Les guérisons des évangiles.
1 - Les lèpres.
- a) (Matthieu 8.1-4) (Marc 1.40-45) (Luc 5.12-14) : Le lépreux et le sacrificateur.
- b) (Luc 17.11-18) : Les dix lépreux et les sacrificateurs.
2 - Les paralysies.
- a) (Matthieu 8.5-13) (Luc 7.1-10) : Le serviteur du centenier.
- b) (Matthieu 9.1-8) (Marc 2.3-12) (Luc 5.17-26) : Le paralytique par le toit.
3 - Les cécités.
- a) Les notions imprécises.
- a.1) (Matthieu 9.26-31) : imprécis.
- a.2) (Matthieu 20.29-34) : Sur la route de Jéricho, deux aveugles.
- a.3) (Marc 10.46-52) (Luc 18.35-43) : Sur la route de Jéricho, un aveugle.
- a.4) (Matthieu 21.14-15) : vagues.
- b) (Marc 8.22-26) : L'aveugle de Bethsaïda (Jésus s'y reprend à deux fois).
- c) (Jean 9.1-39) : L'aveugle et le réservoir de Siloé.
4 - Les infirmités.
- a) (Luc 13.10-17) : La femme courbée.
- b) Oreille : (Luc 22.48-51) : L'oreille du soldat à l'arrestation de Jésus.
c) Boiteux : (Matthieu 21.14-15) : vagues.
5 - Les fièvres.
- a) (Matthieu 8.14) (Marc 1.29-31) (Luc 4.38-39) : La belle-mère de Simon.
- b) (Jean 4.45-54) : Le fils de l'officier du roi.
6 - Les délivrances.
- a) (Matthieu 8.28-33) (Marc 5.1-20) (Luc 8.26-39) : Les possédés de Gadara.
- b) (Matthieu 9.32-34) : Démon muet.
- c) (Matthieu 15.21-28) (Marc 7.24-30) : La Syro-Phénicienne (les miettes de pains).
- d) (Matthieu 17.14-21) (Marc 9.16-29) (Luc 9.37-43) : L'enfant dans le feu.
- e) (Luc 13.10-17) : La femme courbée.
- f) (Marc 1.21-28) (Luc 4.33-37) : Dans la synagogue, au début du ministère.
7 - Les résurrections.
- a) (Matthieu 9.18-25) (Marc 5.22-43) (Luc 8.40-56) : La fille de Jaïrus.
- b) (Luc 7.11-17) : A Naïn, il touche le cercueil et ordonne au mort de se lever.
- c) (Jean 11.1-46) : Lazare.
8 - Les mentions diverses.
- a) Perte de sang : (Matthieu 9.20-22) (Marc 5.24-34) (Luc 8.43-47) : La femme qui touche Jésus.
- b) Maladie non précisée : (Jean 5.1-16) : Piscine de Bethesda.
- c) Boiteux : (Matthieu 21.14-15) : les enfants crient Hosanna.
- d) Main sèche : (Matthieu 12.9-24) (Marc 3.1-6) (Luc 6.6-10) :
- e) L'homme hydropique : (Luc 14.1-6)
- f) Sourd : (Marc 7.31-37) : Les doigts dans les oreilles (Ephphatha).
- g) Muet : (Luc 11.14-15) : Béelzébul.
1 - Les lèpres.
a) Le lépreux et le sacrificateur.
Ce passage est présent dans trois évangiles : (Matthieu 8.1-4) (Marc 1.40-45) (Luc 5.12-14).
- Matthieu 8.1-4 : Lorsque Jésus fut descendu de la montagne, une grande foule le suivit. Et voici, un lépreux s'étant approché se prosterna devant lui, et dit: Seigneur, si tu le veux, tu peux me rendre pur. Jésus étendit la main, le toucha, et dit: Je le veux, sois pur. Aussitôt il fut purifié de sa lèpre. Puis Jésus lui dit: Garde-toi d'en parler à personne; mais va te montrer au sacrificateur, et présente l'offrande que Moïse a prescrite, afin que cela leur serve de témoignage.
- Marc 1.40-45 : Un lépreux vint à lui; et, se jetant à genoux, il lui dit d'un ton suppliant: Si tu le veux, tu peux me rendre pur. Jésus, ému de compassion, étendit la main, le toucha, et dit: Je le veux, sois pur. Aussitôt la lèpre le quitta, et il fut purifié. Jésus le renvoya sur-le-champ, avec de sévères recommandations, et lui dit: Garde-toi de rien dire à personne; mais va te montrer au sacrificateur, et offre pour ta purification ce que Moïse a prescrit, afin que cela leur serve de témoignage. Mais cet homme, s'en étant allé, se mit à publier hautement la chose et à la divulguer, de sorte que Jésus ne pouvait plus entrer publiquement dans une ville. Il se tenait dehors, dans des lieux déserts, et l'on venait à lui de toutes parts.
- Luc 5.12-14 : Jésus était dans une des villes; et voici, un homme couvert de lèpre, l'ayant vu, tomba sur sa face, et lui fit cette prière: Seigneur, si tu le veux, tu peux me rendre pur. Jésus étendit la main, le toucha, et dit: Je le veux, sois pur. Aussitôt la lèpre le quitta. Puis il lui ordonna de n'en parler à personne. Mais, dit-il, va te montrer au sacrificateur, et offre pour ta purification ce que Moïse a prescrit, afin que cela leur serve de témoignage.
Suite à la tentation dans le désert, Jésus commence son ministère. Il touche autant Israël que les pays avoisinants (même si lui ne sort pas d'Israël). Le chapitre 4 de l'évangile de Matthieu nous dit que les gens qui le suivaient venaient autant d'Israël que de la décapole (un ensemble de 10 villes dont 1 seule est en Israël, les autres se trouvant en Syrie ou en Jordanie) et que de l'autre côté du Jourdain.
- Matthieu 4.25-5.1 : Une grande foule le suivit, de la Galilée, de la Décapole, de Jérusalem, de la Judée, et d'au-delà du Jourdain. Voyant la foule, Jésus monta sur la montagne; et, après qu'il se fut assis, ses disciples s'approchèrent de lui.
Devant la foule, il monte sur la montagne et l'enseigne. Cet enseignement prendra tous les chapitres 5, 6 et 7 de cet évangile. C'est suite à cet enseignement qu'il redescend de la montagne et que nous nous retrouvons dans le passage qui nous concerne.
A la fin de son enseignement, Jésus se lève et descend. La foule fait de même et le suit. Il arrive alors dans une ville et un lépreux, trouvant un moment où il peut s'approcher de Jésus, vient s'en remettre à lui pour obtenir sa guérison. Ce lépreux attendait un instant où il pouvait être avec Jésus, seul à seul. Les lépreux ne peuvent pas se mélanger avec le peuple. On nous parle de la foule, et on nous parle du lépreux, mais on ne nous dit jamais que le lépreux faisait partie de la foule. Il devait regarder de loin et attendre son heure.
Voyant enfin un instant où il peut s'approcher, il vient se prosterner devant Jésus et lui demande de le rendre pur. Selon ses propres paroles, il ne demande pas à Jésus s'il peut le guérir, mais s'il le veut. Il a entendu l'enseignement sur la montagne, il a suivi Jésus de loin, et il a cru. C'est pourquoi il sait que Jésus peut, et il s'en remet à son bon vouloir.
Jésus accepte, le touche, chose interdite par la loi, et le purifie. C'est alors qu'il lui demande de n'en parler à personne. La version de l'évangile de Marc nous présente la scène avec une précision qui ne se trouve pas dans les deux autres évangiles.
- Marc 1.43 : Jésus le renvoya sur-le-champ,
Le lépreux a profité d'un court instant où il pouvait se retrouver seul avec Jésus, c'est pour cela que Jésus le renvoie de suite après sa guérison. Il lui commande ensuite de n'en parler à personne, ce qui nous montre que personne n'a vu ce qui vient de se passer. Si cela avait été le cas, Jésus aurait de suite été assailli par la foule qui ne devait pas être bien loin.
La directive qu'il lui donne sera tout de même de se soumettre à la loi de Moïse, en allant présenter l'offrande de purification et en demandant à ce que sa guérison soit attestée par les sacrificateurs. Le lépreux n'en fera qu'à sa tête. Il attache plus d'importance à sa guérison qu'il n'en attache à celui qui l'a guéri. Il a beau avoir compris que Jésus a le pouvoir de le guérir, ça ne l'intéresse pas de connaître Jésus. Il n'est que le remède à son mal, et une fois que le mal n'est plus présent, le remède n'a plus d'intérêt.
Nous devons impérativement être attentifs à la leçon qui se trouve dans ce passage des évangiles. Il y a parfois une différence entre la réalité et les apparences, et, bien souvent, nous sommes à même de réaliser que nous glissons de l'un à l'autre. Cela demande simplement de se regarder avec honnêteté. Le lépreux s'est présenté avec humilité devant Jésus, il a reconnu la capacité qu'avait Jésus de le guérir, mais il ne recherchait pas Jésus, uniquement la guérison. Jésus connaissait le coeur des hommes, on lit même qu'il connaissait leurs pensées (Matthieu 9.4). Pourtant, dans le cas présent, il a tout de même guéri le lépreux, même s'il savait qu'il désobéirait, parce que Jésus ne jugeait personne, il était venu pour sauver, pas pour condamner. Il fait pleuvoir sur les justes comme sur les injustes (Matthieu 5.45), ne faisant pas de distinctions.
Ne croyons pas que ce genre de comportement n'a pas de conséquences. Dans les trois versions, une seule nous transmet les conséquences de la désobéissance, les deux autres se contentant de nous les signaler. Dans l'évangile de Marc, on nous précise qu'à cause de la divulgation faite par le lépreux, Jésus ne pouvait plus entrer dans les villes, et les foules étaient obligées de le chercher dans les lieux déserts. Les conséquences ne s'arrêtent pas là, Jésus avait donné deux directives, et il est peu probable que le lépreux se soit soumis à la deuxième s'il a regardé la première avec mépris. C'est le sacrificateur qui devait confirmer que la guérison était effective, mais, le lépreux, dans sa première désobéissance qui consistait à proclamer lui-même sa guérison, a nécessairement, par extension, empêché la réalisation de la deuxième directive. Ce faisant, il a empêché que sa guérison soit un témoignage pour les sacrificateurs.
Au final, cette guérison ne sera une bénédiction que pour celui qui aura été guéri, et pour personne d'autre.
b) Les dix lépreux et les sacrificateurs.
Ce passage est présent dans un seul évangile : (Luc 17.11-19).
- Luc 17.11-19 : Jésus, se rendant à Jérusalem, passait entre la Samarie et la Galilée.17.12Comme il entrait dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre. Se tenant à distance, ils élevèrent la voix, et dirent:17.13Jésus, maître, aie pitié de nous!17.14Dès qu'il les eut vus, il leur dit: Allez vous montrer aux sacrificateurs. Et, pendant qu'ils y allaient, il arriva qu'ils furent guéris.17.15L'un deux, se voyant guéri, revint sur ses pas, glorifiant Dieu à haute voix.17.16Il tomba sur sa face aux pieds de Jésus, et lui rendit grâces. C'était un Samaritain.17.17Jésus, prenant la parole, dit: Les dix n'ont-ils pas été guéris? Et les neuf autres, où sont-ils?17.18Ne s'est-il trouvé que cet étranger pour revenir et donner gloire à Dieu?17.19Puis il lui dit: Lève-toi, va; ta foi t'a sauvé.
Dans la guérison mentionnée dans ce passage de l'évangile de Luc, 10 lépreux venant vers Jésus ne sont pas guéris de suite, mais reçoivent la directive d'aller se montrer aux sacrificateurs. Ces dix lépreux ne sont pas guéris, ils obéissent cependant et partent en direction de la ville afin de se monter aux sacrificateurs. Chemin faisant, la guérison survient.
A partir du verset 15, on apprend qu'un des dix lépreux fait demi-tour. On ne peut que supposer que les 9 autres ont poursuivi leur chemin vers les sacrificateurs. Quand celui des 10 qui a fait demi-tour arrive auprès de Jésus, il se prosterne devant lui et adore Dieu.
Il se trouve que la directive de Jésus était claire, Allez vous montrer aux sacrificateurs. Or, celui qui a été guéri ne l'a pas fait, contrairement aux neuf autres. Pourtant c'est celui qui semble avoir désobéi qui est félicité et les 9 autres, qui ont obéi, qui sont pointés du doigt.
La réalité est que si l'on regarde avec les yeux de la chair, alors Jésus a mal agi, en félicitant celui qui a désobéi et en dénigrant ceux qui ont obéi. Par contre, si l'on regarde avec les yeux de l'Esprit, on réalise que Jésus voulait éprouver les 10 lépreux. Lorsqu'il leur a dit d'aller vers les sacrificateurs, ils auraient aussi bien pu se prosterner de suite devant lui. Tout ce que voulait Jésus, c'était savoir lequel comprenait vers qui ils étaient venus en premier lieu et à qui ils s'étaient adressés en demandant la guérison.
Le chemin qu'ils ont pris devait être plein de questions. L'homme à qui ils venaient de demander la guérison les envoyait vers des hommes qui les avaient déjà rejetés auparavant et qui n'avaient eu de réponse, jusqu'à ce jour, que de les renvoyer hors de la ville. Les dix lépreux devaient avoir bien des doutes pendant leur route, jusqu'à ce que la guérison survienne en pleine marche.
C'est à ce moment-là que tous comprennent qu'ils ne seront plus rejetés hors de la ville. 9 d'entre eux continuent alors leur chemin, probablement pour se montrer aux sacrificateurs et faire valoir leur droit à entrer et rester dans la ville. Par contre le dixième comprend ce qui vient de se passer avec beaucoup plus de profondeur. Il comprend que Jésus est le sacrificateur, celui qui porte le sacerdoce royal.
C'est pour cela que les 10 ont obéi. Les 9 premiers ont choisi les sacrificateurs de la loi, mais le 10° a choisi le sacrificateur de la grâce. Les dix auraient pu se prosterner immédiatement devant Jésus lorsqu'il leur a demandé de se présenter aux sacrificateurs, mais un seul allait comprendre de quoi Jésus parlait et il lui faudrait encore un peu de temps pour ce faire.
On comprend alors mieux le dernier verset :
- Luc 17.19 : Puis il lui dit: Lève-toi, va; ta foi t'a sauvé.
Ce verset ne fait pas un amalgame entre la guérison et le salut, il parle d'une deuxième chose bien distincte. Jésus n'est pas en train de lui dire que sa foi a permis qu'il soit guéri, les 9 autres n'ont pas eu cette foi et ont également été guéris.
Le 10° est venu rendre gloire à Dieu. A travers sa guérison, il a reconnu que Jésus est Dieu; c'est pour cela que Jésus ne le reprend pas lorsqu'il tombe à ses pieds. Tous ont été guéris, mais celui-là a compris qui l'a guéri et il est venu lui rendre toute la gloire. Ce qu'il a compris et ce qu'il a fait, témoigne de la foi qui était sienne. C'est pour cela que Jésus lui dit que sa foi l'a sauvé, il ne parle pas du tout de la guérison de son corps, mais bien du salut de son âme, parce qu'il a reconnu que Jésus est le sacrificateur de Dieu.
2 - Les paralysies.
a) Le serviteur du centenier.
Ce passage est présent dans deux évangiles : (Matthieu 8.5-13) (Luc 7.1-10).
- Matthieu 8.5-13 : Comme Jésus entrait dans Capernaüm, un centenier l'aborda,8.6le priant et disant: Seigneur, mon serviteur est couché à la maison, atteint de paralysie et souffrant beaucoup. Jésus lui dit: J'irai, et je le guérirai. Le centenier répondit: Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit; mais dis seulement un mot, et mon serviteur sera guéri. Car, moi qui suis soumis à des supérieurs, j'ai des soldats sous mes ordres; et je dis à l'un: Va! et il va; à l'autre: Viens! et il vient; et à mon serviteur: Fais cela! et il le fait. Après l'avoir entendu, Jésus fut dans l'étonnement, et il dit à ceux qui le suivaient: Je vous le dis en vérité, même en Israël je n'ai pas trouvé une aussi grande foi. Or, je vous déclare que plusieurs viendront de l'orient et de l'occident, et seront à table avec Abraham, Isaac et Jacob, dans le royaume des cieux. Mais les fils du royaume seront jetés dans les ténèbres du dehors, où il y aura des pleurs et des grincements de dents. Puis Jésus dit au centenier: Va, qu'il te soit fait selon ta foi. Et à l'heure même le serviteur fut guéri.
- Luc 7.1-10 : Après avoir achevé tous ces discours devant le peuple qui l'écoutait, Jésus entra dans Capernaüm. Un centenier avait un serviteur auquel il était très attaché, et qui se trouvait malade, sur le point de mourir. Ayant entendu parler de Jésus, il lui envoya quelques anciens des Juifs, pour le prier de venir guérir son serviteur. Ils arrivèrent auprès de Jésus, et lui adressèrent d'instantes supplications, disant: Il mérite que tu lui accordes cela; car il aime notre nation, et c'est lui qui a bâti notre synagogue. Jésus, étant allé avec eux, n'était guère éloigné de la maison, quand le centenier envoya des amis pour lui dire: Seigneur, ne prends pas tant de peine; car je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit. C'est aussi pour cela que je ne me suis pas cru digne d'aller en personne vers toi. Mais dis un mot, et mon serviteur sera guéri. Car, moi qui suis soumis à des supérieurs, j'ai des soldats sous mes ordres; et je dis à l'un: Va! et il va; à l'autre: Viens! et il vient; et à mon serviteur: Fais cela! et il le fait. Lorsque Jésus entendit ces paroles, il admira le centenier, et, se tournant vers la foule qui le suivait, il dit: Je vous le dis, même en Israël je n'ai pas trouvé une aussi grande foi. De retour à la maison, les gens envoyés par le centenier trouvèrent guéri le serviteur qui avait été malade.
Ces deux passages parlent de la même chose, pourtant il y a des différences notables dans les textes. Rien qui ne soit irréconciliable, mais il faut convenir qu'il faut tout de même un certain capillotractage pour rendre certaines différences compatibles. Pour l'essentiel, dans l'évangile de Matthieu, le centenier se rend auprès de Jésus et discute avec lui, alors que dans l'évangile de Luc, le centenier envoie des serviteurs et ne rencontre jamais Jésus.
Cependant, que ce soit le centenier qui prononce les paroles ou que ce soit un messager, cela ne change fort heureusement pas le message. Après tout, lorsqu'un prophète parle, c'est également un serviteur et il porte la Parole de son maître, c'est donc le maître qui parle à travers lui. Il est donc possible de voir dans la différence de protagonistes une nouvelle affirmation du message qui va transparaître dans cette rencontre. Pour ajouter à cette image possible où le centenier serait une allégorie du message et du messager, représentant Jésus lui-même qui par sa position de soumission avait autorité, le symbole des centurions (centenier) était un cep de vigne, et Jésus se présentait lui-même comme le cep.
Les textes en eux-mêmes nous présentent donc un centenier dont le serviteur était dans la souffrance et atteint de paralysie, proche même de la mort. Il est intéressant de noter la sollicitude du maître qui n'hésite pas à s'en remettre à un juif (Jésus), descendant d'un peuple soumis, lui, romain et administrateur de l'armée romaine victorieuse, dans le but de secourir un serviteur.
Ce centenier demande le concours de Jésus, et la réponse de ce dernier mérite de s'y arrêter. Il existe plusieurs exemples où Jésus guérit les personnes à distance, il n'a aucun besoin de se rendre sur place pour le faire. De la même manière, nous avons également des exemples où Jésus refuse (dans un premier temps) de soigner des personnes parce qu'elles ne sont pas du peuple de Dieu (Les Hébreux). Aussi, alors que Jésus aurait simplement pu refuser, ou le faire à distance, il répond : J'irai, et je le guérirai (Matthieu 8.7). Une fois de plus, on sent qu'il a un but plus haut que la simple guérison qu'il aurait pu accorder de suite.
C'est là que le sens de ce passage prend forme. Le centenier se trouve indigne de la présence de Jésus et présente sa position en faisant ressurgir la notion de hiérarchie. Il compare sa position à celle de Jésus, révélant sa compréhension de qui est Jésus et de ce que l'autorité n'est que la conséquence d'une soumission. Son argument est de dire que sa propre position dans la hiérarchie militaire le place sous l'autorité de certains tout en la lui donnant sur d'autres. Ce qu'il dit également à travers cette affirmation, c'est que la loi de Dieu est au-dessus de celle des hommes. En posant la hiérarchie et en se soumettant à Jésus, il affirme sa propre infériorité comparativement à Jésus. Dans les faits, il est humainement en charge de la ville, et personne n'est au-dessus de lui, c'est pourquoi, étant la tête et reconnaissant Jésus comme lui étant supérieur, il reconnaît qu'il vient du ciel.
En disant cela, il fait le parallèle avec la position spirituelle de Jésus, montrant qu'il l'a comprise. Il a compris que Jésus est sous l'autorité de quelqu'un qui est plus grand que lui, et que par cette soumission, Jésus a autorité sur ce qui est plus petit que lui. Les implications de cette compréhension sont impressionnantes. L'évangile de Luc nous précise que cet homme aimait Israël et avait même fait bâtir la synagogue de Capernaüm. Cet homme n'a pas grandi en écoutant les faux enseignements des Pharisiens, des scribes et des sacrificateurs. Ayant rencontré Dieu sur le tard, il est probable qu'il ait fort logiquement commencé par étudier Moïse, celui-là même que les Pharisiens ont rejeté. Jésus disait aux pharisiens que s'ils croyaient en Moïse, ils croiraient aussi en lui parce que Moïse avait parlé de lui. Ce centenier, romain de son état, a compris qui était Jésus, chose que seules les écritures avaient pu lui révéler, l'Esprit n'étant pas encore dispensé, et il n'a pas craint de reconnaître son autorité, pour le bien d'un serviteur.
Sa croyance et sa foi sont si grandes qu'il ne cherche aucun artifice. Il croit en Jésus et en sa pleine autorité. C'est pourquoi il sait qu'un seul mot suffirait (mais dis seulement un mot, et mon serviteur sera guéri), il ne demande que ce qui est nécessaire.
Sa foi sera récompensée par la guérison de son serviteur (à distance, preuve qu'il le pouvait), ainsi que par la révélation prophétique de ce qui se passerait dans la suite des temps au regard du salut. Devant la foi d'un étranger, Jésus ne peut que confirmer la Parole. L'ancienne alliance nous prophétisant bien que le juste vivra par sa foi (Habacuc 2.4). Ca n'était pas une affirmation qui se limitait à définir l'avenir des juifs, mais qui englobait tous les justes. Le prophète nous précise dans le verset précédent que cette prophétie marche vers son terme, et qu'elle ne mentira pas (Habacuc 2.3). Jésus se retrouve devant un signe de cette réalisation et ne peut que l'affirmer.
- Matthieu 8.11 : Or, je vous déclare que plusieurs viendront de l'orient et de l'occident, et seront à table avec Abraham, Isaac et Jacob, dans le royaume des cieux.
Le centenier n'est autre que les prémices du salut pour les païens. Par la foi, il a reçu ce qui ne sera révélé que plus tard, à travers le sacrifice de Jésus. N'oublions pas que la grâce n'est pas donnée après le sacrifice de Jésus, elle a toujours existé, et n'est 'que' révélée par le sacrifice de Jésus. Cet homme est une des secousses avant l'éruption.
b) Le paralytique par le toit.
Ce passage est présent dans trois évangiles : (Matthieu 9.1-8) (Marc 2.3-12) (Luc 5.17-26).
- Matthieu 9.1-8 : Jésus, étant monté dans une barque, traversa la mer, et alla dans sa ville. Et voici, on lui amena un paralytique couché sur un lit. Jésus, voyant leur foi, dit au paralytique: Prends courage, mon enfant, tes péchés te sont pardonnés. Sur quoi, quelques scribes dirent au dedans d'eux: Cet homme blasphème. Et Jésus, connaissant leurs pensées, dit: Pourquoi avez-vous de mauvaises pensées dans vos cœurs ? Car, lequel est le plus aisé, de dire: Tes péchés sont pardonnés, ou de dire: Lève-toi, et marche ? Or, afin que vous sachiez que le Fils de l'homme a sur la terre le pouvoir de pardonner les péchés: Lève-toi, dit-il au paralytique, prends ton lit, et va dans ta maison. Et il se leva, et s'en alla dans sa maison. Quand la foule vit cela, elle fut saisie de crainte, et elle glorifia Dieu, qui a donné aux hommes un tel pouvoir.
- Marc 2.3-12 : Des gens vinrent à lui, amenant un paralytique porté par quatre hommes. Comme ils ne pouvaient l'aborder, à cause de la foule, ils découvrirent le toit de la maison où il était, et ils descendirent par cette ouverture le lit sur lequel le paralytique était couché. Jésus, voyant leur foi, dit au paralytique: Mon enfant, tes péchés sont pardonnés. Il y avait là quelques scribes, qui étaient assis, et qui se disaient au dedans d'eux: Comment cet homme parle-t-il ainsi ? Il blasphème. Qui peut pardonner les péchés, si ce n'est Dieu seul ? Jésus, ayant aussitôt connu par son esprit ce qu'ils pensaient au dedans d'eux, leur dit: Pourquoi avez-vous de telles pensées dans vos cœurs ? Lequel est le plus aisé, de dire au paralytique: Tes péchés sont pardonnés, ou de dire: Lève-toi, prends ton lit, et marche ? Or, afin que vous sachiez que le Fils de l'homme a sur la terre le pouvoir de pardonner les péchés: Je te l'ordonne, dit-il au paralytique, lève-toi, prends ton lit, et va dans ta maison. Et, à l'instant, il se leva, prit son lit, et sortit en présence de tout le monde, de sorte qu'ils étaient tous dans l'étonnement et glorifiaient Dieu, disant: Nous n'avons jamais rien vu de pareil.
- Luc 5.17-26 : Un jour Jésus enseignait. Des pharisiens et des docteurs de la loi étaient là assis, venus de tous les villages de la Galilée, de la Judée et de Jérusalem; et la puissance du Seigneur se manifestait par des guérisons. Et voici, des gens, portant sur un lit un homme qui était paralytique, cherchaient à le faire entrer et à le placer sous ses regards. Comme ils ne savaient par où l'introduire, à cause de la foule, ils montèrent sur le toit, et ils le descendirent par une ouverture, avec son lit, au milieu de l'assemblée, devant Jésus. Voyant leur foi, Jésus dit: Homme, tes péchés te sont pardonnés. Les scribes et les pharisiens se mirent à raisonner et à dire: Qui est celui-ci, qui profère des blasphèmes ? Qui peut pardonner les péchés, si ce n'est Dieu seul ? Jésus, connaissant leurs pensées, prit la parole et leur dit: Quelles pensées avez-vous dans vos cœurs ? Lequel est le plus aisé, de dire: Tes péchés te sont pardonnés, ou de dire: Lève-toi, et marche ? Or, afin que vous sachiez que le Fils de l'homme a sur la terre le pouvoir de pardonner les péchés: Je te l'ordonne, dit-il au paralytique, lève-toi, prends ton lit, et va dans ta maison. Et, à l'instant, il se leva en leur présence, prit le lit sur lequel il était couché, et s'en alla dans sa maison, glorifiant Dieu. Tous étaient dans l'étonnement, et glorifiaient Dieu; remplis de crainte, ils disaient: Nous avons vu aujourd'hui des choses étranges.
Encore un exemple très marquant de la volonté de Jésus d'utiliser la guérison à des fins plus élevées.
Jésus était de retour dans sa ville. Entouré d'une foule nombreuse, comprenant autant des pharisiens que des docteurs de la loi, il enseigne à partir d'une maison dans laquelle il est accueilli. De nombreuses guérisons ont lieu, et un groupe de personnes, amenant un paralytique dans son lit, se retrouve bloqué par la foule et donc incapable de présenter le malade à Jésus. Cherchant un moyen, ils décident de le faire passer par le toit de la demeure, avec son lit, de telle sorte à ce que Jésus puisse le voir et agir en sa faveur.
C'est là que les choses ne se déroulent pas comme la foule s'y attendait.
Jésus ne guérit pas le paralytique, il lui annonce que ses péchés lui sont pardonnés. Il faut bien remettre les choses dans leur contexte. Les pharisiens et les docteurs de la loi ont déjà assisté à de nombreuses guérisons. Si Matthieu et Marc font l'impasse sur ce détail, Luc de son côté nous précise que la puissance du Seigneur se manifestait par des guérisons (Luc 5.17). Si Jésus avait de suite guéri le paralytique, ça n'aurait été qu'une guérison de plus entre deux phrases de l'enseignement qu'il prodiguait à son auditoire.
Au lieu de le guérir de suite, il provoque une secousse parmi son auditoire. Jésus va prononcer le pardon des péchés du paralytique. La forme que cela va prendre est particulière, et on a tendance à comprendre le passage en se laissant influencer par les pharisiens. En effet, Jésus ne pardonne pas les péchés du paralytique, il lui annonce qu'ils lui sont pardonnés, ce qui n'est pas la même chose. Les scribes ont raisons lorsqu'ils pensent : Qui peut pardonner les péchés, si ce n'est Dieu seul? (Marc + Luc), ils n'ont simplement pas compris que Jésus et le Père ne sont qu'un (Jean 10.30 : Moi et le Père nous sommes un). Ils n'étaient pas loin de la compréhension, en cet instant ils avaient tous les éléments, mais pas le coeur pour comprendre. Pourtant, la forme de la phrase de Jésus était en elle-même également un indice. La phrase exacte de Jésus est : Prends courage, mon enfant, tes péchés te sont pardonnés (Matthieu 9.2). La question se pose : depuis quand Jésus nous appelle ses enfants ? Il parle très souvent d'enfants, soit en citant l'ancienne alliance, soit plus simplement pour parler des enfants, mais nous appeler ses enfants est étrange. En réalité, ce verset doit être compris au travers de Jean 14.10 : Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même.
C'est pourquoi les pharisiens étaient si proches de comprendre la vérité. Leur connaissance était bonne, mais leur cœur était mauvais, et c'est ce qui vient du cœur, du dedans de l'homme qui souille l'homme tout entier. Leur aveuglement les empêche de comprendre et de relier les éléments en leur possession. C'est pour cela que ce sont les pensées du cœur que Jésus pointe du doigt (Quelles pensées avez-vous dans vos cœurs ?).
Les éléments sont donc en place pour ce que Jésus voulait faire. C'est pourquoi il peut lancer la charge.
- Matthieu 9.5 : Car, lequel est le plus aisé, de dire: Tes péchés sont pardonnés, ou de dire: Lève-toi, et marche?
On notera qu'il ne demande pas ce qui est le plus facile à faire, mais ce qui est le plus facile à dire. Il sait que les pharisiens sont dans l'incapacité de guérir qui que ce soit, sinon ils ne seraient pas là. Il n'y aurait aucun intérêt à venir d'aussi loin pour regarder un homme faire ce que de toute façon vous faites également. Dans sa question, Jésus met en opposition le visible et l'invisible. Vous pouvez dire que les péchés sont pardonnés, mais cela ne signifie pas que ce soit vrai, par contre, vous ne pouvez pas dire qu'un paralytique est guéri s'il ne l'est pas. Le plus facile à dire est donc que les péchés sont pardonnés, c'est pour cela que Jésus avait attendu avant de guérir le malade. Les pharisiens, suivant la logique avancée par Jésus, doivent se rendre à l'évidence qu'ils pourraient eux aussi faire les deux affirmations, mais la seule où ils seraient obligatoirement pris en défaut, serait celle concernant la guérison. Par logique, si la chose la plus difficile peut être faite, alors la plus facile également.
C'est à ce moment que Jésus ordonne (Marc) au paralytique de se lever, précisant qu'il le fait dans le but de démontrer que le Fils de l'homme a l'autorité de pardonner les péchés. Il ne lui impose pas les mains et ne s'adresse pas à la maladie. Jésus n'est pas intéressé par la maladie, mais par le malade, de la même manière qu'il n'est pas intéressé par le péché, mais par le pécheur.
Il est important de noter que Jésus ne dit pas qu'il a le pouvoir de pardonner les péchés, mais que le Fils de l'homme a sur la terre le pouvoir de pardonner les péchés. Lorsque Jésus semble parler de lui à la troisième personne, c'est en réalité signe qu'on n'a pas compris un passage. Dans ce verset les deux choses importantes sont justement cette appellation de 'Fils de l'homme', et la précision 'sur la terre'.
- L'appellation 'Fils de l'homme' a très souvent été discutée, pourtant je pense qu'en réalité sa signification est très simple. Par cette expression, Jésus pointe sa nature charnelle. Dans la réalité, il n'est pas en train de parler 'de lui', mais 'également de lui'. La différence étant que, dans cette phrase, il parle de tous ceux qui donneront leur vie à Dieu et qui recevront la nouvelle naissance. Chacun d'entre eux a/aura le pouvoir de pardonner les péchés. Cela peut paraître choquant, pourtant c'est une évidence de la Parole de Dieu qu'on efface d'un revers de la main parce qu'elle nous paraît loufoque. On lit bien : Après ces paroles, il souffla sur eux, et leur dit: Recevez le Saint Esprit. Ceux à qui vous pardonnerez les péchés, ils leur seront pardonnés; et ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus (Jean 20.22-23). Pour ce faire, il faut être en mesure de véhiculer le pardon de Dieu, et donc d'être ses enfants, d'agir selon sa volonté.
- La deuxième chose importante est la précision 'sur la terre'. Les lecteurs ont tendance à voir ce verset comme s'il disait : 'Jésus a le pouvoir de pardonner les péchés', mais ça n'est pas du tout le sens de ce qu'il vient de dire. Je disais juste avant que l'appellation 'Fils de l'homme'(*) se référait à tous ceux qui recevraient la nouvelle naissance. La précision que le pouvoir de pardonner est déjà acquis sur terre, pousse encore cette compréhension. Ce qui met le sceau final est le fait que le mot pouvoir est 'exousia', donc en réalité 'autorité'. Or l'autorité vient de Dieu, et elle appartient à Jésus (Matthieu 28.18 : Toute autorité m'a été donnée dans le ciel et sur la terre), satan n'en a pas et ne peut pas en avoir.
Si nous additionnons les deux points précédents, le message qui en ressort est que Jésus annonçait non seulement le pardon des péchés, mais également la nouvelle naissance à venir et le fait que nous devrions perpétuer son rôle de Fils de Dieu en regardant au Père à notre tour.
Notons qu'une fois de plus, nous sommes dans la séparation moyen/but.
(*) La majuscule de 'Fils' n'est pas présente dans toutes les traductions.
3 - Les cécités.
a) Les notions imprécises.
Toutes les guérisons incluses dans le point a) ne contiennent pas d'informations qui nécessitent d'explications détaillées. Certaines paraissent être les mêmes mais contiennent suffisamment de différences pour ne pas les considérer de la sorte.
a.1) (Matthieu 9.26-31) : imprécis.
- Matthieu 9.26-31 : Le bruit s'en répandit dans toute la contrée. Étant parti de là, Jésus fut suivi par deux aveugles, qui criaient: Aie pitié de nous, Fils de David! Lorsqu'il fut arrivé à la maison, les aveugles s'approchèrent de lui, et Jésus leur dit: Croyez-vous que je puisse faire cela? Oui, Seigneur, lui répondirent-ils. Alors il leur toucha leurs yeux, en disant: Qu'il vous soit fait selon votre foi. Et leurs yeux s'ouvrirent. Jésus leur fit cette recommandation sévère: Prenez garde que personne ne le sache. Mais, dès qu'ils furent sortis, ils répandirent sa renommée dans tout le pays.
C'est l'un des exemples de guérison qui nous montrent des malades plus intéressés par la guérison que par le médecin. Bienheureux d'en avoir bénéficié, ils choisissent de totalement négliger la volonté de Jésus. On peut se demander combien de personnes, de nos jours, accepteraient de se taire et de ne pas poster sur les réseaux sociaux ce qui vient de se passer après une guérison. L'argument serait toujours le même, "il faut répandre ce que Dieu a fait", alors qu'en réalité, ce qu'il faut c'est obéir, et adorer Dieu ça n'est pas la même chose qu'adorer les "likes".
a.2) (Matthieu 20.29-34) : Sur la route de Jéricho, deux aveugles.
a.3) (Marc 10.46-52) (Luc 18.35-43) : Sur la route de Jéricho, un aveugle.
- a.2) Matthieu 20.29-34 : Lorsqu'ils sortirent de Jéricho, une grande foule suivit Jésus. Et voici, deux aveugles, assis au bord du chemin, entendirent que Jésus passait, et crièrent: Aie pitié de nous, Seigneur, Fils de David! La foule les reprenait, pour les faire taire; mais ils crièrent plus fort: Aie pitié de nous, Seigneur, Fils de David! Jésus s'arrêta, les appela, et dit: Que voulez-vous que je vous fasse? Ils lui dirent: Seigneur, que nos yeux s'ouvrent. Ému de compassion, Jésus toucha leurs yeux; et aussitôt ils recouvrèrent la vue, et le suivirent.
- a.3) Marc 10.46-52 : Ils arrivèrent à Jéricho. Et, lorsque Jésus en sortit, avec ses disciples et une assez grande foule, le fils de Timée, Bartimée, mendiant aveugle, était assis au bord du chemin. Il entendit que c'était Jésus de Nazareth, et il se mit à crier; Fils de David, Jésus aie pitié de moi! Plusieurs le reprenaient, pour le faire taire; mais il criait beaucoup plus fort; Fils de David, aie pitié de moi! Jésus s'arrêta, et dit: Appelez-le. Ils appelèrent l'aveugle, en lui disant: Prends courage, lève-toi, il t'appelle. L'aveugle jeta son manteau, et, se levant d'un bond, vint vers Jésus. Jésus, prenant la parole, lui dit: Que veux-tu que je te fasse? Rabbouni, lui répondit l'aveugle, que je recouvre la vue. Et Jésus lui dit: Va, ta foi t'a sauvé. Aussitôt il recouvra la vue, et suivit Jésus dans le chemin.
- a.3) Luc 18.35-43 : Comme Jésus approchait de Jéricho, un aveugle était assis au bord du chemin, et mendiait. Entendant la foule passer, il demanda ce que c'était. On lui dit: C'est Jésus de Nazareth qui passe. Et il cria: Jésus, Fils de David, aie pitié de moi! Ceux qui marchaient devant le reprenaient, pour le faire taire; mais il criait beaucoup plus fort: Fils de David, aie pitié de moi! Jésus, s'étant arrêté, ordonna qu'on le lui amène; et, quand il se fut approché, il lui demanda: Que veux-tu que je te fasse? Il répondit: Seigneur, que je recouvre la vue. Et Jésus lui dit: Recouvre la vue; ta foi t'a sauvé. A l'instant il recouvra la vue, et suivit Jésus, en glorifiant Dieu. Tout le peuple, voyant cela, loua Dieu.
On pourrait penser que ces trois passages parlent de la même chose. Cependant, si on peut concevoir que, pour une raison inconnue, Matthieu parlerait de deux aveugles et que Marc et Luc ne parleraient que d'un seul, il se trouve que les différences ne s'arrêtent pas là. Dans le cas de Matthieu, Jésus touche le malade, plus précisément, il touche ses yeux. Dans les deux situations présentées par Marc et Luc, Jésus ne fait que parler, il n'est pas fait mention d'un quelconque contact.
En réalité, ces trois situations sont souvent considérées comme étant une seule parce qu'elles se déroulent aux alentours de Jéricho. Cependant, il me semble que la première est distincte des deux autres qui, elles, n'en sont qu'une. Luc nous dit que Jésus approchait de Jéricho, alors que Marc nous dit simplement que Jésus en sortait. Ces deux déclarations ne sont pas incompatibles, elles peuvent grandement dépendre de la position de l'observateur.
Il existe également une possibilité que ce soient en réalité trois guérisons différentes. Les éléments qui nous sont présentés sont peu concluants et ne permettent pas d'attacher une véritable identité à chaque passage.
a.4) (Matthieu 21.14-15) : vagues.
- Matthieu 21.14-15 : Des aveugles et des boiteux s'approchèrent de lui dans le temple. Et il les guérit.21.15Mais les principaux sacrificateurs et les scribes furent indignés, à la vue des choses merveilleuses qu'il avait faites, et des enfants qui criaient dans le temple: Hosanna au Fils de David!
Une fois de plus, une guérison qui ne contient pas grand-chose comme renseignements.
On apprend uniquement que Jésus guérissait dans le temple, et que, comme dans presque tous les cas, ce sont les personnes qui allaient vers lui.
On apprend également que les autorités religieuses étaient scandalisées, et que les enfants acclamaient Jésus en usant du terme 'hosanna' qui est un appel à Dieu pour recevoir le salut. On comprend mieux pourquoi les religieux semblent surréagir devant l'emploi de ce terme qui fait directement allusion à 'Hoshya Na', la prière juive traditionnelle dite pendant les 3 fêtes principales. La version juive se retrouve dans le psaume 118, au verset 25 : O Éternel, accorde le salut!
La raison de la colère, c'est que dans 'Hosanna' ne se trouve pas le nom de Dieu. Dans la version hébraïque, on a 'anna Jéhovah yasha'. On comprend donc que dans le chant des enfants, le nom de Dieu est remplacé par 'Fils de David'.
Quoi qu'il en soit, cela reste une des notifications de guérison mineure.
b) (Marc 8.22-26) : L'aveugle de Bethsaïda (Jésus s'y reprend à deux fois).
- Marc 8.22-26 : Ils se rendirent à Bethsaïda; et on amena vers Jésus un aveugle, qu'on le pria de toucher. Il prit l'aveugle par la main, et le conduisit hors du village; puis il lui mit de la salive sur les yeux, lui imposa les mains, et lui demanda s'il voyait quelque chose. Il regarda, et dit: J'aperçois les hommes, mais j'en vois comme des arbres, et qui marchent. Jésus lui mit de nouveau les mains sur les yeux; et, quand l'aveugle regarda fixement, il fut guéri, et vit tout distinctement. Alors Jésus le renvoya dans sa maison, en disant: N'entre pas au village.
b.1) La ville.
Pour comprendre le texte, il faut comprendre la ville, parce qu'elle a une importance toute particulière dans les évangiles.
Bethsaïda et la ville d'un grand nombre des 12 disciples. Sans avoir fait de recherches poussées, elle est au minimum la ville de Philippe, Pierre, André, Jean et Jacques. Il s'est passé de nombreux miracles dans cette ville, pourtant, c'est une ville incrédule que Jésus ira jusqu'à maudire :
- Matthieu 11.20-22 : Alors il se mit à faire des reproches aux villes dans lesquelles avaient eu lieu la plupart de ses miracles, parce qu'elles ne s'étaient pas repenties. Malheur à toi, Chorazin! malheur à toi, Bethsaïda! car, si les miracles qui ont été faits au milieu de vous avaient été faits dans Tyr et dans Sidon, il y a longtemps qu'elles se seraient repenties, en prenant le sac et la cendre. C'est pourquoi je vous le dis: au jour du jugement, Tyr et Sidon seront traitées moins rigoureusement que vous.
b.2) L'incrédulité.
La plupart des miracles de Jésus ont été fait dans quelques villes, dont Bethsaïda, mais le peuple ne s'est pas repenti pour autant. C'est pourquoi il faut comprendre le verset de Marc d'une manière différente de celle qui semble de prime abord être la bonne.
- Marc 8.22 : Ils se rendirent à Bethsaïda; et on amena vers Jésus un aveugle, qu'on le pria de toucher.
Nous ne sommes pas, comme c'est généralement le cas dans les évangiles, dans un instant où le peuple est brûlant de foi. C'est en fait l'inverse. Ils ne viennent pas pour assister à un miracle, ils ne viennent pas par empathie pour l'aveugle. Ce qu'ils veulent, c'est voir Jésus échouer, et Jésus le sait.
C'est pour ça que Jésus prend l'aveugle par la main et l'amène hors de la ville. Il a bien l'intention de le guérir, mais Bethsaïda ne doit pas en être au bénéfice. Cela va tellement loin que Jésus ne voudra même pas que l'aveugle, une fois guéri, ne retourne en ville. Quand Jésus avait guéri le lépreux, il lui avait demandé d'aller présenter au temple l'offrande que la loi de Moïse prescrivait, parce qu'il voulait que cela serve de témoignage. Dans le cas de l'aveugle, non seulement il veut d'abord sortir de la ville, mais il demande expressément à l'homme de retourner dans sa maison, qui se trouve à l'extérieur de la ville, et de ne pas retourner à Bethsaïda ensuite (Marc 8.26). Jésus a l'amour pour guérir le malade, mais ne veut pas que cela serve de témoignage à la ville. De son côté, une fois le miracle accompli, Jésus s'en ira vers les villages de Césarée de Philippe. Il ne restera pas non plus à Bethsaïda.
b.3) La guérison.
Plusieurs choses sont particulières dans cette guérison et en font une exception dans les évangiles.
- L'aveugle n'a rien demandé, le peuple parle à sa place, lui ne dit rien.
- Le peuple ne vient pas pour une guérison, mais pour voir Jésus échouer.
Ces deux faits sont clairs, les deux suivants le sont moins :
- Jésus crache dans les yeux de l'aveugle (traduction Chouraki et plusieurs autres) (seul cas dans la Parole de Dieu) et impose les mains.
- Jésus doit s'y reprendre à 2 fois (seul cas dans la Parole de Dieu).
--) Le crachat.
La première chose est de prendre en compte que Jésus ne faisait que ce qu'il voyait au Père, ce qui signifie que Jésus venait de voir Dieu cracher sur l'aveugle. Ce qui, présenté de la sorte paraît encore plus fou. C'est dans cette optique que nous pouvons rapprocher ce qui vient de se passer de ce qui est arrivé à Marie, sœur de Moïse et d'Aaron.
- Nombres 12.13-14 : Moïse cria à l'Éternel, en disant: O Dieu, je te prie, guéris-la! Et l'Éternel dit à Moïse: Si son père lui avait craché au visage, ne serait-elle pas pendant sept jours un objet de honte? Qu'elle soit enfermée sept jours en dehors du camp; après quoi, elle y sera reçue.
L'aveugle a participé à un traquenard contre Jésus, mais sa situation le rend également victime de ce qui s'est passé. Dans le passage du livre des Nombres Dieu nous dit que si le père de Marie lui avait craché au visage elle devrait être enfermée sept jours en dehors du camp. Pourtant cela semble surréaliste ! Quel est le rapport avec ce qu'elle vient de faire ? Bien sur elle a fauté, on pourrait comprendre une sanction, quelle qu'elle soit, mais où se trouve le lien entre elle faisant quelque chose de mal, et son père lui crachant dessus? Cela donne l'impression qu'elle n'est pas sanctionnée pour ce qu'elle a fait, mais pour ce qui lui a été fait.
Regarder sa faute est cependant intéressant, parce qu'elle n'est pas sans rappeler celle de l'aveugle. La faute de Marie a été de nier la particularité de Moïse qui était celui que Dieu avait choisi pour parler au peuple. Le peuple de Bethsaïda et l'aveugle ont fait la même chose. Ils sont allés vers Jésus pour démontrer qu'il n'était pas la voix de Dieu.
Dans le passage des Nombres, la raison invoquée par Dieu semble hors du temps, elle paraît ne pas correspondre à la faute. En réalité, La Parole de Dieu est un tout, et il est probable que cette information que Dieu donne en parlant à Moïse est ce qu'il nous fallait pour comprendre ce qui se passe avec l'aveugle de Bethsaïda, qui est amené hors du camp (donc de la ville), qui reçoit un crachat au visage de la part de Dieu (donc de son Père), et qui doit rester hors du camp après cela (donc hors de la ville).
Vu comme ça, ce crachat permet encore plus de comprendre l'amour de Dieu. Moïse a, des millénaires plus tôt, intercédé pour cet aveugle. La faute étant la même, il y avait une sorte de jurisprudence spirituelle. En lui crachant au visage, Jésus a permis le pardon de Dieu, en incorporant l'aveugle dans le changement de sanction dont Marie avait bénéficié.
En lui crachant au visage, Jésus a permis le pardon de sa faute, en lui imposant les mains, il l'a guéri.
--) Guérison en deux étapes.
On a tendance à considérer que Jésus s'y est repris à deux fois pour nous appeler à persévérer. C'est mal comprendre ce passage, qui est beaucoup plus profond que cela. Par ailleurs, si nous devons effectivement persévérer, ce que la Parole de Dieu nous dit clairement (Si vous persévérez dans ma Parole : Jean 8.31), Jésus ne peut pas simuler un échec, ce serait mentir. Il a fait quelque chose de totalement volontaire en s'y reprenant une deuxième fois, parce que tout ce qu'il faisait avait un sens, même la manière dont il a fait asseoir les 5000 hommes lors de la multiplication des pains. Dans la scène présente, ses actions parlent, et elles nous disent quelque chose de très important.
Toutes les choses que Jésus a faites dans les évangiles sont des accomplissements. La distinction se trouve simplement entre celles dont nous voyons à quoi elles sont rattachées et les autres. Dans la réalité, il n'a rien apporté de nouveau, n'étant pas venu pour cela. S'il était venu abolir, alors il aurait apporté quelque chose de nouveau, mais ça n'est pas ce qu'il a fait, il est venu accomplir, et dans l'exemple de l'aveugle de Bethsaïda, c'est également ce qu'il fait.
La raison de cette double imposition des mains se trouve simplement dans le même parallèle que j'ai déjà mis en avant. Moïse et Jésus. La loi et la grâce. Le crachat et l'imposition des mains nous renvoient à l'époque de Moïse portant l'autorité de la loi de Dieu, alors que la "simple' imposition des mains renvoie à la grâce révélée par Jésus.
La loi était imparfaite, elle ne pouvait sauver personne et dans le cas présent, ne pouvait pas guérir le malade, par contre la grâce le pouvait. L'épître aux Hébreux nous dit que : la loi n'a rien amené à la perfection (Hébreux 7.19), Jean nous rappelant également que : la loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ (Jean 1.17).
Dans ce passage de l'évangile selon Marc, où un aveugle recouvre la vue dans un parallèle avec la faute de Marie et d'Aaron, Jésus annonçait le fait que la loi ne pouvait pas ouvrir les yeux, mais qu'elle était une première étape nécessaire pour la grâce, qui, elle, le ferait. Ainsi, Jésus ne s'y reprenait pas réellement, il accomplissait par la deuxième imposition des mains ce qu'il avait commencé par le crachat et la première imposition des mains.
Alors que Marie et Aaron se sont opposés au don de la loi en s'en prenant à Moïse, par qui elle venait, Bethsaïda s'est opposée au don de la grâce en s'en prenant à Jésus, le Fils du seul Dieu, par qui elle était révélée.
c) (Jean 9.1-39) : L'aveugle et le réservoir de Siloé.
Ce passage est plus long que les autres. Jean parle beaucoup moins de guérisons que les autres évangélistes, mais quand il en parle, il s'attarde. Le cas de l'aveugle et du réservoir de Siloé en est un exemple parlant. Au lieu de citer le passage au complet de suite, je vais plutôt le faire au fur-et-à-mesure.
c.1) La discussion entre Jésus et ses disciples.
- Jean 9.1-5 : Jésus vit, en passant, un homme aveugle de naissance. Ses disciples lui firent cette question: Rabbi, qui a péché, cet homme ou ses parents, pour qu'il soit né aveugle? Jésus répondit: Ce n'est pas que lui ou ses parents aient péché; mais c'est afin que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui. Il faut que je fasse, tandis qu'il est jour, les œuvres de celui qui m'a envoyé; la nuit vient, où personne ne peut travailler. Pendant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde.
J'ai déjà parlé de cette partie dans l'enseignement global sur la guérison. Ce qui en ressortait était la dureté des disciples de Jésus qui considèrent forcément que la maladie est la résultante d'une faute et qui considèrent que l'aveugle de naissance pourrait en être à l'origine. Sous-entendant directement qu'il pourrait avoir péché dans le ventre de sa mère. Les disciples sont aveuglés par la dureté de leur cœur. Il faut ajouter à cette compréhension quelque chose qui ne se comprend que plus tard dans cette histoire. Dans le verset 34, les Pharisiens se voient outrés par les réponses que donne le nouvellement guéri, et lui répondent : Tu es né tout entier dans le péché, et tu nous enseignes! Et ils le chassèrent. On voit donc que cette considération de la maladie comme conséquence du péché était un enseignement et une croyance commune, bien que contraire aux écrits de Jérémie et d'Ezéchiel. Les deux prophètes nous transmettaient la même directive de Dieu dans les livres portant leurs noms respectifs : En ces jours-là, on ne dira plus: Les pères ont mangé des raisins verts, Et les dents des enfants en ont été agacées. Mais chacun mourra pour sa propre iniquité; Tout homme qui mangera des raisins verts, Ses dents en seront agacées (Jérémie 31.29-30). Ezéchiel utilisera la même image pour conclure en des termes différents mais avec le même sens : Voici, toutes les âmes sont à moi; l'âme du fils comme l'âme du père, l'une et l'autre sont à moi; l'âme qui pèche, c'est celle qui mourra (Ezéchiel 18.4). Si ces deux passages semblent avaliser que chacun payera pour ses propres fautes, les pharisiens n'ont eu aucun problème, tout comme les disciples, à croire qu'un aveugle de naissance est responsable de son état par des fautes qu'il aurait commises (donc avant de naître).
Ce genre de croyances ne sont ni en accord avec l'ancienne alliance, ni avec la nouvelle, et on peut regarder les pharisiens avec 2000 ans de recul et les juger, mais nous ne sommes pas mieux qu'eux sous bien des aspects. A chaque fois que nous jugeons autrui ou nous-même, nous faisons comme eux. Nous devrions constamment garder à l'esprit que Jésus les a clairement rejetés, pourtant, au début, ces personnes ne voulaient que protéger la Parole de Dieu. Ils se sont égarés, et, la plupart du temps, on ne se rend pas compte qu'on est en train de s'égarer, on ne le réalise qu'une fois qu'on l'est vraiment. Pour ne pas s'égarer, le mieux c'est d'avoir un guide qui, lui, connaît parfaitement le Chemin. Si en plus il est également la Vérité et la Vie, alors tout ira bien.
c.2) La guérison.
- Jean 9.6-7 : Après avoir dit cela, il cracha à terre, et fit de la boue avec sa salive. Puis il appliqua cette boue sur les yeux de l'aveugle, et lui dit: Va, et lave-toi au réservoir de Siloé (nom qui signifie envoyé). Il y alla, se lava, et s'en retourna voyant clair.
Pour la deuxième fois Jésus va mettre de la salive sur les yeux de quelqu'un. Cette fois-ci il ne va pas cracher sur la personne, mais à terre afin de faire de la boue, et c'est cette boue qu'il va appliquer sur les yeux de l'aveugle. Le symbole qui se trouve dans cette guérison va, une fois de plus, bien au-delà de la simple guérison. Comme souvent, Jésus parle non seulement avec des mots, mais également avec chacune des choses qu'il fait. Aucune de ses directives n'est là pour le décorum, chacune a un sens.
Dans le cas présent, la demande de Jésus à l'aveugle est qu'il aille se laver au réservoir de Siloé. N'oublions pas que tout ce que Jésus fait, il le fait uniquement parce que le Père lui montre qu'il doit le faire. Il s'y trouve donc un message que Dieu voulait communiquer et dont la guérison de l'aveugle était porteuse. La situation géographique du réservoir de Siloé nous donne le sens de ce message. Tout d'abord, 'Siloé' signifie 'envoyé'. Jésus a donc envoyé l'aveugle au réservoir de l'envoyé. Loin de vouloir nous gratifier d'un jeu de mot, Jésus nous révélait que le temps du passage de l'ancienne alliance à la nouvelle arrivait. Le réservoir de Siloé se trouve entre la porte du fumier et la porte de la source. En envoyant l'aveugle là-bas, Jésus nous disait que pour passer de ce que représente la porte du fumier, c'est-à-dire ce que nous étions, nos oeuvres mortes, vers la porte de la source, qui représente la nouvelle naissance, il fallait passer par les eaux de l'envoyé afin que nos yeux s'ouvrent.
Ce qu'il nous disait c'est que nous sommes tous aveugles tant qu'il ne nous ouvre pas les yeux.
- Jean 9.8-12 : Ses voisins et ceux qui auparavant l'avaient connu comme un mendiant disaient: N'est-ce pas là celui qui se tenait assis et qui mendiait?9.9Les uns disaient: C'est lui. D'autres disaient: Non, mais il lui ressemble. Et lui-même disait: C'est moi.9.10Ils lui dirent donc: Comment tes yeux ont-ils été ouverts?9.11Il répondit: L'Homme qu'on appelle Jésus a fait de la boue, a oint mes yeux, et m'a dit: Va au réservoir de Siloé, et lave-toi. J'y suis allé, je me suis lavé, et j'ai recouvré la vue.9.12Ils lui dirent: Où est cet homme? Il répondit: Je ne sais.
A ce stade, l'aveugle, dont nous ne connaissons pas le nom, répond à ses connaissances. La nouvelle de ce qui vient de lui arriver est en train de se répandre. On apprend dans cette partie de l'histoire que le peuple commence à parler, les uns avec les autres, puis finalement avec le bénéficiaire de la guérison. On apprend également qu'il ne connaît pas Jésus, il sait son nom, mais serait logiquement incapable de le reconnaître, ne l'ayant jamais vu.
L'une des particularités de cette guérison, c'est justement que l'aveugle n'est pas allé vers Jésus et n'a rien demandé une fois que Jésus s'est approché de lui. Tout ce qu'il sait c'est qu'un homme lui a mis de la boue sur les yeux et lui a dit d'aller se laver au réservoir de Siloé. Il a appris qu'il s'appelle Jésus, mais ne sait ni à quoi il ressemble, ni où il se trouve. Si vous relisez le passage, vous verrez que Jésus n'a même pas parlé de guérison. Peut-être que le malade savait de quoi il en retournait, mais rien ne nous laisse le penser. Il semblerait plutôt qu'il était dans le noir, qu'une foule passait par là, et qu'un homme que les gens appelaient Jésus, lui a mis de la boue sur les yeux en lui demandant d'aller se laver. Après l'avoir fait, il a guéri.
c.3) 1er entretient avec les pharisiens.
- Jean 9.13-17 : Ils menèrent vers les pharisiens celui qui avait été aveugle. Or, c'était un jour de sabbat que Jésus avait fait de la boue, et lui avait ouvert les yeux. De nouveau, les pharisiens aussi lui demandèrent comment il avait recouvré la vue. Et il leur dit: Il a appliqué de la boue sur mes yeux, je me suis lavé, et je vois. Sur quoi quelques-uns des pharisiens dirent: Cet homme ne vient pas de Dieu, car il n'observe pas le sabbat. D'autres dirent: Comment un homme pécheur peut-il faire de tels miracles? Et il y eut division parmi eux. Ils dirent encore à l'aveugle: Toi, que dis-tu de lui, sur ce qu'il t'a ouvert les yeux? Il répondit: C'est un prophète.
Bien que ce soit les pharisiens qui vont mener l'interrogatoire oppressif, il est intéressant de noter qu'ils ne sont pas allés chercher l'homme qui avait été malade, ce sont les voisins et les connaissances de l'homme qui l'ont conduit là-bas.
Ces mêmes personnes qui amènent l'homme devant les pharisiens parce qu'il a été guéri un jour de sabbat, ne s'inquiètent pas de livrer un homme innocent aux magistrats ce même jour. La laideur du cœur des hommes n'attend que rarement avant de s'exprimer.
Les pharisiens, à leur tour, demandent à ce que les faits leur soient rapportés de la bouche de celui qui en a bénéficié. On notera que, de la même manière que les témoignages contre Jésus se contredisaient au regard de la destruction et de la reconstruction du temple dans un autre passage, ici les avis vont être suffisamment partagés pour créer le trouble parmi les pharisiens. Cela va les conduire à demander à l'homme son avis sur ce qui vient de se passer.
Il faut comprendre que la réalité spirituelle derrière leur requête diffère de celle que nous présentent les apparences. On pourrait penser qu'ils sont réellement en train de chercher la vérité, mais le peuple sait ce qui arrive à ceux qui confessent Jésus comme étant le Christ (verset 22). En d'autres termes, si on veut regarder la requête des pharisiens telle qu'elle l'est réellement, ils sont en train de dire à un homme qui vient d'être guéri de cécité "dit nous ce que tu penses de l'homme qui t'a guéri, et si tu nous dis qu'il est le Christ, on va s'occuper de ton cas". C'est un peu comme si des Waffens SS demandaient à un homme s'il est juif.
Heureusement, les évangiles nous présentent ce type de situation dans les termes suivant : Quand on vous mènera devant les synagogues, les magistrats et les autorités, ne vous inquiétez pas de la manière dont vous vous défendrez ni de ce que vous direz; car le Saint Esprit vous enseignera à l'heure même ce qu'il faudra dire (Luc 12.11-12). C'est exactement ce qui va arriver à cet homme, dont les réponses, les unes après les autres seront des prises de position autant que des rappels à l'ordre aux pharisiens.
c.4) L'interrogatoire des parents.
- Jean 9.18-23 : Les Juifs ne crurent point qu'il eût été aveugle et qu'il eût recouvré la vue jusqu'à ce qu'ils eussent fait venir ses parents. Et ils les interrogèrent, disant: Est-ce là votre fils, que vous dites être né aveugle? Comment donc voit-il maintenant? Ses parents répondirent: Nous savons que c'est notre fils, et qu'il est né aveugle; mais comment il voit maintenant, ou qui lui a ouvert les yeux, c'est ce que nous ne savons. Interrogez-le lui-même, il a de l'âge, il parlera de ce qui le concerne. Ses parents dirent cela parce qu'ils craignaient les Juifs; car les Juifs étaient déjà convenus que, si quelqu'un reconnaissait Jésus pour le Christ, il serait exclu de la synagogue. C'est pourquoi ses parents dirent: Il a de l'âge, interrogez-le lui-même.
Finalement, devant les réponses de l'homme, les pharisiens préfèrent décider que cet homme ment et qu'il n'a jamais été malade. Ils convoquent alors ses parents. Intéressante façon de faire. Ils ont déjà décidé que cet homme ment, ça n'est pas pour connaître la vérité qu'ils les convoquent, mais uniquement pour recevoir d'eux la confirmation du mensonge de leur fils. Les pharisiens se sont bien rendu compte qu'ils n'ont pas réussi à prendre le dessus sur l'homme, ils essayent alors de mettre la pression sur ses parents.
La forme même de la question posée aux parents ne laissent pas de doute sur les intentions des pharisiens. Ils sont déjà en train de mettre en accusation les parents. Est-ce là votre fils, que vous dites être né aveugle ?, sous-entendant qu'en réalité il ne l'était pas, une forme d'arnaque à l'assurance avant l'heure. Une fois de plus, la réponse est emprunte de sagesse. Les parents attestent de ce que leur fils est né aveugle et conseillent aux pharisiens d'interroger l'intéressé. La raison de leur réponse nous est clairement donnée. Les inquisiteurs pharisiens se retrouvent donc devant l'évidence qu'ils n'inspirent pas suffisamment la peur à l'homme ni à ses parents pour obtenir un faux témoignage. N'oublions pas qu'il est de notoriété publique dans tout Israël que Jésus guérit à tour de bras partout où il va. Tout le monde le sait, c'est la raison pour laquelle des foules le suivent de partout. Les pharisiens, autant que le reste du peuple est au courant, Jésus ne se cachait pas de ce qu'il faisait, allant jusqu'à opérer des guérisons le jour de sabbat dans le temple. Ca n'est un secret pour absolument personne dans tout le territoire d'Israël. Ce que veulent les pharisiens, c'est une occasion de l'attaquer, ils ont besoin de munitions pour le peloton d'exécution, et, à chaque fois qu'ils pensent obtenir une cartouche, ils finissent par la prendre en pleine tête.
c.5) Deuxième entretien avec les pharisiens.
- Jean 9.24-34 : Les pharisiens appelèrent une seconde fois l'homme qui avait été aveugle, et ils lui dirent: Donne gloire à Dieu; nous savons que cet homme est un pécheur. Il répondit: S'il est un pécheur, je ne sais; je sais une chose, c'est que j'étais aveugle et que maintenant je vois. Ils lui dirent: Que t'a-t-il fait? Comment t'a-t-il ouvert les yeux? Il leur répondit: Je vous l'ai déjà dit, et vous n'avez pas écouté; pourquoi voulez-vous l'entendre encore? Voulez-vous aussi devenir ses disciples? Ils l'injurièrent et dirent: C'est toi qui es son disciple; nous, nous sommes disciples de Moïse. Nous savons que Dieu a parlé à Moïse; mais celui-ci, nous ne savons d'où il est. Cet homme leur répondit: Il est étonnant que vous ne sachiez d'où il est; et cependant il m'a ouvert les yeux. Nous savons que Dieu n'exauce point les pécheurs; mais, si quelqu'un l'honore et fait sa volonté, c'est celui là qu'il exauce. Jamais on n'a entendu dire que quelqu'un ait ouvert les yeux d'un aveugle-né. Si cet homme ne venait pas de Dieu, il ne pourrait rien faire. Ils lui répondirent: Tu es né tout entier dans le péché, et tu nous enseignes! Et ils le chassèrent.
Les choses deviennent plus agressives. Après avoir une première fois interrogé l'homme sans parvenir à le faire dénigrer le miracle dont il est l'objet, les pharisiens ont tenté de mettre la pression sur ses parents. Un nouvel échec de leur part. On pourrait alors se demander pourquoi ils appellent à nouveau l'homme. Ils auraient pu essayer de mettre la pression sur ses voisins ou, s'il en avait, ses amis. Leur choix se porte sur le fait de faire revenir l'homme et ce, afin de lui reposer les mêmes questions.
La volonté de mettre la pression se fait à nouveau très claire. Les pharisiens commencent par : Donne gloire à Dieu; nous savons que cet homme est un pécheur. En d'autres termes, ils lui disent "les pharisiens ont établi que Jésus ne vient pas de Dieu, t'opposes-tu aux pharisiens au risque d'être un ennemi de Dieu et d'être chassé de la société ?". La forme de la question est différente, mais le fond est le même. En outre, ce qui est la différence principale entre la première et la deuxième audition se trouve justement être ce qui s'est passé entre les deux. L'audition des parents. Ce que les pharisiens veulent que l'homme prenne en compte, c'est que ses déclarations vont également impliquer ses parents.
Il faut bien imaginer qu'il était aveugle de naissance, il a toute sa vie dépendu des autres. Il a dû accepter des remarques ou des situations qu'il n'aurait pas acceptées s'il avait été en mesure de le faire. Quoi qu'il en soit, après des décennies à vivre dans la dépendance, ses yeux s'ouvrent et il se retrouve devant les inquisiteurs d'Israël qui lui demandent de maudire la personne qui l'a sorti de son indigence.
Devant son refus de maudire Jésus, les pharisiens en viennent aux insultes. Chose amusante en soi. En effet, le texte nous dit que les pharisiens insultent l'homme, mais il ne se contente pas de nous le dire, il nous dit également la teneur des insultes. En l'occurrence, l'insulte dont il est fait mention est qu'il serait 'disciple de Jésus'. Ca nous permet de mieux cerner la mentalité ambiante dans le cercle des pharisiens concernant Jésus, la simple évocation de son nom leur écorchait la langue.
Toute cette deuxième conversation entre les pharisiens et l'homme est la mise en pratique claire et précise de ce que Jésus nous dit dans l'évangile de Matthieu : Mais, quand on vous livrera, ne vous inquiétez ni de la manière dont vous parlerez ni de ce que vous direz: ce que vous aurez à dire vous sera donné à l'heure même (Matthieu 10.19). Dans la conversation concernée, le retournement de situation est impressionnant. Les pharisiens ont l'avantage du nombre, de la position sociale, et du terrain. L'homme n'a que la certitude de ce qui vient de lui arriver. Parmi les choses que l'on peut faire ressortir de ses affirmations se trouvent les faits suivants :
- Jésus l'a guéri (je sais une chose, c'est que j'étais aveugle et que maintenant je vois),
- Il croit en Jésus (voulez-vous aussi devenir ses disciples),
- Jésus n'est pas pécheur (Nous savons que Dieu n'exauce point les pécheurs),
- Jésus honore Dieu et fait sa volonté (si quelqu'un l'honore et fait sa volonté, c'est celui là qu'il exauce),
- Jésus vient de Dieu (Si cet homme ne venait pas de Dieu, il ne pourrait rien faire).
La conséquence d'une telle prise de position est l'association d'accusation et de rejet. Les pharisiens ne peuvent rien faire parce que tout ce qu'a dit l'homme est vrai, et ils le savent. Bien sûr, cela ne change en rien la haine qu'ils ont pour Jésus, mais le peuple a entendu, et personne ne peut nier que ses affirmations sont conformes à la loi de Moïse. C'est pour cela qu'ils finissent par un argument qui a pour but de diminuer la portée de ses paroles : tu es né tout entier dans le péché. Comme je le disais plus haut, pointer du doigt un malade en l'accusant de vivre la conséquence de son péché était commune, fortement ancré dans la mentalité de l'époque (ça n'a pas vraiment changé). En pointant l'origine de son ancienne condition, les pharisiens font l'association avec les paroles qu'il venait de prononcer : Dieu n'exauce point les pécheurs. Or si l'homme est un pécheur, alors, selon eux, Dieu n'a pas pu l'exaucer et par voie de conséquence, les paroles qu'il a dites sont forcément sans fondement. Ce qui les conduit à le chasser et à accomplir la fin du passage de Matthieu que je citais auparavant : Vous serez haïs de tous, à cause de mon nom (Matthieu 10.22).
c.6 Jésus se présente.
- Jean 9.35-38 : Jésus apprit qu'ils l'avaient chassé; et, l'ayant rencontré, il lui dit: Crois-tu au Fils de Dieu? Il répondit: Et qui est-il, Seigneur, afin que je croie en lui? Tu l'as vu, lui dit Jésus, et celui qui te parle, c'est lui. Et il dit: Je crois, Seigneur. Et il se prosterna devant lui.
Maintenant, l'homme est guéri, il est passé au tribunal et n'a pas fléchi devant les pharisiens. Concrètement, il était dans le noir, un homme qu'il ne connaissait pas et à qui il n'a rien demandé lui a mis de la boue sur les yeux en lui demandant d'aller se laver. Cet inconnu ne lui a pas parlé de guérison, ne lui demandant que d'aller se laver ce qui, étant donné qu'il avait de la boue sur le visage, pouvait être pris comme une moquerie.
Quoi qu'il en soit, il s'exécute et, en se lavant les yeux, il a la surprise de voir pour la première fois. Ca n'est que dans la période allant de sa guérison à l'inquisition pharisaïque que celui qui avait été aveugle apprend le nom de celui qui l'a guéri. Avant d'en apprendre le nom, il ne peut se baser que sur les informations en sa possession. Ce sont ces informations qu'il cite dans le passage de Jean dont je faisais cas auparavant. Cependant, dans les yeux de l'homme, la conclusion, basée sur sa connaissance, était qu'il était un prophète (Matthieu 9.17). Bien que sa compréhension soit bonne, elle n'est pas parfaite, et elle est empêchée par le fait que Jésus ne lui a pas donné les informations nécessaires. C'est pour cela que Jésus vient se présenter à lui. La situation était particulière, et Jésus n'avait pas voulu se présenter avant parce que le plus important, c'est le message qui allait en ressortir, et ce message aurait été perturbé s'il avait su de suite qui s'adressait à lui.
Jésus et l'homme se rencontrent à nouveau, et cette fois-ci, il lui dit qui il est. Aussitôt l'homme qui a refusé de fléchir devant les pharisiens, se prosterne devant Jésus. C'est alors que Jésus annonce clairement le message qu'il mettait en avant par les actes.
c.7) La conclusion.
- Jean 9.39-41 : Puis Jésus dit: Je suis venu dans ce monde pour un jugement, pour que ceux qui ne voient point voient, et que ceux qui voient deviennent aveugles. Quelques pharisiens qui étaient avec lui, ayant entendu ces paroles, lui dirent: Nous aussi, sommes-nous aveugles? Jésus leur répondit: Si vous étiez aveugles, vous n'auriez pas de péché. Mais maintenant vous dites: Nous voyons. C'est pour cela que votre péché subsiste.
Le sens de tout ce que le Père avait mis en place se trouve dans ces trois versets, et plus particulièrement dans le verset 39. Ce que signifie ce verset est que ceux qui ne basent pas leur jugement sur les apparences peuvent voir à travers elles, et que ceux qui, au contraire, jugent sur les apparences, ne peuvent pas voir au travers.
Les pharisiens présents ont de toute évidence une très haute opinion d'eux-mêmes. Ils demandent si eux aussi sont aveugles, uniquement parce que Jésus vient de dire que ce sont les aveugles qui voient. Jésus, comme d'habitude, ne prend pas de gants et les replacent à leur position juste. Si vous étiez aveugles, vous n'auriez pas de péché. L'affirmation est claire, Jésus remet les pharisiens en place, de la même manière qu'il les qualifiait d'hypocrites et de menteurs. Les derniers versets ne sont que la mise en pratique de la règle qu'il citait dans le verset 39. L'aveugle qui prétend voir ne peut pas être aidé. La faute des pharisiens est de juger selon la chaire, et parce qu'ils prétendent voir, ils ne peuvent faire ce qui est nécessaire pour voir au-delà.
4 - Les infirmités.
a) (Luc 13.10-17) : La femme courbée.
- Luc 13.10-17 : Jésus enseignait dans une des synagogues, le jour du sabbat.13.11 Et voici, il y avait là une femme possédée d'un esprit qui la rendait infirme depuis dix-huit ans; elle était courbée, et ne pouvait pas du tout se redresser.13.12 Lorsqu'il la vit, Jésus lui adressa la parole, et lui dit: Femme, tu es délivrée de ton infirmité.13.13 Et il lui imposa les mains. A l'instant elle se redressa, et glorifia Dieu.13.14 Mais le chef de la synagogue, indigné de ce que Jésus avait opéré cette guérison un jour de sabbat, dit à la foule: Il y a six jours pour travailler; venez donc vous faire guérir ces jours-là, et non pas le jour du sabbat.13.15 Hypocrites! lui répondit le Seigneur, est-ce que chacun de vous, le jour du sabbat, ne détache pas de la crèche son bœuf ou son âne, pour le mener boire?13.16 Et cette femme, qui est une fille d'Abraham, et que Satan tenait liée depuis dix-huit ans, ne fallait-il pas la délivrer de cette chaîne le jour du sabbat?13.17 Tandis qu'il parlait ainsi, tous ses adversaires étaient confus, et la foule se réjouissait de toutes les choses glorieuses qu'il faisait.
Bien que dans ce passage il nous est fait mention du fait que l'infirmité de la femme avait pour origine un esprit, j'ai classé ce passage parmi les infirmités plutôt que parmi les possessions.
Le problème de cette catégorie est la classification des affections de chacun. Jésus ne s'intéresse pas aux maladies, mais aux malades, il est donc assez difficile d'être précis sur certains sujets. C'est le même cas que la création de la lumière dans la genèse. Lorsque Dieu voit les ténèbres, il ne s'intéresse pas aux ténèbres, il fait naître la lumière. Ensuite, il est écrit : Dieu sépara la lumière d'avec les ténèbres (Genèse 1.4), et non pas l'inverse. Son intérêt se porte vers ce qu'il a créé, pas vers sa détérioration. La maladie est un affaiblissement de notre état charnel, état que Jésus a créé à l'origine. Il est venu rétablir cela, et non pas lutter contre des maladies. Les médecins des hommes se battent contre la maladie, le médecin de Dieu se bat pour le malade.
Le cas de cette femme partage la même particularité que celui de l'aveugle et du réservoir de Siloé. Ca n'est pas la femme qui est allé vers Jésus, elle est au bénéfice d'une de ses initiatives.
Ce passage de la femme courbée contient, malgré sa brièveté, une information très intéressante sur laquelle je reviendrai plus en détail dans la partie 6, qui portera sur les démons et les possessions. Le point est que Jésus n'impose pas les mains à un possédé, bien que dans le cas présent, on pourrait penser qu'il le fait.
Dans la réalité, le passage nous dit plus exactement : Lorsqu'il la vit, Jésus lui adressa la parole, et lui dit: Femme, tu es délivrée de ton infirmité. Et il lui imposa les mains. A l'instant elle se redressa, et glorifia Dieu (Luc 13.12-13). Jésus l'a d'abord délivrée, par l'autorité de sa Parole, et ensuite seulement il lui impose les mains pour la guérir de son infirmité. Après dix-huit années à être courbée à cause de cet esprit, son corps en garde des séquelles. C'est pour cela qu'après avoir chassé l'esprit, il est encore nécessaire de lui imposer les mains.
Il en va de même avec tous les esprits mauvais, ils nous transforment d'une manière ou d'une autre, et une fois qu'ils ne sont plus là, cela ne signifie pas pour autant que nous soyons tirés d'affaire. Il faut encore faire le ménage.
Comme souvent, Jésus expose la dureté du coeur des pharisiens qui, parce que ce miracle a lieu un jour de sabbat, y trouvent à redire et y cernent de l'indignité. C'était cependant la volonté de Jésus de spécifiquement guérir cette femme ce jour de sabbat, une fois de plus pour apporter une leçon importante, celle que le sabbat a été fait pour l'homme et non l'homme pour le sabbat (Marc 2.27). Ce faisant, il s'attirera les sympathies de la foule et le mépris des chefs de la synagogue.
Il faut garder beaucoup de recul sur la sympathie que les oeuvres qu'il opérait pouvaient lui attirer. N'oublions pas que sans conversion réelle, ce ne sont que des apparences. Lors de la crucifixion, ces foules nombreuses qui l'acclamaient partout où il allait se sont faites bien silencieuses. Il faut garder ce genre de leçon à l'esprit, parce que la guérison d'un malade ne garantit pas sa conversion, et s'il ne se convertit pas, tout joyeux qu'il est de sa guérison, il n'en reste pas moins ennemi de Dieu.
b) Oreille : (Luc 22.48-51) : L'oreille du soldat à l'arrestation de Jésus.
- Luc 22.48-51 : Et Jésus lui dit: Judas, c'est par un baiser que tu livres le Fils de l'homme! Ceux qui étaient avec Jésus, voyant ce qui allait arriver, dirent: Seigneur, frapperons-nous de l'épée? Et l'un d'eux frappa le serviteur du souverain sacrificateur, et lui emporta l'oreille droite. Mais Jésus, prenant la parole, dit: Laissez, arrêtez! Et, ayant touché l'oreille de cet homme, il le guérit.
Bien que le passage de l'arrestation de Jésus et de la blessure à l'oreille du serviteur du souverain sacrificateur se trouve dans plusieurs évangiles, seul celui de Luc relate le fait que Jésus ait guéri ce dernier. Cette histoire nous est livrée au compte goutte. Jean nous apprend que c'est Simon qui a frappé, que le serviteur s'appelait Malchus et que Jésus devait boire la coupe que le Père lui a donné à boire (Jean 18.10-11), Matthieu ajoute que ceux qui prendront l'épée périront par l'épée, ainsi que le fait que Jésus pouvait invoquer son Père pour avoir douze légions d'anges (Matthieu 26.51-54), et enfin, Marc et Matthieu précisent tous les deux que tous les disciples ont abandonné Jésus et fui à son arrestation (Marc 14.50) (Matthieu 26.56).
Il n'y a pas grand-chose à dire sur ce point, cependant c'est une exception dans la Parole de Dieu et, à ce titre, cela méritait d'être souligné. C'est la seule fois que Jésus guérit une blessure par arme. Qu'il ait guéri des boiteux, des aveugles, des sourds, des victimes de saignements, des paralytiques et j'en passe, est une chose, mais ici, il guérit un mal causé par ses disciples.
c) Boiteux : (Matthieu 21.14-15) : vagues.
- Matthieu 21.14-15 : Des aveugles et des boiteux s'approchèrent de lui dans le temple. Et il les guérit. Mais les principaux sacrificateurs et les scribes furent indignés, à la vue des choses merveilleuses qu'il avait faites, et des enfants qui criaient dans le temple: Hosanna au Fils de David!
Rien de nouveau sous le soleil. Je cite ce passage uniquement parce que je compte bien tous les citer. Quelle que soit l'origine de la claudication, la placer dans les infirmités m'a semblé judicieux.
On notera que les infirmités ne sont pas des maladies, mais Jésus les guérit, ce qui confirme ce que je disais dans l'enseignement principal. Jésus fait en réalité toujours la même chose, il restaure, c'est nous qui plaçons des mots pour créer des différences qui n'existent en réalité que dans la mise en forme et pas dans le fond. Matthieu nous montre bien que les infirmités et les maladies ne sont pas la même chose, pourtant, Jésus y remédie de la même manière :
- Matthieu 8.16-17 : Le soir, on amena auprès de Jésus plusieurs démoniaques. Il chassa les esprits par sa parole, et il guérit tous les malades, afin que s'accomplît ce qui avait été annoncé par Ésaïe, le prophète: Il a pris nos infirmités, et il s'est chargé de nos maladies.
- Matthieu 9.35 : Jésus parcourait toutes les villes et les villages, enseignant dans les synagogues, prêchant la bonne nouvelle du royaume, et guérissant toute maladie et toute infirmité.
5 - Les fièvres.
a) (Matthieu 8.14) (Marc 1.29-31) (Luc 4.38-39) : La belle-mère de Simon.
- Matthieu 8.14-15 : Jésus se rendit ensuite à la maison de Pierre, dont il vit la belle-mère couchée et ayant la fièvre. Il toucha sa main, et la fièvre la quitta; puis elle se leva, et le servit.
- Marc 1.29-31 : En sortant de la synagogue, ils se rendirent avec Jacques et Jean à la maison de Simon et d'André. La belle-mère de Simon était couchée, ayant la fièvre; et aussitôt on parla d'elle à Jésus. S'étant approché, il la fit lever en lui prenant la main, et à l'instant la fièvre la quitta. Puis elle les servit.
- Luc 4.38-39 : En sortant de la synagogue, il se rendit à la maison de Simon. La belle-mère de Simon avait une violente fièvre, et ils le prièrent en sa faveur. S'étant penché sur elle, il menaça la fièvre, et la fièvre la quitta. A l'instant elle se leva, et les servit.
La version de Luc est un peu différente de celles de Matthieu et Marc. Dans celle de Luc, Jésus menace la fièvre, dans les deux autres, il se contente de prendre la main de la belle-mère de Simon. Sachant que chaque version n'est que la partie présentée par le rédacteur, on peut facilement concilier les deux.
Dans le cas présent, cela nous fait que Jésus a menacé la fièvre en prenant la main de la fiévreuse. Ce qui est intéressant c'est ce que fait la belle-mère dès qu'elle est guérie, elle les sert. De nos jours, on se serait attendu à ce qu'elle s'assoit à table et qu'on s'occupe d'elle, voir qu'elle devienne, de part sa miraculeuse guérison, le centre de l'attention.
Comme je l'ai déjà expliqué à plusieurs reprises, Jésus rétablit ce qui doit être, et dans la situation présente, c'était le rôle de la belle-mère de servir Jésus. Il est un rabbi, donc respecté par le peuple, même s'il est détesté par les pharisiens, et il vient sous le toit de Simon et d'André. C'est la fonction de la belle-mère de les servir, et Jésus lui permet de le faire.
b) (Jean 4.45-54) : Le fils de l'officier du roi.
- Jean 4.45-54 : Lorsqu'il arriva en Galilée, il fut bien reçu des Galiléens, qui avaient vu tout ce qu'il avait fait à Jérusalem pendant la fête; car eux aussi étaient allés à la fête. Il retourna donc à Cana en Galilée, où il avait changé l'eau en vin. Il y avait à Capernaüm un officier du roi, dont le fils était malade. Ayant appris que Jésus était venu de Judée en Galilée, il alla vers lui, et le pria de descendre et de guérir son fils, qui était près de mourir. Jésus lui dit: Si vous ne voyez des miracles et des prodiges, vous ne croyez point. L'officier du roi lui dit: Seigneur, descends avant que mon enfant meure. Va, lui dit Jésus, ton fils vit. Et cet homme crut à la parole que Jésus lui avait dite, et il s'en alla. Comme déjà il descendait, ses serviteurs venant à sa rencontre, lui apportèrent cette nouvelle: Ton enfant vit. Il leur demanda à quelle heure il s'était trouvé mieux; et ils lui dirent: Hier, à la septième heure, la fièvre l'a quitté. Le père reconnut que c'était à cette heure-là que Jésus lui avait dit: Ton fils vit. Et il crut, lui et toute sa maison. Jésus fit encore ce second miracle lorsqu'il fut venu de Judée en Galilée.
Dans ce passage, nous avons la guérison la plus lointaine des évangiles, Jésus était à trente kilomètres de l'enfant qu'il a guéri, signe de ce que la distance n'existe pas dans le spirituel.
Cana et Capernaüm sont donc distantes d'environ 30 kilomètres. Jésus vient de retourner à Cana après une tournée en Galilée. Capernaüm est une ville où se trouve une garnison romaine. Un officier du roi, en poste à Capernaüm, a son fils qui est malade et se rend vers Jésus afin de lui demander d'intervenir pour lui. Il se trouve que le rang d'officier correspond à celui de centenier (centurion). En raison de la taille de Capernaüm, il est peu probable que des officiers plus haut gradés soient en poste là-bas. Il faut donc prendre en compte que le centenier de cette même ville avait également été vers Jésus pour la guérison de la paralysie de son serviteur ou, éventuellement, qu'une manipule était présente (2 centuries).
Cela fait qu'il s'agit soit du même homme, soit qu'ils se connaissaient l'un l'autre, et on peut alors imaginer que la guérison du premier ait influencé la décision du deuxième. Le fait que ce soit deux hommes différents, mais nécessairement proches (de part leurs fonctions), expliquerait alors la remarque de Jésus : Si vous ne voyez des miracles et des prodiges, vous ne croyez point. Cela sous-entendrait donc que Jésus savait que le deuxième avait entendu parler de ce qui était arrivé au premier, mais avait cependant besoin de voir pour croire.
L'officier du roi demande donc à Jésus de venir guérir son fils, mais Jésus fait la part des choses entre la demande de guérir et celle de venir le faire sur place. Capernaüm, au même titre que Bethsaïda, fait partie de ces villes dans lesquelles Jésus a fait la plupart de ses miracles et qui pourtant ne se sont pas repenties (Matthieu 11.20-24). Bien qu'il y a passé du temps, que ce soit en la visitant, ou même en y restant quelques jours (Jean 2.12), y retourner n'était pas dans son plan. Les habitants de Capernaüm ont vu une pléthore de miracles, mais n'ont pas cru, et voilà qu'on lui demande d'y retourner pour en faire un de plus. Jésus refuse donc d'y aller, mais ne refuse évidemment pas de guérir le fils de cet homme.
Il s'ensuit une affirmation qui sera faite deux fois, mais qui n'a pas la même signification. Dans les versets 50 et 53, l'officier 'croit', mais la signification est différente dans les deux cas. En entendant la Parole de guérison, l'officier sait au plus profond de lui que ce qu'a dit Jésus est vrai. Par contre, en la constatant, il ne croit plus seulement dans la Parole de Jésus, mais en Jésus. Mon oreille avait entendu parler de toi; Mais maintenant mon œil t'a vu (Job 42.5), disait Job, et c'est un peu ce qui se passe.
Cette distinction entre ce que dit Jésus et ce qu'il est, est la base d'une immense méprise dans l'église actuelle. On entend constamment prêcher sur ce qu'il faisait, mais très peu sur qui il est. Or, le connaître est la base même de tout ce qu'il a fait. S'il dira ouvertement: Je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi, vous qui commettez l'iniquité (Matthieu 7.23) à certains, c'est parce qu'ils auront connu sa Parole sans le connaître lui. Ils auront vécu la croyance de l'officier du verset 50, mais pas celle qu'il vivra au verset 53.
Si vous connaissez sa Parole, vous appliquerez ce que vous voulez, si vous le connaissez lui, vous obéirez à sa Parole quoi qu'elle dise, et alors il vous connaîtra.
6 - Les délivrances.
a) (Matthieu 8.28-33) (Marc 5.1-20) (Luc 8.26-39) : Les possédés de Gadara.
Ce passage est présent dans trois évangiles : (Matthieu 8.28-33) (Marc 5.1-20) (Luc 8.26-39).
- Matthieu 8.28-34 : Lorsqu'il fut à l'autre bord, dans le pays des Gadaréniens, deux démoniaques, sortant des sépulcres, vinrent au-devant de lui. Ils étaient si furieux que personne n'osait passer par là. Et voici, ils s'écrièrent: Qu'y a-t-il entre nous et toi, Fils de Dieu? Es-tu venu ici pour nous tourmenter avant le temps? Il y avait loin d'eux un grand troupeau de pourceaux qui paissaient. Les démons priaient Jésus, disant: Si tu nous chasses, envoie-nous dans ce troupeau de pourceaux. Il leur dit: Allez! Ils sortirent, et entrèrent dans les pourceaux. Et voici, tout le troupeau se précipita des pentes escarpées dans la mer, et ils périrent dans les eaux. Ceux qui les faisaient paître s'enfuirent, et allèrent dans la ville raconter tout ce qui s'était passé et ce qui était arrivé aux démoniaques. Alors toute la ville sortit à la rencontre de Jésus; et, dès qu'ils le virent, ils le supplièrent de quitter leur territoire.
- Marc 5.1-20 : Ils arrivèrent à l'autre bord de la mer, dans le pays des Gadaréniens. Aussitôt que Jésus fut hors de la barque, il vint au-devant de lui un homme, sortant des sépulcres, et possédé d'un esprit impur. Cet homme avait sa demeure dans les sépulcres, et personne ne pouvait plus le lier, même avec une chaîne. Car souvent il avait eu les fers aux pieds et avait été lié de chaînes, mais il avait rompu les chaînes et brisé les fers, et personne n'avait la force de le dompter. Il était sans cesse, nuit et jour, dans les sépulcres et sur les montagnes, criant, et se meurtrissant avec des pierres. Ayant vu Jésus de loin, il accourut, se prosterna devant lui, et s'écria d'une voix forte: Qu'y a-t-il entre moi et toi, Jésus, Fils du Dieu Très Haut? Je t'en conjure au nom de Dieu, ne me tourmente pas. Car Jésus lui disait: Sors de cet homme, esprit impur! Et, il lui demanda: Quel est ton nom? Légion est mon nom, lui répondit-il, car nous sommes plusieurs. Et il le priait instamment de ne pas les envoyer hors du pays. Il y avait là, vers la montagne, un grand troupeau de pourceaux qui paissaient. Et les démons le prièrent, disant: Envoie-nous dans ces pourceaux, afin que nous entrions en eux. Il le leur permit. Et les esprits impurs sortirent, entrèrent dans les pourceaux, et le troupeau se précipita des pentes escarpées dans la mer: il y en avait environ deux mille, et ils se noyèrent dans la mer. Ceux qui les faisaient paître s'enfuirent, et répandirent la nouvelle dans la ville et dans les campagnes. Les gens allèrent voir ce qui était arrivé. Ils vinrent auprès de Jésus, et ils virent le démoniaque, celui qui avait eu la légion, assis, vêtu, et dans son bon sens; et ils furent saisis de frayeur. Ceux qui avaient vu ce qui s'était passé leur racontèrent ce qui était arrivé au démoniaque et aux pourceaux. Alors ils se mirent à supplier Jésus de quitter leur territoire. Comme il montait dans la barque, celui qui avait été démoniaque lui demanda la permission de rester avec lui. Jésus ne le lui permit pas, mais il lui dit: Va dans ta maison, vers les tiens, et raconte-leur tout ce que le Seigneur t'a fait, et comment il a eu pitié de toi. Il s'en alla, et se mit à publier dans la Décapole tout ce que Jésus avait fait pour lui. Et tous furent dans l'étonnement.
- Luc 8.26-39 : Ils abordèrent dans le pays des Géraséniens, qui est vis-à-vis de la Galilée. Lorsque Jésus fut descendu à terre, il vint au-devant de lui un homme de la ville, qui était possédé de plusieurs démons. Depuis longtemps il ne portait point de vêtement, et avait sa demeure non dans une maison, mais dans les sépulcres. Ayant vu Jésus, il poussa un cri, se jeta à ses pieds, et dit d'une voix forte: Qu'y a-t-il entre moi et toi, Jésus, Fils du Dieu Très Haut? Je t'en supplie, ne me tourmente pas. Car Jésus commandait à l'esprit impur de sortir de cet homme, dont il s'était emparé depuis longtemps; on le gardait lié de chaînes et les fers aux pieds, mais il rompait les liens, et il était entraîné par le démon dans les déserts. Jésus lui demanda: Quel est ton nom? Légion, répondit-il. Car plusieurs démons étaient entrés en lui. Et ils priaient instamment Jésus de ne pas leur ordonner d'aller dans l'abîme. Il y avait là, dans la montagne, un grand troupeau de pourceaux qui paissaient. Et les démons supplièrent Jésus de leur permettre d'entrer dans ces pourceaux. Il le leur permit. Les démons sortirent de cet homme, entrèrent dans les pourceaux, et le troupeau se précipita des pentes escarpées dans le lac, et se noya. Ceux qui les faisaient paître, voyant ce qui était arrivé, s'enfuirent, et répandirent la nouvelle dans la ville et dans les campagnes. Les gens allèrent voir ce qui était arrivé. Ils vinrent auprès de Jésus, et ils trouvèrent l'homme de qui étaient sortis les démons, assis à ses pieds, vêtu, et dans son bon sens; et ils furent saisis de frayeur. Ceux qui avaient vu ce qui s'était passé leur racontèrent comment le démoniaque avait été guéri. Tous les habitants du pays des Géraséniens prièrent Jésus de s'éloigner d'eux, car ils étaient saisis d'une grande crainte. Jésus monta dans la barque, et s'en retourna. L'homme de qui étaient sortis les démons lui demandait la permission de rester avec lui. Mais Jésus le renvoya, en disant: Retourne dans ta maison, et raconte tout ce que Dieu t'a fait. Il s'en alla, et publia par toute la ville tout ce que Jésus avait fait pour lui.
a.1) 1 ou 2 possédés ?
L'évangile de Matthieu nous dit qu'il y avait deux possédés, mais les évangiles de Marc et de Luc n'en dénombrent qu'un. La Parole ne pouvant se contredire, ces deux versions sont vraies. Il convient donc de comprendre de la seule manière qui soit possible. Il y avait bien deux possédés, et celui qui a été le témoin de la scène parle des deux. Les deux autres écrivains sont, pour le premier, inconnu (on ne sait pas qui a écrit l'évangile attribué à Marc), et, pour le deuxième, postérieur à la scène, Luc ne faisant que retranscrire ce dont il a entendu parler. Il est alors parfaitement plausible qu'il s'agissait de deux possédés et qu'un seul des deux ait été notable de part la quantité de démons qu'il contenait. Dès lors, l'emphase a été faite sur celui-là au détriment de l'autre par ceux qui ne sont que les rapporteurs d'une histoire qu'ils n'ont pas vécue. C'est pour cela que Matthieu, ayant été présent, parle des deux possédés et non d'un seul.
a.2) Par la vue.
Ces trois versions montrent une même chose. Les démons agissent à la vue. Si les démons avaient su à l'avance que Jésus venait ce jour-là, ils se seraient tenus au large. Bien entendu, ils savent ce qui se passera dans un avenir proche, ce qui nous est montré dans la version de Matthieu : Es-tu venu ici pour nous tourmenter avant le temps ? (8.29), mais le jour de la rencontre entre Jésus et la légion se passe bien avant, et leur impossibilité de voir au-delà du champ visuel a permis la rencontre.
- Marc 5.6 : Ayant vu Jésus de loin, il accourut, se prosterna devant lui.
- Luc 8.28a : Ayant vu Jésus, il poussa un cri, se jeta à ses pieds ...
Pour comprendre pleinement la scène, il faut se rendre compte de la géographie. Jésus vient de traverser le lac de Tibériade. Ce lac est une frontière entre Israël et les territoires se trouvant à l'est. Le lac de Tibériade est relié à la mer morte, plein sud, par le Jourdain. Jésus, en arrivant à Gadara, arrive dans les terres étrangères. Son sacrifice prochain répandra sa Parole dans ces terres, mais ça n'est pas encore le jour. Dans l'immédiat, le monde rappelle à Jésus qu'il n'est pas encore temps de le tourmenter, et légion est le gardien de la porte de Gadara, empêchant le Messie d'entrer.
Cette possibilité d'aller au delà de cette frontière sera actée par Jésus après sa résurrection lorsqu'il dira : Tout pouvoir m'a été donné dans le ciel et sur la terre. Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit (Matthieu 28.18-19). Dans l'intervalle, Jésus n'ira jamais dans les nations alentours.
a.3) Fils du Très Haut.
Ces démons savent qui est Jésus, ils reconnaissent qu'il est Fils de Dieu. Ils ont été des anges et l'ont donc connu dans toute sa gloire.
- Matthieu 8.29 : Et voici, ils s'écrièrent: Qu'y a-t-il entre nous et toi, Fils de Dieu?
- Marc 5.7 : et s'écria d'une voix forte: Qu'y a-t-il entre moi et toi, Jésus, Fils du Dieu Très Haut?
- Luc 8.28 : Ayant vu Jésus, il poussa un cri, se jeta à ses pieds, et dit d'une voix forte: Qu'y a-t-il entre moi et toi, Jésus, Fils du Dieu Très Haut?
Savoir que Jésus est Dieu ne signifie pas lui appartenir. Les démons le reconnaissent pour ce qu'il est, mais ils ne l'ont pas accepté comme Seigneur.
Jésus n'a rien fait, en le voyant ils ont tremblé, comme nous le dit Jacques : Tu crois qu'il y a un seul Dieu, tu fais bien; les démons le croient aussi, et ils tremblent (2.19). Ca nous montre quelque chose de très important. L'autorité de Jésus ne vient pas de ce qu'il dit, ou de ce qu'il fait, mais uniquement de ce qu'il est. C'est la connaissance qui le place dans une position d'autorité. C'est pour cela également que lorsque Jésus délivre un homme dans l'évangile de Marc, on ne parle pas simplement d'exorcisme, qui étaient des pratiques courantes, mais de doctrine :
- Marc 1.25-27 : Jésus le menaça, disant: Tais-toi, et sors de cet homme. Et l'esprit impur sortit de cet homme, en l'agitant avec violence, et en poussant un grand cri. Tous furent saisis de stupéfaction, de sorte qu'ils se demandaient les uns aux autres : Qu'est-ce que ceci ? Une nouvelle doctrine! Il commande avec autorité même aux esprits impurs, et ils lui obéissent !
La faiblesse des croyants ne vient pas d'une méthode incorrecte, mais d'un manque de connaissance qui entraîne des méthodes incorrectes. Chasser des démons ne demande pas de connaître les démons ou de maîtriser une méthode, mais de connaître Dieu.
a.4) Une discussion ?
Dans le cas du possédé de Gadara, il y a un facteur qu'il faut prendre en compte et qui n'est pas présent dans les autres cas de possessions auxquels Jésus a fait face. Le possédé n'a plus du tout le contrôle de son corps. Peu importe la route qui l'a conduit à finir dans ce pitoyable état, il n'est plus en mesure de prendre la moindre décision pour lui-même. Jésus ne s'adresse jamais à l'homme, mais aux démons. Nous ne sommes pas en face d'un cas où un homme demanderait à Jésus de le délivrer d'un démon, mais dans un cas où des démons demandent à Jésus de les laisser tranquille.
C'est partiellement ce qui va déclencher la discussion. Nous ne sommes pas censés parler avec les démons, pas plus qu'avec n'importe quelle autre entité spirituelle autre que Dieu. Le problème ici c'est que, quelle que soit l'autorité de Jésus, les démons ont un droit sur le possédé de Gadara, et que Jésus ne peut pas leur retirer ce droit.
C'est pourquoi la discussion prend cette étrange tournure dans laquelle les démons semblent avoir des exigences.
Le but de Jésus n'est dès lors pas de les convaincre, il a autorité sur eux et peut les forcer à partir, mais de négocier pour la survie de l'homme dans lequel ils se trouvent. Les termes de la négociation n'ont pas un grand intérêt en dehors de nous apprendre qu'ils étaient au moins au nombre de 2000, puisque c'est le nombre de pourceaux qui vont être possédés par les démons qui viennent d'être chassés.
Il va en résulter que les démons sortiront sans faire de mal à l'homme, qui sera en parfaite situation pour servir Jésus.
a.5) L'abîme.
Les démons demandent à Jésus de leur permettre d'aller dans les pourceaux au lieu de les envoyer dans l'abîme. Sachant que de toute manière ils vont se précipiter d'une pente escarpée dans la mer/lac (*). Il peut y avoir une explication à cela, cependant, ce qui me paraît le plus important à prendre en compte, c'est que Jésus ne les a pas menacés de les envoyer dans l'abîme. C'est une affirmation des démons, pas de Jésus. Lorsqu'on relit, Jésus se contente de les chasser, comme à son habitude.
- Luc 8.31 : Et ils priaient instamment Jésus de ne pas leur ordonner d'aller dans l'abîme.
(*) La différence mer/lac n'est que formelle. Les évangélistes parlent du même endroit qui porte plusieurs noms : lac de Tibériade / mer de Galilée.
a.6) Le rejet.
Devant cette miraculeuse délivrance, les témoins de la scène, les gardiens des pourceaux, vont propager non pas la grandeur de Dieu, mais la terrible chose qui vient d'arriver. On le comprend par les termes qui sont utilisés. Matthieu et Luc nous précisent qu'ils se sont enfuis. 'Fuir' est un mot fort, sa signification est : s'éloigner en toute hâte, partir pour échapper à une difficulté. Devant la scène à laquelle ils viennent d'assister, ils préfèrent s'attacher à la perte qu'au gain. Bien qu'ils parlent de l'un et de l'autre, ils utilisent forcément l'histoire de la délivrance pour mettre en avant la perte des pourceaux. Les habitants de la ville se précipiteront alors, et verront celui qui était anciennement le démoniaque, parfaitement cohérent, totalement libre. Pourtant, la seule chose qui compte à leurs yeux, c'est la perte du troupeau. Parfait exemple de la préférence des richesses du monde.
On retrouve une fois de plus ce type de réaction dans le livre des actes :
- Actes 19.27 : Le danger qui en résulte, ce n'est pas seulement que notre industrie ne tombe en discrédit; c'est encore que le temple de la grande déesse Diane ne soit tenu pour rien, et même que la majesté de celle qui est révérée dans toute l'Asie et dans le monde entier ne soit réduite à néant.
Et de nos jours, il n'en sera pas différemment, mais pour en revenir à Gadara, les autochtones vont alors demander à Jésus de s'en aller :
- Matthieu 8.34 : Alors toute la ville sortit à la rencontre de Jésus; et, dès qu'ils le virent, ils le supplièrent de quitter leur territoire.
- Marc 5.17 : Alors ils se mirent à supplier Jésus de quitter leur territoire.
- Luc 8.37 : Tous les habitants du pays des Géraséniens prièrent Jésus de s'éloigner d'eux, car ils étaient saisis d'une grande crainte. Jésus monta dans la barque, et s'en retourna.
Leur demande est plus globale qu'on pourrait le penser. Ils ne demandent pas simplement à Jésus de s'éloigner de leur ville, mais de leur pays. Raison pour laquelle il ne se contentera pas de s'éloigner, mais remontera dans la barque, Gadara devenant la porte d'entrée du monde, comme Jéricho l'était de Canaan.
- Marc 5.17-18a : Alors ils se mirent à supplier Jésus de quitter leur territoire. Comme il montait dans la barque,
- Luc 8.37 : Jésus monta dans la barque, et s'en retourna.
Il vient juste de traverser la tempête (qu'il a dû calmer) pour se retrouver dans une terre qui ne veut pas de lui, et s'apprête à faire demi-tour. On pourrait se demander l'intérêt de cette série d'épreuves. D'autant qu'en partant, il refusera à l'homme qui avait été possédé de le suivre.
a.7) Le témoignage.
Jésus n'avait pas l'intention d'aller au-delà de sa rencontre avec le Gadarénien, sinon, il l'aurait fait. Je pense que sa seule intention était de planter une graine pour ce qui allait venir. Etant le sacrifice et le sacrificateur, Jésus savait que le temps n'était pas venu, et que les habitants de Gadara n'avaient pas de part avec sa venue en chair. En cela, même les démons étaient en accord. C'est pourquoi l'homme n'est pas autorisé à le suivre lorsqu'il s'en va. C'est trop tôt. Par contre, il reçoit la conduite de parler de ce qui s'est passé à sa famille.
Sa fougue le poussera à aller au-delà de ce que Jésus lui a demandé, répondant par la même à une attente et un espoir chez les perdus qui ne pourra recevoir de satisfaction qu'après la résurrection de Jésus.
- Marc 5.19-20 : Jésus ne le lui permit pas, mais il lui dit: Va dans ta maison, vers les tiens, et raconte-leur tout ce que le Seigneur t'a fait, et comment il a eu pitié de toi. Il s'en alla, et se mit à publier dans la Décapole tout ce que Jésus avait fait pour lui. Et tous furent dans l'étonnement.
- Luc 8.39 : Retourne dans ta maison, et raconte tout ce que Dieu t'a fait. Il s'en alla, et publia par toute la ville tout ce que Jésus avait fait pour lui.
a.8) Les disciples.
Juste un dernier point pour soulever un détail intéressant qu'on ne trouve que chez Marc et Luc, mais qu'on devine chez Matthieu. Ce détail est dans le verset introductif de leur deux versions de cet évènement :
- Marc 5.1-2 : Ils arrivèrent à l'autre bord de la mer, dans le pays des Gadaréniens. Aussitôt que Jésus fut hors de la barque, il vint au-devant de lui un homme, sortant des sépulcres, et possédé d'un esprit impur.
- Luc 8.26-27a : Ils abordèrent dans le pays des Géraséniens, qui est vis-à-vis de la Galilée. Lorsque Jésus fut descendu à terre, il vint au-devant de lui un homme de la ville, qui était possédé de plusieurs démons.
Dans les trois passages, on ne parle jamais des disciples. Ces derniers ne sont jamais sortis de la barque. Les deux passages que j'ai cité nous disent qu'ils ont accosté, mais que c'est Jésus qui en est sorti, et le possédé est venu de suite. Cela rejoint ce que je disais dans le point a.7. Les disciples ne sont pas encore envoyés vers les nations, Jésus ne permet donc pas qu'ils sortent de cette barque dans laquelle ils ont cru mourir pendant la traversée de la mer de Galilée.
b) (Matthieu 9.32-34) : Démon muet.
Ce passage est présent dans un seul évangile : (Matthieu 9.32-34)
- Matthieu 9.32-34 : Comme ils s'en allaient, voici, on amena à Jésus un démoniaque muet. Le démon ayant été chassé, le muet parla. Et la foule étonnée disait: Jamais pareille chose ne s'est vue en Israël. Mais les pharisiens dirent: C'est par le prince des démons qu'il chasse les démons.
Une délivrance peu détaillée, qui met cependant en avant l'importance du discernement spirituel. Deux aveugles viennent de partir, alors la foule amène un homme muet et démoniaque. Rien ne nous dit que la foule savait qu'il était démoniaque, c'est Matthieu qui, témoignant de ce qu'il a vu, nous le présente de la sorte. Quoi qu'il en soit, si elle ne le savait pas, elle va vite le savoir. N'oublions pas que Jésus vient de guérir des aveugles, pourtant devant ce qui vient de se passer avec cette personne, elle s'exclame : Jamais pareille chose ne s'est vue en Israël. Ce qui nous montre bien qu'il s'est passé quelque chose de visible aux yeux de tous. Devant cette évidence que personne ne peut nier, les pharisiens sont bien obligés d'adopter un nouvel angle. Prétendre qu'il ne s'est rien passé n'est pas possible, et même eux doivent reconnaître qu'un démon a été chassé. Leur solution ? Ne pouvant nier le résultat, ils essayent d'en modifier l'origine. C'est exactement la voie qu'a choisi la science, ne pouvant nier l'évidence de l'existence de l'être humain, les scientifiques se contentent d'en attribuer l'origine à quelque chose dont ils peuvent contrôler l'histoire. Cela répond à l'une des manières dont Jésus se présente dans le livre de l'Apocalypse. Il dit de lui qu'il est l'alpha et l'oméga (Apocalypse 1.8), ce qui signifie qu'il est l'origine et la destination, le commencement et la fin (Apocalypse 21.6). Lorsque les impies ne parviennent pas à changer la fin, alors ils essayent d'en changer le début, parce qu'ils savent que la fin s'alignera. Dans le cas des pharisiens, les entendre prétendre que cette délivrance vient du prince des démons est d'autant plus amusant qu'ils en sont justement ses disciples.
Sans discernement spirituel, Jésus aurait pu croire à une maladie, ou à une infirmité. Il le savait parce qu'il ne s'attache pas à la chair, mais à l'Esprit, et il ne répond pas à la demande des hommes, mais à celle de Dieu. De nos jours, nous agissons trop souvent à l'aveugle, espérant que cela marche "parce qu'une fois ça avait marché pour Jésus". Ca n'est pas de la foi, c'est du dépit. La mise en conformité avec la Parole de Dieu est indispensable, et elle commence par regarder au Père.
Ici, aucune mention d'imposition des mains, ce qui paraît logique étant donné qu'on fait face à une délivrance.
c) (Matthieu 15.21-28) (Marc 7.24-30) : La Syro-Phénicienne (les miettes de pains).
Ce passage est présent dans deux évangiles : (Matthieu 15.21-28) (Marc 7.24-30).
- Matthieu 15.21-28 : Jésus, étant parti de là, se retira dans le territoire de Tyr et de Sidon. Et voici, une femme cananéenne, qui venait de ces contrées, lui cria: Aie pitié de moi, Seigneur, Fils de David! Ma fille est cruellement tourmentée par le démon. Il ne lui répondit pas un mot, et ses disciples s'approchèrent, et lui dirent avec insistance: Renvoie-la, car elle crie derrière nous. Il répondit: Je n'ai été envoyé qu'aux brebis perdues de la maison d'Israël. Mais elle vint se prosterner devant lui, disant: Seigneur, secours-moi! Il répondit: Il n'est pas bien de prendre le pain des enfants, et de le jeter aux petits chiens. Oui, Seigneur, dit-elle, mais les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. Alors Jésus lui dit: Femme, ta foi est grande; qu'il te soit fait comme tu veux. Et, à l'heure même, sa fille fut guérie.
- Marc 7.24-30 : Jésus, étant parti de là, s'en alla dans le territoire de Tyr et de Sidon. Il entra dans une maison, désirant que personne ne le sût; mais il ne put rester caché. Car une femme, dont la fille était possédée d'un esprit impur, entendit parler de lui, et vint se jeter à ses pieds. Cette femme était grecque, syro-phénicienne d'origine. Elle le pria de chasser le démon hors de sa fille. Jésus lui dit: Laisse d'abord les enfants se rassasier; car il n'est pas bien de prendre le pain des enfants, et de le jeter aux petits chiens. Oui, Seigneur, lui répondit-elle, mais les petits chiens, sous la table, mangent les miettes des enfants. Alors il lui dit: à cause de cette parole, va, le démon est sorti de ta fille. Et, quand elle rentra dans sa maison, elle trouva l'enfant couchée sur le lit, le démon étant sorti.
Le début de l'histoire c'est Jésus qui veut s'isoler et que personne ne sache où il est. Il se retire donc en dehors d'Israël en compagnie de ses disciples, plus précisément dans le territoire de Tyr et de Sidon, donc directement au Nord d'Israël.
c.1) L'origine de la femme.
Les origines de la femme sont intéressantes. La femme est cananéenne (Matthieu 15.22), et grecque, syro-phénicienne (Marc 7.26). Ca pourrait faire croire qu'il s'agit de deux femmes différentes, mais c'est bien la même histoire. "cananéenne" indique une région, pas un peuple. Ca n'est pas une nationalité, il existe de nombreux peuples différents qui étaient originaires de cette région, le meilleur exemple se trouve dans le livre de Josué où ce dernier se voit combattre une pléthore de nations, toutes cananéennes. Ce que nous dit Matthieu en l'appelant comme cela c'est simplement qu'elle n'est pas descendante d'Abraham, Isaac et Jacob. Marc de son côté la présente comme grecque, précisant syro-phénicienne. "grecque" signifie qu'elle venait d'ailleurs. Bien qu'en cette époque de nombreuses langues étaient reconnues, il n'était fait de séparation qu'en trois catégories, l'hébreu, le grec et le latin. Ce sont les trois langues qui étaient sur l'inscription désignant Jésus sur la croix (Jean 19.20b : ... elle était en hébreu, en grec et en latin). L'hébreu était la langue de la religion, l'araméen était la langue des autochtones, le latin la langue des soldats romains, et le grec la langue de l'élite romaine. En dehors du fait que cela devait être un beau foutoir, dans la tête des Hébreux, le monde se séparait entre eux et les Grecques, soit une séparation entre le monde connu et les "autres". C'est également de cela que nous parle le verset 7.35 de l'évangile de Jean : Sur quoi les Juifs dirent entre eux: Où ira-t-il, que nous ne le trouvions pas? Ira-t-il parmi ceux qui sont dispersés chez les Grecs, et enseignera-t-il les Grecs ? Il en découle que cette femme est syro-phénicienne, les autres indications ne faisant que nous dire ce qu'elle n'est pas.
Jésus s'est donc rendu dans le territoire de Tyr et de Sidon, au nord de l'Israël d'alors, donc en Syrie (mais dans les territoires sous Josué). Le comportement de Jésus est donc encore plus cavalier qu'il n'y paraît. Il va en Syrie et semble mépriser une Syrienne qui vient lui demander son aide. Il est évident qu'il n'en est rien, et c'est ce que nous allons voir.
c.2) L'entrée en matière.
Cette femme, désespérée, se jette aux pieds de Jésus (Marc 7.25 : elle vint se jeter à ses pieds) afin d'implorer son aide. Ce qui peut paraître troublant, c'est le silence de Jésus, qui, devant les suppliques de cette femme, reste totalement silencieux, ne lui adressant même pas la Parole (Matthieu 15.23). Pourtant, elle reconnaît sa Seigneurie et son lignage (Matthieu 15.22 : Aie pitié de moi, Seigneur, Fils de David!).
La fille de cette femme est possédée, et elle ne semble pas prête à cesser ses requêtes. Devant ses insistances et le persistant silence de Jésus, les disciples interviennent. Ce vacarme pourrait indiquer leur présence, et Jésus voulait être discret. C'est seulement lorsque les disciples interviennent que Jésus commence à parler.
c.3) Une épreuve pour les disciples.
Il se passe plusieurs choses, la première d'entre elles étant l'épreuve des disciples. Jésus n'avait pas besoin de la remarque des disciples pour se rendre compte que cette femme attirait l'attention sur eux, il en était le témoin au même titre que chacun des disciples. Il n'allait pas la chasser pour faire plaisir à ses disciples, pas plus qu'il ne venait de réaliser les conséquences des suppliques de cette femme. Jésus ne réagit pas, il agit. Il met en place les circonstances afin de nous permettre de recevoir une compréhension, et c'est ce qu'il fait dans ce passage avec ses disciples.
Comme dans de très nombreux cas, Jésus ne se contente pas de dire les choses, il met en place une situation et attend que nous réagissions. Il connaît notre coeur, mais il veut que nous le connaissions également, afin que notre comportement témoigne contre nous. Cette façon de faire n'a pas pour but de nous juger, c'est exactement l'inverse, le but est que nous nous jugions nous-même et que nous amendions nos voies. C'est une chose de voir quelqu'un réaliser la justice de Dieu, mais c'en est une autre de constater que nous ne l'aurions pas réalisé de nous-même, cela nous montre la différence entre ce que nous sommes et ce que nous devrions être.
Ca n'est donc que lorsque les disciples se manifestent qu'il peut leur montrer ce qu'ils ne parvenaient pas à voir d'eux-mêmes.
c.4) La leçon des disciples.
Ce qui est amusant dans ce passage, c'est que les phrases de Jésus (ou leur absence) ne sont pas destinées à clore la discussion, mais à l'ouvrir. La mentalité sous-jacente reste d'éprouver non pas la femme, mais les disciples.
- Matthieu 15.23 : Il ne lui répondit pas un mot, et ses disciples s'approchèrent, et lui dirent avec insistance: Renvoie-la, car elle crie derrière nous.
- Matthieu 15.24 : Il répondit: Je n'ai été envoyé qu'aux brebis perdues de la maison d'Israël.
Jésus gardait le silence en attendant l'intervention des disciples. Suite à cette dernière, il prend la Parole pour s'adresser à la femme. Les disciples s'adressent à Jésus, mais il ne leur répond pas directement. Sa présentation est particulière est a pour but de préparer la suite. Jésus exprime le fait qu'il ne soit venu que pour les Hébreux. Si l'on ne fait attention qu'à ce qui est dit, on peut penser que cela clôt la discussion, mais c'est faire fi de la réalité. Jésus est la Parole vivante, il connaît Esaïe, et tous les autres prophètes, il sait pourquoi il est venu en chair. Il connaît l'histoire d'Hobab le Madianite, de Rahab la Cananéenne, de Ruth la Moabite, de Job, le plus éminent des fils de l'Orient. Il sait qu'en dehors des textes sacrés, sa naissance a été annoncée aux païens en premiers (les mages d'orient).
Pourtant il ne peut pas mentir. Ce qui est en train de se passer, c'est que Jésus veut sauver la fille de cette femme, mais que le salut des païens n'est prévu, dans le plan divin, qu'après son sacrifice et sa résurrection. Le salut sera donné à tous lorsque les juifs l'auront refusé. Cependant, il reste une possibilité pour que cette femme puisse être secourue, et c'est une intercession.
- Matthieu 15.25 : Mais elle vint se prosterner devant lui, disant: Seigneur, secours-moi!
- Matthieu 15.26 : Il répondit: Il n'est pas bien de prendre le pain des enfants, et de le jeter aux petits chiens.
Devant le refus apparent de Jésus, la femme n'abandonne pas et se veut insistante. Jésus dit alors une de ces vérités qui serait sanctionnée dans presque toutes les assemblées actuelles. Cela équivaut à ne pas jeter de perles aux pourceaux (Matthieu 7.6 : Ne donnez pas les choses saintes aux chiens, et ne jetez pas vos perles devant les pourceaux). Devant cette affirmation qui paraît des plus agressives, la réaction de la femme est un des plus grands exemples de foi qu'il y ait dans les évangiles.
Dans la réponse de Jésus, il y a une allusion très directe aux pains de proposition, ces pains représentant les tribus d'Israël ainsi que la Parole de vie qu'est Jésus.
- Matthieu 15.27 : Oui, Seigneur, dit-elle, mais les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres.
- Matthieu 15.28 : Alors Jésus lui dit: Femme, ta foi est grande; qu'il te soit fait comme tu veux. Et, à l'heure même, sa fille fut guérie.
La femme, étonnamment, va comprendre de quoi Jésus parle, c'est pourquoi elle donne la réponse qui suit. La table dont elle parle est la table des pains. Elle a conscience qu'une simple miette de ce qui est saint suffira à sanctifier sa fille. Elle ne se braque pas devant la forme de la phrase de Jésus, il n'y a aucune rébellion. Elle reconnaît Jésus comme son Seigneur et ne fait qu'intercéder pour sa fille. Sa réponse est une nouvelle formulation de ce que le centenier disait à Jésus concernant le fait d'avoir autorité sur certains et d'être soumis à d'autres. Cette réaction avait déjà valu au centenier une déclaration rare de Jésus : Je vous le dis, même en Israël je n'ai pas trouvé une aussi grande foi (Luc 7.9). Cette fois-ci cependant, il y a une toute petite variation. Elle ne se pose même pas comme une étape entre deux niveaux, mais comme le dernier échelon du bas de l'échelle. Par contre, elle reconnaît qu'il y a plusieurs niveaux hiérarchisés.
La réaction de Jésus est donc de lui accorder ce qu'elle demandait, ce qui prouve bien que sa première phrase posait une réalité (Je n'ai été envoyé qu'aux brebis perdues de la maison d'Israël), mais pas une limitation de part la possibilité d'intercession. Jésus savait qu'il ne pouvait pas, de son vivant terrestre, intervenir pour cette femme sans qu'elle remplisse certaines conditions, et il a fait ce qu'il fallait pour la guider dans cette direction. Elle a, comme Ruth ou Rahab en leur temps, adhéré au royaume de Dieu et en est logiquement devenue héritière des promesses.
Les disciples qui voulaient la chasser se retrouvent avec une femme qui a obtenu ce qu'elle demandait. Ils savent que Jésus ne peut qu'accomplir la justice de Dieu, et donc que la guérison de la fille de cette femme en était une réalisation. Leur jugement humain est mis en défaut et, comme je le disais au début, cela permet à chacun de comparer ce qu'il est avec ce que Jésus voudrait qu'il soit. A eux maintenant de se remettre en question et de progresser dans la bonne direction.
c.5) La distance.
Le dernier point concerne la distance importante de la délivrance. Il n'y a même pas de contact visuel. Une simple Parole, sans que la personne atteinte n'entende rien. Cela nous montre que Jésus n'a pas besoin que le possédé entende quoi que ce soit, ce qui répond à la plus simple des logiques, puisque dans le cas contraire il serait impossible de délivrer un sourd.
Cependant, il ne faut pas croire que cela indiquerait que les démons peuvent nous épier, où que nous soyons, et quoi que nous fassions. Contrairement à Dieu, ils ne sont pas omniprésents et omnipotents. Ce ne sont pas eux qui n'ont pas de limites géographiques, c'est nous qui n'en avons pas. Où qu'ils soient, ils nous entendent lorsque nous nous adressons à eux. C'est pour cela que, dans la délivrance du possédé de Gadara, les trois passages qui nous en parlent indiquent que les démons ont réagi à la vue de Jésus. Avant qu'il n'entre dans leur champ visuel, ils n'avaient pas conscience de son arrivée et n'étaient pas en panique.
d) (Matthieu 17.14-21) (Marc 9.16-29) (Luc 9.37-43) : L'enfant dans le feu.
Ce passage est présent dans trois évangiles : (Matthieu 17.14-21 )(Marc 9.16-29) (Luc 9.37-43).
- Matthieu 17.14-21 : Lorsqu'ils furent arrivés près de la foule, un homme vint se jeter à genoux devant Jésus, et dit: Seigneur, aie pitié de mon fils, qui est lunatique, et qui souffre cruellement; il tombe souvent dans le feu, et souvent dans l'eau. Je l'ai amené à tes disciples, et ils n'ont pas pu le guérir. Race incrédule et perverse, répondit Jésus, jusques à quand serai-je avec vous? jusques à quand vous supporterai-je? Amenez-le-moi ici. Jésus parla sévèrement au démon, qui sortit de lui, et l'enfant fut guéri à l'heure même. Alors les disciples s'approchèrent de Jésus, et lui dirent en particulier: Pourquoi n'avons-nous pu chasser ce démon? C'est à cause de votre incrédulité, leur dit Jésus. Je vous le dis en vérité, si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé, vous diriez à cette montagne: Transporte-toi d'ici là, et elle se transporterait; rien ne vous serait impossible. Mais cette sorte de démon ne sort que par la prière et par le jeûne.
- Marc 9.16-29 : Il leur demanda: Sur quoi discutez-vous avec eux? Et un homme de la foule lui répondit: Maître, j'ai amené auprès de toi mon fils, qui est possédé d'un esprit muet. En quelque lieu qu'il le saisisse, il le jette par terre; l'enfant écume, grince des dents, et devient tout raide. J'ai prié tes disciples de chasser l'esprit, et ils n'ont pas pu. Race incrédule, leur dit Jésus, jusques à quand serai-je avec vous? jusques à quand vous supporterai-je? Amenez-le-moi. On le lui amena. Et aussitôt que l'enfant vit Jésus, l'esprit l'agita avec violence; il tomba par terre, et se roulait en écumant. Jésus demanda au père: Combien y a-t-il de temps que cela lui arrive? Depuis son enfance, répondit-il. Et souvent l'esprit l'a jeté dans le feu et dans l'eau pour le faire périr. Mais, si tu peux quelque chose, viens à notre secours, aie compassion de nous. Jésus lui dit: Si tu peux!... Tout est possible à celui qui croit. Aussitôt le père de l'enfant s'écria: Je crois! viens au secours de mon incrédulité! Jésus, voyant accourir la foule, menaça l'esprit impur, et lui dit: Esprit muet et sourd, je te l'ordonne, sors de cet enfant, et n'y rentre plus. Et il sortit, en poussant des cris, et en l'agitant avec une grande violence. L'enfant devint comme mort, de sorte que plusieurs disaient qu'il était mort. Mais Jésus, l'ayant pris par la main, le fit lever. Et il se tint debout. Quand Jésus fut entré dans la maison, ses disciples lui demandèrent en particulier: Pourquoi n'avons-nous pu chasser cet esprit? Il leur dit: Cette espèce-là ne peut sortir que par la prière.
- Luc 9.37-43 : Le lendemain, lorsqu'ils furent descendus de la montagne, une grande foule vint au-devant de Jésus. Et voici, du milieu de la foule un homme s'écria: Maître, je t'en prie, porte les regards sur mon fils, car c'est mon fils unique. Un esprit le saisit, et aussitôt il pousse des cris; et l'esprit l'agite avec violence, le fait écumer, et a de la peine à se retirer de lui, après l'avoir tout brisé. J'ai prié tes disciples de le chasser, et ils n'ont pas pu. Race incrédule et perverse, répondit Jésus, jusqu'à quand serai-je avec vous, et vous supporterai-je? Amène ici ton fils. Comme il approchait, le démon le jeta par terre, et l'agita avec violence. Mais Jésus menaça l'esprit impur, guérit l'enfant, et le rendit à son père. Et tous furent frappés de la grandeur de Dieu. Tandis que chacun était dans l'admiration de tout ce que faisait Jésus, il dit à ses disciples:
Dans le cas présent, l'enfant est tourmenté par un démon qui provoque toute une série de symptômes évoquant un trouble que nous semblons avoir identifié depuis. Cependant, il est dans l'habitude des hommes de nommer les choses, dans le but de les rationaliser. Je ne m'étendrai donc pas sur la ressemblance des manifestations de l'enfant avec ce que nous avons nommé de nos jours. La seule chose qui compte c'est l'origine. Nous nommons les choses afin qu'elles nous appartiennent, alors que le but de la délivrance est justement d'enlever ce qui ne nous appartient pas.
Pour simplifier, l'enfant de cet exemple est sourd. Notre langue veut nous faire croire que dire qu'il est atteint de surdité revient au même, mais il se trouve que ça n'est pas le cas. Qu'il soit sourd est un fait, la surdité est une maladie. Passer de l'un à l'autre n'est pas qu'un jeu de langage, c'est également passer d'un constat a un diagnostic. Or, un diagnostic c'est la résultante d'une analyse intellectuelle. Ce que Jésus fait, c'est passer d'un constat à une action. L'interposition d'une analyse intellectuelle entre les deux rend impossible l'action entreprise par Jésus, parce qu'en analysant intellectuellement, nous changeons la nature même du constat en nous plaçant non plus sur le plan spirituel, mais sur le plan charnel. Nous devons regarder les problèmes spirituellement, afin de leur trouver la solution spirituelle correspondante. Il n'est pas possible de les analyser charnellement et d'essayer d'y trouver une solution spirituelle.
d.1) La souffrance de l'enfant.
- Matthieu 17.15 : Seigneur, aie pitié de mon fils, qui est lunatique, et qui souffre cruellement; il tombe souvent dans le feu, et souvent dans l'eau.
- Marc 9.17-18+22 : Et un homme de la foule lui répondit: Maître, j'ai amené auprès de toi mon fils, qui est possédé d'un esprit muet. En quelque lieu qu'il le saisisse, il le jette par terre; l'enfant écume, grince des dents, et devient tout raide... Et souvent l'esprit l'a jeté dans le feu et dans l'eau pour le faire périr.
- Luc 9.39 : Un esprit le saisit, et aussitôt il pousse des cris; et l'esprit l'agite avec violence, le fait écumer, et a de la peine à se retirer de lui, après l'avoir tout brisé.
Contrairement au possédé de Gadara, qui était entièrement sous le contrôle de légion, l'enfant est qualifié de 'lunatique' par son père. Ce qui nous montre une succession de moments de conscience et de moments d'absence. Dans ces moments d'absence, on note que le démon essaye de le tuer. C'est d'autant plus intéressant que c'est la seule fois que cela arrive. Aucune des autres possessions n'avait pour but de tuer le possédé. C'est également la seule délivrance où on nous précise qu'il s'agissait d'un enfant (Matthieu 17.18). Dans le cas de la syro-phénicienne, on ne faisait que nous dire qu'il s'agissait de la fille de la femme qui s'adressait à Jésus, ce qui posait une différence d'âge entre les deux femmes, mais pas un âge précis.
d.2) La situation.
Jésus était sur la montagne de la transfiguration en compagnie de Simon, Jean et Jacques. C'est en en descendant qu'il aperçoit une foule et que le père de l'enfant vient se jeter à ses pieds. Aussi, lorsqu'il nous est dit : Je l'ai amené à tes disciples, et ils n'ont pas pu le guérir (Matthieu 17.16), le père nous indique que les autres disciples attendaient au bas de la montagne, là où Jésus les avait laissés. Dans l'attente, le père les ayant aperçus et ayant entendu parler de Jésus auparavant, leur a présenté la situation de son enfant, mais personne n'a pu venir à son aide.
C'est dans ce cadre qu'arrive Jésus, accompagné de Simon, Jacques et Jean.
d.3) Race incrédule et perverse.
- Matthieu 17.17 : Race incrédule et perverse, répondit Jésus, jusques à quand serai-je avec vous? jusques à quand vous supporterai-je ?
Contrairement à ce que j'ai pu entendre de-ci de-là, Jésus ne s'adresse pas à ses disciples. C'est un verset souvent utilisé pour montrer sa patience envers eux, alors qu'il n'en est rien. Il est bien écrit que sa phrase est une réponse, ce qui induit logiquement qu'il s'adresse à la personne (morale ou physique) qui s'est adressée à lui dans un premier temps. Dans le cas présent, il parle de la foule et du père de l'enfant. En réalité, Jésus ne s'adresse jamais avec dureté à ses disciples, par contre, il le fait souvent avec les autres. Même lorsque Simon reprendra le Seigneur qui répondra par le célèbre : arrière de moi, satan (Matthieu 16.23), Jésus parlait à satan, bien qu'il regardait Simon Pierre. Les pharisiens hypocrites n'étaient pas plus ses disciples, ni la syro-phénicienne dont je parlais auparavant. Il n'usera même jamais de dureté envers Judas, tout en sachant qu'il le livrerait.
Comprenant que ce verset parle à la foule et non aux disciples, cela nous apprend la disposition de coeur de cette dernière. La foule ne croyait pas que les disciples pouvaient guérir cet enfant, ils n'ont fait qu'attendre la venue de Jésus afin qu'il le fasse lui-même.
Ce que nous avons là est la reproduction d'une scène millénaire. La lassitude de Jésus se comprend mieux lorsque l'on réalise plus clairement ce dont il est en train de parler :
- Dans la nuée, Jésus rencontre Moïse et Elie : C'est l'image de la rencontre entre Moïse et Dieu sur le mont Horeb. Elie représentant ici Josué, le seul qui avait l'Esprit de Dieu EN lui et non sur lui.
- En dehors de la nuée se trouvent Pierre, Jaques et Jean : C'est l'image des anciens qui sont sur la montagne, mais pas dans la nuée.
- Jésus fait la liaison avec la descente de la montagne faite par Moïse dans le désert d'Horeb. Au pied de la montagne, et en l'absence de Jésus (Moïse), le peuple est allé vers les disciples (sacrificateurs) afin d'obtenir une substitution au prophète qui portait l'autorité de Dieu pour leur salut.
La réflexion de Jésus parle donc du coeur de l'homme qui, à travers le temps et les époques, ne change pas et conserve sa perversion au lieu de laisser Dieu le transformer. L'indice principal nous montrant qu'il ne parle pas à ses disciples, c'est la deuxième partie de sa phrase (jusques à quand serai-je avec vous? jusques à quand vous supporterai-je ?). Ce double questionnement ne peut pas s'adresser aux disciples, parce que la réponse est écrite dans l'évangile de Matthieu : Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde (Matthieu 28.20b).
Pour finir, c'est bien le père qui reconnaît la faiblesse de sa foi devant Jésus : Aussitôt le père de l'enfant s'écria: Je crois! viens au secours de mon incrédulité! (Marc 9.24).
d.4) La libération.
Dans les trois passages, on note que Jésus ne va pas vers l'enfant, mais il demande à ce qu'on le lui amène. Une fois de plus, le démon marche à la vue, ça n'est qu'à l'instant où il aperçoit Jésus qu'il se met à agiter l'enfant.
- Marc 9.20 : Et aussitôt que l'enfant vit Jésus, l'esprit l'agita avec violence; il tomba par terre, et se roulait en écumant.
- Luc 9.42 : Comme il approchait, le démon le jeta par terre, et l'agita avec violence.
La délivrance en elle-même est particulièrement courte, comme d'habitude. Elle suit une règle de base de toutes les délivrances. Dans un premier temps, Jésus chasse le démon, ensuite seulement il guérit le possédé. Pour comprendre le principe, il faut regarder la possession comme une imprégnation du démon sur la personne possédée. Une fois le démon chassé, la chair s'est imprégnée de ce qui le caractérisait, et elle a à son tour besoin d'être purifiée.
Dans Matthieu 17.18 : Jésus parla sévèrement au démon, qui sortit de lui, et l'enfant fut guéri à l'heure même. On voit cette guérison qui suit la délivrance, Dans Marc 9.25-27 on apprend que Jésus, voyant accourir la foule, menaça l'esprit impur, et lui dit: Esprit muet et sourd, je te l'ordonne, sors de cet enfant, et n'y rentre plus. Et il sortit, en poussant des cris, et en l'agitant avec une grande violence. L'enfant devint comme mort, de sorte que plusieurs disaient qu'il était mort. Mais Jésus, l'ayant pris par la main, le fit lever. Et il se tint debout. Une fois que l'esprit est chassé, l'enfant est comme mort, ça n'est qu'alors que Jésus le prend par la main qu'il reprend ses esprits et se lève. Enfin, pour finir, dans l'évangile de Luc, la chose est encore plus claire puisqu'on nous donne une chronologie qui sépare la délivrance et la guérison : Jésus menaça l'esprit impur, guérit l'enfant, et le rendit à son père (Luc 9.42b).
Si cette logique, commune à toutes les délivrances, est respectée, elle comporte un élément qui n'est présent dans aucune autre. Lorsque Jésus chasse le démon, l'évangile de Marc nous fait une précision unique : sors de cet enfant, et n'y rentre plus (Marc 9.25b). C'est la seule fois où Dieu 'scelle' une personne, empêchant le démon de revenir. Il est possible que cela vienne de ce que son père vient de dire à Jésus. Il devrait être le garant de la protection de son enfant, mais reconnaît son incrédulité, donc son incapacité à le faire.
d.5) Incrédulité, jeûne et prière.
Quelque chose paraît contradictoire ici. Lorsque les disciples viennent parler à Jésus afin de comprendre pourquoi ils n'ont pas réussi à chasser ce démon, il commence par leur dire que c'est en raison de leur incrédulité et enchaîne en leur disant que cette sorte de démon ne sort que par la prière (*) et par le jeûne (*) (Matthieu 17.21), la prière étant à nouveau mise en avant dans l'évangile de Marc (Cette espèce-là ne peut sortir que par la prière : Marc 9.29).
En réalité, ce que Jésus met en avant, c'est que le problème est l'incrédulité, donc le manque de foi. Sa précision vient de ce que la prière et le jeûne sont nécessaires pour lutter contre le doute, et donc grandir dans la foi. La mauvaise compréhension traditionnelle est que le jeûne et la prière permettent de chasser des démons, ce qui est techniquement faux. La réalité est que le jeûne et la prière selon Dieu nous rapprochent de Dieu et, ce faisant, font grandir notre foi. Alors seulement nous pouvons avoir la foi nécessaire pour chasser certains démons.
Jésus parle d'une préparation qui n'a pas les démons pour destination, mais Dieu. Le but n'est pas de jeûner et de prier pour chasser les démons, mais de le faire pour s'approcher de Dieu. C'est un état permanent qui doit permettre une connexion qui le sera tout autant. N'oublions pas que Jésus vient de passer la nuit sur la montagne avec Moïse et Elie, il n'a pas jeûné, pas plus qu'il n'a prié et pourtant il fait l'affirmation que c'est par ces deux pratiques que l'on peut chasser ce type de démons.
Jeûner et prier permettent de s'approcher de Dieu, et s'approcher de Dieu permet de tout accomplir.
(*) Enseignement sur la prière (lien)
(*) Enseignement sur le jeûne (lien)
e) (Luc 13.10-17) : La femme courbée.
Ce passage est présent dans un seul évangile : (Luc 13.10-17).
- Luc 13.10-17 : Jésus enseignait dans une des synagogues, le jour du sabbat. Et voici, il y avait là une femme possédée d'un esprit qui la rendait infirme depuis dix-huit ans; elle était courbée, et ne pouvait pas du tout se redresser. Lorsqu'il la vit, Jésus lui adressa la parole, et lui dit: Femme, tu es délivrée de ton infirmité. Et il lui imposa les mains. A l'instant elle se redressa, et glorifia Dieu. Mais le chef de la synagogue, indigné de ce que Jésus avait opéré cette guérison un jour de sabbat, dit à la foule: Il y a six jours pour travailler; venez donc vous faire guérir ces jours-là, et non pas le jour du sabbat. Hypocrites! lui répondit le Seigneur, est-ce que chacun de vous, le jour du sabbat, ne détache pas de la crèche son bœuf ou son âne, pour le mener boire? Et cette femme, qui est une fille d'Abraham, et que Satan tenait liée depuis dix-huit ans, ne fallait-il pas la délivrer de cette chaîne le jour du sabbat? Tandis qu'il parlait ainsi, tous ses adversaires étaient confus, et la foule se réjouissait de toutes les choses glorieuses qu'il faisait.
La délivrance de la femme courbée est probablement celle qui montre le plus clairement l'amour de Dieu. Dans celle-ci, ce qui frappe le plus, comparativement à toutes les autres, c'est que Jésus intervient pour quelqu'un qui n'a rien demandé. Dans presque tous les cas de délivrance et de guérison, c'est l'affligé qui vient vers lui ou qui l'appelle à l'aide. Dans le cas présent, le verset 12 nous précise bien Lorsqu'il la vit, Jésus lui adressa la parole. Une fois de plus, cela montre l'importance de regarder à Dieu et non aux hommes. Il est possible d'aider même ceux qui n'ont rien demandé, non pas parce que nous considérons avoir quelque chose dont ils ont besoin, mais parce que Dieu le demande. Rien ne doit venir de nous, cela ne fait que transiter par nous.
Cette femme était infirme, et, une fois de plus, c'était en raison de l'action d'un démon. Atteinte depuis 18 ans, elle en était à ne plus pouvoir se redresser. Ce que ce texte nous apprend de son mal est particulier. Nous avons tendance à penser que dans le cas d'un problème de santé, soit il faut guérir, soit il faut délivrer, mais la réalité est que bien souvent, il faut faire les deux, mais pas en même temps. C'est exactement ce qui se passe ici. Contrairement à ce que l'on peut parfois entendre, Jésus n'a pas délivré cette femme en lui imposant les mains. Cette erreur vient de ce que le texte nous dise que la femme a été délivrée de son infirmité, et qu'elle s'est redressée suite à l'imposition des mains. Le raccourci est vite fait, mais complètement faux.
Ce que nous montre ce texte est une chose tout à fait différente. C'est un démon qui avait rendu cette femme malade. Le démon était la source de la maladie, il n'était donc pas possible de la guérir sans d'abord tarir la source de son mal. C'est pour cela que Jésus ne lui impose pas les mains, il chasse d'abord le démon, simplement en annonçant la délivrance à la femme : Femme, tu es délivrée de ton infirmité. Dès cet instant, le démon n'est plus là, par contre, l'infirmité l'est toujours, mais cette fois-ci, n'ayant plus de source, ça n'est plus qu'une maladie. Dès lors, Jésus peut lui imposer les mains pour la guérir, et ça n'est qu'à cet instant qu'elle se redresse, ce qui nous est précisé dans le verset suivant.
Comme d'habitude, l'hypocrisie des adversaires de Dieu est criante. Le chef de la synagogue se plaint que Jésus opère des guérisons le jour du sabbat, alors qu'en réalité, il réagit simplement à la révélation de sa misère spirituelle qui l'empêche d'en faire de même, lui qui pourtant est une "autorité spirituelle" en Israël. On notera ce détail intéressant qu'il n'ose pas invectiver Jésus directement mais s'en prend au peuple. Ce qui signifie qu'il ne reproche rien à celui qui, selon ses propres dires, a commit une faute (indigné de ce que Jésus avait opéré cette guérison un jour de sabbat), mais qu'il est particulièrement dur avec ceux qui en ont été au bénéfice. C'est donc, concrètement, les dirigeants du peuple, qui s'en prennent au peuple, parce qu'ils ont écouté Jésus. Ceux qui sont censés être les gardiens sont devenus les geôliers.
Là, alors que le chef de la synagogue s'en prend au peuple, c'est Jésus qui prend la défense du peuple en remettant le chef en place. Le berger prend soin de ses brebis et il les protège des loups.
Il s'ensuivra une diatribe de Jésus sur l'hypocrisie des accusateurs, qui refusent au peuple ce que, eux-mêmes, font naturellement et sans s'infliger de reproches. Le sens général de ce qu'il dit est à rapprocher de sa déclaration transmise par Marc dans son évangile :
- Marc 2.27-28 : Puis il leur dit: Le sabbat a été fait pour l'homme, et non l'homme pour le sabbat, de sorte que le Fils de l'homme est maître même du sabbat.
f) (Marc 1.21-28) (Luc 4.33-37) : Dans la synagogue, au début du ministère.
Ce passage est présent dans deux évangiles : (Marc 1.21-28) (Luc 4.33-37).
- Marc 1.21-28 : Ils se rendirent à Capernaüm. Et, le jour du sabbat, Jésus entra d'abord dans la synagogue, et il enseigna. Ils étaient frappés de sa doctrine; car il enseignait comme ayant autorité, et non pas comme les scribes. Il se trouva dans leur synagogue un homme qui avait un esprit impur, et qui s'écria: Qu'y a-t-il entre nous et toi, Jésus de Nazareth? Tu es venu pour nous perdre. Je sais qui tu es: le Saint de Dieu. Jésus le menaça, disant: Tais-toi, et sors de cet homme. Et l'esprit impur sortit de cet homme, en l'agitant avec violence, et en poussant un grand cri. Tous furent saisis de stupéfaction, de sorte qu'il se demandaient les uns aux autres: Qu'est-ce que ceci? Une nouvelle doctrine! Il commande avec autorité même aux esprits impurs, et ils lui obéissent! Et sa renommée se répandit aussitôt dans tous les lieux environnants de la Galilée.
- Luc 4.33-37 : Il se trouva dans la synagogue un homme qui avait un esprit de démon impur, et qui s'écria d'une voix forte: Ah! qu'y a-t-il entre nous et toi, Jésus de Nazareth? Tu es venu pour nous perdre. Je sais qui tu es: le Saint de Dieu. Jésus le menaça, disant: Tais-toi, et sors de cet homme. Et le démon le jeta au milieu de l'assemblée, et sortit de lui, sans lui faire aucun mal. Tous furent saisis de stupeur, et ils se disaient les uns aux autres: Quelle est cette parole? il commande avec autorité et puissance aux esprits impurs, et ils sortent! Et sa renommée se répandit dans tous les lieux d'alentour.
Ce qui ressort de cette délivrance est que Jésus protégeait son identité. Ces deux passages se trouvent au début des évangiles respectifs où ils figurent. Ca n'est ni Jésus qui va vers un homme pour le guérir, ni une personne souffrante qui irait vers lui. Un démoniaque s'en prend verbalement à Jésus en révélant son identité devant un parterre d'Israélites. On constate que Jésus ne se contente pas de le chasser, mais il commence par lui ordonner de se taire. Le démon savait pertinemment qui il était, mais il n'était pas encore temps que le monde le sache.
Nous savons que ça n'est pas l'homme qui parle mais l'esprit impur partiellement en raison du verbe utilisé. Le texte nous transmet : Tu es venu pour nous perdre. Le mot original 'Apollumi' ayant de nombreuses traductions possibles mais allant toutes dans le sens de faire disparaître, ou d'éliminer. L'esprit impur qui s'exprime à travers la bouche de l'homme ne parle donc pas d'être chassé, mais d'être éternellement condamné, ce qui n'est prévu que pour la fin des temps.
La deuxième chose qui demande à être relevée ici se trouve être le terme employé par les témoins de la scène. Lorsque Jésus ordonne à l'esprit impur de sortir de sa victime, les témoins réagissent par de la stupéfaction et se demandent entre eux si ce serait une nouvelle doctrine. Or la signification du mot doctrine est très intéressante. Cela désigne une méthode, un enseignement, ou encore un ensemble de règles. Les témoins ne sont pas en train de remettre en question Dieu ou sa Parole, mais se demandent s'ils n'ont pas mal compris jusque là puisqu'ils pensent que ce que Jésus vient de faire serait une nouvelle doctrine. N'oublions pas que Jésus n'était pas simplement en chemin, il était dans la synagogue et il y enseignait. Tous savaient donc que ce qu'il disait était dans leurs écrits, et si ce qu'il avait enseigné était contraire à la loi des juifs, il aurait été chassé de la synagogue. Le fait qu'il y soit toujours montre que ce qu'il disait était conforme. Ca n'était pas tant les choses dites qui étaient différentes, mais la façon dont il les disait.
- Marc 1.22 : Ils étaient frappés de sa doctrine; car il enseignait comme ayant autorité, et non pas comme les scribes.
Cela ne pointe pas l'intonation, mais l'esprit qui était derrière son enseignement.
Puis, soudainement, alors qu'un démoniaque invective Jésus, ils constatent que non seulement il enseigne avec autorité, mais qu'il fait des choses que ni eux ni aucun de leurs dirigeants ne faisaient. Lorsqu'ils constatent cela, ils ne s'intéressent pas aux phrases dites, ou à la gestuelles, mais de savoir si ce serait une nouvelle doctrine. Le peuple qui recherche la vérité de Dieu s'intéresse à la doctrine, pas à un mimétisme dénué de sens.
Esaïe 49.9 : Pour dire aux captifs: Sortez! Et à ceux qui sont dans les ténèbres: Paraissez!
7 - Les résurrections.
a) (Matthieu 9.18-25) (Marc 5.22-43) (Luc 8.40-56) : La fille de Jaïrus.
Ce passage est présent dans trois évangiles : (Matthieu 9.18-25) (Marc 5.22-43) (Luc 8.40-56).
- Matthieu 9.18-25 : Tandis qu'il leur adressait ces paroles, voici, un chef arriva, se prosterna devant lui, et dit: Ma fille est morte il y a un instant; mais viens, impose-lui les mains, et elle vivra. Jésus se leva, et le suivit avec ses disciples. ... Lorsque Jésus fut arrivé à la maison du chef, et qu'il vit les joueurs de flûte et la foule bruyante, il leur dit: Retirez-vous; car la jeune fille n'est pas morte, mais elle dort. Et ils se moquaient de lui. Quand la foule eut été renvoyée, il entra, prit la main de la jeune fille, et la jeune fille se leva.
- Marc 5.22-43 : Alors vint un des chefs de la synagogue, nommé Jaïrus, qui, l'ayant aperçu, se jeta à ses pieds, et lui adressa cette instante prière: Ma petite fille est à l'extrémité, viens, impose-lui les mains, afin qu'elle soit sauvée et qu'elle vive. Jésus s'en alla avec lui. Et une grande foule le suivait et le pressait. ... Comme il parlait encore, survinrent de chez le chef de la synagogue des gens qui dirent: Ta fille est morte; pourquoi importuner davantage le maître? Mais Jésus, sans tenir compte de ces paroles, dit au chef de la synagogue: Ne crains pas, crois seulement. Et il ne permit à personne de l'accompagner, si ce n'est à Pierre, à Jacques, et à Jean, frère de Jacques. Ils arrivèrent à la maison du chef de la synagogue, où Jésus vit une foule bruyante et des gens qui pleuraient et poussaient de grands cris. Il entra, et leur dit: Pourquoi faites-vous du bruit, et pourquoi pleurez-vous? L'enfant n'est pas morte, mais elle dort. Et ils se moquaient de lui. Alors, ayant fait sortir tout le monde, il prit avec lui le père et la mère de l'enfant, et ceux qui l'avaient accompagné, et il entra là où était l'enfant. Il la saisit par la main, et lui dit: Talitha koumi, ce qui signifie: Jeune fille, lève-toi, je te le dis. Aussitôt la jeune fille se leva, et se mit à marcher; car elle avait douze ans. Et ils furent dans un grand étonnement. Jésus leur adressa de fortes recommandations, pour que personne ne sût la chose; et il dit qu'on donnât à manger à la jeune fille.
- Luc 8.40-56 : A son retour, Jésus fut reçu par la foule, car tous l'attendaient. Et voici, il vint un homme, nommé Jaïrus, qui était chef de la synagogue. Il se jeta à ses pieds, et le supplia d'entrer dans sa maison, parce qu'il avait une fille unique d'environ douze ans qui se mourait. Pendant que Jésus y allait, il était pressé par la foule. ... Comme il parlait encore, survint de chez le chef de la synagogue quelqu'un disant: Ta fille est morte; n'importune pas le maître. Mais Jésus, ayant entendu cela, dit au chef de la synagogue: Ne crains pas, crois seulement, et elle sera sauvée. Lorsqu'il fut arrivé à la maison, il ne permit à personne d'entrer avec lui, si ce n'est à Pierre, à Jean et à Jacques, et au père et à la mère de l'enfant. Tous pleuraient et se lamentaient sur elle. Alors Jésus dit: Ne pleurez pas; elle n'est pas morte, mais elle dort. Et ils se moquaient de lui, sachant qu'elle était morte. Mais il la saisit par la main, et dit d'une voix forte: Enfant, lève-toi. Et son esprit revint en elle, et à l'instant elle se leva; et Jésus ordonna qu'on lui donnât à manger. Les parents de la jeune fille furent dans l'étonnement, et il leur recommanda de ne dire à personne ce qui était arrivé.
Nous avons trois versions de la situation de la jeune fille :
- Matthieu 9.18 : Ma fille est morte il y a un instant.
- Marc 5.22 : Ma petite fille est à l'extrémité.
- Luc 8.49 : Ta fille est morte; n'importune pas le maître.
M'est avis qu'il s'agit simplement du fait que la fille meurt pendant que le chef de la synagogue intercède auprès de Jésus. Dans l'ordre on aurait donc probablement Marc, Luc puis Matthieu. Les trois évangélistes parlent de la même chose.
Les choses intéressantes dans les oeuvres que Jésus a faites ne tiennent généralement pas réellement dans ce qu'elles sont, mais dans le cadre où elles prennent effets. Cette résurrection ne fait pas exception. Une fois de plus, sur la résurrection elle-même, il se contente de prendre l'enfant par la main et lui dit de se lever. C'est tout ce qui se passe autour qui est le véritable message.
Dans le cas présent, il est intéressant de voir la différence entre le père de l'enfant, et son entourage.
Le père : Jaïrus est un des chefs de la synagogue, il occupe donc une position d'importance. Pourtant il ne va pas hésiter à se prosterner devant Jésus bien que les pharisiens aient décidé que celui qui prêterait attention et reconnaîtrait Jésus serait exclu de la synagogue. Il est prêt à tout risquer pour son enfant. Tout en sachant que sa fille était très malade, et même au bout de sa vie, il choisit non pas de passer ses derniers instants à ses côtés, ni même de se rendre au temple pour prier, mais de partir à la recherche de Jésus. Il peut se donner les apparences qu'il veut, au fond de lui il sait que si le salut devait venir, ce ne serait pas par les prières qu'il faisait au temple depuis des années, mais que son seul espoir réside en Jésus. Ainsi, lui qui occupe une des places les plus importantes parmi le peuple vient se prosterner devant un charpentier. Non seulement cela, mais il le fait pendant que Jésus est attablé en présence des pharisiens, des publicains, des disciples de Jean et de personnes de mauvaise vie (Matthieu 9.10-14). Sa confession se fait devant tous, et en se prosternant, il identifie Jésus comme quelqu'un ayant une autorité qui lui est supérieure.
Son entourage : Il est composé d'un ensemble de personnes dont l'irrespect va au-delà de la simple apparence. Lorsque Jésus arrive, il trouve une foule de personnes qui savent que l'enfant est morte, et qui font la fête. On pourrait y voir une coutume, mais c'est négliger que Jésus se trouve avec le père de l'enfant en question. On pourrait imaginer que la foule, incrédule fasse des remarques pour signifier la mort de l'enfant, cette dernière étant morte en l'absence du père. Mais il ne s'agit pas de remarques désobligeantes, les trois passages font bien mention de moqueries.
- Matthieu 9.24 : il leur dit: Retirez-vous; car la jeune fille n'est pas morte, mais elle dort. Et ils se moquaient de lui.
- Marc 5.40 : Et ils se moquaient de lui.
- Luc 8.53 : Et ils se moquaient de lui, sachant qu'elle était morte.
Ces gens sont chez Jaïrus, l'un des chefs de la synagogue, et alors que sa fille vient de mourir en son absence, ils se livrent à la moquerie envers un homme qui accompagne le maître de la maison. Leur manque de respect n'est pas seulement envers Jésus, mais également envers Jaïrus, chez qui ils se trouvent. Ils ne s'intéressent aucunement à la peine de la famille et n'ont fait que trouver une bonne occasion de faire la fête.
Jésus savait ce qu'il en était, et de manière détournée, il avait informé Jaïrus de ce qui allait venir. Dès qu'il a commencé à l'accompagner, tout s'est mis en place pour instiller le doute en lui, et comme dans le jardin d'Eden, c'est par la parole que le diable tente de détruire la foi de Jaïrus.
- Marc 5.35 : Comme il parlait encore, survinrent de chez le chef de la synagogue des gens qui dirent: Ta fille est morte; pourquoi importuner davantage le maître?
- Luc 8.49 : Comme il parlait encore, survint de chez le chef de la synagogue quelqu'un disant: Ta fille est morte; n'importune pas le maître.
Le diable sait que La mort et la vie sont au pouvoir de la langue (Proverbe 18.21a), et Jésus sait que Jaïrus a besoin d'un coup de pouce. C'est pourquoi, alors qu'il avait clairement vu la foi du chef de la synagogue, il sait que cette dernière risque de se ternir dès lors qu'il a commencé à écouter ce que le diable a dit par la bouche des autres intervenants. Devant ces mêmes paroles, Jésus nous donne l'exemple parfait. Il ne s'intéresse pas à la parole prononcée par l'ennemi, mais rappelle la vérité sur laquelle Jaïrus doit se baser. Il ne le pose pas devant le mensonge en lui expliquant comment le combattre, il le pose devant la vérité en lui expliquant comment l'embrasser. Parce que c'est en embrassant la vérité que le mensonge fuit.
- Marc 5.36 : Mais Jésus, sans tenir compte de ces paroles, dit au chef de la synagogue: Ne crains pas, crois seulement.
- Luc 8.50 : Mais Jésus, ayant entendu cela, dit au chef de la synagogue: Ne crains pas, crois seulement, et elle sera sauvée.
Jaïrus avait besoin de ce rappel, et de cet encouragement pastoral avant que la horde de moqueurs ne commence son œuvre.
On peut grâce à cela cerner l'importance du moment adéquat pour la confrontation avec les incroyants. C'est une opposition de la foi et de l'incrédulité, mais croire en Dieu ne signifie pas que l'on soit en état de faire face à ceux qui n'y croient pas. Jésus le comprenait pour Jaïrus, et il le comprend pour nous. Il y a un temps de construction de sa propre foi, et un temps où elle résiste au vent (Matthieu 14.30). Les seuls qui semblent ne pas comprendre ce principe élémentaire, c'est l'église actuelle, qui pense qu'elle sera formée sur le tas et se confronte sans vergogne à ce qui a visiblement une meilleure assise qu'elle, c'est-à-dire le monde. Mais il y a un temps où, comme nous le montre l'exemple de Jaïrus, il faut rejeter le monde afin de se retrouver entre personnes ayant la même foi. Aller vers le monde comporte l'idée d'être en état de donner, et Jaïrus, comme la plupart des croyants actuels, est tout juste en état de recevoir. Ca n'est pas un défaut, c'est une étape. C'est refuser cette étape qui est un défaut et qui conduit sur la mauvaise route.
Dans l'exemple de Jaïrus, on pourrait penser que Jésus allait se servir de cet instant pour répandre la gloire de Dieu, mais c'est oublier que la Parole de Dieu doit se prendre comme un tout, et piocher ce qui nous arrange n'apporte jamais rien de bon. Autant Jésus a fait beaucoup de choses pour révéler la gloire de Dieu, autant il ne fait que ce qu'il voit au Père. Dans le cas présent, il ne va s'entourer que de personnes qui ont déjà la foi. Dans un premier temps il va chasser les moqueurs, puis entrera avec les parents de l'enfant (Marc 5.40) et Pierre, Jean et Jacques (Luc 8.51). Quand elle sera revenue à elle, Jésus donnera la consigne de n'en parler à personne (Marc 5.43) (Luc 8.56).
Cette consigne atteste du Proverbe que je citais auparavant : La mort et la vie sont au pouvoir de la langue (Proverbe 18.21a). Jaïrus est un homme d'importance, de très nombreux témoins savent que sa fille est morte, pourtant, le jour même, peut-être le lendemain, il y aura forcément des personnes qui constateront sa résurrection, ne serait-ce que les serviteurs. Alors qu'il est évident que tout le monde va le savoir, Jésus donne la consigne de ne pas en parler. 'Ne pas en parler' a donc un autre but que d'empêcher que cela se sache. C'est la puissance de la Parole dont il est question ici. L'information de la résurrection de cette enfant peut se répandre, mais Jaïrus et les siens ne doivent pas y participer.
Une fois qu'elle est ressuscitée, la première chose que Jésus demande, c'est qu'on lui donne à manger. Pourquoi ? Est-ce une manière de l'ancrer à nouveau dans les besoins de la chair, elle qui venait d'en être libérée ?
- Marc 5.43b : ... et il dit qu'on donnât à manger à la jeune fille.
- Luc 8.55b : ... et Jésus ordonna qu'on lui donnât à manger.
Cet ordre me fait étrangement penser au principe du jeûne. La privation de nourriture a pour but de nous attacher à l'esprit. Il est possible que son inverse ait justement pour but de rattacher la jeune fille au corps. De la même manière que la Sainte-Cène nous unis avec nos frères et sœurs en Christ. Ainsi, manger nous unit au corps et quand la nourriture est spirituelle, elle nous unis au corps spirituel. Le jeûne, étant un rattachement non pas au corps spirituel, mais à Dieu lui-même, se greffe totalement à cette façon de voir.
N'oublions pas que si Jésus nous a demandé de jeûner, ce qu'arborent avec fierté tous ceux qui jeûnent pour les mauvaises raisons, il nous a également demandé de manger (Jean 21.12 : Jésus leur dit: Venez, mangez). Ca ne signifie pas qu'on puisse faire ce qu'on veut, mais ce qu'il nous demande.
Il y a encore un point à soulever pour lequel je n'ai pas forcément d'explications :
1 - Pour dire à la jeune fille de se lever, Jésus lui parle en Araméen : Talitha koumi (Marc 5.41). Pourquoi préciser l'emploi de l'Araméen ? Est-ce la seule parole prononcée en Araméen ? Dans ce cas, pourquoi changer de langue ? Et si Jésus parlait en permanence en Araméen, alors pourquoi garder le texte original uniquement pour cet ordre ?
b) (Luc 7.11-17) : A Naïn, il touche le cercueil et ordonne au mort de se lever.
b.1) Le texte.
Ce passage est présent dans un évangile : (Luc 7.11-17).
- Luc 7.11-17 : Le jour suivant, Jésus alla dans une ville appelée Naïn; ses disciples et une grande foule faisaient route avec lui. Lorsqu'il fut près de la porte de la ville, voici, on portait en terre un mort, fils unique de sa mère, qui était veuve; et il y avait avec elle beaucoup de gens de la ville. Le Seigneur, l'ayant vue, fut ému de compassion pour elle, et lui dit: Ne pleure pas! Il s'approcha, et toucha le cercueil. Ceux qui le portaient s'arrêtèrent. Il dit: Jeune homme, je te le dis, lève-toi! Et le mort s'assit, et se mit à parler. Jésus le rendit à sa mère. Tous furent saisis de crainte, et ils glorifiaient Dieu, disant: Un grand prophète a paru parmi nous, et Dieu a visité son peuple. Cette parole sur Jésus se répandit dans toute la Judée et dans tout le pays d'alentour.
b.2) Une explication rapide.
Parmi les trois résurrections faites par Jésus (j'exclus sa propre résurrection, qu'il a lui-même opérée), c'est la seule qui n'est pas demandée, mais qui est à son initiative (il va de soi que tout vient du Père). En dehors de cette étrangeté, cette résurrection n'a pas de caractéristiques particulières. C'est par compassion envers la mère que Dieu le Père, qui est à l'origine de tout ce que Jésus fait, lui montre ce qu'il doit faire. En l'occurrence, voyant une femme dans la tristesse, il va vers elle et lui dit de ne pas pleurer, avant d'aller toucher le cercueil de son fils unique.
Les porteurs ne s'arrêtent qu'une fois que Jésus touche le cercueil. C'est alors que Jésus parle au mort, qui s'assoit, et se met à parler.
Il va en résulter que la notoriété de Jésus va se répandre, signe que tout ce que fait Jésus, il le fait pour la gloire de Dieu.
b.3) Une émotion.
C'est bel et bien suite à une émotion, dans le cas présent de la compassion, que Jésus va relever le fils unique de cette veuve de Naïn. Il serait cependant dangereux de penser que Jésus a ressuscité le fils de cette femme en réponse à la compassion qu'il a ressentie. Jésus ne marche pas aux émotions, mais à l'obéissance. Pour comprendre la Parole, il faut connaître la Parole. C'est une façon étrange de présenter les choses, pourtant c'est une réalité. Les compréhensions se superposent, vous en obtenez une, qui servira de socle à la suivante et ainsi de suite. Cela rejoint le fait qu'il soit nécessaire de toujours conserver une vue d'ensemble de la Parole de Dieu si l'on veut ne pas s'égarer dans une compréhension particulière. L'exemple présent est parfaitement parlant.
Pour comprendre ce que fait Jésus, il faut déjà comprendre comment il fonctionne. Si vous ne regardez pas ses actes en gardant à l'esprit qu'il ne faisait que ce que le Père lui indiquait, alors votre compréhension partira dans tous les sens. Dans le cas présent, vous pourriez prêter aux émotions une importance qu'elles n'ont pas, et, ce qui est tout aussi dangereux, ne pas leur prêter l'importance qu'elles ont.
Dans le cas de cette veuve, prendre la compassion comme source de ce qui se passe, c'est en pervertir la nature. C'est Dieu le Père qui prend une décision, et Jésus la met en application. Ce qui est conforme aux déclarations de Jésus transmises par Jean : En vérité, en vérité, je vous le dis, le Fils ne peut rien faire de lui-même, il ne fait que ce qu'il voit faire au Père; et tout ce que le Père fait, le Fils aussi le fait pareillement (Jean 5.19). Or, s'il ne peut rien faire de lui-même, alors l'émotion qu'il vient de ressentir ne peut pas être la base de sa décision d'aider cette veuve. D'autant que si c'était le cas, alors ses émotions seraient charnelles, et c'est là que se situe la compréhension de ce qui vient de se passer et de la leçon a en tirer. Le Père peut parler au Fils à travers une émotion, parce que le Fils est totalement soumis, ses émotions sont elles aussi soumises au Père et lorsqu'il en ressent une, il sait que c'est le Père qui lui parle.
La compassion que ressent Jésus vient du Père, et c'est une façon de lui parler et de lui indiquer la direction à suivre. Appartenant complètement à Dieu, ses émotions ne sont pas dictées par la chair, mais par l'esprit. Elles sont autant de directions que le Père donne. Il devrait en être de même pour nous, mais nous avons encore du mal à faire la distinction entre une émotion qui a la chair pour source, et une émotion qui a l'esprit pour source. D'autant que parfois les deux se mélangent. Vous pouvez ressentir une forte attirance ou un fort dégoût envers quelqu'un que vous ne connaissez pas, uniquement parce que Dieu est en train de vous signifier que la personne concernée doit être évitée ou, au contraire, que Dieu vous la désigne, soit pour lui parler du royaume de Dieu, soit parce qu'elle en fait déjà partie. Les émotions ne sont pas une mauvaise chose lorsqu'on comprend qu'elles font partie du langage de Dieu ; à l'opposé, elles deviennent un piège et l'avant-coureur de la chute, lorsqu'on finit par les considérer comme un but, et donc d'une manière charnelle.
Dans l'exemple de la veuve de Naïn, Jésus reçoit du Père la direction à suivre par une émotion, il s'ensuit la glorification de Dieu.
b.4) Conclusion.
Suivre ses émotions est d'autant plus dangereux, que ce soit individuellement ou en assemblée, qu'elles sont pour la plupart, directement le fruit de notre rapport au monde et pas le fruit de notre rapport à Dieu. Lorsque nous constatons certaines situations, nous ressentons de la tristesse, mais ce que nous devrions ressentir, éventuellement, c'est la tristesse de Dieu, pas la nôtre. Ce que nous ressentons est une réaction de notre affect, c'est donc une réaction charnelle, et la situation peut être parfaitement dramatique, nous devons faire la part des choses entre ce que Dieu veut et ce que nous voulons. Josué s'est laissé tromper par ce qu'il a ressenti lorsque les Gabaonites sont venus à lui, au lieu de se baser sur ce qui venait de Dieu, il s'est basé sur ce qu'il voyait : Les hommes d'Israël prirent de leurs provisions, et ils ne consultèrent point l'Éternel (Josué 9.14).
Nous devons réaliser que nous sommes dans les temps de la fin, non pas que cela soit censé changer quoi que ce soit pour nous, la nécessité de rechercher Dieu n'a pas changé, par contre, cela signifie que nous sommes dans une de ces périodes où les conséquences sont beaucoup plus directes, et il convient de s'observer soi-même afin de redresser nos voies, avant que nos voies ne deviennent la source d'un redressement forcé.
Les émotions doivent être perçues pour ce qu'elles sont. Comme tout le reste, elles peuvent être charnelles ou spirituelles. Nous devons apprendre à les écouter lorsqu'elles sont la voix de Dieu et à nous en méfier lorsque ça n'est pas le cas.
c) (Jean 11.1-46) : Lazare.
Ce passage est présent dans un évangile : (Jean 11.1-46). Comme il est un peu long, on va le regarder au fur-et-à-mesure plutôt que de le citer en bloc.
c.1) Jésus annonce la mort de Lazare.
- Jean 11.1-4 : Il y avait un homme malade, Lazare, de Béthanie, village de Marie et de Marthe, sa soeur. C'était cette Marie qui oignit de parfum le Seigneur et qui lui essuya les pieds avec ses cheveux, et c'était son frère Lazare qui était malade. Les sœurs envoyèrent dire à Jésus: Seigneur, voici, celui que tu aimes est malade. Après avoir entendu cela, Jésus dit: Cette maladie n'est point à la mort; mais elle est pour la gloire de Dieu, afin que le Fils de Dieu soit glorifié par elle.
Rien que l'introduction de ce passage est forte. Jésus n'hésite pas à se positionner comme Fils de Dieu. On y voit un Jésus annoncer que Cette maladie n'est point à la mort; mais elle est pour la gloire de Dieu, autre façon de dire justement que Lazare va mourir. Si l'on regarde le texte, on ne voit nulle part que la maladie de Lazare risque d'être fatale. On peut éventuellement le supposer, mais le texte ne nous le dit pas. C'est Jésus qui, apprenant que Lazare est malade, précise que la finalité de cette maladie n'est pas la mort. En disant cela il ne dit pas qu'il ne mourra pas, mais au contraire il dit qu'il mourra, mais que ça n'est pas la fin de l'histoire de Lazare est qu'elle se continuera dans quelque chose qui glorifiera Jésus.
c.2) L'attente de la mort.
- Jean 11.5-10 : Or, Jésus aimait Marthe, et sa sœur, et Lazare. Lors donc qu'il eut appris que Lazare était malade, il resta deux jours encore dans le lieu où il était, et il dit ensuite aux disciples: Retournons en Judée. Les disciples lui dirent: Rabbi, les Juifs tout récemment cherchaient à te lapider, et tu retournes en Judée! Jésus répondit: N'y a-t-il pas douze heures au jour? Si quelqu'un marche pendant le jour, il ne bronche point, parce qu'il voit la lumière de ce monde; mais, si quelqu'un marche pendant la nuit, il bronche, parce que la lumière n'est pas en lui.
Jésus sait exactement ce qui va se passer. Il a commencé par dire que Lazare allait mourir, et dans ce passage, il reste volontairement dans le lieu où il était au lieu d'aller le guérir. Ce que Jésus est appelé à révéler ne peut l'être au travers d'une guérison.
Devant sa décision, deux jours après avoir entendu parler de la maladie de Lazare, Jésus décide de partir pour la Judée, ce qui va représenter encore deux journées de marches. Les disciples, comme à leur habitude vont se trouver dans l'incompréhension de la prise de risque que représente ce voyage, sachant que Lazare est dans une contrée qui récemment encore tentait de lapider Jésus. La réponse de Jésus peut paraître cryptique, mais elle est particulièrement simple. Il signifie à ses disciples que nous devons travailler, en tant que serviteurs, sous le regard de Dieu, donc pendant le jour. 'Si quelqu'un marche pendant le jour, il ne bronche point, parce qu'il voit la lumière de ce monde' représente donc que celui qui marche sous le regard de Dieu, sans se dissimuler, voit Jésus et ne craint rien (il ne bronche point), alors que celui qui marche dans la nuit, donc dans la dissimulation, ne marche pas selon Dieu, n'a pas Jésus en lui, et, en conséquent, marche dans la crainte.
c.3) Les prières non exaucées.
- Jean 11.11-15 : Après ces paroles, il leur dit: Lazare, notre ami, dort; mais je vais le réveiller. Les disciples lui dirent: Seigneur, s'il dort, il sera guéri. Jésus avait parlé de sa mort, mais ils crurent qu'il parlait de l'assoupissement du sommeil. Alors Jésus leur dit ouvertement: Lazare est mort. Et, à cause de vous, afin que vous croyiez, je me réjouis de ce que je n'étais pas là. Mais allons vers lui.
Le début de ce passage est intéressant pour comprendre que Jésus voulait que la situation de Lazare empire, mais les choses ne commencent réellement que dans ces quelques versets que je viens de citer. Jésus met en avant ce qu'il va faire. Il se pose d'un point de vue spirituel mais obtient une compréhension charnelle. Alors il se rééquilibre au niveau de compréhension de ses disciples pour les amener à la compréhension parfaite de sa volonté. Quand Jésus dit que Lazare est mort, il parle du point de vue des disciples, parce que leur incapacité à comprendre ce qu'il venait de dire en affirmant qu'il dormait, le pousse à le redire par étapes, en partant de la compréhension des disciples et en les guidant pas à pas vers la compréhension de la réalité spirituelle qui englobe cet évènement.
Etrangement, et on cerne l'aveuglement spirituel de ses disciples, Jésus affirme se réjouir de ne pas avoir été auprès de Lazare dans la maladie qui a conduit à l'arrêt de son corps. Pourtant personne parmi eux ne relève que Jésus puisse se réjouir de ne pas avoir été là. Cela n'interroge personne. Les implications de ce passage sont importantes.
Concrètement, Lazare est malade, et Jésus choisit volontairement de ne pas le guérir. Bien sûr, j'entends l'argument qui tendrait à dire qu'il est quand même venu à son aide en le ressuscitant. Cependant, la réalité, c'est que lorsqu'il était malade, et que ses proches priaient nuit et jour pour sa guérison, il n'a pas guéri. Lorsqu'on est allé chercher Jésus pour qu'il le guérisse, il n'est pas venu. Si l'on regarde la scène du point de vue de la famille et des proches de Lazare, ils n'ont pas été entendus. C'est ce dont je parlais dans l'enseignement sur la guérison. La famille de Lazare cherche la guérison parce qu'ils n'ont pas compris la volonté de Dieu, ça n'est pas une faute, c'est humain et Dieu nous a créé comme ça, nous apprenons de nos erreurs. Cependant dans le cas présent, ce qui en ressort surtout c'est que même sans l'intervention de Jésus, malgré la mort de Lazare, personne ne se rebelle.
- Jean 11.16 : Sur quoi Thomas, appelé Didyme, dit aux autres disciples: Allons aussi, afin de mourir avec lui.
Ce verset nous permet de réaliser qu'il y a des types différents. Simon est le fonceur qui réfléchit par après, Thomas est celui qui est tellement ancré dans le charnel qu'il a du mal à croire au spirituel. C'est le même Thomas qui aura besoin de toucher les plaies de Jésus pour croire. Il aura besoin d'un contact physique pour croire dans le spirituel. Par contre, Jésus n'a perdu aucun d'entre eux. Nous sommes différents, nous avons tous besoin de choses différentes, Jésus pourvoit (YAHVE-JIRE).
c.4) Marthe et Marie.
- Jean 11.17-20 : Jésus, étant arrivé, trouva que Lazare était déjà depuis quatre jours dans le sépulcre. Et, comme Béthanie était près de Jérusalem, à quinze stades environ, beaucoup de Juifs étaient venus vers Marthe et Marie, pour les consoler de la mort de leur frère. Lorsque Marthe apprit que Jésus arrivait, elle alla au-devant de lui, tandis que Marie se tenait assise à la maison.
On apprend ici que la famille de Lazare est connue. A quel point ? Aucune idée ! Cependant, la mort de Lazare s'est sue à Jérusalem, soit à une distance de 3 kilomètres (1 stade = 205 m) à une époque où les réseaux sociaux devaient se limiter à des pigeons apprivoisés. Plus que de simplement se savoir, beaucoup de Juifs étaient venus vers Marthe et Marie, pour les consoler de la mort de leur frère (Jean 11.19). Lorsque quelqu'un meurt dans notre voisinage, nous sommes généralement désolés pour eux (même pas toujours), mais pour en venir à marcher trois kilomètres pour consoler les vivants, il nous faudra bien plus que la simple information du décès, mais une relation personnelle forte avec le défunt.
Jésus arrivant, Marthe abandonne tout le monde et va le rejoindre, alors que Marie reste assise à la maison. Marthe est la version féminine de Simon, elle agit impulsivement, elle veut forcer les accomplissements. Jésus était en chemin, mais elle ne peut pas attendre. La différence entre les deux sœurs est flagrante dans ce passage, et elle permet de comprendre ce qui suit d'une manière particulière. Marthe pense que Jésus a tardé, c'est pour cela qu'elle va vers lui, Marie sait au fond d'elle qu'il viendra quand il doit venir, elle reste assise à la maison, là où est sa place.
Arrivant auprès de Jésus, Marthe va lui faire une remarque très intéressante :
- Jean 11.21-22 : Marthe dit à Jésus: Seigneur, si tu eusses été ici, mon frère ne serait pas mort. Mais, maintenant même, je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l'accordera.
Ce qui la rend intéressante, c'est ce que Marie dira à Jésus peu après :
- Jean 11.32 : Lorsque Marie fut arrivée là où était Jésus, et qu'elle le vit, elle tomba à ses pieds, et lui dit: Seigneur, si tu eusses été ici, mon frère ne serait pas mort.
Une partie de ce que disent les deux sœurs est identique au mot près : si tu eusses été ici, mon frère ne serait pas mort. C'est l'enrobage qui nous fait comprendre que si ces deux parties de phrases sont identiques dans la forme, elles ne le sont pas tant que cela dans le fond.
D'abord, Marthe, apprenant l'arrivée de Jésus a laissé son impatience parler. Elle a voulu le devancer parce qu'elle pensait qu'il arrivait trop tard. Elle a beau l'appeler Seigneur, son amour pour lui se limite à lui dire ce qu'il doit faire. Lorsqu'elle poursuit sa phrase en disant : Mais, maintenant même, je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l'accordera, ça n'est pas un signe de foi, ou pas uniquement. C'est surtout une manière de dire à Jésus ce qu'elle attend de lui.
Ca n'est pas réellement qu'elle tente de le contrôler consciemment, mais elle est la soeur qui prend les choses en mains, elle agit avec impulsivité, raison pour laquelle je la comparais à Simon. Son comportement est 'critiquable' vu de l'extérieur, avec du recul et la compréhension permise par le Saint-Esprit. Cependant, sur l'instant, elle laisse parler sa personnalité et, comme tout le monde, elle est 'en travaux'. C'est pourquoi, elle va courtement discuter avec lui, ne pas obtenir ce qu'elle veut (essentiellement parce qu'elle ne comprend pas de quoi il parle) et chercher un autre moyen de l'obtenir. Pour ce faire, elle va quitter Jésus, ce qui est étrange, il se rend de toute manière vers chez elle, mais elle ne fait pas le peu de route avec lui et part chercher Marie.
- Jean 11.28 : Ayant ainsi parlé, elle s'en alla. Puis elle appela secrètement Marie, sa soeur, et lui dit: Le maître est ici, et il te demande.
Ce verset met quelque chose en avant qui tend à dire que Marthe a menti à sa soeur. Dans la réalité, Marthe n'a pas obtenu ce qu'elle voulait, et elle sait que la relation de Marie à Jésus est plus profonde, alors elle veut que sa soeur accomplisse ce qu'elle a échoué à faire. Elle va donc trouver sa soeur dans le secret, alors que Jésus n'agit pas de cette manière. L'un des seuls exemples où Jésus parle à part avec quelqu'un c'est avec Nicodème (Jean 3.1-21), et dans ce cas, ça n'est pas Jésus qui a voulu cela, mais Nicodème qui a préféré l'obscurité à la lumière. Rappelons-nous que Jésus n'est pas venu pour voir Marie, mais Lazare. C'est ce qu'il affirmait un tout petit peu avant dans le passage : Mais allons vers lui (Lazare)(Jean 11.15).
Marie, entendant que Jésus veut la voir, alors qu'il est en route, n'essaye pas de se lever discrètement, elle agit dans la lumière. C'est pour cela que les juifs qui étaient avec elle se rendent compte qu'elle s'en va. Marthe ayant parlé de telle sorte à ne pas être entendue, les juifs ne savent pas où va Marie et imagine que ce doit être au sépulcre (Les Juifs ... la suivirent, disant: Elle va au sépulcre, pour y pleurer : Jean 11.31).
Lorsque Marie arrive auprès du Seigneur, la première chose qu'elle fait n'est pas de se lamenter sur la mort de son frère, mais de se jeter à ses pieds. Elle commence par l'adoration avant même l'affirmation de sa tristesse. Ce faisant, elle ne tente pas de l'influencer, bien que sa phrase soit exactement la même que celle de sa soeur. Dans son cas ça n'est pas un préalable à une demande, c'est uniquement une femme qui répand sa souffrance aux pieds de Jésus, non pas dans la recherche d'une résolution du problème, mais uniquement parce qu'elle veut qu'il l'aide à le porter.
Il serait cependant dangereux de voir Marthe comme la méchante soeur de cendrillon ... Gardons à l'esprit que Jésus aimait les trois frères et sœurs (Jean 11.5). Jean était le seul sur la poitrine de Jésus au dernier repas, Nathanaël a cru sur une simple révélation, alors que Thomas a eu besoin de beaucoup plus. Nous avons tendance à voir négativement les personnes qui sont différentes de nous, parce que nous pensons inconsciemment être sur la bonne voie et avons du mal à comprendre que, tous différents, Jésus nous travaille également différemment. Il y a trop souvent une petite voix au fond de nous qui veut nous faire croire qu'en admettant qu'un autre ordre dans le travail qui doit être fait en chacun existe, sous-entend que le nôtre ne serait pas le bon. Marthe et Marie sont différentes, et effectivement, dans la scène qui prend place, on voit une Marthe qui semble vouloir contrôler le monde qui l'entoure, et une Marie attristée qui, malgré la souffrance, ne relègue pas l'adoration à une autre place que celle qu'elle doit avoir, c'est-à-dire la première.
La réalité est que comprendre la différence est important pour comprendre le passage, mais rattachée à ce que cela nous montre des deux sœurs, elle ne nous permet que d'avoir un instantanée, pas de connaître le coeur de chacune. Ce que nous savons, c'est que Jésus les aimait.
c.5) Les larmes de Jésus.
- Jean 11.33-34 : Jésus, la voyant pleurer, elle et les Juifs qui étaient venus avec elle, frémit en son esprit, et fut tout ému. Et il dit: Où l'avez-vous mis? Seigneur, lui répondirent-ils, viens et vois.
- Jean 11.35 : Jésus pleura.
- Jean 11.36 : Sur quoi les Juifs dirent: Voyez comme il l'aimait.
C'est marrant de constater que le verset le plus court de la parole de Dieu (Jean 11.35), et probablement le plus connu, ne serait-ce que parce qu'il est le plus facile à apprendre, est également un verset que personne ne semble comprendre. La croyance commune est de considérer que la déclaration des juifs est bonne. Personne ne se disant que le nombre de fois où ce que croient les juifs était exact est plutôt faible. Pourtant, en dehors de ce que disent les juifs, rien ne dit que c'est pour cela qu'il pleura.
Ce passage de l'évangile de Jean fait écho à un passage de la Genèse, celui qui concerne la première fois où les frères de Joseph viennent lui parler après le deuil qui suivit la mort de Jacob.
- Genèse 50.15-17 : Quand les frères de Joseph virent que leur père était mort, ils dirent: Si Joseph nous prenait en haine, et nous rendait tout le mal que nous lui avons fait! Et ils firent dire à Joseph: Ton père a donné cet ordre avant de mourir: Vous parlerez ainsi à Joseph: Oh! pardonne le crime de tes frères et leur péché, car ils t'ont fait du mal! Pardonne maintenant le péché des serviteurs du Dieu de ton père! Joseph pleura, en entendant ces paroles.
Ici, Joseph ne pleure pas parce qu'il est ému par les paroles de son père. Il pleure parce qu'après des décennies à s'occuper de son père et de ses frères, ces derniers n'ont toujours pas compris qui il est. Après des décennies où il les a fait profiter des meilleures terres d'Égypte, où il a pourvu à leur moindre besoin, où il les a placés à la tête des troupeaux de pharaon, ils le regardent toujours de la manière dont ils le voyaient en Canaan.
- Genèse 37.4 : Ses frères virent que leur père l'aimait plus qu'eux tous, et ils le prirent en haine. Ils ne pouvaient lui parler avec amitié.
Joseph pleure parce qu'il voit la misère spirituelle de ses frères. C'est exactement pour la même raison que Jésus pleure.
Le verset 'Jésus pleura' est toujours pris de manière isolée, mais si certains versets peuvent s'expliquer d'eux-mêmes, c'est impossible pour celui-là. Il faut bien connaître la situation globale, ne serait-ce que pour savoir si Jésus pleure de tristesse ou de rire. Or, la situation qui est dépeinte, est celle de l'incompréhension des juifs face à ce qu'il dit. Il a beau leur répéter encore et encore qu'il va ressusciter Lazare, personne ne semble comprendre. Ses larmes suivent un moment particulier :
- Jean 11.34 : Et il dit: Où l'avez-vous mis? Seigneur, lui répondirent-ils, viens et vois.
C'est en réponse à cela que Jésus pleure. Il a prévenu qu'il venait pour ressusciter Lazare, mais personne ne l'a compris, à tel point qu'ils ont déjà mis son ami dans un sépulcre. Jésus ne pleure pas de tristesse devant la mort de Lazare, il a volontairement attendu que cela arrive. Il pleure en raison de l'incrédulité des gens qui l'entourent. Leur incrédulité a été jusqu'à tirer un trait sur Lazare, le faisant reposer dans 'sa dernière demeure'.
C'est étonnant de se dire que toutes ces personnes qui sont venues pleurer avec Marthe et Marie ont abandonné Lazare. Pour elles, il n'est plus. Alors que Jésus, qui lui n'était pas là, est justement le seul qui n'a pas abandonné Lazare.
c.6) Les contestataires.
- Jean 11.37 : Et quelques-uns d'entre eux dirent: Lui qui a ouvert les yeux de l'aveugle, ne pouvait-il pas faire aussi que cet homme ne mourût point?
Quelque chose d'important est en route, alors il n'est pas surprenant que des voix discordantes soient déjà présentes pour tenter de saper la foi des personnes présentes. Leur but n'est pas de mettre une vérité en avant, mais d'attaquer la crédibilité de Jésus. Ce sont les mêmes personnes qui, une fois que Lazare sera sorti du tombeau iront directement chez les pharisiens pour dénoncer Jésus (Jean 11.46 : Mais quelques-uns d'entre eux allèrent trouver les pharisiens, et leur dirent ce que Jésus avait fait). Cela nous apprend que les ennemis de Dieu n'attendront pas que nous fassions les choses pour commencer à nous attaquer, dès que satan comprend que Dieu va faire quelque chose, il se met à parler à travers la bouche de ses serviteurs pour tenter de saper la foi du croyant. Ce qui nous rappelle l'importance de ne pas laisser nos oreilles entendre n'importe quoi. Si des personnes propagent des discours ouvertement contraires à la volonté de Dieu, prétendre que nous devons rester dans leur entourage pour être un témoignage est un piège de l'ennemi. Ils vivent dans les ténèbres et nous vivons dans la lumière. Nous n'avons pas à les éclairer, mais uniquement à briller. Le jour où ils chercheront la lumière, ils la trouveront.
Chacun est en face de sa propre conscience devant les oeuvres de Dieu, les mêmes faits attirent toujours les deux types de réactions :
- Jean 11.45-46 : Plusieurs des Juifs qui étaient venus vers Marie, et qui virent ce que fit Jésus, crurent en lui. Mais quelques-uns d'entre eux allèrent trouver les pharisiens, et leur dirent ce que Jésus avait fait.
c.7) La résurrection.
- Jean 11.38-40 : Jésus frémissant de nouveau en lui-même, se rendit au sépulcre. C'était une grotte, et une pierre était placée devant. Jésus dit: Otez la pierre. Marthe, la soeur du mort, lui dit: Seigneur, il sent déjà, car il y a quatre jours qu'il est là. Jésus lui dit: Ne t'ai-je pas dit que, si tu crois, tu verras la gloire de Dieu?
On voit le même comportement de Jésus qu'il avait avec Jaïrus. Jésus a compris que Marthe n'est pas encore en état de comprendre ce qu'il disait sur la résurrection, alors il se contente de la focaliser sur la vérité fondamentale : si tu crois, tu verras la gloire de Dieu? (Jean 11.40).
- Jean 11.41-44 : Ils ôtèrent donc la pierre. Et Jésus leva les yeux en haut, et dit: Père, je te rends grâces de ce que tu m'as exaucé. Pour moi, je savais que tu m'exauces toujours; mais j'ai parlé à cause de la foule qui m'entoure, afin qu'ils croient que c'est toi qui m'as envoyé. Ayant dit cela, il cria d'une voix forte: Lazare, sors! Et le mort sortit, les pieds et les mains liés de bandes, et le visage enveloppé d'un linge. Jésus leur dit: Déliez-le, et laissez-le aller.
Comme je l'ai déjà dit, c'est le contexte qui est intéressant plus que les guérisons/délivrances/résurrections. Ici, une fois de plus, Jésus se contente d'appeler Lazare et ce dernier se lève et sort du tombeau. Presque banal. Par contre, tout le décorum nous en a appris beaucoup.
c.8) Le message de Jésus.
Jésus devait ressusciter Lazare et non le soigner. Dans tout ce passage, ce qu'il nous rappelle c'est que ses pensées ne sont pas les nôtres, et que nos voies ne sont pas les siennes (Esaïe 55.8). Même lorsque nos attentes paraissent légitimes, le plan de Dieu est toujours supérieur à ce qui nous motive, et nous n'avons pas la possibilité de comprendre de nous-même, seul l'Esprit peut nous le révéler. Même dans un cas comme celui de Lazare, où la demande paraît conforme à la Parole de Dieu, les pensées de Dieu sont encore supérieures à ce que nous comprenons de sa Parole. Dans le psaume 103, au verset 3, il est écrit : C'est lui qui pardonne toutes tes iniquités, Qui guérit toutes tes maladies. Lorsque l'on s'attache aux mots, alors on peut se dire que Jésus n'a pas guéri Lazare, mais si on s'attache au sens des mots, et avec l'Hébreu, il vaut mieux faire attention, la compréhension change. Qui guérit toutes tes maladies peut également être compris dans le sens de : 'Qui te rétablit dans toutes tes souffrances'. Dans ce sens, cela signifie que Dieu pourvoira à notre rétablissement, quelle que soit la forme qu'il choisira de lui donner.
Parfois les rétablissements vont au-delà de ce que nous sommes capables d'appréhender. Lazare et sa famille attendaient le rétablissement du corps, mais Dieu avait pour eux un rétablissement bien plus profond. Nous ne comprenons les choses que partiellement, et nous attacher aux versets au détriment de l'Esprit n'est jamais un bon calcul. Si un seul verset devait rester de ce passage, je pense que ce serait : si tu crois, tu verras la gloire de Dieu.
Nous confondons souvent la Bible et la Parole de Dieu. La Parole de Dieu est forcément inspirée, pas seulement pour ceux qui l'ont écrite, mais également pour ceux qui la lisent. De la même manière, si quelqu'un écrit sans la conduite de Dieu, son écrit ne peut pas être la Parole de Dieu, et quelqu'un qui lit la Bible sans l'Esprit ne lit pas réellement la Parole de Dieu. Lorsque la parole est sans l'Esprit, elle ne peut apporter la vie et devient un piège.
Ici, tout semblait faire croire que Lazare guérirait de sa maladie, et de nos jours, dans la même situation, on entendrait de nombreuses prédications pour encourager les croyants à prier pour la guérison de nos Lazare. Ensuite, par-delà son décès, la plupart des gens se lamenteraient de leur échec. Alors que la mort de Lazare n'était pas un échec, mais une étape nécessaire pour la révélation de la gloire de Jésus.
Cette gloire que Jésus devait révéler dans la résurrection de Lazare, c'est la sienne (Jean 11.4). Mais Jésus, en venant dans la chair, s'est dépouillé de sa gloire. Ce qu'il annonce, dans la mort et la résurrection de Lazare, c'est donc quelque chose qui n'est plus en sa possession, mais qu'il s'apprête à récupérer. C'est donc sa propre résurrection que Jésus annonce à travers celle de Lazare, mis dans un sépulcre. C'était une grotte, et une pierre était placée devant, image du tombeau dans lequel Jésus sera placé et de la pierre qui était devant. Dans l'exemple de Lazare, Jésus montre la victoire sur la corruption du corps et le triomphe de la vie sur la mort. Si les témoins de la résurrection de Lazare voient la victoire sur la mort du corps, Jésus venait d'annoncer la victoire sur la mort et le séjour des morts. La victoire accomplie dans la mort et la résurrection de Lazare est l'image charnelle de la mort et la résurrection de Jésus, qui est une victoire spirituelle. De la même manière que la victoire de Jésus à travers son sacrifice et sa résurrection est l'image de notre propre résurrection.
8 - Les mentions diverses.
a) Perte de sang : (Matthieu 9.20-22) (Marc 5.24-34) (Luc 8.43-47) : La femme qui touche Jésus.
Ce passage est présent dans trois évangiles : (Matthieu 9.20-22) (Marc 5.24-34) (Luc 8.43-47).
- Matthieu 9.20-22 : Et voici, une femme atteinte d'une perte de sang depuis douze ans s'approcha par-derrière, et toucha le bord de son vêtement. Car elle disait en elle-même: Si je puis seulement toucher son vêtement, je serai guérie. Jésus se retourna, et dit, en la voyant: Prends courage, ma fille, ta foi t'a guérie. Et cette femme fut guérie à l'heure même.
- Marc 5.24-34 : Jésus s'en alla avec lui. Et une grande foule le suivait et le pressait. Or, il y avait une femme atteinte d'une perte de sang depuis douze ans. Elle avait beaucoup souffert entre les mains de plusieurs médecins, elle avait dépensé tout ce qu'elle possédait, et elle n'avait éprouvé aucun soulagement, mais était allée plutôt en empirant. Ayant entendu parler de Jésus, elle vint dans la foule par-derrière, et toucha son vêtement. Car elle disait: Si je puis seulement toucher ses vêtements, je serai guérie. Au même instant la perte de sang s'arrêta, et elle sentit dans son corps qu'elle était guérie de son mal. Jésus connut aussitôt en lui-même qu'une force était sortie de lui; et, se retournant au milieu de la foule, il dit: Qui a touché mes vêtements? Ses disciples lui dirent: Tu vois la foule qui te presse, et tu dis: Qui m'a touché ? Et il regardait autour de lui, pour voir celle qui avait fait cela. La femme, effrayée et tremblante, sachant ce qui s'était passé en elle, vint se jeter à ses pieds, et lui dit toute la vérité. Mais Jésus lui dit: Ma fille, ta foi t'a sauvée; va en paix, et sois guérie de ton mal.
- Luc 8.43-47 : Or, il y avait une femme atteinte d'une perte de sang depuis douze ans, et qui avait dépensé tout son bien pour les médecins, sans qu'aucun ait pu la guérir. Elle s'approcha par-derrière, et toucha le bord du vêtement de Jésus. Au même instant la perte de sang s'arrêta. Et Jésus dit: Qui m'a touché? Comme tous s'en défendaient, Pierre et ceux qui étaient avec lui dirent: Maître, la foule t'entoure et te presse, et tu dis: Qui m'a touché ? Mais Jésus répondit: Quelqu'un m'a touché, car j'ai connu qu'une force était sortie de moi. La femme, se voyant découverte, vint toute tremblante se jeter à ses pieds, et déclara devant tout le peuple pourquoi elle l'avait touché, et comment elle avait été guérie à l'instant. Jésus lui dit: Ma fille, ta foi t'a sauvée; va en paix.
Comme je l'ai expliqué dans le passage sur le fils de la veuve de Naïn, Jésus ne fait rien sans que Dieu le Père n'en prenne la décision en premier lieu. Ici, nous avons un complément d'information concernant cet ordre immuable des choses.
La situation est la suivante. La fille d'un chef de la synagogue est mourante, et le chef invite Jésus à venir la sauver. En chemin, ce qui est décrit dans les trois passages plus haut arrive. A savoir, une femme malade depuis douze années, atteinte d'une perte de sang, vient toucher le vêtement de Jésus et guérit.
Il y a plusieurs choses qu'il faut mettre en avant. La plus évidente, c'est que Jésus est une étape de plus dans ses tentatives de guérisons. Elle est déjà allée voir tous les médecins qu'elle pouvait se payer, ne voyant dans l'intervalle qu'une aggravation de son mal. Entendant parler de ce que Jésus a déjà accompli, elle retrouve espoir et décide d'aller à lui. Cependant, elle ne lui parle pas, il ne la voit pas, n'a aucune conscience de sa présence. Cela signifie que le Père ne l'a pas prévenu de la souffrance de cette femme. Tout est en place pour qu'elle reste dans sa souffrance.
Pourtant, alors qu'elle touche le bord du vêtement de Jésus, elle guérit instantanément.
Jésus le ressent immédiatement. Il est entouré de toutes parts, probablement bousculé par le nombre, il est fréquemment touché par les personnes qui marchent à ses côtés et qui toutes veulent être au plus proche de lui. Pourtant le touché de cette femme est différent, parce qu'une force est sortie de Jésus pour aller sur elle, alors que rien ne se passe lorsque d'autres entrent en contact avec lui. Se retournant et cherchant qui l'a touché, ses disciples brillent une fois de plus par leur incapacité à comprendre ce qui se passe dans le spirituel (qui est normal étant donné qu'ils n'ont pas encore le Saint-Esprit).
Ce qui s'est passé est autant intéressant que polémique, et nous montre que Jésus n'est pas magique, il ne suffit pas de le toucher pour guérir. Bien qu'il dise à la femme : ta foi t'a sauvée/guérie, la foi n'est pas plus magique que Jésus. ta foi t'a sauvée/guérie est un raccourci pour dire "la foi que tu as placée en Dieu a convaincu Dieu d'agir pour toi". La foi en elle-même ne sauve pas, c'est Jésus qui sauve, par le moyen de la foi en lui (et de la repentance), ce qui est totalement différent. De même, ça n'est pas Jésus qui l'a guéri, parce que ça n'est jamais Jésus qui guérissait. Le Père qui demeure en moi, c'est lui qui fait les oeuvres (Jean 14.10b), ce verset, bien que massivement rejeté, est clair. Dieu le Père fait les oeuvres à travers ceux qui lui appartiennent. Dans les évangiles, le Saint-Esprit n'étant pas encore répandu (il le sera sur les disciples à la fin des évangiles), Dieu le Père agit à travers le seul qui ait l'Esprit, donc Jésus. Et Dieu, qui est au ciel, fait tout ce qu'il veut (Psaume 115.3). Il n'a pas besoin de nous prévenir, il veut simplement que nous soyons d'accord pour être utilisé par lui. Le Père est dans le Fils, le Père agit à travers le Fils, le Fils étant totalement soumis au Père, le Père est libre d'agir à sa guise. Ici, le Père n'a pas informé le Fils de ce qu'il faisait, il l'a simplement fait (Job 9.12b : Qui lui dira: Que fais-tu?).
Cela nous montre, une fois de plus, que nous devons 'être' et non 'faire'. C'est en 'étant' que Dieu fera à travers nous, et avec nous.
b) Maladie non précisée : (Jean 5.1-16) : Piscine de Bethesda.
Ce passage est présent dans un évangile : (Jean 5.1-16).
- Jean 5.1-2 : Après cela, il y eut une fête des Juifs, et Jésus monta à Jérusalem. Or, à Jérusalem, près de la porte des brebis, il y a une piscine qui s'appelle en hébreu Béthesda, et qui a cinq portiques.
Jésus revient de la Galilée à Jérusalem. Il monte au temple et passe par la porte des brebis pour pénétrer dans la ville. Juste avant d'arriver dans la ville se trouve la piscine de Bethesda, où il voit un attroupement. Il est commun que cet attroupement ait lieu, mais ce jour-là, Jésus décide de s'y arrêter.
b.1) L'ange.
- Jean 5.3-4 : Sous ces portiques étaient couchés en grand nombre des malades, des aveugles, des boiteux, des paralytiques, qui attendaient le mouvement de l'eau; car un ange descendait de temps en temps dans la piscine, et agitait l'eau; et celui qui y descendait le premier après que l'eau avait été agitée était guéri, quelle que fût sa maladie.
Le sens de ce passage risque d'en étonner plus d'un. Ces deux versets sont dans la Parole de Dieu, donc ils sont vrais, mais il n'y a rien à quoi ils pourraient être rattachés dans toute la Parole. Une action, humaine et physique qui donne la guérison sans aucune nécessité de croire en Dieu ni même de lui demander quoi que ce soit ! Et qui, par conséquent ne nécessite même pas d'avoir la moindre gratitude ... et donc qui pousse à rejeter Dieu plutôt qu'à l'accepter.
Rien dans ce passage ne nous dit qu'il s'agisse d'un ange de Dieu. Au contraire, tout ce qui se passe tend clairement à nous dire l'inverse. Comme le mot 'ange' en grecque n'est pas différencié lorsqu'il s'agit d'un ange de Dieu ou d'un ange déchu, il paraît évident que cela ne puisse pas être un ange de Dieu.
Beaucoup se demanderont alors comment un ange déchu peut guérir les malades, et la réponse est particulièrement simple. Il ne les guérit pas, il cesse de les rendre malade.
- Jean 5.5-9 : Là se trouvait un homme malade depuis trente-huit ans. Jésus, l'ayant vu couché, et sachant qu'il était malade depuis longtemps, lui dit: Veux-tu être guéri? Le malade lui répondit: Seigneur, je n'ai personne pour me jeter dans la piscine quand l'eau est agitée, et, pendant que j'y vais, un autre descend avant moi. Lève-toi, lui dit Jésus, prends ton lit, et marche. Aussitôt cet homme fut guéri; il prit son lit, et marcha.
On a ici un nouvel élément qui nous montre que Dieu n'a rien à voir avec les guérisons qui ont lieu à la piscine de Bethesda. Lorsque Jésus parcourait les chemins en Israël, il est constamment écrit qu'on lui apportait les malades, ce qui signifie que les biens portants venaient en aide à ceux qui avaient besoin de guérison, et tous ceux qui avaient besoin de guérison la recevaient. Ici, rien de tout cela. C'est chacun pour soi. Il n'y a de guérison que pour le premier, pas pour les autres, ce qui fait naître ressentiment, jalousie, désespoir, égoïsme ...
b.2) La guérison.
Une fois de plus on voit que Jésus est 'en mission'. Il connaît le malade vers lequel il se dirige, non pas par ouï-dire, mais parce que le Père le lui a indiqué. Toute question qu'il pose est une question dont il connaît déjà la réponse.
La maladie de l'homme n'est jamais précisée, signe supplémentaire que ça ne compte pas réellement. On peut déduire qu'il est entravé dans ses déplacements mais sans pouvoir préciser davantage. Bien que dans sa tête il ait compris que Jésus se proposait pour le conduire dans la piscine si d'aventure l'eau se mettait à bouger, cela n'empêche pas le Seigneur d'agir en sa faveur. Il va en résulter que l'homme sera guéri instantanément, va prendre son lit, comme Jésus le lui a demandé, et commencera à marcher.
Il n'en faudra pas plus pour que les mauvaises personnes qui l'entouraient interviennent.
- Jean 5.10-13 : C'était un jour de sabbat. Les Juifs dirent donc à celui qui avait été guéri: C'est le sabbat; il ne t'est pas permis d'emporter ton lit. Il leur répondit: Celui qui m'a guéri m'a dit: Prends ton lit, et marche. Ils lui demandèrent: Qui est l'homme qui t'a dit: Prends ton lit, et marche? Mais celui qui avait été guéri ne savait pas qui c'était; car Jésus avait disparu de la foule qui était en ce lieu.
On notera que cet homme avait été malade pendant trente-huit ans, et que personne n'avait pris la peine de l'aider. Soudainement, alors qu'il est guéri, il ne faut que quelques secondes pour qu'il devienne le centre d'intérêt. On apprend alors une des choses les plus étonnantes parmi toutes les guérisons des évangiles. On réalise que l'homme qui vient d'être guéri n'a aucune idée de qui en est à l'origine.
b.3) Le temple.
Jésus est venu, il l'a guéri et, pendant qu'il se levait, est reparti en direction du temple. Cela signifie qu'il passe par la porte des brebis qui se trouve juste à côté de la piscine de Bethesda.
- Jean 5.14-16 : Depuis, Jésus le trouva dans le temple, et lui dit: Voici, tu as été guéri; ne pèche plus, de peur qu'il ne t'arrive quelque chose de pire. Cet homme s'en alla, et annonça aux Juifs que c'était Jésus qui l'avait guéri. C'est pourquoi les Juifs poursuivaient Jésus, parce qu'il faisait ces choses le jour du sabbat.
La fin de cette histoire est intéressante. On constate que l'homme est de suite allé dans le temple. On peut en conclure que c'est un homme pieux qui, dès qu'il a été guéri est allé se présenter là où la loi de Moïse lui disait d'aller. On constate une autre chose, encore plus intéressante. Il n'avait aucunement la possibilité de témoigner de ce qui venait de lui arriver parce qu'il ne savait pas qui en était à l'origine. Jésus, en le guérissant, a soigné son corps mais a mis son âme en danger, parce que ne sachant pas qui l'a guéri, il le met en risque d'en donner la gloire à la mauvaise personne. Et non seulement ça, mais ce que Jésus va lui dire montre autre chose :
- Jean 5.14 : Voici, tu as été guéri; ne pèche plus, de peur qu'il ne t'arrive quelque chose de pire.
Ce verset montre que cet homme était responsable de ce qui lui était arrivé. C'est une allusion directe au passage de l'évangile de Matthieu où Jésus parle de l'esprit impur sorti d'un homme et qui revient accompagné de sept autres esprits plus méchants (Matthieu 12.43-45). A la fin de ce passage, Jésus nous dit que la dernière condition de cet homme est pire que la première. C'est la deuxième raison pour laquelle il retourne vers cet homme, afin de le prévenir que sa guérison n'est pas définitive, elle est conditionnée par le fait de ne pas retourner à ce qu'il a vomi (Proverbe 26.11). Cela montre autre chose également. C'est que ce qui est présenté comme une guérison est en réalité une délivrance. C'est la raison pour laquelle Jésus ne le touche pas.
b.4) Ce qui en résulte.
Pour se faire guérir dans la piscine de Bethesda, il fallait sortir de Jérusalem, la ville sainte. De part l'architecture, ceux qui le faisaient passaient par la porte des brebis. C'est donc en sortant de la ville sainte et en s'éloignant du temple de Dieu qu'il était possible de rechercher la guérison dans un endroit qui s'appelle 'la maison de la grâce'. Un ange de satan attirait les juifs en dehors de la ville en leur faisant miroiter une guérison qui, au moins pour l'homme de cet exemple, ne venait jamais.
Jésus est venu rétablir toute chose, et ici, il se présente comme étant celui qui pourvoit à la guérison, il est donc cette eau rafraîchissante qui se trouve dans cette piscine. Or, lorsque l'on met en avant la signification de chacune de ces choses, on réalise le message sous-jacent.
Dans l'évangile de Jean, Jésus dit de lui-même qu'il est la porte des brebis (Jean 10.7). C'est donc en passant par la porte des brebis, qu'est Jésus, que nous parvenons à la maison de la grâce (Bethesda) et que nous recevons la restauration en passant par l'eau du baptême.
c) Boiteux : (Matthieu 21.14-15) : vagues.
- Matthieu 21.14-15 : Des aveugles et des boiteux s'approchèrent de lui dans le temple. Et il les guérit. Mais les principaux sacrificateurs et les scribes furent indignés, à la vue des choses merveilleuses qu'il avait faites, et des enfants qui criaient dans le temple: Hosanna au Fils de David!
Peu à dire sur ce point. Une fois de plus, les gens viennent vers Jésus lorsqu'il est dans le temple.
Les principaux sacrificateurs et les scribes trouvent le moyen d'être indignés devant les miracles opérés par Jésus. On pourrait comprendre qu'ils soient simplement en colère parce que cela se passe dans le temple, mais ce n'est pas ce qui est écrit. On constate que cette caste dirigeante a un mépris total pour le peuple. Ils assistent à la guérison d'aveugles et de boiteux, et au lieu de rendre gloire à Dieu, et de se réjouir pour le peuple, ils se sentent indignés.
Le problème qu'ils ressentent, tient plus à la blessure d'orgueil issue de la réaction des enfants. Ces derniers se réjouissent devant ce qui se passe, en acclamant Jésus et en l'identifiant au fils de David. 'Hosanna' de son côté signifie 'sauve maintenant'. Les enfants sont en train d'acclamer Jésus comme le sauveur d'Israël. Cela nous montre que les preuves n'ont pas d'importance, les principaux sacrificateurs et les scribes sont témoins des guérisons, mais ils choisissent de les négliger pour se concentrer sur leurs ressentiments.
L'aveugle de la piscine de Siloé avait clairement mis en avant quelque chose que tout le monde savait vrai, sacrificateurs inclus, chose que Jean confirmera plus tard :
- Jean 9.31-33 : Nous savons que Dieu n'exauce point les pécheurs; mais, si quelqu'un l'honore et fait sa volonté, c'est celui là qu'il l'exauce. Jamais on n'a entendu dire que quelqu'un ait ouvert les yeux d'un aveugle-né. Si cet homme ne venait pas de Dieu, il ne pourrait rien faire.
- 1 Jean 3.22 : Quoi que ce soit que nous demandions, nous le recevons de lui, parce que nous gardons ses commandements et que nous faisons ce qui lui est agréable.
Dans les cris des enfants se trouve la reconnaissance de l'accomplissement d'une annonce se trouvant dans les Psaumes.
- Psaume 118.26 : Béni soit celui qui vient au nom de l'Éternel! Nous vous bénissons de la maison de l'Éternel.
En effet, quelques versets avant, la phrase des enfants était dite dans son entièreté :
- Matthieu 21.9 : Ceux qui précédaient et ceux qui suivaient Jésus criaient: Hosanna au Fils de David! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur! Hosanna dans les lieux très hauts!
Nous avons donc bien la reconnaissance par des enfants, dans le temple, que celui qui vient d'opérer ces guérisons est bien le fils de David qui vient au nom de l'Eternel. C'est devant l'annonce du Messie que les sacrificateurs réagissent. Ils sentent leur autorité s'évanouir, ne parvenant même plus à faire respecter l'ordre dans le temple par des enfants. N'oublions pas que ça n'est pas la même époque que de nos jours, les enfants étaient encore élevés correctement, les voir se comporter de la sorte dans le temple devait être particulièrement exceptionnel.
Le message général de cette guérison se trouve dans le fait que les dirigeants du culte réagissent mal à la manifestation divine.
d) Main sèche : (Matthieu 12.9-24) (Marc 3.1-6) (Luc 6.6-11) : .
- Matthieu 12.9-16 : Étant parti de là, Jésus entra dans la synagogue.12.10Et voici, il s'y trouvait un homme qui avait la main sèche. Ils demandèrent à Jésus: Est-il permis de faire une guérison les jours de sabbat? C'était afin de pouvoir l'accuser.12.11Il leur répondit: Lequel d'entre vous, s'il n'a qu'une brebis et qu'elle tombe dans une fosse le jour du sabbat, ne la saisira pour l'en retirer?12.12Combien un homme ne vaut-il pas plus qu'une brebis! Il est donc permis de faire du bien les jours de sabbat.12.13Alors il dit à l'homme: Étends ta main. Il l'étendit, et elle devint saine comme l'autre.12.14Les pharisiens sortirent, et ils se consultèrent sur les moyens de le faire périr.12.15Mais Jésus, l'ayant su, s'éloigna de ce lieu. Une grande foule le suivit. Il guérit tous les malades,12.16et il leur recommanda sévèrement de ne pas le faire connaître,
- Marc 3.1-6 : Jésus entra de nouveau dans la synagogue. Il s'y trouvait un homme qui avait la main sèche.3.2Ils observaient Jésus, pour voir s'il le guérirait le jour du sabbat: c'était afin de pouvoir l'accuser.3.3Et Jésus dit à l'homme qui avait la main sèche: Lève-toi, là au milieu.3.4Puis il leur dit: Est-il permis, le jour du sabbat, de faire du bien ou de faire du mal, de sauver une personne ou de la tuer? Mais ils gardèrent le silence.3.5Alors, promenant ses regards sur eux avec indignation, et en même temps affligé de l'endurcissement de leur coeur, il dit à l'homme: Étends ta main. Il l'étendit, et sa main fut guérie.3.6Les pharisiens sortirent, et aussitôt ils se consultèrent avec les hérodiens sur les moyens de le faire périr.
- Luc 6.6-10 : Il arriva, un autre jour de sabbat, que Jésus entra dans la synagogue, et qu'il enseignait. Il s'y trouvait un homme dont la main droite était sèche.6.7Les scribes et les pharisiens observaient Jésus, pour voir s'il ferait une guérison le jour du sabbat: c'était afin d'avoir sujet de l'accuser.6.8Mais il connaissait leurs pensées, et il dit à l'homme qui avait la main sèche: Lève-toi, et tiens-toi là au milieu. Il se leva, et se tint debout.6.9Et Jésus leur dit: Je vous demande s'il est permis, le jour du sabbat, de faire du bien ou de faire du mal, de sauver une personne ou de la tuer.6.10Alors, promenant ses regards sur eux tous, il dit à l'homme: Étends ta main. Il le fit, et sa main fut guérie.6.11Ils furent remplis de fureur, et ils se consultèrent pour savoir ce qu'ils feraient à Jésus.
Cette guérison est une compilation de bien d'autres guérisons. C'est un peu une redite de la fois où Jésus mange chez l'un des chefs des pharisiens et que ces derniers assoient un hydropique devant lui. Dans le cas présent, il s'agit d'un homme ayant la main sèche et cela se passe dans la synagogue, mais en dehors de cela les intentions sons exactement les mêmes, et la réaction de Jésus également.
Les pharisiens sont présents et observent avec attention les agissements de Jésus. Ils ont repéré un homme ayant la main sèche et leurs arguments pour incendier Jésus, s'il venait à oser soigner le malade, sont prêts. Jésus connaît leur coeur, il sait comment fonctionnent les pharisiens. Cela met toutefois en avant non seulement la capacité d'opérer des miracles, mais surtout, parce que cela vient avant cette capacité, il a conscience du monde qui l'entoure. Il maîtrise toujours la situation avant d'agir. On sait que Jésus guérissait tous les malades qui venaient vers lui, mais il n'était pas obnubilé par le fait de guérir. Il continuait de regarder au Père. Pas seulement pour guérir, mais pour toute chose, en permanence. C'est pourquoi les pièges des pharisiens ne fonctionnent pas. Jésus ne se contentait pas de penser que le Père le sortirait des problèmes lorsqu'ils arriveraient, il écoutait constamment le Père et cela avait pour conséquence qu'il connaissait les pièges avant de leurs faire face.
Une fois de plus, sa vie personnelle avec le Père l'a préparé à ce qui est en train de se passer. Aussi, il fait ce qu'il a toujours fait, il demande à l'homme qui a la main sèche de se mettre debout au milieu de la foule et, avant de venir à son secours, il pose une question aux pharisiens. Avec Jésus, tout est sujet à enseignement, la guérison est une conséquence, elle est là pour révéler la gloire de Dieu. C'est pour cela que la Parole vient avant. Jésus ne se contente jamais de guérir pour guérir. La question qu'il pose sera la même qu'il posera plus tard à l'hydropique (guérison traitée juste après celle-ci), et il obtiendra la même réaction des pharisiens : le silence.
Il va utiliser ce silence pour guérir l'homme à la main sèche. Les pharisiens sont confondus, leur silence a donné la possibilité à Jésus d'agir tout en paralysant les arguments des pharisiens (je donne plus d'explications dans le cas de l'hydropique).
Ce qui s'ensuit montre une fois de plus la frontière entre la lumière et les ténèbres. Bien que sachant que les pharisiens attendaient une occasion pour s'en prendre à lui, Jésus a tout de même fait dans la lumière ce qu'il avait à faire. De leur côté, les scribes, les hérodiens et les pharisiens sortent pour se concerter et trouver un moyen de le tuer. Ils ont voulu le confondre aux yeux de tous, mais, dans la lumière, n'ont pu que garder le silence, ils sont donc allés se cacher pour décider de la suite des évènements, ce qui révèle une fois de plus qu'ils savent que ce qu'ils font est mauvais, sinon, ils ne comploteraient pas dans le secret et seraient restés dans le temple.
Devant ce qui vient de se passer, Jésus quitte la synagogue et la foule le suit. Il sait que les pharisiens cherchent un moyen de le tuer, mais il ne s'occupe pas de cela. La seule chose qui compte, c'est la raison pour laquelle il est venu, pour libérer les captifs. Alors il continue et guérit tous ceux qui l'ont suivi. Il y a de très nombreux exemples où Jésus demande de ne pas propager la nouvelle de ce qu'il a fait, en réalité, il demande plus souvent de ne pas le dire que de le dire. Ne disait-il pas que même si un mort ressuscitait cela ne convaincrait pas les hommes ? Que Jésus glorifie le Père à travers les miracles qu'il opère est une chose, mais les miracles sont là pour être vécus, pas pour être racontés. Ils sont la conséquence de la foi en Dieu, pas son origine.
e) Hydropique : (Luc 14.1-6)
- Luc 14.1-6 : Jésus étant entré, un jour de sabbat, dans la maison de l'un des chefs des pharisiens, pour prendre un repas, les pharisiens l'observaient. Et voici, un homme hydropique était devant lui. Jésus prit la parole, et dit aux docteurs de la loi et aux pharisiens: Est-il permis, ou non, de faire une guérison le jour du sabbat? Ils gardèrent le silence. Alors Jésus avança la main sur cet homme, le guérit, et le renvoya. Puis il leur dit: Lequel de vous, si son fils ou son bœuf tombe dans un puits, ne l'en retirera pas aussitôt, le jour du sabbat? Et ils ne purent rien répondre à cela.
J'imagine sans peine le repas. Jésus assit à table avec une assemblée de pharisiens, dans un silence d'une rare lourdeur. Chacun fixant les regards sur lui dans l'attente de quelque chose à critiquer. Pour s'assurer que cela arrive, ils ont même pensé à faire venir un malade dont la maladie est forcément visible et ils l'ont placé devant lui.
A leur plus grand regret, Jésus n'agit pas de suite. Il commence par poser une question qui met les pharisiens devant une impasse. Jésus utilise souvent cette façon de faire. Il connaît les contradictions des pharisiens. Ils sont tordus entre la loi de Moïse, qu'ils connaissent, et leur tradition, dont ils savent parfaitement qu'elles ne sont pas conformes. Leur capacité de faire semblant que ce soit la même chose n'est qu'une apparence pour les masses. Ils savent pertinemment que ce qu'ils font ne l'est pas. Nous avons exactement le même cas dans les assemblées actuelles. Des hordes de 'serviteurs' font des choses qu'ils savent ne pas se trouver dans la Parole de Dieu, en tartinant explication après explication pour démontrer que les choses ont changé, mais bien sûr, tout en disant que Dieu ne change pas. Jésus connaît cette façon de faire, parce qu'elle a toujours existé, et les pharisiens n'en étaient que la manifestation de l'époque. C'est ce qui était déjà présent dans un autre passage où Jésus interrogeait les pharisiens sur le baptême de Jean :
- Marc 11.30-33 : Le baptême de Jean venait-il du ciel, ou des hommes? Répondez-moi. Mais ils raisonnèrent ainsi entre eux: Si nous répondons: Du ciel, il dira: Pourquoi donc n'avez-vous pas cru en lui? Et si nous répondons: Des hommes... Ils craignaient le peuple, car tous tenaient réellement Jean pour un prophète. Alors ils répondirent à Jésus: Nous ne savons. Et Jésus leur dit: Moi non plus, je ne vous dirai pas par quelle autorité je fais ces choses.
Les mensonges des pharisiens ont un but, ils veulent garder le contrôle, et c'est ça qui les paralyse. Révéler publiquement leur détournement leur ferait tout perdre. Qu'ils se prononcent dans un sens ou dans l'autre reviendrait au même parce que cela établirait le fait qu'il y ait une différence, alors que ce qui est réellement posé comme question est : admettez-vous qu'il y ait une différence entre les deux positions ? L'une des deux positions étant celle de Moïse et l'autre celle des pharisiens, il ne leur est pas possible de se positionner publiquement sans révéler leur duplicité. C'est pour cela qu'ils ont une très forte tendance à vouloir contrôler le peuple, plutôt que de l'éduquer réellement dans la loi de Moïse. Rappelons-nous également que le peuple acclamait Jésus peu avant de demander sa mort, et que ce qui s'est passé dans l'intervalle, c'est le travail de sape des principaux sacrificateurs et des anciens qui ont modifié l'opinion publique (Matthieu 27.20 : Les principaux sacrificateurs et les anciens persuadèrent à la foule de demander Barabbas, et de faire périr Jésus). C'est comme ça qu'ils travaillaient.
C'est pour cela que la question de Jésus revêt une totale impossibilité de réponse de la part des pharisiens : Est-il permis, ou non, de faire une guérison le jour du sabbat ? S'ils disent 'oui', ils contredisent tout ce qu'ils ont dit jusque-là, et s'ils disent 'non', ils se mettent le peuple à dos et devront confronter leur position avec la loi de Moïse, combat qu'ils savent perdu d'avance. Il en résulte donc un silence que Jésus utilise pour imposer les mains à l'homme hydropique qui guérit instantanément. On notera, à cet effet, que la Parole de Dieu utilise toujours l'expression 'imposition des mains' au pluriel, mais cela ne signifie pas que nous devions poser les deux mains, mais simplement que n'importe laquelle fait l'affaire. Dans l'exemple présent, Jésus n'avance qu'une seule main sur l'homme.
Suite à sa guérison, il le renvoie. Signe que l'homme hydropique ne faisait pas partie de cette assemblée, il était uniquement l'appât pour faire 'chuter' Jésus, l'excuse dont les pharisiens avait besoin pour le confondre.
Sa conclusion est de mettre un parallèle entre ce qu'il vient de faire et la paternité des pharisiens, établissant que Dieu le Père vient de secourir son fils, de la même manière que les pharisiens le feraient si l'un des leurs se trouvait en danger un jour de Sabbat.
Dieu établit avec puissance sa volonté devant des pharisiens dont l'édifice doctrinal se trouve fragilisé.
f) Sourd : (Marc 7.31-37) : Les doigts dans les oreilles (Ephphatha).
- Marc 7.31-37 : Jésus quitta le territoire de Tyr, et revint par Sidon vers la mer de Galilée, en traversant le pays de la Décapole. On lui amena un sourd, qui avait de la difficulté à parler, et on le pria de lui imposer les mains. Il le prit à part loin de la foule, lui mit les doigts dans les oreilles, et lui toucha la langue avec sa propre salive; puis, levant les yeux au ciel, il soupira, et dit: Éphphatha, c'est-à-dire, ouvre-toi. Aussitôt ses oreilles s'ouvrirent, sa langue se délia, et il parla très bien. Jésus leur recommanda de n'en parler à personne; mais plus il le leur recommanda, plus ils le publièrent. Ils étaient dans le plus grand étonnement, et disaient: Il fait tout à merveille; même il fait entendre les sourds, et parler les muets.
Lorsque Jésus a craché dans les yeux de l'aveugle de Bethsaïda, il y avait une raison précise en lien avec l'ancienne alliance. Par conséquent, aussi étrange que soit la méthode dans ce cas, elle doit également se rattacher à quelque chose dans la Parole de Dieu. Dans l'immédiat, je n'ai pas la réponse. Je me contenterais donc d'en souligner le décorum.
Jésus ne se trouve pas en Israël. Il se dirige vers la mer de Galilée, marchant depuis le nord-ouest. Il revient de Tyr où il vient de guérir la syro-phénicienne.
Dans cette scène, Jésus n'est pas en Israël, il sait que le message de l'évangile ne doit pas encore se répandre. Les choses doivent se faire dans l'ordre. Aussi, lorsqu'on lui amène un sourd, Jésus le prend à part, pas seulement en le mettant sur le côté pour être tranquille, mais en l'éloignant réellement de la foule (Il le prit à part loin de la foule). Il ne veut pas que des personnes soient témoins de ce qu'il va faire. Autant en raison de l'étrangeté de la méthode que parce que ça n'est pas le temps de la révélation.
Je ne sais pas quel est le sens de la méthode. Nous savons que Jésus ne faisait que ce qu'il voyait au Père, c'est un fait, mais nous avons tendance à penser qu'il y a un sens autre que l'obéissance. Dans le cas présent, mettre ses doigts dans les oreilles physiquement pour les déboucher spirituellement, ça peut facilement se comprendre. Par contre, lui toucher la langue avec sa propre salive semble plus difficile à comprendre. Probablement en partie parce que cela dégoute.
Je me suis demandé s'il avait mis ses doigts dans les oreilles, puis aurait mis de la salive sur un doigt et touché la langue du sourd avec. Mais, le texte ne semble pas dire cela. Apparemment, il lui met les doigts dans les oreilles ET lui touche la langue avec sa salive. Cela semble simultané, ce qui suppose qu'il l'a fait avec sa propre langue. Ensuite seulement il est écrit : puis. Donc après avoir fait cela il lève les yeux au ciel, soupire et ordonne aux oreilles de s'ouvrir. Ce qu'elles font dans la foulée.
Mettre de la salive sur la langue du malade est d'autant plus étrange que rien ne laisse penser qu'il ait un problème de locution. Sa difficulté à parler paraît en totale adéquation avec sa surdité. Cela semble confirmé par la parole prononcée par Jésus, 'ouvre-toi', qui ne s'adresse qu'à la capacité d'entendre de l'homme.
Parmi les points qui eux-aussi méritent révélation, se trouve le soupir de Jésus. Son sens reste cryptique.
Finalement, le dernier point de cette guérison est la demande faite par Jésus de ne pas parler de ce qui vient de se passer. La question étant : à qui demande-t-il de ne pas en parler ? On pourrait penser qu'il s'agit de la foule, mais elle n'était pas présente puisque cela s'est passé loin d'elle. En outre, le texte nous dit : plus il le leur recommanda, plus ils le publièrent. Ce qui nous montre qu'il faisait cette recommandation à des personnes faisant route en sa compagnie.
La problématique posée par cette guérison est multiple. Marc a été particulièrement imprécis dans sa description de la scène, et comme Dieu ne fait jamais rien au hasard, il est plus que probable que ce passage cache quelque chose d'important qui ne s'obtient que par révélation.
g) Muet : (Luc 11.14-15) : Béelzébul.
- Matthieu 12.22-24 : Alors on lui amena un démoniaque aveugle et muet, et il le guérit, de sorte que le muet parlait et voyait. Toute la foule étonnée disait: N'est-ce point là le Fils de David? Les pharisiens, ayant entendu cela, dirent: Cet homme ne chasse les démons que par Béelzébul, prince des démons.
- Luc 11.14-15 : Jésus chassa un démon qui était muet. Lorsque le démon fut sorti, le muet parla, et la foule fut dans l'admiration. Mais quelques-uns dirent: c'est par Béelzébul, le prince des démons, qu'il chasse les démons.
Il est à noter qu'il ne soit pas certain que ces deux passages parlent de la même chose. Le fait que l'origine de l'autorité de Jésus soit prêtée à Béelzébul n'est pas unique dans les évangiles, et si l'on enlève ce point commun, la cécité devient clivante. Cependant, c'est plus le fait que faire la volonté du Père soit attribué à satan qui amène ce point.
Ce qui est intéressant dans ces quelques versets, c'est qu'on voit clairement que c'est le démon qui est muet, et alors qu'il est chassé, l'homme peut reparler. Ce qui met bien en avant la nécessité de regarder au Père. Combien auraient priés pour la guérison de cet homme et seraient restés dans l'attente d'un changement qui ne venait pas ?
La deuxième chose qui ressort ici est le cœur des hommes. La même délivrance produit l'admiration et la calomnie. C'est l'une des raisons pour lesquelles il ne faut agir que parce que c'est la volonté de Dieu. Nous attirerons toujours la haine, le reproche, la calomnie et toute sorte d'autres ressentiments. Celui qui veut plaire aux hommes se verra dans l'obligation de ne rien faire, et celui qui veut plaire à Dieu ne doit se concentrer que sur sa volonté, et surtout pas sur les conséquences humaines que la peur lui fait imaginer.
Dans les temps qui viennent et où nous commençons d'ores et déjà à entrer, la méthode sera la même, et il est bon de le savoir. Les perdus nient depuis longtemps l'existence de Dieu, ça leur permet de se rassurer. Lorsqu'ils seront mis en face de l'évidence, ils devront soit plier, soit nier ; et pour ceux qui choisiront de nier, ils se retrouveront devant des évidences visibles par tous. Alors au lieu de nier ce qui se passe, ils en nieront l'origine. Etant fils du diable, qui essaye de se faire passer pour Dieu, ils nous attribueront le seul rôle encore disponible dans leur travestissement de la réalité, celui du diable (Matthieu 10.25).
- Matthieu 10.25 : ... S'ils ont appelé le maître de la maison Béelzébul, à combien plus forte raison appelleront-ils ainsi les gens de sa maison!