Genèse 50.20 : Vous aviez médité de me faire du mal: Dieu l'a changé en bien, pour accomplir ce qui arrive aujourd'hui, pour sauver la vie à un peuple nombreux.

1 - Le prélude.

2 - Première parole, le pardon.

3 - Deuxième parole, la certitude du salut.

4 - Le timing de la crucifixion.

5 - Troisième parole, l'abandon spirituel.

6 - Quatrième parole, l'abandon charnel.

7 - Cinquième parole, la soif.

8 - Sixième parole, le dernier abandon.

9 - Septième parole, la confiance.

10 - La onzième heure

1 - Le prélude.


Il y a bien des choses que Jésus a faites 7 fois, parmi celles-ci se trouvent les phrases qu'il a prononcées alors qu'il était sur la croix, je vais les lister ici, et tenter de les comprendre, tout en essayant de placer la liste chronologique de ce qui se passe pendant qu'il est sur la croix.

  • Matthieu 27.27-34 : Les soldats du gouverneur conduisirent Jésus dans le prétoire, et ils assemblèrent autour de lui toute la cohorte. Ils lui ôtèrent ses vêtements, et le couvrirent d'un manteau écarlate. Ils tressèrent une couronne d'épines, qu'ils posèrent sur sa tête, et ils lui mirent un roseau dans la main droite; puis, s'agenouillant devant lui, ils le raillaient, en disant: Salut, roi des Juifs! Et ils crachaient contre lui, prenaient le roseau, et frappaient sur sa tête. Après s'être ainsi moqués de lui, ils lui ôtèrent le manteau, lui remirent ses vêtements, et l'emmenèrent pour le crucifier. Lorsqu'ils sortirent, ils rencontrèrent un homme de Cyrène, appelé Simon, et ils le forcèrent à porter la croix de Jésus. Arrivés au lieu nommé Golgotha, ce qui signifie lieu du crâne, ils lui donnèrent à boire du vin mêlé de fiel; mais, quand il l'eut goûté, il ne voulut pas boire. (+ Marc 15.16-23) (+Luc 22.63-65).

Jésus est amené dans la cour chez le gouverneur, au milieu de la place. Les soldats l'entourent et commencent railleries, injures et agressions. Suite à cela, ils prennent la direction de Golgotha. Pendant la route, Jésus est déjà dans un piteux état, ils font alors porter sa croix par Simon de Cyrène.

C'est en arrivant à Golgotha qu'ils veulent lui donner à boire mais il refuse, ce refus est important, mais je l'expliquerai lorsque j'en viendrai à Jésus disant qu'il a soif.

Il est ensuite mis sur la croix, en compagnie de deux brigands (Matthieu 27.38 : Avec lui furent crucifiés deux brigands, l'un à sa droite, et l'autre à sa gauche). Crucifié conformément au Psaume 22 verset 16 (Car des chiens m'environnent, Une bande de scélérats rôdent autour de moi, Ils ont percé mes mains et mes pieds) et au livre d'Esaïe : Parce qu'il s'est livré lui-même à la mort, Et qu'il a été mis au nombre des malfaiteurs, Parce qu'il a porté les péchés de beaucoup d'hommes, Et qu'il a intercédé pour les coupables (Esaïe 53.12).

Sur la croix, Pilate a fait inscrire : Jésus de Nazareth, roi des Juifs (Jean 19.20) en hébreu, en grec et en latin, ce qui insupporte les principaux sacrificateurs. Ils s'en plaindront auprès de Pilate et se feront rabrouer (Jean 19.21-22).

À ce moment, Jésus n'a pas encore parlé, tout le monde l'insulte et se moque, et cela inclus les deux brigands :

  • Matthieu 27.39-44 : Les passants l'injuriaient, et secouaient la tête, en disant: Toi qui détruis le temple, et qui le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même! Si tu es le Fils de Dieu, descends de la croix! Les principaux sacrificateurs, avec les scribes et les anciens, se moquaient aussi de lui, et disaient: Il a sauvé les autres, et il ne peut se sauver lui-même! S'il est roi d'Israël, qu'il descende de la croix, et nous croirons en lui. Il s'est confié en Dieu; que Dieu le délivre maintenant, s'il l'aime. Car il a dit: Je suis Fils de Dieu. Les brigands, crucifiés avec lui, l'insultaient de la même manière.

Jésus, dont le sacrifice est un acte de compassion pour l'humanité prononce alors sa première Parole.

2 - Première parole, le pardon.


  • Luc 23.34 : Jésus dit: Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font. Ils se partagèrent ses vêtements, en tirant au sort.


Bien des choses qui sont arrivées à Jésus ont été prophétisées par Esaïe ou par David. Dans le cas présent, c'est dans les Psaumes que nous en voyons l'annonce. Jean sera plus précis que Luc concernant les vêtements de Jésus. Ses vêtements sont répartis entre les soldats et sa tunique lui est prise et les soldats la tirent au sort (Jean 19.23-24), conformément au psaume 22 verset 18 (Ils se partagent mes vêtements, Ils tirent au sort ma tunique).

Ce verset est particulièrement important et sous-estimé. Dans la Parole de Dieu, on nous relate l'histoire d'un brigand repenti auquel Jésus dira qu'il sera avec lui dans le Paradis de Dieu le jour-même. Les évangiles semblent se contredire, nous avons une version, dans l'évangile de Matthieu où les deux brigands insultent Jésus (27.44 : Les brigands, crucifiés avec lui, l'insultaient de la même manière), alors que la version de l'évangile de Luc nous présente une version totalement différente (23.39-40 : L'un des malfaiteurs crucifiés l'injuriait, disant: N'es-tu pas le Christ? Sauve-toi toi-même, et sauve-nous! Mais l'autre le reprenait, et disait: Ne crains-tu pas Dieu, toi qui subis la même condamnation ?).

La Parole de Dieu ne pouvant pas se contredire, la seule explication vient de ce que les deux rédacteurs relatent des moments différents de la crucifixion. Cette différence vient d'un changement d'attitude de l'un des brigands. Jésus a donc fait quelque chose qui a permis à l'un des brigands de se repentir. En outre, sachant que Jésus était crucifié, quoi qu'il ait fait, cela ne peut pas être un acte, mais ne peut être qu'une Parole. Or, connaissant toutes les Paroles de Jésus sur la croix, je n'en vois qu'une seule qui ait pu changer la donne, et c'est bien entendu celle qui fait l'objet de ce premier point.

Jean nous disait dans sa première épître : Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous les pardonner, et pour nous purifier de toute iniquité (1 Jean 1.9). Nous avons bien ici un brigand qui reconnaît ses fautes et la justesse de sa punition (Luc 23.41a), puis qui reconnaît dans un premier temps l'innocence de Jésus (Luc 23.41b) pour finalement également reconnaître sa divinité (Luc 23.42). Conformément à ce que disait Jésus dans l'évangile de Matthieu, ce brigand a été justifié par ses paroles (Matthieu 12.37), et c'est ce qui amènera Jésus à lui certifier son salut.

La puissance du pardon a brisé ses chaînes spirituelles et lui a permis de reconnaître la divinité de Jésus.

Par contre, on ne parle jamais du deuxième brigand, mais il a également son importance. Lui aussi était inclus dans la première Parole de Jésus concernant le pardon, mais il l'a refusée. Les deux brigands avaient commis des actes équivalents, qui recevaient une sanction équivalente. Ils étaient crucifiés en même temps et ont entendu la même Parole de Jésus, mais l'un des deux n'était pas intéressé par le salut. Même chez les hommes les plus criminels, certains ont un coeur pour Dieu, et d'autres ne l'ont pas.

3 - Deuxième parole, la certitude du salut.


  • Luc 23.43-44 : Jésus lui répondit: Je te le dis en vérité, aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis. Il était déjà environ la sixième heure, et il y eut des ténèbres sur toute la terre, jusqu'à la neuvième heure.


Suite à la conversion de l'un des brigands, Jésus lui annonce qu'il sera avec lui dans le Paradis le jour-même. Ce verset est la raison pour laquelle Jésus est mort aussi rapidement. Pour mémoire, Pilate s'en étonnera (Marc 15.44 : Pilate s'étonna qu'il fût mort si tôt; fit venir le centenier et lui demanda s'il était mort depuis longtemps).

Cette phrase a fait que Jésus devait mourir avant le brigand repentit. S'il était mort après lui, alors le centenier ne pouvait pas être sauvé par la foi, puisque Jésus n'était pas encore mort. Il serait allé dans le séjour des morts où Jésus est allé prêcher et n'aurait été sauvé que trois jours plus tard. Par contre, Jésus étant mort avant lui, la règle du salut pour ceux qui sont encore vivants d'un point de vue charnel vient de changer. Rappelons-nous que ça n'est pas la résurrection de Jésus qui nous a lavé de nos péchés, mais son sacrifice, donc dès qu'il est mort, le salut par la foi est devenu possible, parce que ceux qui ont cru, n'avaient plus aucun péché, leurs fautes ayant reçu la sanction qu'elles devaient recevoir, mais en Jésus.

En outre, comme je l'expliquerai plus tard, à la sixième Parole, Jésus ne pouvait pas, à ce moment, s'approcher d'un mort, de crainte de rompre son Naziréat.

  • Nombres 6.9 : Si quelqu'un meurt subitement près de lui, et que sa tête consacrée devienne ainsi souillée, il se rasera la tête le jour de sa purification, il se la rasera le septième jour.

Si un des brigands était mort avant lui, alors il aurait été au côté d'une personne morte près de lui, au regard de la loi il aurait été impur et n'aurait plus eu le temps de se purifier. Il aurait dès lors porté non pas l'impureté du monde, mais la sienne et aurait rendu caduc son propre sacrifice.

Il faut également comprendre que ce verset ne représente pas le salut, mais sa certitude. Le brigand n'est pas sauvé parce que Jésus lui dit qu'il l'est, mais parce que, suite au pardon dont il a fait l'objet, il a reconnu ses fautes, et la divinité de Jésus. En lui disant qu'il serait avec lui le jour-même dans le jardin (paradisio en grec), il ne fait que le rassurer pendant le moment qui doit être le plus difficile de sa vie.

4 - Le timing de la crucifixion.


Après que Jésus confirme son salut au brigand repenti, les ténèbres tombent sur la terre. C'est la sixième heure du jour, et les ténèbres vont durer jusqu'à la neuvième heure (Luc 23.44 : Il était déjà environ la sixième heure, et il y eut des ténèbres sur toute la terre, jusqu'à la neuvième heure), heure du décès de Jésus.

Pour mieux situer les évènements dans la journée, la sixième heure du jour correspond à midi, et la neuvième, heure de la mort de Jésus, correspond à trois heures de l'après-midi.

Il est étonnant de constater que tous les évènements importants de la journée se déroulent par périodes de trois heures.

6 heures, jugement de Jésus / Marc 15.1 : Dès le matin, les principaux sacrificateurs tinrent conseil avec les anciens et les scribes, et tout le sanhédrin. Après avoir lié Jésus, ils l'emmenèrent, et le livrèrent à Pilate.

9 heures, crucifixion / Marc 15.25 : C'était la troisième heure, quand ils le crucifièrent.

12 heures, conversion du brigand / Luc 23.43-44 : Jésus lui répondit: Je te le dis en vérité, aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis. Il était déjà environ la sixième heure.

15 heures, mort de Jésus / Luc 23.44b-46 : et il y eut des ténèbres sur toute la terre, jusqu'à la neuvième heure. Le soleil s'obscurcit, et le voile du temple se déchira par le milieu. Jésus s'écria d'une voix forte: Père, je remets mon esprit entre tes mains. Et, en disant ces paroles, il expira.

18 heures, Jésus est descendu de la croixMarc 15.42-46 : Le soir étant venu, comme c'était la préparation, c'est-à-dire, la veille du sabbat, - arriva Joseph d'Arimathée, conseiller de distinction, qui lui-même attendait aussi le royaume de Dieu. Il osa se rendre vers Pilate, pour demander le corps de Jésus. Pilate s'étonna qu'il fût mort si tôt; fit venir le centenier et lui demanda s'il était mort depuis longtemps. S'en étant assuré par le centenier, il donna le corps à Joseph. Et Joseph, ayant acheté un linceul, descendit Jésus de la croix,

5 - Troisième parole, l'abandon spirituel.


  • Matthieu 27.46 : Et vers la neuvième heure, Jésus s'écria d'une voix forte: Éli, Éli, lama sabachthani? c'est-à-dire: Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? (+ Marc 15.34)


Une fois de plus on retrouve le pendant de cet instant dans le livre des Psaumes :

  • Psaumes 22.2 : Mon Dieu! mon Dieu! pourquoi m'as-tu abandonné, Et t'éloignes-tu sans me secourir, sans écouter mes plaintes ?

À travers son sacrifice, Jésus ne renonce pas seulement à sa vie charnelle, il renonce à absolument tout. Il porte toutes les fautes de l'humanité, et est même dépouillé de sa relation avec le Père. N'oublions pas qu'il est venu restaurer ce qui avait été perdu (Luc 19.10), ce qui signifie, qu'à la croix, il a aussi dû le perdre, seul moyen pour lui de pouvoir le restaurer. Le 'ce' en question n'est pas l'homme, mais la relation de l'homme avec Dieu. C'est pour cela que Jésus l'annonce alors qu'il rentre chez Zachée. Tout le monde le considère comme un pécheur et s'offusque de ce que Jésus puisse entrer dans sa demeure. C'est à cet instant que Jésus dira qu'il est venu restaurer CE qui était perdu. Il faut donc comprendre non pas que Jésus est venu sauver Zachée, mais qu'il est venu restaurer le lien avec Dieu qui permettra à Zachée, s'il en fait le choix, d'être sauvé.

6 - Quatrième parole, l'abandon charnel.


  • Jean 19.26-27 : Jésus, voyant sa mère, et auprès d'elle le disciple qu'il aimait, dit à sa mère: Femme, voilà ton fils. Puis il dit au disciple: Voilà ta mère. Et, dès ce moment, le disciple la prit chez lui.


Comme je le disais avec l'abandon spirituel, Jésus a dû être dépouillé d'absolument tout. Après avoir perdu sa connexion avec Dieu, il va se décharger de sa connexion avec l'homme. Cela va prendre la forme de l'abandon de sa lignée charnelle. En d'autres termes, après avoir perdu son lien avec son Père , il perd son lien avec sa mère.

On pourrait croire en lisant ce passage que Jésus est en train de trouver un gîte pour sa mère, et que ce qu'il dit est en fait un acte d'amour, mais il n'en est rien. Il me semble particulièrement improbable que les disciples, Jean en tête, auraient pu abandonner Marie. Par ailleurs, elle a encore de nombreux fils et fille et elle n'aurait pas été laissée de côté. La réalité, c'est que nous nous trouvons ici devant le deuxième des trois abandons qui ont lieu sur la croix. Le premier était donc l'abandon de sa lignée céleste, le deuxième l'abandon de sa lignée charnelle. Le troisième est encore à venir. 

7 - Cinquième parole, la soif.


  • Jean 19.28-29 : Après cela, Jésus, qui savait que tout était déjà consommé, dit, afin que l'Écriture fût accomplie: J'ai soif. Il y avait là un vase plein de vinaigre. Les soldats en remplirent une éponge, et, l'ayant fixée à une branche d'hysope, ils l'approchèrent de sa bouche.


Il y a à la fois peu et beaucoup à dire sur ce passage. Les trois dernières Paroles de Jésus sont liées, non seulement dans le moment où il les dit, mais également dans leur explication.

Il est trois heures de l'après-midi, soit la neuvième heure, dans quelques instants Jésus sera mort. Il le sait, il est venu pour ça. Jean nous précise que Jésus savait que tout était déjà consommé. Il est totalement conscient qu'il est arrivé au bout de ce qu'il avait à faire. Il ne reste plus qu'une chose afin que l'écriture soit accomplie. Une fois de plus, le livre des psaumes nous annonce cet instant, ma force se dessèche comme l'argile, Et ma langue s'attache à mon palais (Psaumes 22.15).

Jésus demande à boire.

Cette demande est folle. Il a le visage arraché, le dos lacéré, les pieds et les mains percés, des épines qui lui transpercent le crâne, mais la dernière chose qu'il demande avant de mourir, c'est à boire. Rappelons-nous qu'il avait pourtant refusé de se désaltérer par avant.

  • Matthieu 27.33-34 : Arrivés au lieu nommé Golgotha, ce qui signifie lieu du crâne, ils lui donnèrent à boire du vin mêlé de fiel; mais, quand il l'eut goûté, il ne voulut pas boire.

Pourtant, maintenant qu'il va mourir, il y a une importance à boire, et c'est la prochaine Parole qui va nous faire comprendre pourquoi.

8 - Sixième parole, le dernier abandon.


  • Jean 19.30 : Quand Jésus eut pris le vinaigre, il dit: Tout est accompli. Et, baissant la tête, il rendit l'esprit.


C'est peut-être la phrase qui me paraissait la plus étrange avant que je n'en recherche le sens. On notera une fois de plus que c'est dans un psaume que l'on en retrouve le parallèle : Ils mettent du fiel dans ma nourriture, Et, pour apaiser ma soif, ils m'abreuvent de vinaigre (Psaume 69.21). Ceci étant dit, en quoi le fait de boire du vinaigre terminait d'accomplir ce que Jésus avait à faire ? D'autant que c'est lui qui demande à boire, dans le but de consommer ce vinaigre. C'est d'autant plus étrange qu'un tout petit peu auparavant, juste avant qu'on ne le crucifie, on lui avait proposé à boire :

  • Matthieu 27.33-34 : Arrivés au lieu nommé Golgotha, ce qui signifie lieu du crâne, ils lui donnèrent à boire du vin mêlé de fiel; mais, quand il l'eut goûté, il ne voulut pas boire.
  • Marc 15.22-23et ils conduisirent Jésus au lieu nommé Golgotha, ce qui signifie lieu du crâne. Ils lui donnèrent à boire du vin mêlé de myrrhe, mais il ne le prit pas.

La différence entre 'mêlé de fiel' et 'mêlé de myrrhe' vient juste de la manière de dire les choses. Il était de coutume de mélanger le vin avec l'un ou l'autre, pour obtenir la même chose, c'est-à-dire, rehausser le goût du breuvage.

Donc, après avoir demandé à boire, ce qui était sa cinquième Parole, Jésus consomme ce vinaigre et annonce que tout est accompli, ce qui est sa sixième Parole.

  • Matthieu 27.48 : Et aussitôt l'un d'eux courut prendre une éponge, qu'il remplit de vinaigre, et, l'ayant fixée à un roseau, il lui donna à boire.
  • Marc 15.36 : Et l'un d'eux courut remplir une éponge de vinaigre, et, l'ayant fixée à un roseau, il lui donna à boire, en disant: Laissez, voyons si Élie viendra le descendre.
  • Jean 19.29-30 : Il y avait là un vase plein de vinaigre. Les soldats en remplirent une éponge, et, l'ayant fixée à une branche d'hysope, ils l'approchèrent de sa bouche. Quand Jésus eut pris le vinaigre, il dit: Tout est accompli. Et, baissant la tête, il rendit l'esprit.

Pour en comprendre la signification, il faut à la fois se replonger dans l'ancienne alliance, et, parallèlement, placer cet abandon à la suite des deux premiers.

Jésus a été consacré dès sa naissance, et nous trouvons dans le livre des Nombres la loi concernant cette consécration que l'on appelle le naziréat. Voici plus spécifiquement le passage concernant le vin (vinaigre) :

  • Nombres 6.1-4 : L'Éternel parla à Moïse, et dit: Parle aux enfants d'Israël, et tu leur diras: Lorsqu'un homme ou une femme se séparera des autres en faisant vœu de naziréat, pour se consacrer à l'Éternel, il s'abstiendra de vin et de boisson enivrante; il ne boira ni vinaigre fait avec du vin, ni vinaigre fait avec une boisson enivrante; il ne boira d'aucune liqueur tirée des raisins, et il ne mangera point de raisins frais ni de raisins secs. Pendant tout le temps de son naziréat, il ne mangera rien de ce qui provient de la vigne, depuis les pépins jusqu'à la peau du raisin.

C'est cette même loi qui lui interdisait de mourir après les brigands. Mais en quoi devait-il impérativement ne pas se souiller par la présence d'une personne subitement morte près de lui, alors qu'il rompait son naziréat en buvant du vinaigre ? C'est une question de moment. C'est pour cela également qu'il refuse le même breuvage quelques heures auparavant.

Le premier abandon, c'est l'abandon de sa lignée spirituelle, le deuxième, celui de sa lignée charnelle, et le troisième, c'est l'abandon de sa fonction. Les choses doivent se faire dans cet ordre. À ce moment, il a vraiment tout perdu, il n'est plus rien et ne sert plus à rien. Pendant ce triste moment, il porte vraiment toutes les fautes du monde.

Ces abandons suivent la logique de la Parole, tout est d'abord spirituel, et ensuite charnel.

Pourtant, bien que tout soit désormais accompli, il y a encore une Parole à venir, la dernière.

9 - Septième parole, la confiance.


  • Luc 23.44-46 : Il était déjà environ la sixième heure, et il y eut des ténèbres sur toute la terre, jusqu'à la neuvième heure. Le soleil s'obscurcit, et le voile du temple se déchira par le milieu. Jésus s'écria d'une voix forte: Père, je remets mon esprit entre tes mains. Et, en disant ces paroles, il expira.


Cette dernière Parole porte en elle un espoir, une promesse. Elle résume tout l'amour de Dieu. Jésus, qui à travers les trois abandons a perdu tout ce qui pouvait l'être, remet son esprit dans les mains de Dieu. Il a perdu sa relation avec le Père, mais il sait que quelles que soient ses fautes, Dieu n'a pas changé. Son intelligence suffit à lui rappeler que Dieu est Dieu, indépendamment de nous. Alors il ne se base plus sur ce qu'il peut voir au Père, parce qu'il ne voit plus au Père, il ne se base plus sur ce que l'Esprit peut lui dire ou lui faire ressentir, parce qu'il a perdu sa connexion. Par contre il a toujours une chose que rien ne peut lui enlever, il sait que même quand lui n'entend plus, Dieu est toujours là, et cette compréhension est tellement importante que ce sera également la dernière chose qu'il dira à ses disciples avant de retourner dans son ciel de gloire. Il en connaît l'importance, parce que ça a été sa planche de salut.

Matthieu 28.20b : Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde.

Nous avons le tort de croire que notre comportement peut faire fuir Dieu, mais la réalité est toute autre. Dieu connaît toute chose, le jour où il nous a cherché, il savait déjà combien de fois nous mettrions le genou à terre sans que ce soit devant lui, et s'il nous a tout de même cherché, c'est parce qu'il sait exactement ce que nous allons devenir, parce que nous sommes déjà à le louer devant son trône pour l'éternité. Aujourd'hui n'est qu'une étape, et si nous l'ignorons, lui le sait, alors il ne s'éloignera jamais de nous, et notre impression d'être loin de lui n'engage que nous, lui ne change pas.

10 - La onzième heure.


Il est trois heures de l'après-midi à la mort de Jésus, le ciel est obscurci, le voile du temple se déchire en deux, du haut vers le bas, donc du ciel vers la terre, la terre se met à trembler, si fortement que les rochers se fendent, les tombes s'ouvrent, les morts ressuscitent et retournent dans la ville sainte (Matthieu 27.50-53). Ca devait être apocalyptique.

Pourtant Jésus va rester sur la croix pendant encore trois heures. Ca n'est que parce que la nuit arrivait qu'ils vont finir par le descendre et réaliser qu'il est déjà mort. Pour être sûr de finir la mise à mort avant la nuit, les juifs demanderont à rompre les jambes des trois condamnées, afin de provoquer leur étouffement rapide. C'est à cet instant qu'ils constatent la mort de Jésus et, par conséquent, qu'ils ne lui rompent pas les os, conformément au livre des psaumes : Il garde tous ses os, Aucun d'eux n'est brisé (Psaumes 34.20), Je pourrais compter tous mes os (Psaumes 22.17). Ne lui brisant pas les os, un soldat lui perce le côté avec une lance, accomplissant la parole de Zacharie : Et ils tourneront les regards vers moi, celui qu'ils ont percé. Ils pleureront sur lui comme on pleure sur un fils unique, Ils pleureront amèrement sur lui comme on pleure sur un premier-né (Zacharie 12.10b).

Joseph d'Arimathée et Nicodème récupèrent alors son corps pour l'embaumer et au vu de l'heure, la préparation de la pâque approchant, le déposent dans un sépulcre neuf à proximité, dans un jardin (Jean 19.41-42), ainsi qu'Esaïe l'avait annoncé (Esaïe 53.9 : On a mis ... Son tombeau avec le riche).

11 - Conclusion.


Les sept Paroles de Jésus ont un sens indépendamment les unes des autres, mais elles en ont également un lorsqu'on les prend comme une suite. Lorsqu'on regarde l'ensemble plutôt que les Paroles séparées, on y trouve un formidable message d'encouragement. La suite est la suivante :

PARDON

CERTITUDE DU SALUT

ABANDON SPIRITUEL

ABANDON CHARNEL

ABANDON DU RÔLE/FONCTION

CONFIANCE

Et c'est là que le merveilleux opère, parce que, plus concrètement, cela représente le fait que vous ayez été pardonné et que cela vous a donné la certitude du salut. Cependant si pour une raison ou une autre, vous veniez à perdre le contact avec Dieu, il s'ensuivrait, au fur-et-à-mesure, la perte de votre appartenance à une famille humaine, et vous finiriez par perdre toute utilité, que ce soit dans le ministère ou dans quelque domaine que ce soit.

Où se trouve le merveilleux dans tout cela ?

Malgré l'état dans lequel vous seriez, il suffit de savoir que Jésus a porté cela sur la croix et revenir à lui. Non pas par le ressenti, ou un quelconque accès au spirituel, qui dans des situations comme celles-là devient problématique, mais simplement par la confiance en lui. Cette confiance qui doit être gravée en nous quelle que soit la distance que nous mettons entre lui et nous, Dieu est partout. Nous ne pouvons qu'avoir l'impression de nous éloigner de lui, où que nous voulions fuir loin de sa face, il serait toujours là, à attendre.

Jonas aussi voulait fuir loin de la face de l'Éternel (Jonas 1.3), mais quoi qu'il fasse, Dieu est toujours là. Alors dans ces moments où nous nous sommes éloignés de lui, les mots de Jésus doivent résonner pour nous faire comprendre que lui ne s'est pas éloigné de nous, et si nous nous en remettons à lui, alors nous passerons de la septième Parole de Jésus à la première, puis à la deuxième. Il nous pardonnera et nous rendra l'assurance du salut. Si nous ne nous éloignions plus jamais de sa présence, alors tant mieux, mais si cela nous arrive à nouveau, alors encore et encore, sa septième Parole nous renverra au pardon de la première, et à la certitude du salut de la deuxième.

Comprendre cela est tellement important qu'il fera de cette notion les derniers mots qu'il prononcera sur terre :

  • Matthieu 28.20b : Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde