• Jean 2.1-11 : Trois jours après, il y eut des noces à Cana en Galilée. La mère de Jésus était là, et Jésus fut aussi invité aux noces avec ses disciples. Le vin ayant manqué, la mère de Jésus lui dit: Ils n'ont plus de vin. Jésus lui répondit: Femme, qu'y a-t-il entre moi et toi? Mon heure n'est pas encore venue. Sa mère dit aux serviteurs: Faites ce qu'il vous dira. Or, il y avait là six vases de pierre, destinés aux purifications des Juifs, et contenant chacun deux ou trois mesures. Jésus leur dit: Remplissez d'eau ces vases. Et ils les remplirent jusqu'au bord. Puisez maintenant, leur dit-il, et portez-en à l'ordonnateur du repas. Et ils en portèrent. Quand l'ordonnateur du repas eut goûté l'eau changée en vin, -ne sachant d'où venait ce vin, tandis que les serviteurs, qui avaient puisé l'eau, le savaient bien, -il appela l'époux, et lui dit: Tout homme sert d'abord le bon vin, puis le moins bon après qu'on s'est enivré; toi, tu as gardé le bon vin jusqu'à présent. Tel fut, à Cana en Galilée, le premier des miracles que fit Jésus. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui.

Pourquoi Jésus a transformé de l'eau en vin semble un mystère pour beaucoup, la solution n'est pas aussi compliquée qu'il n'y paraît.

Jésus est entouré de ses disciples, il n'a pas encore fait de miracles, et la transformation de l'eau en vin sera le premier. Etonnant que le choix se porte sur un miracle qui permettra uniquement à des fêtards de s'en mettre une de plus dans le gosier. On aurait pu penser que ce serait une guérison, une délivrance ou n'importe quoi qui ferait plus 'spirituel', mais non, il se tournera vers de l'eau changée en vin, le rêve des œnologues.

La première chose à comprendre concerne le rapport entre Marie et Jésus. De la manière dont les choses sont présentées, on pourrait croire que c'est surtout Marie qui était invitée, et que Jésus et ses disciples n'étaient qu'une extension de cette invitation. D'autant que Jésus n'est pas encore connu en Israël.

C'est alors que le vin manque et Marie vient alors vers Jésus pour le lui signaler. En quoi cela le regarde-t-il ? Elle le connait, cela fait trente ans qu'elle le voit évoluer, elle sait qu'il peut y faire quelque chose, même si elle ne sait pas forcément quoi. La réponse de Jésus est cinglante, mais très intéressante. Femme, qu'y a-t-il entre moi et toi? Mon heure n'est pas encore venue. En d'autres termes, Marie vient lui dire qu'il doit faire quelque chose, et Jésus la remballe, il n'est pas sous son autorité mais sous celle de Dieu. Pourtant il va effectivement faire quelque chose, et si on se réfère à Jean 5.19 : Jésus reprit donc la parole, et leur dit: En vérité, en vérité, je vous le dis, le Fils ne peut rien faire de lui-même, il ne fait que ce qu'il voit faire au Père; et tout ce que le Père fait, le Fils aussi le fait pareillement, alors on doit se rendre à l'évidence, c'était la volonté de Dieu le Père qu'il change l'eau en vin.

Ce court verset de Jean 5.19 montre deux choses, la première c'est la définitive séparation spirituelle entre Marie et Jésus au regard de l'autorité. La deuxième, c'est que Jésus connaissait déjà non seulement la raison pour laquelle il était sur terre, mais le moment exact où il la quitterait et les évènements qui amèneraient jusque-là. C'est en disant Mon heure n'est pas encore venue que se trouvent toutes ces certitudes.

Pour le comprendre, il faut parcourir quelques passages, dont le premier se trouve un peu plus loin dans l'évangile de Jean .

  • Jean 6.31-35 : Nos pères ont mangé la manne dans le désert, selon ce qui est écrit: Il leur donna le pain du ciel à manger. Jésus leur dit: En vérité, en vérité, je vous le dis, Moïse ne vous a pas donné le pain du ciel, mais mon Père vous donne le vrai pain du ciel; car le pain de Dieu, c'est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. Ils lui dirent: Seigneur, donne-nous toujours ce pain. Jésus leur dit: Je suis le pain de vie. Celui qui vient à moi n'aura jamais faim, et celui qui croit en moi n'aura jamais soif.

Jésus compare, dans ce passage, la manne que Dieu donna aux Israélites qui erraient dans le désert avec le vrai pain du ciel. Ce fameux pain est celui de la Sainte-Cène, qui est le corps de Christ. Vous l'aurez compris, on a le pain, mais il manque le vin.

Dans le livre de l'Exode, le peuple se rebelle et demande à manger, il reçoit la manne qu'il mangera quarante ans. À peine reçoit-il la manne qu'il se rebelle à nouveau et demande à boire.

  • Exode 17.5-6 : L'Éternel dit à Moïse: Passe devant le peuple, et prends avec toi des anciens d'Israël; prends aussi dans ta main ta verge avec laquelle tu as frappé le fleuve, et marche! Voici, je me tiendrai devant toi sur le rocher d'Horeb; tu frapperas le rocher, et il en sortira de l'eau, et le peuple boira. Et Moïse fit ainsi, aux yeux des anciens d'Israël.

Aussi étrange que cela puisse paraître, c'est ce passage qui explique les noces de Cana. Pendant quarante ans Dieu les a nourris du pain du ciel et de l'eau des rochers. Mais il faut comprendre que le désert représente la loi quand Canaan représente la grâce. C'est pour cela que le pain du ciel a stoppé à l'entrée en Canaan, parce qu'à partir de là, c'est le pain de vie qui prend la relève, et l'eau du rocher d'Horeb devient l'eau de la Parole vivante qui sort de la bouche de Jésus, et qui, à l'entrée en Canaan est représenté par Josué. Mais pour que le pain et le vin, donc la Sainte-Cène, préfigurée par Melchisédek, devienne réalité, il fallait encore que le pain de vie qui est Jésus, transforme cette eau en vin. Afin qu'il ne soit pas seulement pain, mais également vin. C'est là le miracle de Cana, le premier acte de Jésus en compagnie de ses disciples, qui est de changer l'eau en vin, annonce son dernier acte en leur compagnie, qui sera la Sainte-Cène.

Je disais en introduction de ce court enseignement que le choix de changer l'eau en vin comme premier miracle était étrange. Il n'en est rien. C'était une obligation. Les noces n'avaient pas tant d'importances que cela, le but était de changer l'eau en vin, et ce moment était parfait pour le faire. Cela, Marie ne le comprenait pas, elle voulait sauver les noces, quand Jésus se contentait de faire ce qu'il voyait au Père. Marie voulait sauver l'instant présent, quand Jésus, par son obéissance, sauvait l'avenir de tous. Aussi, alors que Marie devait se réjouir que son fils ait sauvé ce mariage, Jésus venait d'accomplir ce qui, spirituellement, annonçait la Sainte-Cène qu'il partagerait avec ses disciples quelques années plus tard.

Dès lors, on comprend mieux ce que Jésus disait à Marie, lorsqu'il affirmait Mon heure n'est pas encore venue. Il savait qu'il partagerait le vin plus tard, et que ce serait la dernière chose qu'il ferait avant son arrestation et son jugement.

Le dernier point concernant les noces de Cana, est celui des vases. Ces derniers étaient destinés aux purifications des juifs, et je ne pense pas que cela soit anodin. Dans les trois types d'aspersions du sang, celui qui concerne la purification, consiste à répandre de l'eau mélangée à du sang. Dans le cas présent, le sang représentant prophétiquement celui de Christ qui serait répandu trois ans plus tard.

Les noces de Cana annonçaient ce qui allait venir, tout en permettant aux disciples, pour la première fois de voir les conséquences de l'obéissance à Dieu. C'est pour cela que le dernier verset de ce passage nous dit Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui.