Tu seras dieu

1 - Introduction.

2- Vous êtes des dieux.

a) Admettre.

b) L'inspiration.

  • b.1) La contestation.

  • b.2) Le sens du verset des psaumes.

c) Les propos de Jésus.

d) La compréhension finale.

  • d.1) Je te fais dieu.
  • d.2) Voici les signes.

3 - Conclusion.

1 - Introduction.

Il y a une multitude de mauvaises manières d'aborder la Parole de Dieu. L'une d'entre elle consiste à placer la compréhension avant l'acceptation. Malheureusement fréquente, cette façon de faire pousse à refuser certaines déclarations de la Parole en prétextant avoir la sagesse de ne pas accepter ce qu'on ne comprend pas. Dans la réalité les choses ne fonctionnent pas comme cela, et le premier verset de la Parole en est une preuve évidente. Dieu s'annonce comme une évidence, sans chercher en rien à se démontrer.

L'ensemble de la Parole s'appréhende exactement de la même manière.

La première étape est toujours d'accepter. Comprendre ne viendra que plus tard. Malheureusement on oublie qu'il y a une autre étape qu'on ne prend donc que rarement en compte. Il s'agit de la mise en pratique. Il y a donc factuellement trois étapes et c'est le désordre dans leur organisation qui initie la faiblesse de l'église moderne. Pour une partie non négligeable des croyants, l'ordre se caractérise faussement de la sorte :

1️⃣ Comprendre.

2️⃣ Mettre en pratique.

3️⃣ Accepter.

Concrètement, cela représente que les croyants considèrent que ne pas comprendre disqualifie un texte. Ils veulent donc souvent le comprendre en premier. Une fois qu'ils l'ont compris, indépendamment de la justesse de l'explication (je ne parle ici que de croire avoir compris) vient alors la mise en pratique. L'acceptation n'est toujours pas de mise, elle n'entrera en ligne de compte que dans le cas d'une confirmation par l'exemple. Dit plus courtement, ils "comprennent" quelque chose, "essayent" et si ça marche, alors ils "acceptent" ce quelque chose.

Il va de soi que je ne parle pas de ceux qui entassent de supposées compréhensions et s'arrêtent à cette étape.

La réalité de la démarche n'est bien évidemment pas celle-là. Elle consiste en réalité en un ordre qui ne s'inscrit pas totalement dans le marbre. La première étape est immuable, alors que les deux autres sont interchangeables en fonction du sujet. La détermination de l'ordre se faisant en fonction du danger induit par la mise en pratique. Ainsi nous acceptons que nous devons prier, mais nous n'attendons pas de savoir exactement comment le faire pour le faire. Nous recevons la compréhension au fur-et-à-mesure. Dans ce cas, l'ordre est donc :

1️⃣ Accepter.

2️⃣ Mettre en pratique.

3️⃣ Comprendre.

Dans d'autres situations, celles qui concernent la mise en danger de la pratique, l'ordre des deux dernières étapes change, par contre, la première ne le fait pas, elle est immuable. Dans ces cas, l'ordre est donc :

1️⃣ Accepter.

2️⃣ Comprendre.

3️⃣ Mettre en pratique.

La raison en est que la compréhension de la Parole de Dieu se fait spirituellement et non charnellement. Cela signifie que si on se limite à regarder charnellement, alors une mise en pratique peut-être risquée. L'un des exemples très simple à comprendre est contenu dans un verset que je réutiliserai plus tard, et qui se trouve dans l'évangile selon Marc, chapitre 16 verset 17 à 18. C'est le passage dans lequel Jésus nous transmet : ... les signes qui accompagneront ceux qui auront cru ... (Marc 16.17-18). Il suffit de mettre en avant le fait de ne pas souffrir de breuvages mortels qui auraient été bus pour comprendre ce point.

Dans ce cas, oui, ce que nous dit le passage de l'évangile de Marc est vrai, mais ça n'est pas un absolu, il faut d'abord le comprendre correctement et ne pas considérer que le fait que ce soit écrit puisse obliger Dieu. La réalité est que le fait que ce soit écrit nous oblige nous, et faire semblant ne jouera pas en notre faveur. C'est nous qui devons nous aligner avec cette vérité et non cette vérité qui doit s'aligner avec nous.


Tout cela pour en arriver à ce que la première étape doit toujours consister en une acceptation. Quand bien même la chose paraît folle, si elle est de Dieu, alors elle est vraie, et peu importe l'ordre des deux étapes suivantes, la réalité est que la compréhension sera dans un cas comme dans l'autre, une suite à l'acceptation. La mauvaise démarche plaçant l'acceptation à la fin de la chaîne ne change pas l'ordre réel, elle ne fait que le rendre impossible. En plaçant en premier ce qui ne peut être que second, elle ne rend pas cette suite de trois étapes bancale, elle l'anéantit.

2- Vous êtes des dieux.

a) Admettre.

Lorsqu'on a compris ce que je viens de montrer, on peut l'appliquer à toutes les notions mises en avant dans la Parole de Dieu. Celle que je vais détailler dans cet enseignement se trouve être une affirmation de Jésus particulière qui suscite une forte incompréhension. Il va la faire dans une circonstance très spécifique qui aide à en comprendre le sens, tout comme elle nous aide à comprendre le sens profond du passage de l'ancienne alliance dont elle est tirée.

Le passage en question se trouve dans l'évangile selon Jean, au chapitre 10 :

  • Jean 10.30-36 : Moi et le Père nous sommes un. 31 Alors les Juifs prirent de nouveau des pierres pour le lapider. 32 Jésus leur dit : Je vous ai fait voir plusieurs bonnes oeuvres venant de mon Père : pour laquelle me lapidez-vous ? 33 Les Juifs lui répondirent : Ce n'est point pour une bonne œuvre que nous te lapidons, mais pour un blasphème, et parce que toi, qui es un homme, tu te fais Dieu. 34 Jésus leur répondit: N'est-il pas écrit dans votre loi : J'ai dit : Vous êtes des dieux ? 35 Si elle a appelé dieux ceux à qui la parole de Dieu a été adressée, et si l'Écriture ne peut être anéantie, 36 celui que le Père a sanctifié et envoyé dans le monde, vous lui dites : Tu blasphèmes ! Et cela parce que j'ai dit : Je suis le Fils de Dieu.

L'affirmation en question tient dans ce que nous serions des dieux. Comme je l'expliquais plus tôt, la première étape si on veut comprendre cette affirmation, est de l'accepter. Or auprès de plusieurs personnes, j'ai pu constater que cette acceptation est conditionnelle. Cela signifie qu'elle passe par un premier filtre, consistant à dire que l'affirmation est vraie, mais qu'elle ne signifie pas que nous soyons des dieux. Le problème de cette façon de regarder ce que Jésus nous dit, est que nous définissons une acceptation conditionnellement. Nous l'acceptons à la condition que cela ne signifie pas que nous soyons des dieux. Dès lors, la compréhension n'est plus possible, parce qu'en pensant de la sorte nous donnons l'ordre à Dieu de nous l'expliquer en le limitant à certaines possibilités dont nous sommes les juges.

Or c'est nous qui sommes jugés par la Parole et non l'inverse.

Donc la première étape, conformément à ce que je disais, est simplement d'admettre que c'est vrai. Ce qui signifie qu'il ne faut ni prétendre que nous ne le sommes pas réellement, ni que nous le soyons totalement. Uniquement accepter que ce soit vrai, sans parti pris, la compréhension viendra plus tard.

b) L'inspiration.

Le texte que Jésus cite en répondant aux juifs vient du livre des Psaumes.

  • Psaumes 82.6-7 : J'avais dit: Vous êtes des dieux, Vous êtes tous des fils du Très Haut. 7 Cependant vous mourrez comme des hommes, Vous tomberez comme un prince quelconque.

Une fois de plus, le sens paraît assez clair. Je ne dis pas qu'il soit facile à accepter en l'état pour qui a tendance à juger la Parole, mais sa syntaxe ne complique pas du tout sa compréhension en terme linguistique. Il dit que nous sommes des dieux, des enfants du Dieu du ciel, mais que nous mourrons comme des hommes. Difficile de donner le sens de ces deux versets sans simplement le répéter tant il est simple. C'est là qu'on voit l'importance d'accepter sans comprendre. Si l'on veut d'abord comprendre, alors le sens de ce double verset est cryptique et nous finissons par le laisser de côté, alors qu'il est important. Par contre si nous l'acceptons tout en attendant que l'Esprit nous l'explique, alors nous avons pour base que nous sommes bien des dieux, quoi que cela puisse signifier, et que nous sommes fils du Très Haut.

b.1) La contestation.

Le terme "dieux" est exactement le même que celui utilisé pour désigner Dieu. Ca n'en est même pas une variation. Quand il s'agit de Dieu, c'est donc un pluriel qui est exprimé par un singulier, représentant un Dieu qui est multiple. Le livre de la Genèse nous présentant bien ce Dieu exprimé au singulier qui pourtant parle de lui-même au pluriel :

  • Genèse 1.26 : Puis Dieu dit (Singulier) : Faisons (pluriel) l'homme à notre (pluriel) image, selon notre (pluriel) ressemblance,
  • Genèse 3.22 : L'Éternel Dieu dit (Singulier) : Voici, l'homme est devenu comme l'un de nous (pluriel), pour la connaissance du bien et du mal. Empêchons-le (plurielmaintenant d'avancer sa main, de prendre de l'arbre de vie, d'en manger, et de vivre éternellement.

Donc de manière amusante, le mot "Elohim" qui est traduit par "Dieu", est un mot pluriel qui désigne un Dieu unique. A chaque fois qu'il est traduit au singulier, il désigne un pluriel. A l'inverse, lorsqu'il est traduit au pluriel, il désigne un singulier. Ainsi dans le psaume 82, alors qu'il nous est dit : vous êtes des dieux, c'est un pluriel qui désigne une multitude d'individualités. C'est donc un pluriel qui désigne un singulier. Cette particularité est une réelle constante, et même lorsque l'Eternel parlant à Moïse lui dira qu'il le faisait Dieu, au singulier, en réalité cela désignera un pluriel. Je reviendrai sur le passage de Moïse plus tard, et je noterai le verset alors.

Une fois de plus, comme je le disais, ne pas accepter le verset en lui-même, empêche de le comprendre, et la principale contestation vient de la traduction du mot 'Elohim', ici traduit par 'dieux'. Cela pouvant également être traduit par 'Juges'. Ce qu'omettent les tenants de cette version est que c'est Dieu qui est le juste juge (Jérémie 11.20 : Mais l'Éternel des armées est un juste juge ...), ce qui ne changerait donc pas le fond du passage des psaumes ; mais également que Jésus, dans sa reprise de ce verset, attestait clairement qu'il y était fait mention spécifiquement du terme 'dieu', puisque le mot qui sera utilisé dans la version de Jean de l'évangile de Jésus sera le mot 'theos', qui lui ne prête pas à confusion.

b.2) Le sens du verset des psaumes.

La particularité de ce passage tient dans le fait que cette déclaration de divinité est présente deux fois, et que l'une soit dans l'ancienne alliance, et l'autre dans la nouvelle. Cela signifie que pendant longtemps, il n'existait que la première version, celle du psaume d'Asaph. Or, autant la deuxième version est primordiale pour comprendre la première, autant la première l'est pour comprendre la seconde. Elles sont comme une seule et même déclaration scindée en deux parties qui ont été apportées à près de mille ans d'écart.

La version des psaumes nous dit donc ceci :

  • Psaumes 82.6 : J'avais dit: Vous êtes des dieux, Vous êtes tous des fils du Très Haut.
  • Psaumes 82.7 : Cependant vous mourrez comme des hommes, Vous tomberez comme un prince quelconque.

La première partie nous annonce la progéniture multiple et individuelle d'un Dieu unique. La deuxième est indispensable à l'équilibrage de l'annonce qui est faite en ce qu'elle annonce que cette progéniture, bien que venant de Dieu, portera la mortalité des hommes. La déclaration se termine en attestant une fois de plus, après avoir mis en avant l'origine divine et le caractère humain de cette progéniture, qu'elle ne sera pas le fruit d'une humanité terrestre standard. Ces dieux dont nous parle le psaume d'Asaph sont comparés à des princes, et nous à des humains basiques. Ce qui les placent tous comme fils de roi.

Les personnes dont nous parlent Asaph sont donc enfants de Dieu, humains, et toutes porteuses de la royauté de leur père. Le sacerdoce royal commun à tous les croyants (1 Pierre 2.9 : Vous, au contraire, vous êtes une race élue, un sacerdoce royal ...) semble être partiellement annoncé ici.


c) Les propos de Jésus.

Les juifs vont une fois de plus chercher à lapider Jésus, et ce parce qu'ils voyaient un blasphème dans ses paroles. Quel était ce blasphème ? Le fait d'avoir annoncé être Fils de Dieu.

  • Jean 10.30-36 : Moi et le Père nous sommes un. 31 Alors les Juifs prirent de nouveau des pierres pour le lapider. 32 Jésus leur dit : Je vous ai fait voir plusieurs bonnes oeuvres venant de mon Père : pour laquelle me lapidez-vous ? 33 Les Juifs lui répondirent : Ce n'est point pour une bonne œuvre que nous te lapidons, mais pour un blasphème, et parce que toi, qui es un homme, tu te fais Dieu. 34 Jésus leur répondit: N'est-il pas écrit dans votre loi : J'ai dit : Vous êtes des dieux ? 35 Si elle a appelé dieux ceux à qui la parole de Dieu a été adressée, et si l'Écriture ne peut être anéantie, 36 celui que le Père a sanctifié et envoyé dans le monde, vous lui dites : Tu blasphèmes ! Et cela parce que j'ai dit : Je suis le Fils de Dieu.

Ce qui est mis en avant ici par Jésus est que la Parole de Dieu, dont il précise qu'elle ne peut pas être anéantie, atteste de la divinité des hommes, ce que les juifs ne peuvent nier, même s'ils ne le comprennent pas. Et, alors que la Parole de Dieu atteste d'une telle chose, lui qui se présente comme moindre à cela puisqu'il se présente comme Fils de Dieu, est accusé de blasphème. Il leur dit donc : selon votre loi vous êtes des dieux, et vous voulez me lapider parce que je dis simplement en être le Fils.

Evidemment les juifs, ayant rejeté celui que le Père a envoyé, c'est-à-dire Jésus, ne peuvent comprendre où il voulait en venir, et même nous, avec 2000 ans de recul, ne percevons pas facilement cela. D'autant qu'à cet instant de la vie terrestre de Jésus, il n'avait pas encore fait la déclaration qui allait en sceller la compréhension. Compréhension qui elle également se fait par le croisement de deux occurrences, une dans l'ancienne et une dans la nouvelle alliance.

d) La compréhension finale.

Il faut garder à l'esprit ce que j'ai déjà dit, et la suite va tout éclairer, regardons en premier lieu ce que l'Eternel va dire à Moïse dans le livre de l'Exode.

d.1) Je te fais dieu.

Alors que l'Eternel va envoyer Moïse en Egypte afin de libérer son peuple, il va faire une déclaration qui paraît ne pas avoir de sens. Cette déclaration sera : ... je te fais Dieu pour Pharaon : et Aaron, ton frère, sera ton prophète (Exode 7.1). On passe souvent sur cette déclaration, pourtant elle est fondamentale pour comprendre ce qui devrait être notre quotidien. Il est assez facile de croire que l'Eternel dit à Moïse qu'il sera Dieu pour Pharaon dans le sens où Pharaon le verra comme un Dieu. Il est vrai qu'on peut réduire cette compréhension à cela, dans le sens où Pharaon se prend pour un Dieu descendu sur terre, et qu'il va devoir traiter avec Moïse en face, donc également le regarder comme un Dieu. Ce serait cependant lourdement diminuer le sens de ce verset.

On constatera dans les interactions entre Moïse et Pharaon qu'il n'y a pas de confusion. Dans les yeux de Pharaon, Moïse est envoyé par Dieu, il n'est pas Dieu. Les versets qui suivent attestent tous de ce que Pharaon fait bien la distinction entre le Dieu des Hébreux et Moïse :

  • Exode 8.5 : Moïse dit à Pharaon : Glorifie-toi sur moi! Pour quand prierai-je l'Éternel en ta faveur, en faveur de tes serviteurs et de ton peuple, afin qu'il retire les grenouilles loin de toi et de tes maisons ? Il n'en restera que dans le fleuve.
  • Exode 8.21 : Pharaon appela Moïse et Aaron et dit : Allez, offrez des sacrifices à votre Dieu dans le pays.
  • Exode 8.24 : Pharaon dit : Je vous laisserai aller, pour offrir à l'Éternel, votre Dieu, des sacrifices dans le désert : seulement, vous ne vous éloignerez pas, en y allant. Priez pour moi.
  • Exode 9.28 : Priez l'Éternel, pour qu'il n'y ait plus de tonnerres ni de grêle ; et je vous laisserai aller, et l'on ne vous retiendra plus.
  • Exode 10.8 : On fit revenir vers Pharaon Moïse et Aaron : Allez, leur dit-il, servez l'Éternel, votre Dieu. Qui sont ceux qui iront ?
  • Exode 10.16 : Aussitôt Pharaon appela Moïse et Aaron, et dit : J'ai péché contre l'Éternel, votre Dieu, et contre vous.
  • Exode 10.24 : Pharaon appela Moïse, et dit : Allez, servez l'Éternel. Il n'y aura que vos brebis et vos bœufs qui resteront, et vos enfants pourront aller avec vous.

L'Eternel ne dit donc pas que Pharaon considérera Moïse comme Dieu, puisqu'on voit bien qu'il fera la distinction tout du long de leurs rencontres. Alors de quoi l'Éternel parlait-il ? Parce qu'au-delà de ça, Moïse lui-même ne se présente pas comme étant dieu, ce que nous montre sans ambiguïté le verset 16 du chapitre 7et tu diras à Pharaon : L'Éternel, le Dieu des Hébreux, m'a envoyé auprès de toi, pour te dire : Laisse aller mon peuple, afin qu'il me serve dans le désert. Et voici, jusqu'à présent tu n'as point écouté. Ce verset porte même la particularité que ce sont les paroles de Moïse que l'Eternel lui a dictées. Donc l'Eternel ne disait pas à Moïse de se faire passer pour Dieu et il ne disait pas que Pharaon le prendrait pour Dieu.

Alors que disait-il en affirmant : je te fais Dieu pour Pharaon : et Aaron, ton frère, sera ton prophète (Exode 7.1) ?

Eh bien ! La chose est simple en réalité. L'Eternel ne parle pas de ce qu'il doit dire, ni de ce qui doit être compris par Pharaon, il parle de ce qui doit être. Ce que dit Moïse aura la valeur d'une Parole de Dieu, et Moïse qui est un homme droit ne tord pas le sens de cette décision de l'Eternel. Il comprend ce que cela signifie mais n'en tire pas d'orgueil et ne cherche en rien à satisfaire d'éventuelles convoitises personnelles. Il est Dieu dans un cadre spécifique et délimité qui est celui de l'obéissance totale et sans restriction à la volonté de celui qui, lui, est Dieu dans toutes les circonstances. Il porte le poids de cette décision divine qui fait de lui non pas uniquement le porteur du message de Dieu, mais son incarnation, sa représentation. Il est donc l'image exacte du psaume 82, où il devient un des dieux à venir et dont il est l'annonce, qui est à la fois prince, humain et fils du Très Haut.

C'est en outre pour cela que nous avons la présence d'Aaron, parce que si Moïse devient Elohim, alors il a besoin d'un Yahvé pour être complet. C'est donc Aaron qui porte le rôle de Yahve, chose qui se concrétisera encore plus clairement lorsqu'il deviendra souverain sacrificateur quelques semaines plus tard dans ce qu'on appelle le tabernacle de Moïse, ce qui est le titre et l'image de Jésus dans le tabernacle céleste. Jésus étant évidemment Yahvé, la boucle est bouclée. Quand on le comprend, on réalise avec plus de profondeur les paroles même de l'Eternel à Moïse lorsqu'il lui parlait d'Aaron : Tu lui parleras, et tu mettras les paroles dans sa bouche; et moi, je serai avec ta bouche et avec sa bouche, et je vous enseignerai ce que vous aurez à faire. 16 Il parlera pour toi au peuple; il te servira de bouche, et tu tiendras pour lui la place de Dieu (Exode 4.15-16). Nous voyons l'accomplissement de cela dans l'évangile selon Jean : Ne crois-tu pas que je suis dans le Père, et que le Père est en moi? Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même; et le Père qui demeure en moi, c'est lui qui fait les oeuvres (Jean 14.10). C'est donc l'installation d'exactement la même relation, Aaron devient la Parole, donc Jésus, et Moïse devient Dieu, le Père qui est à l'origine des Paroles.

Lorsque l'Eternel dit à Moïse qu'il est Dieu pour Pharaon, il lui indique qu'il est son envoyé personnel et que ses Paroles seront considérées comme celles de Dieu. Il devient Dieu et ne peut l'être que parce qu'il se rappelle qu'il ne l'est pas. Un paradoxe qui ne se comprend que dans l'Esprit.

d.2) Voici les signes.

Finalement, nous avons l'apothéose de cette affirmation de la divinité humaine, et elle se trouve dans l'évangile selon Marc :

  • Marc 16.17-18 : Voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru: en mon nom, ils chasseront les démons; ils parleront de nouvelles langues ; 18 ils saisiront des serpents; s'ils boivent quelque breuvage mortel, il ne leur fera point de mal; ils imposeront les mains aux malades, et les malades, seront guéris

De prime abord, on aurait tendance à ne pas voir de rapprochement entre ce passage et le fait d'être appelés des dieux, pourtant il s'agit de la même chose.

Ici, n'oublions pas que lors de cette déclaration, Jésus a été glorifié, il est donc redevenu Dieu, et plus spécifiquement celui que l'ancienne alliance appelle Yahvé, donc l'Eternel. C'est donc l'Eternel qui dit à ses disciples, qu'il les envoie pour aller libérer les captifs, et qui leur donne la prérogative d'accomplir des signes spécifiques. Il nous confie une mission, donc un sacerdoce, et il fait de nous des fils de Dieu et donc des dieux, ce qui pose la descendance royale et établit le type de sacerdoce annoncé par Pierre.

C'est l'exacte image de ce qui est arrivé à Moïse. L'Eternel l'a envoyé accomplir une mission et lui a donné des signes pour attester de la divinité du message. Nous pouvons même voir un parallèle entre les signes que l'Eternel a donnés à Moïse et ceux qu'il nous a donnés. Je ne parle pas ici des plaies qui toucheront l'Egypte, parce que lorsque Jésus envoie ses disciples, il ne parle pas de plaies, uniquement de signes, c'est donc avant la confrontation avec Pharaon qu'il faut chercher le parallèle, et il se trouve qu'il est parlant. Le passage du livre de l'Exode est celui de Exode 41.2-12. Le plus étonnant c'est que le parallèle se fait avec l'intégralité du passage et pas seulement avec des parties éparses :

1️⃣ ils chasseront les démons : peut être rapproché de Exode 4.2-3 : L'Éternel lui dit: Qu'y a-t-il dans ta main? Il répondit: Une verge. 3 L'Éternel dit: Jette-la par terre. Il la jeta par terre, et elle devint un serpent. Moïse fuyait devant lui. On gardera à l'esprit que si Moïse a fui ici, c'est parce que sa préparation n'était pas terminée, mais arrivé devant Pharaon, non seulement il ne fuira pas, mais sa verge dévorera les serpents de Pharaon*. Satan étant considéré comme le serpent ancien, c'est là que je vois le fait de chasser les démons.

2️⃣ ils parleront de nouvelles langues : Peut être rapproché de la langue pesante de Moïse. Puisque l'Eternel lui donne de s'exprimer autrement, et précise qu'il sera avec sa bouche et qu'il lui dictera ses mots (Exode 4.10-12 : Moïse dit à l'Éternel : Ah ! Seigneur, je ne suis pas un homme qui ait la parole facile, et ce n'est ni d'hier ni d'avant-hier, ni même depuis que tu parles à ton serviteur ; car j'ai la bouche et la langue embarrassées. 11 L'Éternel lui dit : Qui a fait la bouche de l'homme ? et qui rend muet ou sourd, voyant ou aveugle ? N'est-ce pas moi, l'Éternel ? 12 Va donc, je serai avec ta bouche, et je t'enseignerai ce que tu auras à dire).

3️⃣ ils saisiront des serpents : Peut être rapproché de Exode 4.4-5L'Éternel dit à Moïse: Étends ta main, et saisis-le par la queue. Il étendit la main et le saisit et le serpent redevint une verge dans sa main. 5 C'est là, dit l'Éternel, ce que tu feras, afin qu'ils croient que l'Éternel, le Dieu de leurs pères, t'est apparu, le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob.

4️⃣ s'ils boivent quelque breuvage mortel, il ne leur feront point de mal : Peut être rapproché de Exode 4.9S'ils ne croient pas même à ces deux signes, et n'écoutent pas ta voix, tu prendras de l'eau du fleuve, tu la répandras sur la terre, et l'eau que tu auras prise du fleuve deviendra du sang sur la terre. On verra alors que Moïse le fera que toute l'eau sera changée en sang dans l'Egypte, ce qui est une annonce de l'eau changée en sang dans le livre de l'apocalypse, et donc également une annonce de l'absinthe, qui ne touchera pas les vrais croyants.

​5️⃣ ils imposeront les mains aux malades, et les malades, seront guéris : Peut être rapproché de Exode 4.6-8 : L'Éternel lui dit encore: Mets ta main dans ton sein. Il mit sa main dans son sein; puis il la retira, et voici, sa main était couverte de lèpre, blanche comme la neige. 7 L'Éternel dit: Remets ta main dans ton sein. Il remit sa main dans son sein; puis il la retira de son sein, et voici, elle était redevenue comme sa chair. 8 S'ils ne te croient pas, dit l'Éternel, et n'écoutent pas la voix du premier signe, ils croiront à la voix du dernier signe.

Cela ne prend pas en compte les plaies, parce que l'Eternel, dans les deux cas, a été clair. Ce sont supposés être des signes. On constate effectivement que dans le livre de l'Exode tout comme dans l'évangile selon Marc, il se passe exactement la même chose; L'Eternel choisit celui qui va devenir sa représentation sur terre. De la même manière qu'une ambassade est le sol national d'un pays, nous sommes la représentation de Dieu sur terre.


(* Exode 7.9-12 : Si Pharaon vous parle, et vous dit : Faites un miracle! tu diras à Aaron : Prends ta verge, et jette-la devant Pharaon. Elle deviendra un serpent. 10 Moïse et Aaron allèrent auprès de Pharaon, et ils firent ce que l'Éternel avait ordonné. Aaron jeta sa verge devant Pharaon et devant ses serviteurs ; et elle devint un serpent. 11 Mais Pharaon appela des sages et des enchanteurs ; et les magiciens d'Égypte, eux aussi, en firent autant par leurs enchantements. 12 Ils jetèrent tous leurs verges, et elles devinrent des serpents. Et la verge d'Aaron engloutit leurs verges.)

3 - Conclusion.

Il est relativement facile de comprendre le flou dans lequel bien des croyants sont, tout autant qu'il est facile de comprendre qu'en un temps reculé, une telle affirmation ne devait pas poser problème aux croyants. La Parole de Dieu nous dit que nous sommes des dieux et il faut simplement l'accepter comme un fait. Maintenant nous avons également les armes pour le comprendre. Plus les hommes s'éloignent de Dieu, plus cette parole revêt un aspect qu'ils considèrent blasphématoire, comme les juifs au temps de Jésus. Inversement, plus on s'approche de Dieu, et plus cela devient une évidence. Jésus est venu en tant que Fils et nous a montré comment être des fils, afin que nous soyons ce qu'il a été alors qu'il était parmi nous.

Cette compréhension passe par ce qui nous a été décrit dans l'histoire de Moïse, parce que c'est exactement ce que nous devons vivre, chacun à notre échelle, mais chacun, comme le dit le livre des psaumes, comme des dieux, fils du Très Haut, humain, mortel, et de descendance royal.

Lorsque Jésus nous a envoyé, il n'a fait que reproduire ce même envoi qu'il avait confié à Moïse, de la même manière. Il a fait de nous non pas des dieux, mais des dieux pour pharaon. C'est un mandat de représentation qu'il nous donne. Chacun de nous, s'il appartient réellement à Dieu a désormais ce mandat, justement parce que nous portons tous ce sacerdoce royal. Nous sommes tous enfants de Dieu.

Ainsi celui qui reste soumis à Dieu en devient l'extension et donc dieu à son tour. La différence se situant dans le fait que nous ne le sommes que sous condition alors que Dieu est Dieu, indépendamment de toute circonstance. Mais si nous sommes pleinement soumis à ces conditions, alors Dieu peut se manifester pleinement et la Parole s'accomplir par notre bouche, qui n'est dès lors que la manifestation de celle de Dieu. Finalement, les croyants modernes ne font rien d'autres que reproduire ce que les juifs ont fait avant eux. Ils refusent d'admettre que nous sommes des dieux alors que la Parole de Dieu le dit ouvertement, tout comme les juifs refusent de prononcer le non de Dieu. On peut les juger irrationnels de ne pas prononcer le nom de celui qui les a sauvés, mais c'est juger avec d'autant plus de légèreté que nous faisons non pas pareil, mais à vrai dire, bien pire. Parce qu'ayant accepté Jésus et reçu son esprit, nous continuons de nous borner à le laisser exister dans le cadre de ce que l'église autorise, sans nous questionner davantage.

La Parole est source de vie, et elle dit que nous sommes des dieux. Il y aura ceux qui le refusent, et c'est leur droit. Puis il y a ceux qui l'acceptent, les premiers par orgueil et ils portent leur jugement en eux, les seconds dans l'humilité et la crainte de déshonorer celui qui justement, leur a fait cet honneur. Ces derniers feront ce que Jésus a fait, et même, ils feront de plus grandes choses (En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera aussi les oeuvres que je fais, et il en fera de plus grandes, parce que je m'en vais au Père : Jean 14.12). Ne nous y trompons pas, accepter ce que dit la Parole de Dieu est un signe d'humilité, et le refuser est un signe d'orgueil.

Être des dieux n'est pas une autorisation de se comporter comme on le veut, mais une responsabilité qui est posée sur nos épaules. Ce que nous faisons engage Dieu en toute circonstance, et celui qui continuera de marcher dans l'humilité, celui qui continuera de diminuer pour qu'il croisse (Jean 3.30), accomplira les signes non pas qui établissent sa propre grandeur, mais qui établissent celle de Dieu.