1 - La base.

a) Son annonce claire.

b) La localisation des villes.

  • b.1) Les villes sont Lévites.
  • b.2) Les villes sont reparties sur le territoire.

c) Les règles qui en régissent l'existence.

2 - L'apparente injustice.

a) La libération du prisonnier.

3 - Le souverain sacrificateur.

a) La loi de Moïse.

b) Les villes de refuge.

c) Jésus.

4 - Le vengeur de sang.

a) La règle de base.

b) Le droit de rachat.

c) Trois cas concrets.

  • c.1) Adonija.
  • c.2) Joab.
  • c.3) Schimeï.

5 - Conclusion, comprendre au delà.

1 - La base.


Les villes de refuge sont une pratique de l'ancienne alliance qui consistait à donner un refuge à ceux qui avaient provoqué la mort involontairement. Comme tout ce qui se trouve dans l'ancienne alliance, c'est une annonce de la nouvelle. Les villes refuges sont une étape dans une révélation plus globale. Concrètement, c'est la deuxième étape d'une suite de trois évènements. Nous reparlerons de cette suite plus tard pour nous concentrer en premier lieu sur les villes refuges en elles-mêmes.


a) Son annonce claire.

Leur naissance commence par une annonce faite par l'Eternel à Moïse dans le livre de l'Exode :

  • Exode 21.12-14 : Celui qui frappera un homme mortellement sera puni de mort. S'il ne lui a point dressé d'embûches, et que Dieu l'ait fait tomber sous sa main, je t'établirai un lieu où il pourra se réfugier. Mais si quelqu'un agit méchamment contre son prochain, en employant la ruse pour le tuer, tu l'arracheras même de mon autel, pour le faire mourir.

Moment particulier qui prouve que Dieu a tout dans ses mains. Moïse et les Hébreux sont nécessairement dans le désert, puisque Moïse n'en est jamais sorti. C'est donc un peuple nomade, vivant sous des tentes, à qui l'Eternel dit qu'il lui donnera des villes dans lesquelles les meurtriers n'ayant pas prémédité leur acte, pourront se réfugier.


b) La localisation des villes.

Il se trouve à nouveau certaines particularités dans les villes qui vont être choisies.

b.1) Les villes sont Lévites.

  • Nombres 35.6 : Parmi les villes que vous donnerez aux Lévites, il y aura six villes de refuge où pourra s'enfuir le meurtrier, et quarante-deux autres villes.

Ce sont les Lévites qui ont la charge de l'application de la loi, ce sont donc spécifiquement certaines de leurs villes qui seront des villes de refuge.

b.2) Les villes sont reparties sur le territoire.

Les 6 villes de refuges sont reparties en 2 groupes de 3, qui, elles-mêmes, sont positionnées dans un tiers de chaque territoire.

Tout d'abord, l'Eternel sépare la terre même d'Israël en trois parties, le Nord, le Sud et le centre. Chacune de ces zones recevant une ville de refuge.

  • Deutéronome 19.1-4 : Lorsque l'Éternel, ton Dieu, aura exterminé les nations dont l'Éternel, ton Dieu, te donne le pays, lorsque tu les auras chassées et que tu habiteras dans leurs villes et dans leurs maisons, tu sépareras trois villes au milieu du pays dont l'Éternel, ton Dieu, te donne la possession. Tu établiras des routes, et tu diviseras en trois parties le territoire du pays que l'Éternel, ton Dieu, va te donner en héritage. Il en sera ainsi afin que tout meurtrier puisse s'enfuir dans ces villes. Cette loi s'appliquera au meurtrier qui s'enfuira là pour sauver sa vie, lorsqu'il aura involontairement tué son prochain, sans avoir été auparavant son ennemi.

Les villes en question sont :

  • Josué 20.7 : Ils consacrèrent Kédesch, en Galilée (donc au Nord), dans la montagne de Nephthali; Sichem, dans la montagne d'Éphraïm (Donc dans le centre); et Kirjath Arba, qui est Hébron, dans la montagne de Juda (donc dans le Sud).

Ensuite, une fois que les Hébreux auront pris possession de Canaan et qu'ils se seront établi également en dehors des frontières de leur héritage, l'Eternel découpe les territoires extérieurs en trois parties hébergeant chacune une des trois autres villes.

  • Deutéronome 19.8-10 : Lorsque l'Éternel, ton Dieu, aura élargi tes frontières, comme il l'a juré à tes pères, et qu'il t'aura donné tout le pays qu'il a promis à tes pères de te donner, - pourvu que tu observes et mettes en pratique tous ces commandements que je te prescris aujourd'hui, en sorte que tu aimes l'Éternel, ton Dieu, et que tu marches toujours dans ses voies, -tu ajouteras encore trois villes à ces trois-là, afin que le sang innocent ne soit pas répandu au milieu du pays que l'Éternel, ton Dieu, te donne pour héritage, et que tu ne sois pas coupable de meurtre.

Ces villes avaient déjà été désignées par Moïse, avant l'entrée en Canaan :

  • Deutéronome 4.41-43 : Alors Moïse choisit trois villes de l'autre côté du Jourdain, à l'orient, afin qu'elles servissent de refuge au meurtrier qui aurait involontairement tué son prochain, sans avoir été auparavant son ennemi, et afin qu'il pût sauver sa vie en s'enfuyant dans l'une de ces villes. C'étaient: Betser, dans le désert, dans la plaine, chez les Rubénites (donc au Sud); Ramoth, en Galaad, chez les Gadites (donc au Centre), et Golan, en Basan, chez les Manassites (donc au Nord)

La suite du passage de Josué que j'ai cité auparavant cite les mêmes villes, avec la précision qu'elles se trouvent effectivement à l'Est de Jéricho, donc au-dehors de la terre d'Israël de la promesse.


c) Les règles qui en régissent l'existence.

Une fois de plus, les règles seront énoncées pendant le temps de l'Exode.

  • Nombres 35.11-12 : vous vous établirez des villes qui soient pour vous des villes de refuge, où pourra s'enfuir le meurtrier qui aura tué quelqu'un involontairement. Ces villes vous serviront de refuge contre le vengeur du sang, afin que le meurtrier ne soit point mis à mort avant d'avoir comparu devant l'assemblée pour être jugé.

Ce court passage nous montre deux choses. La première est que celui qui tuera sans préméditation peut s'y réfugier afin que le vengeur de sang ne puisse l'atteindre. La deuxième est que rejoindre cette ville n'est pas l'assurance de la sécurité. En arrivant, celui qui avait tué devait comparaître devant un tribunal auprès duquel il exposait sa faute.

Si sa cause était juste, alors il était accepté dans la ville de refuge, et le vengeur de sang n'avait aucun droit d'agir tant qu'il y restait. Le droit du vengeur n'était cependant annulé qu'à la mort du souverain sacrificateur, et la nouvelle citoyenneté de celui qui avait tué ne le protégeait que tant qu'il restait dans cette ville.

  • Nombres 35.25-28 : L'assemblée délivrera le meurtrier de la main du vengeur du sang, et le fera retourner dans la ville de refuge où il s'était enfui. Il y demeurera jusqu'à la mort du souverain sacrificateur qu'on a oint de l'huile sainte. Si le meurtrier sort du territoire de la ville de refuge où il s'est enfui, et si le vengeur du sang le rencontre hors du territoire de la ville de refuge et qu'il tue le meurtrier, il ne sera point coupable de meurtre. Car le meurtrier doit demeurer dans sa ville de refuge jusqu'à la mort du souverain sacrificateur; et après la mort du souverain sacrificateur, il pourra retourner dans sa propriété.

2 - L'apparente injustice.


a) La libération du prisonnier.

  • Nombres 35.28Car le meurtrier doit demeurer dans sa ville de refuge jusqu'à la mort du souverain sacrificateur; et après la mort du souverain sacrificateur, il pourra retourner dans sa propriété.

Il ressort de la règle concernant la libération du meurtrier involontaire, que certains étaient libérés le lendemain de leur entrée dans la ville de refuge, alors que d'autres y passaient 50 ans. Une fois de plus, c'est parce qu'on regarde les choses de manière contemporaine qu'on ne les comprend pas. On prête aux meurtres une valeur qui n'est pas celle que Dieu y appose. Pour nous, un meurtre volontaire doit attirer une sanction plus forte qu'un meurtre involontaire. En outre, un meurtre plus choquant recevra une sanction plus lourde, et certains meurtres sont communément acceptés (avortement). Toutes ces distinctions ne sont pas des règles bibliques, ce sont des préceptes humain, purement charnel. Nous avons été formatés à croire dans ce genre de façon d'évaluer une gravité.

Pour Dieu, les choses ne se situent pas sur cet axe. De la même manière que lorsque nous avons quelque chose à faire pour lui, il ne considère pas la réussite ou l'échec, mais l'obéissance et la désobéissance. En ce qui concerne la mise à mort d'autrui, Dieu ne fait donc pas de distinction, entre les éventuelles variations de la mise à mort, mais il en fait une dans les intentions. C'est donc, déjà dans l'ancienne alliance, l'établissement de la valeur du coeur dans une prise de décision.

Dans tous les cas, le sang appelle le sang, cette partie ne peut pas être remise en cause et ne nécessite pas que Dieu tranche. Dieu ne juge donc pas les conséquences, qui nous placent tous sur un pied d'égalité (nous sommes meurtriers), mais les intentions. C'est pour cela qu'il existe une échappatoire, parce que le coeur établit une différence.

Ainsi, peu importe que vous soyez dans la ville de refuge depuis peu ou depuis longtemps, parce que la faute a été commise envers Dieu ; et pour Dieu, le temps n'existe pas.

Pour nous, ce genre d'étrangeté paraît étrange, mais cela ne signifie pas qu'elle l'était pour les Hébreux. Il faut comprendre que dans la loi juive, ce principe existait déjà. Une fois l'an, le souverain sacrificateur entrait dans le saint des saints afin de faire l'expiation pour le peuple. Certains avaient des choses à se faire pardonner depuis 11 mois, d'autres depuis trois heures. Le pardon était cependant acquis pour tous au même moment.

Jésus nous parle également de ce principe dans la parabole des ouvriers de la onzième heure. Même s'il fait cas de ce que l'ouvrier de la dernière heure a reçu le même salaire que celui de la première, alors qu'il a moins travaillé, nous sommes en face de la même manière de procéder. La durée ne compte pas.

Il n'y a donc pas d'injustice dans la méthode de libération des prisonniers, simplement une incompréhension due à notre propre évaluation des gravités diverses.

3 - Le souverain sacrificateur.


Je disais en introduction que les villes de refuge sont la deuxième étape d'une révélation en trois parties, c'est trois parties sont les suivantes. 


a) La loi de Moïse.

J'ai parlé de cela dans le point précédent. Une fois l'an, le souverain sacrificateur entrait dans le saint des saint afin de faire l'expiation pour le peuple. A cet instant, toutes les fautes étaient pardonnées, et le peuple pouvait ensuite retourner dans sa tente, dépouillé de toute culpabilité. Nous savons tous que ce sacrifice d'expiation est l'annonce de celui de Jésus, qui, il y a deux mille ans, s'est sacrifié à cause de nos fautes et afin que le prix, qui ne peut être effacé par la simple volonté de Dieu, soit payé pour tous ceux qui l'accepteront.


b) Les villes de refuge.

Les villes de refuge ont été annoncées par l'Eternel comme étant données uniquement à partir du moment où le peuple sera installé, pas avant. Dès lors, nous entrons dans la deuxième partie de la révélation du salut. Celui qui était coupable d'un meurtre involontaire, pouvait se réfugier dans une de ces villes, mais le sang qu'il a versé devait recevoir du sang en payement. Le vengeur de sang était responsable de solder la dette qui avait été contractée en enlevant la vie d'un être humain. Cependant, protégé par la ville de refuge, le meurtrier involontaire n'en était pas moins coupable de meurtre, et le sang qu'il avait versé demandait également du sang en retour. C'est pour cela qu'il était libéré à la mort du souverain sacrificateur. Ce dernier portait la sanction qui devait tomber sur le criminel involontaire.

Avec les villes de refuges, nous entrons donc dans la deuxième étape de la compréhension du sacrifice ultime. Les Hébreux sont passés du sacrifice d'un animal, fait par le souverain sacrificateur, à la mort du souverain sacrificateur lui-même, qui libère tous ceux qui se seront placés sous la protection des villes de refuge.


c) Jésus.

Finalement, la dernière étape est évidemment celle de Jésus, déclaré souverain sacrificateur par Dieu (Hébreux 5.10), et à travers la mort duquel, nous avons obtenu le pardon de nos fautes. De la même manière, on pourrait tenter d'évaluer la gravité des fautes de chacun et considérer que certains ont plus péchés que d'autres, pourtant, l'évangile de Jean nous place les choses sous un autre angle :

  • Jean 3.18 : Celui qui croit en lui n'est point jugé; mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu'il n'a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.

Tout se limite à avoir accepté Jésus ou non. Tout comme les fautes n'étaient pas additionnées dans les villes de refuge. La culpabilité était certaine, mais ceux qui entraient sous la protection de la ville n'en recevaient pas la sanction, le souverain sacrificateur la porterait. C'est exactement ce qu'a fait Jésus, selon, une fois de plus , l'épître aux Hébreux :

  • Hébreux 9.11-12 : Mais Christ est venu comme souverain sacrificateur des biens à venir; il a traversé le tabernacle plus grand et plus parfait, qui n'est pas construit de main d'homme, c'est-à-dire, qui n'est pas de cette création; et il est entré une fois pour toutes dans le lieu très saint, non avec le sang des boucs et des veaux, mais avec son propre sang, ayant obtenu une rédemption éternelle.

David, en son temps, disait de et à l'Eternel : je cherche en toi mon refuge (Psaume 7.1), et tous ceux qui l'ont pour refuge échappent au châtiment (Psaume 34.23).

4 - Le vengeur de sang.


a) La règle de base.

Le vengeur de sang doit être compris en dehors de la notion des villes de refuge. Il existait déjà avant, et il existe toujours aujourd'hui.

Il faut comprendre que nous sommes biberonnés par une violence qui n'était pas acceptable dans les temps passés, et qui fausse notre compréhension de ce que les choses devraient être. Dieu ne peut pas se renier, et il nous a donné une règle stricte qui ne peut pas changer :

  • Nombres 35.33 : Vous ne souillerez point le pays où vous serez, car le sang souille le pays; et il ne sera fait pour le pays aucune expiation du sang qui y sera répandu que par le sang de celui qui l'aura répandu.

Ce verset de Nombres 35.33 est clair. Il ne parle pas de villes de refuge et ne souffre pas d'exceptions. Le sang ne doit pas être versé, et s'il venait à l'être alors le prix serait le sang de celui qui a provoqué ce versement. Il n'est pas fait de distinction entre l'acte prémédité et l'acte qui ne le serait pas. Dans les deux cas, une personne avait la charge de racheter le sang versé, avec le prix du sang de celui qui l'avait versé.

Cette personne est appelée le vengeur de sang, et elle est le plus proche parent mâle du défunt. Contrairement à ce qui peut être faussement enseigné, ce vengeur n'est pas une tradition, ou une coutume juive. C'est une directive de Dieu qui date de longtemps avant le don de la loi dans le désert. Elle est clairement établie tôt dans le livre de la Genèse, alors que Noé et sa famille sortent de l'arche.

Lorsque Noé aura dressé un autel à l'Eternel (Genèse 8.20), l'Eternel va s'adresser à Noé et à ses fils et leur dire ce qui suit :

  • Genèse 9.5 : Sachez-le aussi, je redemanderai le sang de vos âmes, je le redemanderai à tout animal; et je redemanderai l'âme de l'homme ('adam) à l'homme (yad), à l'homme (yad) qui est son frère (Ach).

Comme cela arrive de temps à autre, la traduction ne fait pas honneur à la précision dont fait montre l'Eternel dans sa Parole.

La traduction des vrais termes donne :

  • 'adam : homme.
  • yad : homme, autorité, intermédiaire.
  • Ach : plus proche parent mâle.

Nous sommes donc bien en présence d'un passage où l'Eternel prévient que désormais, il redemandera le sang d'un homme, et que celui qui fera le rachat, sera son plus proche parent. C'est donc la naissance du vengeur de sang.


b) Le droit de rachat.

Pourquoi "racheter" ? Simplement parce que le mot est le même. Lorsque la Parole de Dieu nous parle de Boaz ayant droit de rachat concernant l'héritage de son parent, mari de Ruth, c'est le mot Ga'al qui est utilisé :

  • Ruth 3.12 : Il est bien vrai que j'ai droit de rachat (Ga'al), mais il en existe un autre plus proche que moi.

Le rôle du vengeur (Ga'al) de sang est donc de racheter le sang versé, afin que son prix soit payé. De la même manière, il s'agit du plus proche parent de la victime, et contrairement à ce que l'on dit, ça n'est pas juste une tradition juive de l'époque, c'est un mode de fonctionnement établi clairement, et avalisé par Dieu. C'est l'Eternel qui fixe la règle consistant à livrer le coupable d'un meurtre prémédité au vengeur de sang :

  • Deutéronome 19.11-13 : Mais si un homme s'enfuit dans une de ces villes, après avoir dressé des embûches à son prochain par inimitié contre lui, après l'avoir attaqué et frappé de manière à causer sa mort, les anciens de sa ville l'enverront saisir et le livreront entre les mains du vengeur du sang, afin qu'il meure.  Tu ne jetteras pas sur lui un regard de pitié, tu feras disparaître d'Israël le sang innocent, et tu seras heureux.

Le meurtrier doit mourir, et c'était la responsabilité du vengeur de sang d'appliquer le rachat du sang versé.


c) Trois cas concrets.

Parmi les règles qui se trouvent dans le pentateuque, s'en trouve une précisant la conduite à suivre au regard de la préméditation.

  • Exode 21.12-14 : Celui qui frappera un homme mortellement sera puni de mort. S'il ne lui a point dressé d'embûches, et que Dieu l'ait fait tomber sous sa main, je t'établirai un lieu où il pourra se réfugier. Mais si quelqu'un agit méchamment contre son prochain, en employant la ruse pour le tuer, tu l'arracheras même de mon autel, pour le faire mourir.

Ce passage est important pour en comprendre un autre qui se déroule bien plus tard. Lors de la passation de pouvoir entre David et son fils Salomon.

Il est important de regarder cette règle en parallèle avec une déclaration faite par Salomon :

  • Proverbes 18.21 : La mort et la vie sont au pouvoir de la langue; Quiconque l'aime en mangera les fruits

Une fois que l'on a ces deux passages en tête, alors on comprend mieux les deux premiers chapitres du premier livre des Rois.

c.1) Adonija.

Lorsqu'Adonija décide de devenir roi à la place de David son père, il le fait en sachant que le trône revient de droit à Salomon son frère. Bath-Schéba, qui est aux côtés du roi David depuis fort longtemps, connaît le fonctionnement des putschs. C'est pour cela que sa déclaration à Nathan le prophète fait sens.

  • 1 Rois 1.12 : Viens donc maintenant, je te donnerai un conseil, afin que tu sauves ta vie et la vie de ton fils Salomon.

Si Adonija accède au trône, il devra faire table rase de tous ceux qui ont un droit légitime, donc autant de Salomon, qui est le roi annoncé par David son père, que des sacrificateurs et des prophètes fidèles au roi. Le sachant, Adonija a déjà accepté cette idée, et ses paroles le condamne. Il le sait d'autant plus que lorsque David va désigner officiellement Salomon comme son successeur, la réaction d'Adonija sera de se ruer vers les cornes de l'autel. C'est sa demande de jugement, parallèle des villes de refuge. C'est également la raison pour laquelle Salomon va l'envoyer dans sa maison, qui prend dès lors le rôle de la ville de refuge.

  • 1 Rois 1.50-53 : Adonija eut peur de Salomon; il se leva aussi, s'en alla, et saisit les cornes de l'autel. On vint dire à Salomon: Voici, Adonija a peur du roi Salomon, et il a saisi les cornes de l'autel, en disant: Que le roi Salomon me jure aujourd'hui qu'il ne fera point mourir son serviteur par l'épée! Salomon dit: S'il se montre un honnête homme, il ne tombera pas à terre un de ses cheveux; mais s'il se trouve en lui de la méchanceté, il mourra. Et le roi Salomon envoya des gens, qui le firent descendre de l'autel. Il vint se prosterner devant le roi Salomon, et Salomon lui dit: Va dans ta maison.

Adonija sortira de sa réserve en demandant à épouser la dernière compagne de David. Il tentera donc à nouveau de s'insinuer dans la pensée commune comme un successeur légitime de part l'épouse qu'il demande. Salomon, qui était un homme très sage, le comprendra de suite et cela provoquera la mort d'Adonija.

  • 1 Rois 2.23-25 : Alors le roi Salomon jura par l'Éternel, en disant: Que Dieu me traite dans toute sa rigueur, si ce n'est pas au prix de sa vie qu'Adonija a prononcé cette parole! Maintenant, l'Éternel est vivant, lui qui m'a affermi et m'a fait asseoir sur le trône de David, mon père, et qui m'a fait une maison selon sa promesse! aujourd'hui Adonija mourra. Et le roi Salomon envoya Benaja, fils de Jehojada, qui le frappa; et Adonija mourut

Cette thématique va recouvrir l'entièreté des deux premiers chapitres. On ne les regardera pas en détails parce que cela ne le nécessite pas, mais on va tout de même les noter.

c.2) Joab.

Le cas suivant est celui de Joab, dont on nous dit :

  • 1 Rois 2.5 : Tu sais ce que m'a fait Joab, fils de Tseruja, ce qu'il a fait à deux chefs de l'armée d'Israël, à Abner, fils de Ner, et à Amassa, fils de Jéther. Il les a tués; il a versé pendant la paix le sang de la guerre, et il a mis le sang de la guerre sur la ceinture qu'il avait aux reins et sur la chaussure qu'il avait aux pieds.
  • 1 Rois 2.28-31 : Le bruit en parvint à Joab, qui avait suivi le parti d'Adonija, quoiqu'il n'eût pas suivi le parti d'Absalom. Et Joab se réfugia vers la tente de l'Éternel, et saisit les cornes de l'autel. On annonça au roi Salomon que Joab s'était réfugié vers la tente de l'Éternel, et qu'il était auprès de l'autel. Et Salomon envoya Benaja, fils de Jehojada, en lui disant: Va, frappe-le. Benaja arriva à la tente de l'Éternel, et dit à Joab: Sors! c'est le roi qui l'ordonne. Mais il répondit: Non! je veux mourir ici. Benaja rapporta la chose au roi, en disant: C'est ainsi qu'a parlé Joab, et c'est ainsi qu'il m'a répondu. Le roi dit à Benaja: Fais comme il a dit, frappe-le, et enterre-le; tu ôteras ainsi de dessus moi et de dessus la maison de mon père le sang que Joab a répandu sans cause.

c.3) Schimeï.

Et finalement nous avons Schimeï, qui avait maudit le roi David.

  • 1 Rois 2.36-37 : Le roi fit appeler Schimeï, et lui dit: Bâtis-toi une maison à Jérusalem; tu y demeureras, et tu n'en sortiras point pour aller de côté ou d'autre. Sache bien que tu mourras le jour où tu sortiras et passeras le torrent de Cédron; ton sang sera sur ta tête.

5 - Conclusion, comprendre au-delà.

Il a toujours été dans l'intention de l'Eternel de nous faire comprendre la grâce de Dieu, et cela passe obligatoirement par les notions de vengeur de sang et de ville de refuge. Le vengeur de sang est l'image de la sanction obligatoire du péché. C'est pour cela que l'Eternel ne donne pas des directives pour empêcher l'existence du vengeur de sang. Son existence est dans l'ordre des choses. On pourrait penser qu'il aurait simplement suffi que le vengeur de sang n'ait pas le droit de toucher aux criminels qui l'étaient par accident, et les villes de refuges n'auraient pas eu besoin d'exister. Mais toutes les fautes doivent avoir une sanction, et Dieu ne changera jamais ça. C'est la base du fonctionnement de la création. Le péché attire la punition et la mort de l'âme. C'est une conséquence naturelle.

Pour éviter de porter cette sanction, il faut que quelqu'un d'autre puisse la porter pour nous, et le seul qui l'ait fait, c'est Jésus, dont le roi David nous disait qu'il était son refuge et sa forteresse (Psaumes 91.2).

Aussi, bien que nous n'ayons pas l'habitude de regarder les villes refuge sous cet angle, la réalité est que depuis le sacrifice de Jésus, nous sommes tous devenus meurtriers. Dès lors que nous transgressons le moindre commandement, nous devenons également meurtriers et ouvrons un droit au vengeur de sang de venir réclamer sa pitance.

  • Jacques 2.10 : Car quiconque observe toute la loi, mais pèche contre un seul commandement, devient coupable de tous.

Dès lors, Jésus est devenu notre refuge comme nous le montre le livre des Psaumes à de très nombreuses reprises. Son sacrifice, perpétuellement valable, enlève tout droit au vengeur de sang, pour autant que nous restions sous la protection de notre souverain sacrificateur, dont le sacerdoce ne peut être cédé puisqu'il est éternel.

Cela nous met dans un état particulier qui emprunte aux deux périodes précédentes :

- Nous avons premièrement la particularité d'être sous l'administration d'un souverain sacrificateur qui est le sacrifice de la première alliance, sacrifice devenu perpétuel et qui couvre nos fautes une fois pour toutes.

- Nous sommes sous l'administration, et donc le refuge, du souverain sacrificateur céleste, dont le sacerdoce ne peut se transmettre. Tant que nous resterons sous l'abri du Très Haut (Psaumes 91.1), nous reposerons sous son ombre.

Dès lors, les villes de refuge ne sont pas l'image d'un repaire de criminels involontaires qui attendent d'en partir, mais de l'Eglise de Christ.  Notre souverain sacrificateur, assurant notre protection tant que nous resterons dans les limites de la ville qu'il nous a attribué.

Pour finir, je disais que le vengeur de sang venait du terme "Ga'al", qui désigne non pas le sang, mais le vengeur. Le vengeur de sang étant donc un type de Ga'al particulier. Il se trouve que selon les écritures, il existe un autre type de vengeur, que nous ne cernons pas parce que les traductions ne nous le permettent pas. Il se trouve que ce terme est également prêté à Jésus à de nombreuses reprises, dans l'annonce prophétique de sa personne. On trouve cela autant dans le livre de Job que dans celui des Psaumes :

  • Job 19.25 : Mais je sais que mon Rédempteur (Ga'al) est vivant, Et qu'il se lèvera le dernier sur la terre.
  • Psaumes 19.15 : Reçois favorablement les paroles de ma bouche Et les sentiments de mon coeur, O Éternel, mon rocher et mon libérateur (Ga'al) !

Le vengeur de sang de son côté n'a pas fini son œuvre, il continue d'œuvrer, et ça n'est pas le diable ou l'un de ses sbires, parce que tout le monde est dans sa ligne de mire. Comme je le disais, c'est l'ordre des choses et le seul moyen d'en réchapper, c'est de prendre Jésus comme ville de refuge. C'est pour cela que la grande prostituée tombera dans des temps proches :

  • Apocalypse 19.2 : parce que ses jugements sont véritables et justes; car il a jugé la grande prostituée qui corrompait la terre par son impudicité, et il a vengé le sang de ses serviteurs en le redemandant de sa main.