas forcément, la véritable compréhension de ce qu'ils sont devient cachée, parce que ce qu'ils sont est compatible avec presque tous les ministères.
Comme d'habitude, le seul moyen que nous ayons pour comprendre ce qu'ils sont, c'est la Parole de Dieu, et pour ce qui concerne ce sujet, il faut diviser les versets qui nous parlent de cela en deux catégories. C'est-à-dire les versets qui concernent la nomination (généralement les évangiles) et les versets qui concernent les nominés (la suite des écrits). Certains versets particuliers n'entrent dans aucune de ces catégories, je les préciserai au fur-et-à-mesure.
2 - Rien de neuf sous le soleil.
Salomon nous le disait déjà en son temps : Ce qui a été, c'est ce qui sera, et ce qui s'est fait, c'est ce qui se fera, il n'y a rien de nouveau sous le soleil (Ecclésiaste 1.9). Bien qu'on ne le réalise pas forcément de suite, c'est parfaitement conforme avec ce que Jésus disait sur l'accomplissement de la Parole (Matthieu 5.17 : Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes; je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir).
L'implication de ces affirmations sur la notion d'apôtre est de première importance. Elle ne peut pas être nouvelle et doit déjà se retrouver dans l'ancienne alliance, sous une forme ou une autre.
Le problème principal que nous ayons dans des cas comme celui-là, c'est-à-dire dans un cas où une chose apparaît dans la nouvelle alliance tout en étant un accomplissement de l'ancienne, c'est la différence de langage. La chose qui était l'image de celle que nous étudions n'en porte pas toujours le nom. Or l'accomplissement d'une annonce de l'ancienne alliance dans la nouvelle se fait généralement par le passage du physique au spirituel. La chose devenant spirituelle, il peut parfaitement ne pas être naturel de remarquer de suite qu'il s'agit de la même chose. Il est facile de remarquer le lien entre les sacrifices de l'ancienne alliance et le sacrifice de Jésus, par contre le lien entre une annonce et son accomplissement n'est pas toujours aussi facile à faire. Un bon exemple étant les villes de refuge dont on ne remarque pas forcément de suite qu'il s'agit d'une image de l'église. Cependant, les apôtres revêtent une particularité en ce qu'ils étaient tout autant spirituels dans l'ancienne alliance que dans la nouvelle. Dans leur cas, comprendre ce qu'ils étaient avant la venue de Jésus est particulier.
Les affirmations de Salomon et de Jésus attestent donc que l'apostolat n'est pas une nouveauté de la nouvelle alliance, mais uniquement quelque chose qui était déjà auparavant et qui est remis sur le devant de la scène.
Un passage de l'évangile selon Luc nous donne l'élément parfait pour comprendre mieux cette notion.
- Luc 11.46-51 : Et Jésus répondit: Malheur à vous aussi, docteurs de la loi! parce que vous chargez les hommes de fardeaux difficiles à porter, et que vous ne touchez pas vous-mêmes de l'un de vos doigts. 47 Malheur à vous! parce que vous bâtissez les tombeaux des prophètes, que vos pères ont tués. 48 Vous rendez donc témoignage aux oeuvres de vos pères, et vous les approuvez; car eux, ils ont tué les prophètes, et vous, vous bâtissez leurs tombeaux. 49 C'est pourquoi la sagesse de Dieu a dit: Je leur enverrai des prophètes et des apôtres; ils tueront les uns et persécuteront les autres, 50 afin qu'il soit demandé compte à cette génération du sang de tous les prophètes qui a été répandu depuis la création du monde, 51 depuis le sang d'Abel jusqu'au sang de Zacharie, tué entre l'autel et le temple; oui, je vous le dis, il en sera demandé compte à cette génération.
Ce passage est connu, mais tristement réduit à une de ses parties.
Jésus dit quelque chose de très intéressant. On a l'impression qu'il parle du passé, mais ça n'est qu'une compréhension partielle de la réalité de ses propos. En fait, il parle de l'ancienne et de la nouvelle alliance. Lorsqu'il cite les paroles de la sagesse, il utilise cette image en référence au livre des Proverbes et plus spécifiquement au chapitre 8 de ce livre où le Fils de Dieu est appelé "sagesse". Le chapitre en question le plaçant bien avant l'origine de la terre (Proverbes 8.23 : J'ai été établie depuis l'éternité, Dès le commencement, avant l'origine de la terre). Cette sagesse nous dit donc, par la bouche de Jésus, qui en est l'incarnation : Je leur enverrai des prophètes et des apôtres. Ces quelques mots sont plus difficiles à comprendre qu'il n'y paraît parce que pour ce faire, il faut comprendre ce que signifie le mot : apôtre. Or 'Apôtre' se dit 'apostolos' et signifie 'envoyé, représentant, ambassadeur'. La sagesse de Dieu dit donc : Je leur enverrai des prophètes et des envoyés.
En regardant les choses de la sorte, on se demande alors quelle est la différence entre les prophètes et les apôtres puisque 'apôtres' signifie 'envoyés' et que les prophètes, justement sont envoyés par la sagesse, donc, par définition, sont des 'apôtres'. C'est un peu comme si la sagesse de Dieu nous disait : Je leur enverrai des envoyés et des envoyés. Elle aurait simplement pu dire : je leur enverrai des ambassadeurs, en d'autres termes, des personnes qui parleront en son nom. Si Jésus nous présente les choses de cette manière, c'est pour nous donner une piste de compréhension. D'autant que la suite directe de cette affirmation tient dans le sort qui est réservé aux uns et aux autres, et ce sort est différent, signe qu'ils le sont également : ils tueront les uns et persécuteront les autres. Le futur des deux destinées ne représente pas un futur pour nous, mais un futur par rapport au moment où la sagesse de Dieu a prononcé ces paroles, et c'est les deux versets suivant qui nous le montre : afin qu'il soit demandé compte à cette génération du sang de tous les prophètes qui a été répandu depuis la création du monde, depuis le sang d'Abel jusqu'au sang de Zacharie, tué entre l'autel et le temple; oui, je vous le dis, il en sera demandé compte à cette génération. Dans cette précision, on ne fait cas que des prophètes, pas des apôtres. La venue de Jésus se situe en plein milieu du verset qui indique le sort des uns et des autres. Les deux derniers versets nous faisant la précision de la fourchette dans laquelle se trouvent les prophètes dont il parlait, soit, dans son passé.
Aussi, lorsque la sagesse parlait des prophètes et des apôtres, elle le faisait en nous indiquant l'ancienne et la nouvelle alliance. Elle nous disait que dans l'ancienne alliance, Dieu enverrait spécifiquement des prophètes pour parler à son peuple. En cela, ils sont les apôtres (donc les envoyés) de l'ancienne alliance, et que dans la nouvelle alliance, il enverrait toute sorte de ministères qui, étant envoyés, seront également apôtres. Pierre, qui justement était un apôtre de Jésus, l'avait compris :
- 2 Pierre 3.2 : afin que vous vous souveniez des choses annoncées d'avance par les saints prophètes, et du commandement du Seigneur et Sauveur, enseigné par vos apôtres (apostolos),
Il distinguait également dans ce verset les envoyés de l'ancienne alliance et ceux de la nouvelle. De la même manière que le faisait Jésus dans Luc 11.46-51. Le problème de compréhension vient majoritairement de l'idolâtrie des titres qui se fait au détriment de la compréhension des fonctions. Les croyants du livre des actes ne respectaient pas Pierre parce qu'il portait le titre d'apôtre, mais parce qu'ils reconnaissaient que Dieu l'avait envoyé, et il se trouve qu'en grec, 'envoyé' se dit 'apostolos', que nous traduisons par 'apôtre'. Ils respectaient donc la fonction, et le titre n'était qu'explicatif de cette dernière. Malheureusement, de nos jours, la connaissance globale est si faible que nous ne prêtons plus attention qu'au titre d'apôtre, et la masse finit par adorer ceux qui prétendent porter ce titre, sans même savoir ce que cela signifie.
Selon la signification même de ce mot, un apôtre est une personne qui a été envoyée. Lorsque c'est Jésus qui l'a envoyé, c'est un apôtre de Jésus. Lorsqu'un chef d'État envoie un ambassadeur dans un pays, cet ambassadeur est un apôtre du pays qui l'a envoyé. Dans le passage de l'évangile de Luc que je citais, la différence entre les prophètes et les apôtres représente donc le fait que dans l'ancienne alliance, seuls les prophètes étaient envoyés, alors que dans la nouvelle, la fonction de ceux qui le sont varie.
3 - Les apôtres dans les évangiles.
Pour faire suite à ce que je disais dans le chapitre précédent, Jésus ne prononcera le mot d'apôtre qu'une seule fois dans les évangiles. Il y a bien une mention de ce qu'il les a nommés ainsi, mais ce ne sont pas ses paroles directes. La seule fois où il utilisera ce mot se fera dans l'évangile selon Jean et est un fabuleux exemple de l'idolâtrie des titres au-dessus de la signification de ces derniers :
- Jean 13.16 : En vérité, en vérité, je vous le dis, le serviteur n'est pas plus grand que son seigneur, ni l'apôtre (apostolos) plus grand que celui qui l'a envoyé.
Ce qui est impressionnant dans ce verset c'est que tout le monde s'accordera pour remarquer, une fois qu'on connaît le sens du mot 'apôtre', que sa traduction est bancale. Lorsqu'on nous propose une traduction affirmant que l'apôtre n'est pas plus grand que celui qui l'a envoyé, on a tendance à imaginer de suite le ministère, mais ce passage ne parle pas uniquement de ministère, il nous dit que celui qui est envoyé n'est pas plus grand que celui qui l'a envoyé, rien de plus. Cela inclut évidemment tous les ministères, mais représente une généralité qui va bien au-delà.
Parmi le grand nombre de ses disciples, il n'en choisira que 12 qui auront pour but de partir parmi les nations afin de proclamer la bonne nouvelle du salut.
- Luc 6.13 : Quand le jour parut, il appela ses disciples, et il en choisit douze, auxquels il donna le nom d'apôtres (apostolos):
Pourtant, il ne va pas les envoyer de suite, il faut d'abord les former et les équiper. N'oublions pas qu'ils n'ont pas encore le Saint-Esprit. C'est pour cela que, dans le but de continuer à les former, maintenant qu'ils savent qu'ils sont ceux qu'il enverra, il commence par les enseigner et ensuite seulement les envoie sans lui pour qu'ils portent son message. A leur retour ils seront à deux reprises appelés 'apôtres' :
- Marc 6.30 : Les apôtres (apostolos), s'étant rassemblés auprès de Jésus, lui racontèrent tout ce qu'ils avaient fait et tout ce qu'ils avaient enseigné.
- Luc 9.10 : Les apôtres (apostolos), étant de retour, racontèrent à Jésus tout ce qu'ils avaient fait. Il les prit avec lui, et se retira à l'écart, du côté d'une ville appelée Bethsaïda.
Quand on se rappelle que 'apostolos' signifie 'les envoyés', le sens général des deux versets paraît plus clair. Ce qu'il faut, c'est démystifier ce mot pour mieux le comprendre. Le ministère est un appel, alors que l'apostolat est un envoi. Il s'ensuit qu'on envoie quelqu'un qu'on a appelé. C'est également ce que nous montre le livre du prophète Esaïe : J'entendis la voix du Seigneur, disant: Qui enverrai-je, et qui marchera pour nous? Je répondis: Me voici, envoie-moi (Esaïe 6.8). A cette époque l'envoi concerne nécessairement un prophète, donc à l'appel du Seigneur : qui enverrai-je ? Esaïe répond : envoie-moi, ce qui signifie qu'il sera son apôtre. Sa fonction reste cependant celle de prophète, mais l'apostolat signifie qu'il est mandaté.
A partir de là, dans les évangiles, les 12 disciples seront appelés à plusieurs reprises les apôtres, bien qu'ils ne seront plus envoyés du vivant charnel de Jésus. Cette appellation est l'annonce de ce que Jésus leur dira après sa résurrection, juste avant de remonter au ciel. Leur formation s'est terminée, il s'agit donc de rentrer dans le vif du sujet :
- Matthieu 28.18-20 : Jésus, s'étant approché, leur parla ainsi: Tout pouvoir m'a été donné dans le ciel et sur la terre. 19 Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, 20 et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde.
C'est la différence majeure entre les apôtres dans les évangiles et dans le livre des Actes. Dans les évangiles, ils sont sélectionnés et apprennent aux pieds de Jésus. Ensuite, de la fin des évangiles jusqu'à la fin du livre des Actes, ils sont ceux que Jésus a envoyé et il n'y a pas d'autres apôtres, donc on les appelle simplement 'apôtres'. C'est pour cela que je disais plus tôt que le fait qu'ils enseignaient ne signifie pas que les apôtres soient enseignants, mais uniquement qu'ils l'étaient. Après le livre des actes des apôtres ont précisera qui les a envoyés.
- Matthieu 10.2 : Voici les noms des douze apôtres (apostolos). Le premier, Simon appelé Pierre, et André, son frère; Jacques, fils de Zébédée, et Jean, son frère;
- Luc 17.5 : Les apôtres (apostolos) dirent au Seigneur : Augmente-nous la foi.
- Luc 22.14 : L'heure étant venue, il se mit à table, et les apôtres (apostolos) avec lui.
- Luc 24.10 : Celles qui dirent ces choses aux apôtres (apostolos) étaient Marie de Magdala, Jeanne, Marie, mère de Jacques, et les autres qui étaient avec elles.
4 - Le livre des Actes.
Le livre des Actes des Apôtres présente plusieurs particularités au regard de la notion même d'apôtre. La plus évidente est que Judas devait avoir un remplaçant, et donc qu'il ne pouvait y avoir que 12 apôtres du Seigneur, pas un de plus. Cette précision d'apôtre du Seigneur, ou de Jésus-Christ n'est jamais présente dans le livre des actes, pourtant, elle sera permanente ensuite. Je reviendrai là-dessus sous peu. La condition pour faire partie des 12 était stricte :
- Actes 1.21-22 : Il faut donc que, parmi ceux qui nous ont accompagnés tout le temps que le Seigneur Jésus a vécu avec nous, 22 depuis le baptême de Jean jusqu'au jour où il a été enlevé du milieu de nous, il y en ait un qui nous soit associé comme témoin de sa résurrection.
Cela fait que ce livre, c'est l'histoire des 12 apôtres.
a) Barnabas, Paul, Jude et Silas.
La présence du verset 14 du chapitre 14 est une des particularités dont je parlais :
- Actes 14.14 : Les apôtres (apostolos) Barnabas et Paul, ayant appris cela, déchirèrent leurs vêtements, et se précipitèrent au milieu de la foule,
C'est la seule fois où Barnabas et Paul seront appelés apôtres. C'est étrange, non pas qu'ils ne le soient qu'une seule fois, mais qu'ils le soient tout court. Justement pour la raison que j'ai citée par avant, il ne pouvait y en avoir que 12, et si on ne connaît pas Barnabas, on sait au moins que Paul ne correspond en rien au passage de Actes 1.21-22 cité avant. Par ailleurs, Barnabas et Paul font tous les deux partie de l'église d'Antioche dont on nous dit précisément qu'elle contenait des prophètes et des docteurs, pas des Apôtres (Actes 13.1 : Il y avait dans l'Église d'Antioche des prophètes et des docteurs: Barnabas, Siméon appelé Niger, Lucius de Cyrène, Manahen, qui avait été élevé avec Hérode le tétrarque, et Saul). La première chose à comprendre est que cette appellation spécifique les concernant est faite lorsqu'ils sont à Lystre (Actes 14.8), donc envoyés par l'église d'Antioche. Cette étrangeté se comprend mieux lorsqu'on regarde la suite de plus près et spécifiquement le chapitre 15.
Gardons à l'esprit, pour comprendre le chapitre 15 du livre des Actes des Apôtres, que Barnabas et Paul ne seront plus appelés apôtres dans tout le livre des Actes. La situation se trouve être qu'une contestation survient au sujet de la circoncision. Ne trouvant pas d'entente, les frères décident d'aller demander leur avis à ceux qui sont dépositaires de l'autorité de Jésus, les Apôtres. Ce qui induit que Barnabas et Paul ne sont pas considérés comme en faisant partie (Actes 15.2*). Une troupe se constitue et tout ce beau monde monte à Jérusalem et raconte aux Apôtres ce qui les concerne (Actes 15.4*). Après avoir exposé ce qui concerne leur différent, les apôtres et les anciens se réunissent pour en discuter, ce qui signifie une fois de plus que Barnabas et Paul n'en font pas partie (Actes 15.6*). Finalement, une décision est prise et les Apôtres et les anciens décident d'adjoindre à Barnabas et Paul, Jude et Silas (qui sont prophètes) en les renvoyant à Antioche (Actes 15.22-23*). Ces deux seront la voix des Apôtres. La troupe se rend donc à Antioche, et Jude et Silas sont la voix des Apôtres. C'est là que survient un verset qui permet la compréhension de pourquoi Barnabas et Paul sont appelés apôtres. Le verset en question est le suivant :
- Actes 15.33 : Au bout de quelque temps, les frères les laissèrent en paix retourner vers ceux qui les avaient envoyés (apostolos).
C'est le seul verset de tout le nouveau testament où le mot 'apostolos' n'est pas traduit par 'Apôtre'. C'est bien dommage parce que cela aurait attiré l'attention sur la véritable signification du terme apôtre. Ce que nous dit ce verset, c'est que les frères les laissèrent en paix retourner vers ceux qui les avaient faits apôtres. Cela peut paraître étrange, mais c'est exactement le sens de ce verset. Jude et Silas sont les personnes concernées par ce verset, même si Silas décidera de ne pas rentrer à Jérusalem. Ce qui fait qu'en nous basant sur ce chapitre, il y a 16 apôtres dans le livre des Actes des Apôtres, les 11 originaux, Matthias en remplacement de Judas et enfin Barnabas, Paul, Jude et Silas. La différence se trouvant dans celui qui envoie.
b) Celui qui envoie.
Les 12 disciples de Jésus sont les apôtres de Jésus, les quatre autres sont les apôtres des 12 premiers. Une fois de plus, ce qui rend cette phrase étrange, c'est justement le fait que la signification du mot apôtre n'est pas encore suffisamment ancrée en nous. Peu importe ce que ces 4 seront ou ne seront pas plus tard, dans l'immédiat, ce sont les 12 qui les ont envoyés, ils en sont donc les ambassadeurs. En arrivant à Antioche, ils ne parlent pas pour Dieu, mais pour les apôtres de Jésus. C'est pour cela que lorsqu'un différend apparaît, les frères d'Antioche se tournent vers ceux qui ont envoyé Barnabas et Paul, ils ne se tournent pas vers Dieu pour avoir la réponse. Ils ont un problème avec la prédication de ceux qui ont été envoyés, donc ils se tournent vers ceux qui les ont envoyés.
On comprend plus facilement cela avec le texte de la mise à part :
- Actes 13.2-4a : Pendant qu'ils servaient le Seigneur dans leur ministère et qu'ils jeûnaient, le Saint Esprit dit: Mettez-moi à part Barnabas et Saul pour l'œuvre à laquelle je les ai appelés. 3 Alors, après avoir jeûné et prié, ils leur imposèrent les mains, et les laissèrent partir. 4 Barnabas et Saul, envoyés par le Saint Esprit, ...
Cette scène se passe à Antioche, le Saint-Esprit ne parle pas à Barnabas et Saul, mais de toute évidence, de par la forme de la phrase, à des personnes en charge de cette église, lesquelles n'étant pas précisées. Tout ce qu'on peut déduire avec certitude, c'est que le Saint Esprit ne s'est pas adressé à eux, il l'a fait à d'autres en leur disant de les mettre à part. Ils vont le faire et les envoyer, selon la volonté du Saint-Esprit, pas de Jésus. Cela ne signifie pas que Jésus ne soit pas d'accord, mais seulement que ce n'est pas Jésus qui les envoie. Seuls les 12 premiers et Matthias ont été envoyés par Jésus. Donc, bien que ce soit le Saint Esprit qui en donne la direction, c'est l'église qui les met à part, et finalement, c'est lors de leur envoi qu'ils seront appelés 'apôtres' (Actes 14.14 : Les apôtres Barnabas et Paul ...). Ils terminent ensuite leur périple dans ce même chapitre et retournent à Antioche, donc à leur point de départ, ce qui met fin à leur envoi.
- Actes 14.26 : De là ils s'embarquèrent pour Antioche, d'où ils avaient été recommandés à la grâce de Dieu pour l'œuvre qu'ils venaient d'accomplir.
C'est au début du chapitre suivant que survient le trouble qui va justifier d'aller vers les apôtres, à ce moment, Barnabas et Paul ne sont plus apôtres. Ils l'ont été le temps de leur œuvre, mais elle s'est terminée. C'est une des différences avec l'apostolat des 12 premiers et de Matthias, leur service en tant qu'ambassadeur (qui signifie apôtre) est permanent, parce que ce que Jésus (qui est celui qui les a envoyés) leur a dit de faire est permanent.
- * Actes 15.2 : Paul et Barnabas eurent avec eux un débat et une vive discussion; et les frères décidèrent que Paul et Barnabas, et quelques-uns des leurs, monteraient à Jérusalem vers les apôtres (apostolos) et les anciens, pour traiter cette question.
- * Actes 15.4 : Arrivés à Jérusalem, ils furent reçus par l'Eglise, les apôtres (apostolos) et les anciens, et ils racontèrent tout ce que Dieu avait fait avec eux.
- * Actes 15.6 : Les apôtres (apostolos) et les anciens se réunirent pour examiner cette affaire.
- * Actes 15.22-23 : Alors il parut bon aux apôtres (apostolos) et aux anciens, et à toute l'Eglise, de choisir parmi eux et d'envoyer à Antioche, avec Paul et Barnabas, Jude appelé Barsabas et Silas, hommes considérés entre les frères. 23 Ils les chargèrent d'une lettre ainsi conçue : Les apôtres (apostolos), les anciens, et les frères, aux frères d'entre les païens, qui sont à Antioche, en Syrie, et en Cilicie, salut !
5 - Nature et qualité des apôtres.
L'apôtre est un envoyé, ce qui le lie étroitement à celui qui l'a envoyé.
Cette simple phrase définie le fait qu'il y ait une différence entre les apôtres, simplement parce qu'il y a une différence entre ceux qui les ont envoyés. Ainsi, il y a une différence entre Barnabas, Paul, Jude et Silas, qui sont envoyés par les 12 apôtres de Jésus et les 12 apôtres en question qui eux sont envoyés par Jésus. De la même manière qu'il y a une différence entre les 12 apôtres de Jésus et Jésus qui était lui-même apôtre (Hébreux 3.1 : C'est pourquoi, frères saints, qui avez part à la vocation céleste, considérez l'apôtre (apostolos) et le souverain sacrificateur de la foi que nous professons). L'apostolat de Jésus venant simplement du fait que le Père l'avait envoyé dans ce monde.
C'est pour cela qu'on ne peut pas hériter d'un apostolat. On peut nommer des apôtres, mais l'apostolat n'est pas une onction ministérielle, c'est la désignation de l'envoi d'une personne qui a déjà une onction ministérielle. L'apostolat marque autant l'identité de celui qui envoie que de celui qui est envoyé. On n'est pas du tout dans une 'transmission' de ministère du type Elie/Elisée. Ca paraît plus évident lorsque l'on prend en compte que les 12 disciples que Jésus avait appelés 'apôtres' sont nommés par Jésus qui est lui-même apôtre. Il les nomme de son vivant et, comme nous l'explique l'épître aux Hébreux, il l'est toujours. N'oublions pas qu'il n'a pas seulement donné sa vie, il l'a reprise. Donc il est toujours vivant. L'apostolat n'est donc pas une passation, mais une nomination. C'est d'autant plus vrai que les disciples de Jésus sont clairement identifiés après le livre des Actes comme étant les apôtres du Seigneur, ou de Jésus, voir de l'agneau. C'est donc un apostolat particulier qui n'est pas reproductible.
a) Les apôtres du Seigneur.
Il y a une particularité concernant les 12 disciples que Jésus a nommés apôtres. Ils sont différents de tout autre apôtre parce qu'ils sont 12, parce qu'ils sont nommés par Jésus et finalement parce que leur destin est annoncé dans la Parole de Dieu. Dans le livre des Actes des Apôtres, ils ne sont appelés qu'apôtres, pourtant dans tous les livres suivants, en dehors des rares passages où la confusion n'était pas possible il sera toujours fait mention de celui qui les a nommés : Seigneur (Jude 1.17) : Jésus Christ (1 Pierre 1.1 ; 2 Pierre 1.1 ; Jude 1.17) : Agneau (Apocalypse 21.14). La raison en est que d'autres apôtres apparaîtront, mais ils ne sont pas de la même nature que ceux désignés par Jésus lui-même.
a.1) Les 12.
C'est l'une des incompréhensions concernant les disciples de Jésus. Beaucoup considèrent Judas comme perdu, pourtant Jésus le désigne, avec les 11 autres , comme devant hériter d'un des trônes céleste. Parlant aux 12, Jésus dit ce qui suit :
- Matthieu 19.28 : Jésus leur répondit : Je vous le dis en vérité, quand le Fils de l'homme, au renouvellement de toutes choses, sera assis sur le trône de sa gloire, vous qui m'avez suivi, vous serez de même assis sur douze trônes, et vous jugerez les douze tribus d'Israël.
Penser que Judas se serait disqualifié serait penser que Jésus s'est trompé, ce qui invaliderait toute la Parole de Dieu. Ce qui pose la question de son remplaçant. Le principe est exactement le même que celui présent dans la passation entre Joseph et ses deux fils. Soudainement il n'y a plus de tribu de Joseph, mais une tribu d'Ephraïm et une tribu de Manassé. Parce qu'il est important que les tribus restent au nombre de 12 et la tribu de Dan va abandonner Dieu pendant près de 500 ans. En procédant de la sorte, le nombre des tribus reste de 12. Ce qui amène à une étrange répartition des territoires dans le livre du prophète Ezéchiel où il y a 13 tribus et non 12 (Ezéchiel 48.1-27) et où, quelques versets plus tard, on nous donne le nom des 12 portes de la Jérusalem céleste, ces noms étant ceux des 12 fils de Jacob, donc excluant Manassé et Ephraïm (Ezéchiel 48.31-34) mais incluant à nouveau Dan.
C'est le même principe avec Judas, il fait partie des 12 apôtres de Jésus, mais un treizième prendra sa place dans le livre des actes des apôtres, ce qui fait bien 13 apôtres de Jésus, tout comme il y a eu 13 tribus. Pourtant, au jugement dernier, Judas sera sur un des 12 trônes, parce qu'il est un des 12 apôtres désigné par Jésus de son vivant terrestre, tout comme Dan est un des 12 fils de Jacob.
Il devait y en avoir 12 qui correspondaient à un critère précis en raison de la signification du 12 qui désigne une totalité. Les 12 étaient donc garants de transmettre tout ce que Jésus leur avait enseigné (Matthieu 28.20 : et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit...). Or Jésus faisait souvent des apartés, ce qui fait que si tous avaient eu une base commune en étant dans sa proximité, chacun avait reçu des compréhensions particulières, et c'est l'ensemble de toutes ces particularités qui devaient être transmises, formant le 'tout' dont Jésus parle.
Le 12 était symbolique et il fallait que les apôtres continuent d'être 12 pour cette raison. Cela permet de mieux comprendre la présence de Matthias.
a.2) Le remplaçant.
Dans l'intervalle qui sépare le départ de Jésus et l'effusion du Saint-Esprit, Pierre recevra la révélation que la place laissée vacante suite au décès de Judas doit être occupée. Ce faisant, il va poser une base qui met également un point final à la prétention d'être des apôtres de Jésus-Christ. Le passage du livre des Actes des Apôtres qui en parle comporte une étrangeté qui est compréhensible uniquement si on la remet dans son contexte. Le passage en question est le suivant :
- Actes 1.21-26 : Il faut donc que, parmi ceux qui nous ont accompagnés tout le temps que le Seigneur Jésus a vécu avec nous, 22 depuis le baptême de Jean jusqu'au jour où il a été enlevé du milieu de nous, il y en ait un qui nous soit associé comme témoin de sa résurrection. 23 Ils en présentèrent deux: Joseph appelé Barsabbas, surnommé Justus, et Matthias. 24 Puis ils firent cette prière: Seigneur, toi qui connais les cœurs de tous, désigne lequel de ces deux tu as choisi, 25 afin qu'il ait part à ce ministère et à cet apostolat, que Judas a abandonné pour aller en son lieu. 26 Ils tirèrent au sort, et le sort tomba sur Matthias, qui fut associé aux onze apôtres.
La particularité dont je parlais est le fait que la prière des 120 a pour destinataire le 'Seigneur', en grec 'kurios', qui se réfère toujours à Jésus. Pourtant, ce même Jésus qu'ils sont en train de prier leur a expressément dit de prier le Père (Jean 15.16 : ... ce que vous demanderez au Père en mon nom ...). Cela pourrait nous faire croire que la prière en question est invalide, voir qu'on peut prier le Fils, mais il n'en est rien. La prière est valide, et on ne peut pas prier le Fils. Il se passe quelque chose qui ne pouvait se passer que pendant les 10 jours où les 120 se trouvaient dans la chambre haute.
Les apôtres ont été choisis par Jésus. Le même verset qui atteste que les demandes se font au Père, nous disant également : Ce n'est pas vous qui m'avez choisi; mais moi, je vous ai choisis, et je vous ai établis, ... (Jean 15.16). Donc les 12 doivent être choisis et établis par Jésus. Ce qui fait que si les 120 avaient prié le Père, ça n'est plus Jésus qui aurait choisi, et il fallait que ce soit lui. C'est pour cela que cette période de 10 jours de prières était la seule où c'était possible. Les 120 n'ont pas encore le Saint-Esprit, ce qui signifie qu'ils ne sont pas encore réconciliés avec le Père et qu'ils ont encore besoin de l'intermédiaire de Jésus. C'est cela qui valide leur prière. Durant le temps de Jésus sur terre, il était l'intermédiaire, et donc les disciples pouvaient prier le Père, Jésus s'en faisant l'intermédiaire parce qu'il était là. Ca n'est plus le cas. Le prochain intermédiaire sera le Saint-Esprit, qui par la même leur donnera la nouvelle naissance, faisant d'eux des fils et des filles de Dieu. Dans l'intervalle, ils passent par le seul canal qu'ils connaissent, celui du Fils, Jésus.
Le Père a tout enseigné au Fils : je vous ai fait connaître tout ce que j'ai appris de mon Père (Jean 15.15), et selon le même verset, Le Fils a tout enseigné au 12 : je vous ai fait connaître tout ce que j'ai appris de mon Père (Jean 15.15). C'est donc aux 12 de tout enseigner à l'église : et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit (Matthieu 28.20), ce qui signifie qu'ils doivent leur donner un enseignement théorique (enseignez-leur) et pratique (à observer). Malheureusement, ils ne sont plus 12, il en faut donc un qui ait tout reçu directement de Jésus depuis son baptême jusqu'à son départ, parce que lorsque Jésus parle d'enseigner, il ne parle pas de la Parole écrite, mais de transmettre toutes les leçons acquises en l'ayant côtoyé. Ce sont en partie ces mêmes leçons de vie décrivant ce que Jésus faisait et disait qui finiront par devenir les évangiles.
b) Les autres apôtres.
Soit il n'y en a que 12, soit il n'y en a que 12 à la fois. Cependant, une évidence est rapidement présente lorsqu'on regarde tous les textes en même temps. La méthode de sélection nous montre qu'ils ne peuvent être que 12 apôtres de Jésus, et que pour l'être, il faut avoir été avec lui tout du long de sa présence physique sur terre et être choisi par lui. L'ensemble de ces conditions ne pouvant plus être rempli à partir du déversement du Saint-Esprit. Premièrement parce que cette fois-ci les prières ne peuvent plus se faire qu'au Père, et ensuite parce que c'est par l'Esprit de Dieu que Dieu nous transmet ses réponses ou ses bénédictions.
A partir du déversement, il n'est plus possible d'être apôtre de Jésus. Une fois de plus, un apôtre est un envoyé, un ambassadeur. Toute personne envoyée comme ambassadeur est un apôtre, mais cela ne signifie pas que cela soit un ministère pour autant. De la même manière qu'enseigner ne fait pas de vous un ministère de Dieu, vous pouvez parfaitement enseigner la poterie dans des cours du soir, et vous pouvez être ambassadeur d'un pays ou d'une association. De la même manière une grande partie des pays du monde ont des ministères et nous faisons parfaitement la différence avec les ministères dans l'église. Il se trouve simplement que nous n'avons que très peu réfléchi à la notion d'apôtre et qu'il faut souvent un peu de temps pour se familiariser avec le sens réel d'une chose que nous avions mal comprise pendant longtemps.
De la même manière, être envoyé ne fait pas de vous automatiquement un apôtre. Si l'apôtre est un envoyé, c'est dans le sens d'ambassadeur, cela induit donc le fait de représenter. Il existe donc d'autres apôtres après les 12+1, mais ils n'ont pas le même statut. C'est bien le Saint-Esprit qui envoie Barnabas et Saul, pas Jésus (Actes 13.4 : Barnabas et Saul, envoyés* par le Saint Esprit), et c'est également le Saint-Esprit qui désormais établi des évêques (Actes 20.28 : Prenez donc garde à vous-mêmes, et à tout le troupeau sur lequel le Saint Esprit vous a établis évêques ...)
* Ca n'est pas ici le mot 'apostolos' mais 'ekpempo' qui ne porte pas la notion d'apostolat, donc d'ambassadeur, mais simplement le fait d'envoyer quelque part.
Donc l'église peut désigner des apôtres pour la représenter dans une tâche particulière. Cette personne portera l'autorité de cette église, mais pas celle de Dieu. Cela n'en fera donc pas un ministère en soi. Par contre, Dieu peut désigner un apôtre dans l'église (pas le bâtiment). C'est donc par le Saint-Esprit que se fera cette désignation, et il n'y a pas de rituels précis. Dieu décidant selon son bon vouloir qui il a élu pour cette tâche. La Parole de Dieu nous montrant que dans la très grande majorité des cas, Dieu intervient directement lorsqu'il se choisit un serviteur.
6 - Apocalypse.
Avec tout ce qui a été dit jusqu'à présent, on comprend mieux ce que sont les apôtres, je le résumerai cependant en conclusion. Dans l'immédiat, cette compréhension acquise nous permet de voir d'un œil renouvelé un verset du livre de l'Apocalypse :
- Apocalypse 2.2 : Je connais tes œuvres, ton travail, et ta persévérance. Je sais que tu ne peux supporter les méchants; que tu as éprouvé ceux qui se disent apôtres (apostolos) et qui ne le sont pas, et que tu les as trouvés menteurs;
Ca n'est pas pour rien que la compréhension de ce qu'est l'apostolat est tellement négligée. On comprend qu'un enseignant enseigne, on comprend qu'un prophète prophétise ... même si certaines subtilités ne sont pas perçues, l'essentiel est compris. Le rôle de chaque ministère est rarement compris dans son ensemble, mais au moins en partie. Des différences notoires pouvant se trouver de l'un à l'autre, simplement parce que Dieu fait ce qu'il veut. Pourtant l'apôtre est un mystère pour presque tout le monde et, de manière assez cocasse, il l'est également pour nombre de ceux qui prétendent l'être, et il se trouve justement que la lettre aux anges des 7 églises contient cette annonce particulière : tu as éprouvé ceux qui se disent apôtres (apostolos) et qui ne le sont pas, et que tu les as trouvés menteurs. Cette déclaration de Jésus n'est pas seulement un bon point qu'il accorde à l'Eglise d'Ephèse, c'est également l'affirmation que dans les temps de la fin il y aura un réel danger avec ceux qui se disent apôtres et qui ne le sont pas.
Et nous sommes dans les temps de la fin.
C'est pour cela que si peu de personnes comprennent ce qu'ils sont, le sévère défaut en enseignants fait que des notions de bases ne sont pas comprises, et alors qu'on comprend assez facilement dans ce verset qu'il y a un danger, ne sachant pas ce qu'est un apôtre, il devient impossible de les éprouver. De nos jours vous trouverez des multitudes d'apôtres, sans pour autant réussir à cerner le point commun entre chacun d'eux. Ce qui est normal étant donné qu'ils peuvent avoir n'importe lequel des ministères, la fonction d'apôtre n'étant pas en elle-même un ministère, mais l'affirmation de Dieu que la personne portant ce titre est envoyée par lui. La même personne peut être un jour prophète et le lendemain apôtre et prophète, c'est-à-dire prophète envoyé spécifiquement par Dieu pour le représenter dans une tâche précise. L'exemple d'Esaïe que j'ai déjà cité est à ce sujet particulièrement parlant :
- Esaïe 6.8 : J'entendis la voix du Seigneur, disant: Qui enverrai-je, et qui marchera pour nous? Je répondis: Me voici, envoie-moi.
Lorsque l'Eternel parle, Esaïe est déjà prophète, mais il n'est pas apôtre. L'Eternel a une tâche spécifique à faire accomplir par un de ses serviteurs et il cherche qui il va envoyer. Ce sera donc Esaïe qui, ce faisant, devient alors son apôtre/envoyé/ambassadeur. Ce qui a changé, ça n'est pas l'appel d'Esaïe, qui était prophète avant et qui est toujours prophète après. Ce qui a changé c'est qu'il est envoyé en mission. L'acquisition de l'apostolat ne lui donne pas un 'ministère' supplémentaire, cela le fait entrer dans un but divin spécifique concernant le ministère qu'il a déjà.
Il en résulte que reconnaître un apostolat signifie donc reconnaitre que celui qui dit venir de la part de Dieu vient réellement de sa part.
Pour ce faire, il faut éprouver tous les ministères, mais le seul moyen de le faire ne se trouve pas en demandant à Dieu de le faire pour nous. S'il a spécifiquement précisé que sa Parole écrite est éprouvée, c'est justement pour que nous ayons une base solide sur laquelle nous appuyer pour vérifier la validité de ce qui nous est dit. Il est de notre responsabilité personnelle d'ouvrir la Parole de Dieu et de vérifier ce qui est dit ou fait. Vous seriez étonnés de voir la quantité des pratiques actuelles qui ne sont absolument pas en accord avec la Parole de Dieu, voir même qui sont des claires désobéissances, mais que les croyants saluent d'abondants 'amen'.
Ce que nous dit ce verset d'Apocalypse 2.2 n'est pas que des personnes se tromperont sincèrement et feront de mauvaises choses, mais bien que ces personnes mentent, ce qui est une action pleinement volontaire, et il est nécessaire de se préserver d'elles, parce que plus vous accepterez de mensonges, plus la vérité deviendra opaque.
7 - Conclusion.
On est apôtre de celui qui nous envoie directement, pas du commencement de la chaîne de l'envoi. Le Père a envoyé le Fils, faisant de lui un apôtre, ensuite le Fils a envoyé les 12, faisant d'eux des apôtres, non pas du Père, origine de la chaîne, mais de Jésus, qui les a envoyés. C'est pour cela que désormais, étant relié au royaume de Dieu par le Saint-Esprit et non par Jésus qui lui, en est la porte, et nous en a rendu l'accès possible par son sacrifice, si nous recevons un apostolat, c'est du Saint-Esprit. C'est cela qui marque la différence entre les apôtres de Jésus et tout autre apôtre. Fonctionnellement cela ne change rien, vous êtes apôtres de Dieu, cependant l'un des problèmes de l'église actuelle est justement de ne pas être capable de différencier les fonctions de Dieu le Père, de Dieu le Fils et de Dieu le Saint-Esprit, et cette précision en définit un des contours.
Les apôtres sont donc une surcouche de ministères préexistant établis pour une tâche spécifique. Ils sont difficiles à cerner parce qu'on ne peut pas être simplement apôtre et rien d'autre. Avoir un des autres ministères ne signifie cependant pas être également d'office apôtre. Comme je le disais plus tôt, le ministère est un appel et l'apostolat est un envoi. Lorsque Dieu donne un ministère, celui qui le reçoit le reçoit de manière permanente, par contre, ça n'est pas nécessairement le cas d'un apostolat, vous pouvez parfaitement évoluer dans votre ministère et un jour recevoir une directive particulière de Dieu qui deviendra un envoi spécifique. Une fois que la chose demandée sera accomplie, l'apostolat se termine, mais le ministère continue. Les 12 disciples de Jésus ont eu un rôle si particulier que leur vie entière a été consacrée à l'accomplissement de leur apostolat, mais ce sont des cas particuliers. Etre un ministère de Dieu signifie avoir été appelé, mais pas avoir été envoyé. La très grande majorité des ministères exerceront toute leur vie au sein de l'église de Dieu et ne recevront jamais d'apostolat. Puis, soudainement l'un d'entre eux peut recevoir une directive particulière de Dieu afin d'accomplir une tâche qui sort de ses attributions "basiques", dès lors, il deviendra apôtre le temps de son accomplissement. La distinction n'est pas évidente, mais l'apôtre n'est pas un ministère, par contre il en a toujours au moins un.
L'idolâtrie des titres, qui dans certains cas confine à la collectionnite, fait que beaucoup parmi le peuple s'attachent plus à ces gratifications, qu'ils considèrent honorifiques, qu'ils ne s'attachent à Dieu. Lorsque Dieu donne un ministère, les croyants ont l'habitude de regarder au titre et y voient un honneur immanent, au lieu de comprendre que c'est un avertissement pour tous.
Un avertissement pour les serviteurs eux-mêmes, parce que ce titre doit leur rappeler la gravité de leur fonction et leur responsabilité non pas seulement envers les hommes, mais envers Dieu. N'oublions pas que Jésus a remis le jugement à sa Parole et que cette même Parole maudit : celui qui fait l'œuvre de Dieu avec négligence (Jérémie 48.10*). Le titre que porte un serviteur doit lui rappeler que la sainteté de Dieu n'acceptera aucune excuse pour celui qui aura méprisé l'appel de Dieu en s'attachant au titre plus qu'à l'accomplissement de la tâche qui lui a été confiée.
Un avertissement pour le peuple, afin qu'il n'attire pas sur lui la colère de Dieu en méprisant celui qu'il a envoyé, ni ne s'associe avec celui que Dieu n'a pas envoyé, raison pour laquelle il est nécessaire d'éprouver les envoyés afin de justement savoir qui les a envoyés. Parce qu'en acceptant un serviteur, que vous le vouliez ou non, vous acceptez son maître, et en rejetant un serviteur, vous rejetez son maître.
L'apôtre a une mission a remplir, et Dieu choisira celui qui a le ministère utile pour accomplir cette tâche.
* Jérémie 48.10 : Maudit soit celui qui fait avec négligence l'œuvre de l'Éternel, Maudit soit celui qui éloigne son épée du carnage!